Le Rêve aux loups
406 pages
Français

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Le Rêve aux loups , livre ebook

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Description

Le Rêve aux loups, c’est l’ultime lettre d’un condamné à mort de l’intérieur, le dernier des moutons-rebelles auquel justice et société ne laisseront pas une chance, mais qu’il dupera néanmoins pour faire triompher vérité, honneur personnel et progrès. Au-delà des sujets d’actualité et d’intérêt qui sont comme les deux pôles d’une pile prête à exploser, la famille et le terrorisme, et leurs possibles interactions à venir dont nous connaissons déjà les prémices, hommes en haut des grues ou qui égorgent leur progéniture, ce vaste récit couvrant thèmes et générations depuis la jeune Europe jusqu’aux confins d’Asie se veut un antidote à la douleur pour tous les pères trahis par le système autant que la plus lourde charge contre la justice familiale française contemporaine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332614124
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-61410-0

© Edilivre, 2015
Citation
Ce livre est un cri qui s’élève, seul…
Puisse-t-il atteindre une âme et résonner en elle.
Jordan Diowe
À Nathalie
À ma fille
À ma bête






Ceci est une œuvre de fiction : les personnages et les situations décrits dans ce livre sont purement imaginaires et toute ressemblance avec des personnages ou des événements existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.
1 La table d’écriture
Les dix mille formes en une seule vie,
La laideur et la beauté,
Tout épuiser,
On appelle ça : l’humanité.
J’écris par nécessité morale. C’est donc un mal nécessaire. Mais la littérature restant un plaisir, je ne saurais écrire sans songer ni œuvrer au passage style et profondeur. Ainsi, derrière l’âpre vérité de l’écrit subsistera-t-il peut-être (pour tout dire, je l’espère), à défaut de l’amour des êtres un peu de l’amour des mots, ces caresses de l’âme qui transcendent toutes les barrières physiques et qui, à la manière des chênes, des cèdres ou des ormes foudroyés que l’on rencontre en forêt, ornent les pages de tant d’œuvres recueillies chez Soljenitsyne, Rimbaud ou Jean-Jacques Rousseau, sur des autels de sang.
J’écris parce qu’à cette heure je ne connais ni n’entrevois ni n’imagine de moyen plus sûr ou autre pour me gagner la paix, le répit dont une âme aveugle de lucidité et blanche de dégoût a maintenant un besoin si profond.
Je lutte depuis bientôt dix ans pour préserver l’amour de Myriam, ma fille, ainsi qu’une chance de la revoir à mes côtés. J’ai déposé ma requête en cassation. J’attends, et cette attente m’anéantit .
J’ai peu d’espoir en un système qui n’a fait montre à mon égard que de vice, tant dans la forme que sur le fond : système hideusement matriarcal et que j’entends combattre et mettre-à-bas si je le puis, sachant que je ne saurais en aucun cas le valider ou pire, m’y soumettre.
Par conséquent, peu de choses parviennent à me distraire d’une pulsion de mort dont j’avais oublié jusqu’à l’existence, et qui m’a récemment gagné, dévastant tout sur son passage hormis elle-même. L’idée de suicide, si inconfortable, ruine chacune de mes pensées avant même qu’elle n’éclose, l’étouffant dans l’œuf, la noyant dans le placenta, l’asphyxiant de son cynisme froid et corrosif. Résultat : je ne commets plus quand me domine cette désespérance que des actes non-pensés, instinctifs, insensés. J’évite donc d’agir.
Mais ne penser ni n’agir, est-ce encore être ? N’est-ce pas ainsi que la pulsion suicidaire anéantit l’être, en le chassant pas-à-pas jusqu’en-dehors de lui-même ? En le gommant ?
Ce n’est pas exactement la première fois que je flirte, si je puis dire, avec l’idée de la mort. Nous nous sommes déjà rencontrés, elle et moi. C’était juste après que j’eus enfin compris qu’Aurore n’existait plus, mais qu’en lieu et place de celle qui m’avait comblé quinze années durant, trônait dorénavant une mégère indéfectible, une matrone maigre, une procédurière, enfin, du siècle dernier.
C’est la musique qui m’avait alors sauvé, était devenue mon attentif chirurgien, avait extirpé de ce cerveau malade, meurtri, la tumeur hautement cancéreuse d’une pulsion de mort obsessionnelle autant qu’irrépressible.
Une guitare à l’œil unique ceint de turquoises, en effet, avait transité dans ce seul but de l’atelier d’un luthier japonais jusqu’à l’échoppe d’un revendeur francilien pour échouer au final dans mes mains argentées sur les bons conseils de mon professeur et ami, Anton Erasme.
Ce fut pour la Takamine et moi le début d’une idylle longue et heureuse, quoique retranchée du monde, et qui bien entendu finirait mal.
2 Origines du rêve
Le vent souffle sur la lande,
Les chevaux y sont maîtres,
Je n’ai jamais quitté le domaine.
Qu’est-ce que c’est ? C’est trouble. Je vois mal. De toute façon à mon âge, je serais bien en mal de savoir ce que c’est vraiment. Je ne suis sûr que d’une chose : c’est maman. MA maman. Elle est jeune. Elle a tout juste vingt ans.
Elle est belle. Je le constaterai à nouveau plus tard sur quelques rares photos, parce que cela ne va pas durer. Le mal profond, congénital, l’ennui sans doute, le manque d’amour certainement, évident tout le temps que je la côtoierai, et cette dureté croissante qui lui fera pendant d’ordre névrotique, comme un cancer de l’âme, donc, qui se ronge en détruisant les autres ou en tentant de le faire, vont agir. Son corps, lui, sera bouffi par la cuisine au beurre en surdose. Ignoblement. À eux deux avec mon père, l’infernal cuistot , ils forment pour l’éternité un désolant spectacle extrait d’une toile de Jérôme Bosch : celui de la beauté ravagée d’une jeune madone au bras indifférent d’un gnome teigneux jusqu’à la malfaisance.
Parce que monsieur Grands-Couteaux en a une toute petite, de cervelle, c’est très visible. Conséquemment, madame Gros-Gras est malheureuse. Résultat : j’écoperai des mandales pendant dix ans, et des sévères. On me pourrira l’école. Je travaillerai les soirs, week-ends et jours de fête dans la gargote dont j’inventerai le nouveau nom d’ici quelques années, « Au Vent Vert », et que l’on m’accusera plus tard d’avoir braquée. Belle erreur : de commerce je n’ai jamais braqué que le mien, et dans mon cas cela fut payant, ce qui ruine du point de vue des forfaits toute possibilité de ressemblance entre leurs auteurs. À tel point qu’aujourd’hui, si j’en jugeais le sujet digne d’intérêt, seul un test génétique pourrait me convaincre de ce que l’animal est mon vrai père . Quant à ma mère, le doute ne m’est hélas pas permis.
Mais aujourd’hui elle a vingt ans, ma mère. Elle est belle. Elle est brune. Elle est fine. À son côté toutefois se trouve quelqu’un d’extrêmement dérangeant : un gros monsieur avec un gros ventre, une grosse tête, un maillot blanc sans manches ainsi qu’un truc bizarre en bas.
C’est quoi, ce truc ? Et qu’est-ce qu’elle fait là, maman ? Et qu’est-ce qu’il veut, lui ? Il a faim ? Je vois bien qu’ils ne mangent pas mais c’est drôle : je ressens la même chose. C’est flou, c’est trouble, mais ça n’empêche pas d’avoir mal. Mal à force de ne pas savoir. Mal à force de ne pas comprendre. Mal à force de trouver cela hideux. Je ne sais pourquoi, d’ailleurs. Mais tout cela n’est pas normal, non ? Tout cela n’est pas bien. En tout cas, ce n’est pas de mon âge : je dois avoir deux ans. Je pleure, probablement, et je dois crier et bouger des mains et des pieds parce que j’ai chaud. Très chaud. Je sue à grosses gouttes, peut-être bien pour la première fois de ma vie.
Il est gros, le bonhomme. Il est rouge. Il est énorme. Et il pue. Il porte de fines moustaches écœurantes tant elles n’ont rien à faire là, sur sa grosse face perlée de sueur. Ses petits yeux noirs envoient des éclairs jaunes. Ils brillent comme des agates volées, ses yeux. Il est à moitié nu, le bonhomme. Et ma mère aussi.
Mais elle est si frêle à côté de lui.
Elle est si frêle sous lui.
J’ai peur. J’ai mal. Où est mon père ?
J’ai chaud. Je hurle.
Puis tout s’éteint. Tout s’évanouit.
Emiliano Chavez, le voisin du dessus, est parti.
Tout est fini.
Tout commence…
3 Le manifeste
Et quand bien même il n’y aurait plus rien Sur notre planète bleue,
Que le bleu :
Gloire à l’océan qui nous recouvrirait !
Niklos Davone, fortement amaigri, la face creusée par une barbe déjà drue, oppressé par la raréfaction de subsides et l’absence de divertissement ainsi que confronté depuis l’avant-veille à une coupure d’électricité décisive qui, ni fortuite ni généralisée, se résumait bien à l’arrachage de son compteur par les services de la Centrale, prit, croyait-il, une sage décision : il commença d’écrire. Et il n’arrêta plus. Cela dura des heures. Des jours. Et bientôt des semaines. Il s’était volontairement libéré de tous les repères horaires habituels, montre, portable, réveil, journaux, puis ayant rétabli l’électricité en piratant l’une des lignes du couloir, il prenait garde, s’il allumait le téléviseur, de ne pas enregistrer d’informations temporelles. Les jours où il devenait vraiment volontaire, usant du store de velux en nylon gainé, il parvenait à faire le noir absolu dans la salle où il écrivait, atteignant alors à des conditions de vie, ou de transit, proches de celles des grands voyageurs de l’Espace. Il ne s’éclairait que de la lumière du portable et, aux heures festives, de la lueur supplémentaire d’une bougie.
Mais qu’était-ce, après tout, que la littérature, sinon un formidable voyage par-delà toutes les frontières, et sans nulle contrainte ? Exceptée celle d’avoir eu une vie bien remplie ou l’imaginaire en abondance, et également, ça allait de soi, un minimum de talent.
Hormis la pesanteur que mangeant peu il subissait modérément, il aurait pu se croire embarqué pour un long périple dans le monde réel autant qu’imaginaire de Jules Verne, ce prince de l’entre-deux.
Le réel. Là où il manquait cruellement de moyens pour faire face. L’imaginaire : là où il pensait pouvoir s’en tirer en publiant un livre.
Au-dessus, entre ou au-delà, il y avait le nerf de la guerre, l’indispensable argent, si convoité, si haïssable. Celui qu’il avait gagné ces dernières années était devenu la proie des charognes, et la plus grosse part lui en restait due, dont Aurore et son avocate s’étaient emparées. Ou plutôt, qu’elles avaient gelé dans les caisses de l’Etat en en privant toute la famille pour arroser Bercy. S’il parvenait à faire taire son orgueil, techniquement, il pourrait le récupérer.
« – Je veux la moitié, Maître.
– Je peux vous obtenir plus.
– La moitié. Ça ira bien. »
Ce n’était que l’affaire d’une procédure. Alors il n’aurait plus qu’à chois

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