Le Seigneur du Miroir fumant
181 pages
Français

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Le Seigneur du Miroir fumant , livre ebook

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Description

En 1521, les conquistadors profanent le Templo Mayor. La brillante civilisation aztèque s’éteint mais ses dieux subsistent dans l’ombre, et Tezcatlipoca est décidé à se venger de la destruction de son temple.


Deux siècles plus tard, sa colère s’abat sur Edward Murray, descendant de Alonso De Alvaro, le premier Espagnol à avoir souillé son autel. Bien qu’étant un pirate, il s’est marié à une aristocrate, Katherine Willborough, qui lui a donné deux enfants. C’est cette famille que le dieu va chercher à détruire grâce à un plan tortueux, en plongeant Edward dans d’éternelles souffrances.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791091549899
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jess Swann







Le Seigneur du Miroir fumant


Époque 1 – Tome 1


Revanche
© 2015

Éditions Artalys
504 rue de Tourcoing – 59420 Mouvaux
http://editions-artalys.com

Illustration : SCAS Productions
http://www.scas-productions.fr


ISBN 979-10-91549-89-9
Pour les membres du Black Pearl et ceux qui ont suivi mes fanfictions : merci pour nos échanges et toutes vos « reviews ». Sans vous, ce roman n’aurait pas vu le jour.
Merci à mes proches et à mes amis pour leur soutien et leurs coups de pied au derrière quand je traînassais...
Une spéciale dédicace et un grand merci à mon fournisseur officiel de bandes dessinées dont les prêts m’ont été très utiles durant l’écriture.

Et enfin MERCI à mes chères bêta-lectrices : Lili & Anna qui ont fait un travail de dingue.

Sparrabeth forever
« Au commencement, Quetzalcóatl, le dieu de vie, étendait ses bras de brume sur les hommes et régnait avec justice sur le monde des vivants. Son jumeau, Xolotl, dirigeait avec sagesse le monde des défunts que l’on nommait Mictlan et les deux frères vivaient en parfaite harmonie, apportant paix et sécurité aux hommes.
Puis vint Tezcatlipoca le haineux, et l’équilibre fut rompu. Assoiffé de pouvoir, Tezcatlipoca ne se contenta pas de s’emparer d’une partie du monde des vivants de Quetzalcóatl ; il s’adjugea un territoire dans le Royaume des Morts et créa le Teotlalliitic, lieu de damnation éternelle où pourrissaient les infortunés qui lui avaient eu la malchance de lui déplaire.
Une fois tous les cent ans, Tezcatlipoca choisissait parmi les hommes un passeur chargé de guider les âmes des défunts sur le Chicunauhapan, le fleuve servant de frontière entre les mondes. »


« Le passeur prenait le nom de Tlaloc et, en récompense de ses services, Tezcatlipoca lui accordait la jouissance d’un purgatoire dans lequel il pouvait enfermer une seule et unique âme morte ou vive : le Tlalocan. »
Prologue


Templo Mayor, 1521


L’écrin de verdure qui dissimulait d’ordinaire la grande pyramide était en flammes, victime d’un feu dévastateur et furibond qui détruisait tout sur son passage, faisant fuir les animaux et les hommes. Une odeur âcre de soufre et de sang saturait l’air de l’enceinte sacrée à mesure que les conquistadors progressaient dans le sanctuaire. Les poignards d’os et les invocations des prêtresses ne pouvaient rien contre les armures rutilantes et les épées aiguisées des hommes. Les larmes aux yeux, Izel, prêtresse du Seigneur de la Destinée, regardait, impuissante, le carnage se dérouler sous ses yeux. Les hommes de fer étaient arrivés aux portes de la pyramide au sommet de laquelle elle se tenait, ils ne seraient plus longs maintenant à l’envahir et y répandre la désolation. Depuis son promontoire, elle pouvait distinguer leurs visages tannés par le soleil et leurs expressions avides d’or et de richesses. Leur victoire ne faisait aucun doute.

« Tezcatlipoca, tu nous as abandonnés », murmura-t-elle, le regard tourné vers le ciel.
Citlally, la grande prêtresse du temple, s’approcha d’elle. Elle hésita un instant : elle haïssait Izel et la jalousait du plus profond de son âme. Malgré son jeune âge, le dieu l’avait déjà honorée de plusieurs visites, signe qu’il la destinait à jouer un rôle de premier ordre dans son culte. Jusqu’à l’arrivée de la jeune fille, Citlally avait été la seule dépositaire de la volonté du dieu mais cela appartenait au passé. Le Gaucher Habile s’adressait de plus en plus fréquemment à sa jeune servante, délaissant Citlally à son profit. Les yeux recouverts de la pâte sombre rituelle, Citlally posa ses prunelles brillantes sur la silhouette frêle de l’élue de son maître. D’où elle se tenait, elle pouvait voir les épaules de la jeune fille agitées par des tremblements, à l’instar de la lune où le dieu l’avait désignée pour accomplir le sacrifice de chair. La main d’Izel avait hésité au moment de plonger le couteau dans la poitrine de l’enfant promis au dieu. Une faiblesse que n’avait jamais éprouvée la prêtresse, même à son âge le plus juvénile. Ses yeux s’étrécirent, réduisant ses pupilles en une fente haineuse. Elle envisagea un instant d’abandonner sa rivale au sort funeste attendant ceux qui tombaient aux mains hispaniques, mais l’injonction de Tezcatlipoca explosa dans son esprit et elle agrippa la main de la vassale.
« Suis-moi et tu vivras », lui jeta-t-elle avant de se diriger vers l’un des murs de l’enceinte.
Elle ne se retourna pas pour savoir si Izel lui obéissait. En transe, elle laissa le dieu commander à son corps et s’engouffra dans l’issue qu’elle avait dégagée. Guidée par sa foi et sa confiance, elle s’enfonça peu à peu dans le tunnel sombre et inhospitalier, insensible aux créatures rampantes que l’intrusion des femmes dans leur domaine avait éveillées et commença à descendre les degrés de l’antique passage.
Les pas des envahisseurs, à présent étouffés par les murs, résonnèrent dans la salle qu’elles venaient de quitter, rythmés par les hurlements de souffrance et d’horreur des servantes que le dieu n’avait pas jugées dignes d’être sauvées du massacre.


Tenochtitlan, 1721


Tezcatlipoca balaya d’un geste la vision du Miroir aux Souvenirs. En dépit des années qui s’étaient écoulées depuis ce jour funeste, la rage qu’il ressentait devant la profanation de son sanctuaire était intacte. Les Espagnols avaient massacré les gardiens des cultes ancestraux. Ils avaient fait plier son peuple, l’avaient asservi et avaient pillé leurs richesses. Ils leur avaient imposé leur dieu unique imbécile au mépris de Tezcatlipoca et de ses frères, dont les noms ne subsistaient plus à présent dans les mémoires que comme ceux d’idoles d’un passé révolu. À cause des conquistadors, il avait perdu sa renommée et ses serviteurs, jadis légion, n’étaient à présent plus qu’une poignée.
Le dieu crispa ses mains crochues dans un vain effort pour contenir sa colère et un sourire cruel se forma sur ses lèvres animales, dévoilant ses crocs. Il avait consacré les deux derniers siècles à se venger de ceux qui l’avaient offensé. Il avait retrouvé les descendants des conquistadors, de Cortés et de ses hommes. Et patiemment, il les avait détruits. De la splendeur des familles qui lui avaient arraché ses serviteurs, il ne restait rien. Ou presque.
Penché sur son miroir magique, Tezcatlipoca regarda avec haine le visage du dernier descendant mâle qu’il lui restait à punir. L’aïeul de ce dernier, Alonso De Alvarado, avait été le premier à souiller son autel en violant une de ses servantes. Un affront que le dieu aztèque n’avait jamais oublié. Il avait passé des siècles à peaufiner sa vengeance contre la famille De Alvarado, et le moment était enfin venu de l’accomplir. Il n’allait pas se contenter de tuer le descendant d’Alonso, non, cela aurait été un sort trop doux au regard du sacrilège commis. Il allait le détruire, lui reprendre tout ce qu’il possédait, puis ferait de lui son esclave pour une éternité de souffrance et de malheur.
Les yeux jaunes du dieu brillèrent de plaisir en suivant les mouvements de sa proie dans le Miroir. C’était la dernière étape… Celle qui mettrait un terme à la lente plongée du descendant vers la déchéance de la servitude.
Un frisson de jouissance le secoua lorsque la proie posa le pied sur le bois du Tlalacalli , le vaisseau des âmes, qui, seul, pouvait naviguer dans les eaux sombres du Chicunauhapan, et que les ignorants appelaient « Hollandais Volant ». En cet instant, le nom importait peu. Il regarda le nouveau passeur s’approcher et sentit le fiel de ce dernier faire écho au sien. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire qui dévoila ses crocs jaunis. Le destin qu’il avait décidé pour ces hommes avant même leur naissance allait s’accomplir. Les humains étaient si faibles face à ce qu’ils appelaient « amour ». Le Tlaloc leva la main, le visage déformé par la haine, et s’apprêta à frapper. Mais, alors que le bras armé du passeur allait accomplir la volonté du dieu, un homme s’interposa. Médusé, Tezcatlipoca reconnut Ehecatl, l’un des prêtres déchus de Quetzalcóatl, condamné par son dieu à une éternité de misère pour avoir enfreint les règles de son culte.
« Maudit Serpent à Plumes ! { * } ragea-t-il. De quel droit oses-tu essayer de t’interposer entre mon instrument et ma vengeance ? Personne, pas même toi, ne peut changer ce que le Miroir a décidé. Ton misérable envoyé ne fait pas le poids face à ma puissance. »
Un vent surnaturel se leva dans l’antre du dieu et Tezcatlipoca feula en entendant la réponse qu’il portait.
« Ton orgueil t’aveugle, Titlacahuan { * } , tout comme ton désir de revanche. En modifiant la destinée pour faire du fils de mon prêtre ton Tlaloc, tu m’as ouvert la porte du Tlalacalli et m’as offert ce que j’attendais depuis des siècles : l’opportunité de contrer tes desseins.
Tais-toi ! rugit Tezcatlipoca. Tu n’as aucun pouvoir ici-bas, aucune chance face à la puissance de ma Providence.
Peut-être pas, reconnut son frère dans un souffle. Mais n’oublie pas que ton Tlaloc est une graine issue de l’un de mes dédiés et qu’il vient à peine d’endosser la charge à laquelle tu l’as condamné. Ton pouvoir sur lui est limité, Jaguar… »
Les derniers mots de Quetzalcóatl résonnèrent dans le refuge de Tezcatlipoca, et ce dernier se pencha avec avidité sur son Miroir.
Un cri de rage lui échappa quand il vit le passeur s’écarter de sa proie. Alors, la femme qu’il avait utilisée pour faire naître la haine enlaça le descendant de l’Espagnol. Impuissant, le dieu assista à leur étreinte sans comprendre comment une telle chose était possible. Des mois durant, il avait nourri la haine du Tlaloc. Il lui avait murmuré des promesses de vengeance, l’avait torturé avec des souvenirs de la femme. Il avait fait en sorte qu’à chacune des nuits qu’il passait sur le Tlalacalli , le passeur revive la trahison dont il avait été la victime. Il lui avait insufflé le désir de destruction.
Brusquement, le Tlaloc revint sur ses pas et le dieu

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