Les aventuriers
498 pages
Français

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Les aventuriers , livre ebook

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Description

Gustave Aimard (1818-1883)



"Bien que, de Chanceaux, où elle naît, jusqu’au Havre, où elle se jette dans la mer, la Seine ne compte que huit cents kilomètres au plus, cependant, malgré ce parcours, comparativement restreint, ce fleuve est un des plus importants du monde ; car il a vu, depuis César jusqu’à nos jours, se décider sur ses rives toutes les grandes questions sociales qui ont agité les temps modernes.


Les touristes, les peintres et les voyageurs qui vont bien loin chercher des sites, ne sauraient rencontrer rien de plus pittoresque et de plus capricieusement accidenté que les rives sinueuses de ce fleuve frangé en amont et en aval de villes commerçantes et de gracieux villages coquettement étagés à droite et à gauche sur les flancs de vallons verdoyants, ou disparaissant à demi au milieu des taillis épais de ses accores.


C’est dans un de ces villages, situé à quelques lieues à peine de Paris, que commence notre histoire, le 26 mars 1641.


Ce village, dont l’origine remonte aux premiers temps de la monarchie française, était alors à peu près ce qu’il est aujourd’hui : contrairement à tous les hameaux qui l’entourent, il est demeuré stationnaire ; on croirait à le voir que les siècles pour lui n’ont pas marché ; lorsque les hameaux voisins devenaient villages et finalement se transformaient en gros bourgs et même en villes, lui allait toujours s’amoindrissant, si bien que sa population atteint à peine aujourd’hui le chiffre de quatre cents habitants."



Sous la houlette de Montbars l'exterminateur, les flibustiers et les boucaniers s'organisent contre les Espagnols...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374638348
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les aventuriers
 
 
Gustave Aimard
 
 
Décembre 2020
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-834-8
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 834
I
L’auberge de la Cour de France
 
Bien que, de Chanceaux, où elle naît, jusqu’au Havre, où elle se jette dans la mer, la Seine ne compte que huit cents kilomètres au plus, cependant, malgré ce parcours, comparativement restreint, ce fleuve est un des plus importants du monde ; car il a vu, depuis César jusqu’à nos jours, se décider sur ses rives toutes les grandes questions sociales qui ont agité les temps modernes.
Les touristes, les peintres et les voyageurs qui vont bien loin chercher des sites, ne sauraient rencontrer rien de plus pittoresque et de plus capricieusement accidenté que les rives sinueuses de ce fleuve frangé en amont et en aval de villes commerçantes et de gracieux villages coquettement étagés à droite et à gauche sur les flancs de vallons verdoyants, ou disparaissant à demi au milieu des taillis épais de ses accores.
C’est dans un de ces villages, situé à quelques lieues à peine de Paris, que commence notre histoire, le 26 mars 1641.
Ce village, dont l’origine remonte aux premiers temps de la monarchie française, était alors à peu près ce qu’il est aujourd’hui : contrairement à tous les hameaux qui l’entourent, il est demeuré stationnaire ; on croirait à le voir que les siècles pour lui n’ont pas marché ; lorsque les hameaux voisins devenaient villages et finalement se transformaient en gros bourgs et même en villes, lui allait toujours s’amoindrissant, si bien que sa population atteint à peine aujourd’hui le chiffre de quatre cents habitants.
Et pourtant sa situation est des plus heureuses : traversé par une rivière et bordé par un fleuve, possédant un château historique et formant une station importante d’une de nos grandes lignes de chemin de fer, il semblait destiné à devenir un centre industriel, d’autant plus que ses habitants sont laborieux et intelligents.
Mais la fatalité est sur lui. Les grands propriétaires qui se sont succédé dans le pays, enrichis pour la plupart, un peu au hasard, dans les commotions politiques ou dans des spéculations hasardeuses, se sont tacitement donné le mot pour entraver par tous les moyens les aspirations industrielles de la population, et ont toujours égoïstement sacrifié l’intérêt public à leur bien-être particulier.
Ainsi ce château historique dont nous parlons est aujourd’hui tombé entre les mains d’un homme qui, sorti de rien et se sentant étouffer dans ses murailles, les laisse se lézarder et s’émietter sous l’effort du temps, et, pour économiser un jardinier, fait semer de l’avoine dans les allées majestueuses d’un parc dessiné par Le Nôtre, et dont l’aspect grandiose frappe d’admiration le voyageur qui l’aperçoit de loin, emporté par le convoi du chemin de fer.
Il en est ainsi pour tout dans ce malheureux hameau condamné à mourir d’inanition au milieu de l’abondance de ses voisins.
Ce village se composait, à l’époque de notre récit, d’une seule rue, longue et étroite, qui descendait du sommet d’une montagne assez escarpée, traversait une petite rivière et venait se terminer à quelques pas à peine de la Seine.
Cette rue, dans tout son parcours, était bordée de maisons basses et informes, serrées les unes contre les autres comme pour se soutenir mutuellement, et servant pour la plupart d’auberges aux charretiers, aux routiers et autres gens qui, à cette époque où le grand réseau de nos routes royales n’était pas encore construit, traversaient continuellement ce village et s’y abritaient pour la nuit.
Le haut de la rue était occupé par une communauté religieuse fort riche, près de laquelle s’élevait un grand bâtiment caché au fond d’un vaste jardin et servant d’hôtellerie aux personnes riches que leurs affaires ou leurs plaisirs conduisaient à cet endroit entouré à dix lieues à la ronde de luxueuses demeures seigneuriales.
Rien au dehors ne faisait reconnaître cette construction pour une auberge ; une porte basse donnait accès dans le jardin, et ce n’était qu’après l’avoir traversé dans toute sa longueur qu’on se trouvait devant la maison.
Cependant elle avait une autre entrée donnant sur une route alors assez peu fréquentée et par laquelle pénétraient les chevaux et les voitures, lorsque le voyageur était parvenu à se faire admettre par le maître du lieu.
Bien que cette maison, ainsi que nous l’avons dit, fût une auberge, cependant son propriétaire ne recevait pas tous les étrangers qui se présentaient pour y loger ; il était au contraire fort difficile sur le choix de ses hôtes, prétendant, à tort ou à raison, qu’une hôtellerie, honorée à plusieurs reprises déjà, de la présence du roi et de monseigneur le cardinal-ministre, ne devait servir d’asile ni à des vagabonds, ni à des coureurs de nuit.
Pour justifier le droit qu’il s’arrogeait, l’aubergiste avait depuis quelques mois fait badigeonner par un peintre de hasard les armes de France sur une plaque de tôle, avait fait écrire au-dessous en lettres d’or : À la Cour de France , et avait appendu cette enseigne au-dessus de sa porte.
L’auberge de la Cour de France jouissait d’une grande réputation, non seulement dans le pays, mais encore dans toutes les contrées environnantes et même jusqu’à Paris : réputation, hâtons-nous de le dire, bien méritée, car si l’hôtelier était difficile sur le choix de ses hôtes, lorsque ceux-ci étaient parvenus à entrer chez lui, il les soignait, gens et bêtes, avec un soin tout particulier et qui avait quelque chose de paternel.
Bien qu’on fût à la fin de mars et que, d’après le calendrier, le printemps fût commencé depuis quelques jours déjà, cependant le froid était vif, les arbres chargés de givre découpaient tristement leurs maigres silhouettes sur le ciel gris, et une neige épaisse et durcie couvrait la terre à une certaine profondeur.
Quoiqu’il fût dix heures du soir à peu près, la nuit était claire et la lune, nageant dans des nuages roussâtres, déversait à profusion ses rayons blafards qui permettaient de voir presque comme en plein jour.
Tout dormait dans le village, ou du moins semblait dormir ; seule, l’auberge de la Cour de France laissait, par les fenêtres grillées de son rez-de-chaussée, s’échapper de larges bandes de lumière qui montraient que là du moins on veillait.
Cependant l’auberge ne renfermait aucun voyageur.
Tous ceux qui, pendant la journée et depuis que la nuit était tombée, s’étaient présentés avaient été impitoyablement évincés par l’hôtelier, gros homme à la face rubiconde, aux traits intelligents et au sourire narquois, qui marchait en ce moment, d’un air préoccupé, de long en large, dans son immense cuisine, en jetant parfois un regard distrait sur les apprêts d’un souper dont une partie rôtissait devant une colossale cheminée et le reste était confectionné et surveillé par un cuisinier-chef et plusieurs aides.
Une femme d’un certain âge, petite et rondelette, fit tout à coup irruption et, interpellant brusquement l’hôtelier qui s’était retourné au bruit :
–  Est-ce vrai, fit-elle, maître Pilvois, que vous avez ordonné de préparer la chambre du dais, ainsi que l’affirme la Mariette ?
Maître Pilvois se redressa.
–  Que vous a dit la Mariette ? demanda-t-il d’un ton sévère.
–  Dame ! elle m’a dit de préparer la meilleure chambre.
–  Quelle est la meilleure chambre, dame Tiphaine ?
–  La chambre du dais, maître, puisque c’est celle dans laquelle Sa Majesté...
–  Alors, interrompit l’hôtelier d’un ton péremptoire, préparez la chambre du dais.
–  Cependant, maître, hasarda dame Tiphaine, qui jouissait d’un certain crédit dans la maison, d’abord comme femme légitime de l’hôtelier lui-mème, et ensuite à cause de certaines nuances assez accentuées de son caractère, il me semble, avec tout le respect que je vous dois...
–  Avec tout le respect que je vous dois, s’écria-t-il en frappant du pied avec colère, vous êtes une sotte, ma mie ; exécutez mes ordres et ne m’échauffez pas davantage les

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