Les Contes du vin rouge
340 pages
Français

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Les Contes du vin rouge , livre ebook

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Description

Une prostituée et un réfugié politique se croisent au crépuscule de leur vie de misère.
Une passion hors norme étreint deux êtres que, pourtant, tout sépare.
Une fortune inespérée va bouleverser une existence jusque-là banale et sans éclat.
Le drame qui couve dans une cité « sensible » va-t-il éclater ?
Dans ces quatre contes, le breuvage d'essence divine détient le rôle principal.
Bénéfique ou maléfique ? Le lecteur jugera.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 septembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414125722
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-12570-8

© Edilivre, 2017
Exergue


Que vienne le temps
Du vin coulant dans
La Seine
Les gens par milliers
courront y noyer
Leur peine.
Georges BRASSENS
Siraly
 
 
La portière claque sec.
Mado grimace.
Ce que ça fait mal !
Le coude lui picote, puis aussi la cuisse et la joue…
La terre cogne rude quand on la prend de haut.
Elle se dresse, hébétée et s’ébroue la carcasse, pleurnichant un brin.
Puis la colère arrive, elle gueule et brandit le poing :
– Fils de pute !……… enfoiré !……… va te…… !
Mais le camion s’éloigne, à grands raclements d’embiellages et tous feux allumés… il est déjà loin, il n’entend rien, alors, à quoi bon ?
Elle se rabat le manteau sur les mollets et agrippe son cabas, elle soupire et frissonne.
Le vent souffle du nord, il est frais, ça la dégrise un peu.
Il est plus de minuit, elle trottine sur ce grand pont, celui qui est en face de la gare, et l’eau dessous est toute noire, elle bouillonne et gronde, et Mado n’aime pas ça, pas du tout.
Elle se hâte.
La langue lui parpelèje dans la bouche, un mauvais goût s’y tient, de l’aigreur de vinasse, de la soif acide, encore de la soif !
Elle roumègue :
– Saloperie, va ! tous les mêmes…… tous des pourris ! d’accord, d’accord ! qu’ils te chantent…… et après, une fois les pruneaux vidés, va t’faire foutre, ma belle ! sûr que j’suis plus rosière, mais merde, une parole…… une parole……… quand même une parole ! et pis trois mille balles, qu’est-ce que c’est de nos jours ?
C’est qu’avant, ils ont bu et rebu, et elle a plus l’âge à se faire payer d’avance……
Après l’affaire, le gros rechigne, il cherche des histoires.
Il a une figure bouffie avec des rouflaquettes, des bajoues violacées et des naseaux de cheval.
Il aboie, tout méprisant :
– T’es pas gonflée, ma nine ! c’est ben toi qui devrait m’les aligner les trois sacs, parole ! pasque tes jambonneaux, c’est pas du poulet ! alors claque ton bec et casse toi, va ! du balai ! avant que j’te botte l’cul !
Dans l’antre, ça pue l’ail, le renard, tout ce qu’on veut.
Mais il y a un billet de dix francs qui traine là tout près, elle l’agante, l’autre se fâche et l’agrippe.
La lutte est courte, c’est un semblant… d’ailleurs, le gros est pressé, il se ravise, lui cingle le museau d’une baffe et l’éjecte.
Elle s’espatarre comme une tomate mûre, les doigts crispés sur son billet.
Pour l’heure, elle court presque ;
Ça tinte creux dans le cabas, et il est tard, trop tard…
Pourvu que Mathias soit là ! Mathias… et ses provisions !…
Mathias, quand on le voit, il fait plutôt penser à un clochard.
Il garde la nuit un entrepôt à bois sur le port.
Il n’est plus très jeune, sa barbe est grise comme les cheveux qu’il lui reste.
et il est écarlate sous le cou comme un dindon.
Quand il a bien bu, alors ça vire au violacé.
Il vient d’un de ces pays où il y en qui disent qu’il fait si bon y vivre que les gars là-bas ont été obligés de dresser des murailles avec des chicanes pour interdire à la racaille d’ailleurs de s’y faufiler.
Ce qui est sûr, c’est que lui a quitté ce paradis pour venir ici, faire le traine-savates…
Peut-être que c’est pas aussi rose qu’on le dit là-bas, où alors qu’on l’y a foutu dehors, parce que le bonhomme ne crache pas sur la bouteille et qu’ils n’aiment pas trop les poivrots dans ce monde.
Mado, elle s’en moque de tout ça, le fouille-merde, c’est pas son truc, et Mathias est plutôt renfermé, il cause peu.
Il boit.
Il n’y a pas longtemps qu’ils ont fait connaissance.
C’est le fameux soir où elle a envoyé balader Gégé, et pour de bon cette fois, du moins elle l’espère.
Gégé, dit le musicien, est un grand fumier qui lui colle aux fesses depuis plus d’un an et bouffe tout leur argent pour aller s’ivrogner en douce.
A tous les deux, ils ont monté un numéro.
Un sacré numéro pour les bars du coin.
Lui, chantonne ou crachotte dans un pipeau, avec des clochettes qui bringueballent sur ses chaussures et des cymbales accrochées à ses genoux.
A lui tout seul, il en fait un de ces tintamarres !
Mado, elle, danse au son de la mélopée et remue un tambourin.
Pour du spectacle, c’est du spectacle.
Les clients rigolent et tapent des mains en cadence, certains se trémoussent avec elle, le verre à la main.
En finale, Gégé quémande avec sa casquette, mais souvent on glisse un petit billet dans le corsage de Mado.
Gégé qui voit tout prend une figure de seiche amoureuse et ploie l’échine, il sait bien qu’il récupérera l’artiche.
Quand la tournée est finie, ils rentrent tous deux dans le taudis qui leur sert de logis, un local minable que leur loue Mr CHAPON, ancien épicier du coin.
Il y entreposait des marchandises avant de prendre sa retraite.
Ça pue le moisi là dedans.
L’ameublement consiste en une table, deux chaises, une armoire bancale, un lit et un petit réchaud de camping.
Un lave-mains et un seau complètent l’ensemble.
A peine arrivés, déjà à moitié saouls, ils débouchent un litron et s’arsouillent jusqu’à s’écrouler sur leur paillasse.
Jusqu’à demain… ils cuvent
Tous les soirs, c’est la même java, la tournée des troquets à filles et le grand salaud l’exhibe comme un chien savant.
Allez Mado, danse, danse, remue tes fesses et lève bien haut ton jupon… rien de tel que tes jambons qui se trémoussent pour faire rigoler le monde…
Et plus la flûte roucoule, et plus elle se dandine et plus on lui jette des sous.
A part les putains, il y a pas plus généreux que les marins et de quel pays qu’ils soient.
Et même des fois, c’est ceux qui rient pas du tout qui lui donnent le plus.
Tiens ! comme ce grand beau type, chauve comme un œuf, avec un anneau en or à l’oreille…
Elle revoit encore sa chemise à fleurs grande ouverte sur un poitrail magnifique, tout rempli de beaux tatouages en couleur, et une peau… une peau d’un cuivré à vous faire frémir.
Tout de suite, il lui a tapé dans l’œil, à Mado.
Et elle a eu honte de remuer sa décrépitude devant un si beau gars, avec de si jolis yeux bleus.
Ah ! vingt ans en arrière et il lui aurait mangé dans la main, celui-là, comme les autres !……
Allez danse Mado, secoue toi, ma fille ! tiens la cadence…
Ils sont contents, ils se marrent, même les filles gloussent et battent des mains.
Et puis d’un coup, il y un petit foutriquet avec une figure de singe qui s’est approché d’elle et lui a cassé un œuf sur la tête.
Il a bien fallu qu’elle en rigole, pour sûr !
– Rien de plus fameux pour la tignasse ! qu’il a gueulé Gégé.
Alors, elle s’est massée les cheveux, avec de ces grimaces à vous faire tordre de rigolade.
Le grand gars, tout chauve, lui, ne riait pas.
Il a invité Mado à boire avec lui une coupe de mousseux et n’a pas dit un mot.
Alors, elle s’est tue, elle aussi, parce qu’il ne faut pas causer quand le client n’en a pas envie.
Il l’a regardée simplement un tout petit moment, puis a allumé une pipe en terre, blanche et longue, et s’est mis à fumer, les yeux dans le vague, hochant doucement la tête.
Et quand il est parti, toujours sans rien dire, il lui a glissé des sous dans la main.
Trois billets de cent francs !!
Ce pourri de Gégé, ça lui a pas échappé, il a tout bu en moins de deux jours.
* *       *
Ce soir là, donc, elle n’a plus envie de faire le carnaval, alors elle le largue au Gégé.
Où ? elle ne s’en souvient plus, mais elle cavale dans les rues sombres, elle file comme une souris, et elle tombe sur Kader.
Et Kader a gagné au tiercé !
Kader, c’est un type gentil comme tout.
Il travaille sur le port, et partage son argent avec le premier qu’il trouve.
Quelle aubaine !
Et quelle cuite ! au bon rouge, au vrai, cacheté !
A temps qu’elle l’a rencontré, parce que la Claudia n’était pas loin……
La Claudia, c’est en vérité un homme, mais on l’appelle comme ça parce que c’est une belle tapette et pourtant il n’a rien pour inspirer la chose.
Il est petit, ventru, mafflu avec du poil partout et une figure luisante de cul gratté.
Et de mentalité… ordure entre les pourritures.
Il bouffe à tous les rateliers, un pied dans l’argouse et l’autre dans la bordelerie.
Malgré ça, il est toujours plein de sous, l’animal !
En plus de ce que lui rapportent les manigances de son cul, il vit en ménage avec la mère Suzy, la tenancière du Domingo, une vulgaire boite à putes qui veut se donner dans le chic.
Mado et Gégé, on ne les y accepte pas.
On y veut que du beau monde, trié sur le volet, et bien comme il faut.
Pour les vagabonds et les casse-choses, il y a la rue de l’Acqueduc avec ses gargotes à poivrots.
On y fait quelquefois de belles rencontres, rue de l’Acqueduc, à preuve, le Kader… ou quelquefois aussi, la vieille Julie, celle qui lit dans les lignes de la main.
Elle aussi, a le vin généreux quand elle a touché sa pension de misère.
Donc, quand Claudia voit Mado attablée avec le moricaud, son sang ne fait qu’un tour.
Tout ce beau pognon qui lui passe sous le nez…
C’est que Kader, à l’ordinaire, il aime bien ça, le trou du cul, et quand il est lancé, tout y passe.
A beau pigeon, bon plumage ! comme on dit.
– Hé, Mado, il sait que t’es là, Gégé ?
Elle a déjà l’œil qui boulègue et une carapace sur la langue ;
– Peut ben aller s’faire mettre, ce connard !
– Et ben, ma chérie, comme tu causes de ton homme ! t’as la cruche ?
– Mmmmmmmm……
Kader, il dit trop rien.
C’est qu’on la craint, la mère Claudia.
Avec ses relations, elle peut vous faire fermer une boite pour un oui, pour un non, ou alors, plus de carte de séjour… et adieu le pays bleu !
Le pire, c’est qu’on n’a jamais eu de preuves de ses trafics.
On doute.
Mais on n’est pas sûr… alors on s’écrase avec la rage au foie.
On en trouve même qui disent que c’est des fa

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