Les émigrants du Transwaal
234 pages
Français

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Les émigrants du Transwaal , livre ebook

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Description

Thomas Mayne Reid (1818-1883)



"« C’est en vérité une terre de désolation !... » Cette exclamation était adressée par un cavalier d’âge mûr, mais d’apparence robuste et de physionomie énergique, à son compagnon qui chevauchait à côté de lui sur une forte monture.


« Oui, ami Blom, répondit ce second cavalier. Tout manque ici, sauf le sable et le soleil. Nous le savions d’ailleurs avant de nous engager dans cette contrée maudite ; et nul de nous n’a hésité à la traverser pour gagner le pays fertile et riant où nous serons libres et heureux, comme nous l’avons été dans notre patrie, jusqu’au moment où son envahissement par des conquérants étrangers nous a obligés à transporter ailleurs nos foyers... Ce n’est pas acheter trop cher l’indépendance que de la devoir aux fatigues de notre voyage à travers ce désert. »


L’homme qui relevait ainsi l’ami Blom du découragement, trahi par son exclamation, se nommait Jan Van Dorn. Sa barbe et ses cheveux commençaient à grisonner ; sa figure large et grave offrait une remarquable expression de calme réfléchi et de cette énergie froide, plus difficile à abattre que la vivacité des tempéraments plus en dehors. Au premier coup d’œil jeté sur Jan Van Dorn, on reconnaissait en lui les qualités d’un homme digne de commander."



Trois familles de Boers, chassées du Transwaal par les Anglais, partent à la recherche de nouvelles terres...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782374638874
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les émigrants du Transwaal
 
 
Thomas Mayne Reid
 
Traduit de l'anglais par Jacques Lormont
 
 
Avril 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-887-4
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 886
I
À travers le Karrou
 
« C’est en vérité une terre de désolation !... » Cette exclamation était adressée par un cavalier d’âge mûr, mais d’apparence robuste et de physionomie énergique, à son compagnon qui chevauchait à côté de lui sur une forte monture.
« Oui, ami Blom, répondit ce second cavalier. Tout manque ici, sauf le sable et le soleil. Nous le savions d’ailleurs avant de nous engager dans cette contrée maudite ; et nul de nous n’a hésité à la traverser pour gagner le pays fertile et riant où nous serons libres et heureux, comme nous l’avons été dans notre patrie, jusqu’au moment où son envahissement par des conquérants étrangers nous a obligés à transporter ailleurs nos foyers... Ce n’est pas acheter trop cher l’indépendance que de la devoir aux fatigues de notre voyage à travers ce désert. »
L’homme qui relevait ainsi l’ami Blom du découragement, trahi par son exclamation, se nommait Jan Van Dorn. Sa barbe et ses cheveux commençaient à grisonner ; sa figure large et grave offrait une remarquable expression de calme réfléchi et de cette énergie froide, plus difficile à abattre que la vivacité des tempéraments plus en dehors. Au premier coup d’œil jeté sur Jan Van Dorn, on reconnaissait en lui les qualités d’un homme digne de commander.
« Et vous, Rynwald, dit-il en s’adressant à un troisième cavalier placé à sa droite, je vous vois aussi tout préoccupé. Est-ce que vous pensez, comme l’ami Blom, aux difficultés de notre longue route ?
– Assurément, Jan Van Dorn. C’est à chaque père de famille, chargé du sort d’âmes chères, qu’il appartient de donner toutes ses pensées au souci des obstacles à surmonter et des dangers à conjurer, ne fût-ce que pour les épargner aux siens dans la mesure du possible. Mais prévoir et combiner les moyens de salut, ce n’est pas être découragé. Comme vous, ami Van Dorn, j’ai confiance dans le résultat final.
–  Merci, mon brave Rynwald. Je suis sûr qu’avec votre concours et celui de l’ami Blom, tout ira bien pour notre caravane. C’est à nous trois à inspirer à nos compagnons confiance et espoir. N’hésitez donc pas à leur dire, lorsque vous les verrez découragés, qu’à peine sortis du Karrou, nous serons tout près de la contrée des bons pâturages, arrosée de nombreux cours d’eau, que je leur ai annoncée. »
...  Quels étaient ces trois hommes et dans quelle région était située cette terre promise vers laquelle Jan Van Dorn conduisait sa caravane ?
Nous parlerons bientôt des personnes. Quant à la contrée que traversaient les émigrants, qu’on se figure une plaine s’étendant à perte de vue jusqu’à l’horizon. Rien ne délimitait la vue ; pas de forêts ni d’accidents de terrain pour rompre la monotonie de cet immense espace. À peine çà et là quelques arbres solitaires s’élevaient ; c’étaient des Kamel-doorn au feuillage découpé. Ce mot signifie littéralement : « Épine de chameau. » Très commun dans l’Afrique méridionale, cette sorte d’acacia, dont les feuilles sont armées de piquants, ressemble assez à l’acacia de nos pays, sauf cette particularité des feuilles munies de dards et la couleur de ses fleurs, d’un jaune éclatant. Ses jeunes bourgeons forment la nourriture favorite des girafes. Quelques aloès arborescents, mêlés aux tiges raides de l’euphorbe et aux pieds desquels se tordaient des touffes d’herbe sèche et calcinée, étaient, avec les rares Kamel-doorn, la seule végétation de ce désert.
Tel est l’aspect morne de ces stériles Karrous de l’Afrique méridionale, qu’on pourrait comparer à nos landes, sauf pour l’étendue qui est bien autre, et la qualité des végétaux qui est celle des déserts. Mais on trouve sous cette latitude, dans ces Karrous désolés, les plus belles variétés de bruyères, plus délicates, à clochettes plus minutieusement découpées que celles de nos climats. Chacun peut en juger par la bruyère dite du Cap, que l’horticulture a importée en Europe.
Trois chariots s’avançaient lentement à travers le Karrou. C’étaient d’immenses véhicules, mesurant chacun quatre mètres de longueur. Une armature de bambous recourbés en arc supportait la toile imperméable qui les recouvrait. Huit paires de bœufs à longues cornes constituaient l’attelage de chaque voiture. Assis sur le siège, le conducteur agitait un fouet d’une longueur démesurée ; un second indigène, armé du terrible jambok , marchait auprès de chaque attelage, faisant en quelque sorte l’office de postillon pour stimuler la nonchalance des bœufs. Enfin, un guide se tenait en tête de la colonne. Une vingtaine de cavaliers chevauchaient sur les côtés. Trois d’entre eux, nos interlocuteurs de tout à l’heure, étaient tout à fait en avant de la caravane.
On voyait à l’arrière-garde un nombreux troupeau de vaches laitières, quelques-unes suivies de leurs veaux, et une quantité de ces moutons « à queues grasses, » ainsi nommée parce que leur appendice caudal pèse jusqu’à cinquante livres et balaie la terre, entraîné par son propre poids. Vaches et moutons s’avançaient sous la conduite de quelques pâtres nègres à demi nus. De grands chiens de berger, à poil hérissé et rugueux, à museau effilé, assez semblables à des loups, complétaient la série des êtres animés visibles au dehors des chariots. Mais, en soulevant les rideaux de toile blanche, on aurait aperçu, à l’intérieur de ces wagons, des femmes et des enfants de tout âge. On aurait admiré notamment la ravissante Katrinka, fille aînée de Rynwald, et sa sœur cadette, Meistjé. La première avait dix-huit ans et la seconde, à peine dix-sept. Chacune dans son genre de beauté, la blonde Katrinka aux yeux noirs et la mignonne Meistjé aux yeux d’un bleu de pervenche et à la chevelure d’or pâle, était un modèle de grâce et de séduisante simplicité.
Mme Rynwald, la digne mère de ces deux belles jeunes filles, était un remarquable type de cette élégance native que l’art est impuissant à imiter ; elle y joignait une ampleur de formes et une fraîcheur que possédait aussi, mais dans une gamme plus délicate, la blonde compagne de Blom. Quant à Mme Van Dorn, brune comme son mari et d’assez haute taille, elle inspirait le respect par son maintien digne et sa physionomie sérieuse à traits réguliers et fermes.
Jan Van Dorn avait deux filles, Rychie et Annie, aimables et jolies, bien qu’un peu éclipsées par la beauté des filles de Rynwald ; mais le bon naturel de ces quatre jeunes personnes détruisait entre elles tout germe de rivalité d’amour-propre.
Les fils de Jan Van Dorn, Piet et Hendrik, étaient universellement aimés, le premier surtout, qui égayait de ses saillies et de sa fougue aventureuse les stations de la caravane ; avec leurs amis, Ludwig Rynwald et Andriès Blom, ils représentaient la jeunesse intelligente dans cette troupe d’émigrants où leurs pères représentaient l’autorité de l’expérience.
De petits garçons de cinq à dix ans et de gentilles fillettes de sept à douze complétaient le personnel des chariots. Chaque voiture emportait les pénates d’une famille, ayant pour chef l’un des trois cavaliers qui formaient l’avant-garde de la caravane.
Jan Van Dorn, Hans Blom, Klaas Rynwald, ces noms-là sont des noms hollandais.
Ceux qui les portaient appartenaient en effet à cette nation, d’origine du moins, sinon de fait actuel. C’étaient des Boërs, de riches Boërs, à en juger d’après le nombre de leurs bestiaux. Le troupeau qui escortait la caravane se composait d’au moins cent bêtes à cornes et d’environ trois cents moutons. Cette richesse pastorale indiquait que les émigrants appartenaient à la classe des Vee-Boërs.
Comme les Stockmen d’Australie et les Ranch-men de l’Amérique occidentale, les Vee-Boërs ne demandent la prospérité

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