Les Enfants de Cartouche - Tome 3
236 pages
Français

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Les Enfants de Cartouche - Tome 3 , livre ebook

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Description

Mauvaise surprise pour Alain, les vacances estivales en famille n'auront pas lieu comme prévu, le camping où se trouve leur cabanon ayant été détruit. L'étudiant en économie à la faculté de Montpellier s'apprête à découvrir la liberté hors du cocon familial et les émois du premier amour. Sensible au renouveau de la scène musicale rock du début des années soixante-dix, le jeune homme s'enthousiasme à l'écoute de groupes tels que Magma ou Pink Floyd. Sans oublier les examens et les responsabilités du monde adulte qui l'attendent... Le temps a passé, à l'insouciance des souvenirs d'enfance et d'adolescence au Cap d'Agde sur la côte méditerranéenne contés dans les deux premiers volumes succèdent ceux de l'étudiant en formation. Dans la suite de ses mémoires romancés, Alain Boixados entreprend librement de reconstruire le passé de manière subjective. Son témoignage rétrospectif se libère des contraintes propres au genre autobiographique pour faire œuvre de fiction.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 septembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342162950
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Enfants de Cartouche - Tome 3
Alain Boixados
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Les Enfants de Cartouche - Tome 3

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
À mon épouse Michèle et à mes trois filles : Aurélia, Rébecca et Esther.
 
Le feu a dévoré, il ne reste plus rien,
Le doux sable blanc regorge de cendres grises,
Le cabanon en bois à cause d’un vaurien
Est réduit à un gros tas brun livré aux brises.
 
Adieu à nos étés sur la plage du Môle,
Oh ! Pêche miraculeuse dans les étangs,
Courses folles, rois et reines à tour de rôle,
Ivresse des profondeurs, sieste en tout temps.
 
Le passé s’appelle désormais un beau rêve
L’avenir est si sombre, le présent oppresse.
Avec chaque méchant il faut signer la trêve
Et retrouver la jeune fille aux belles tresses.
 
À Rochelongue la famille émue s’exile.
Aux matines, des brumes sort le fort Brescou,
Sète s’est évanouie à l’est, c’est la seule île.
Au crépuscule dort le pic du Canigou.
Avant-propos
Par souci de préserver l’anonymat, le véritable prénom de certaines personnes mentionnées dans ce récit autobiographique a été changé. En revanche, pour d’autres, il a été conservé. J’ai choisi également d’utiliser le surnom comme une marque d’affection toute particulière et afin de servir aussi de point de repère vis-à-vis de ceux qui ont bien connu cette période. Dans quelques cas, c’est tout simplement pour rendre un hommage mérité, sous forme de clin d’œil, à des personnages hauts en couleurs qui ont marqué notre bonne ville de Pézenas. D’autres encore, des familiers, des parents, mais aussi des connaissances, ont donné avec plaisir leur autorisation pour l’utilisation des vrais prénoms.
Le nom de famille est rarement utilisé. Le contexte, l’usage ou la forme déterminant le recours parfois nécessaire à celui-ci, surtout pour les personnalités connues de la région : professeurs, artistes, etc.
Concernant le récit lui-même, ou les anecdotes, j’ai pris parfois des libertés lorsque ma mémoire m’a fait défaut. Aussi je demande au lecteur de ne pas prendre à la lettre le contenu de cet ouvrage qui reste avant tout un roman. La fiction est la base de tout récit romanesque, même si le fil conducteur et la toile de fond collent dans ce cas précis au réel. Augustin a écrit avec justesse : « Celui qui n’est pas ne peut être trompé car si je me trompe je suis ».
Chapitre 1. Des cendres et des larmes
Le mois de juin commence à peine. Mon père nous emmène faire un tour à la mer car c’est dimanche. Son visage est grave, les événements du mois de mai viennent de marquer profondément notre région. Comme au temps de la rébellion contre le Roi de France, sous l’instigation du duc Henri II de Montmorency, filleul d’Henri IV, dont la tête roula sur les pavés du Capitole à Toulouse en 1632, des troubles contre l’autorité de l’État agitent encore le Languedoc. Cette révolte étudiante, parisienne au départ, a gagné rapidement comme une traînée de poudre tout le pays et toutes les catégories de travailleurs alors que le printemps fait éclater silencieusement, selon un calendrier immuable, les bourgeons sur les branches des arbres fruitiers et dans les vignes. Des grèves générales ont paralysé tout le département, même notre lycée a vu tous ses élèves, ou presque, déserter les cours. Mon père m’a obligé à aller en classe jusqu’à leur fermeture pour raison de sécurité. Son entreprise de maçonnerie n’a pas échappé aux conséquences de la grande contestation de la jeunesse, vite transformée en grève nationale contre le pouvoir en place. Le président de la République a même dû se résoudre à dissoudre l’assemblée nationale. Notre famille a subi quelques restrictions alimentaires, cela n’était pas arrivé depuis la fin de la guerre.
— J’ai réussi quand même à trouver un peu d’essence pour remplir le réservoir de la 2 CV, dit mon père, fier d’échapper provisoirement à la pénurie générale.
Quel bonheur de pouvoir reprendre, comme chaque année à la même période, la route du Môle, malgré ces circonstances exceptionnelles !
C’est inespéré, après presque un mois de paralysie de la circulation sur les routes, de pouvoir retrouver un peu d’autonomie et de liberté. Il y a peu de voitures qui, comme la nôtre, osent s’aventurer sur la route. Tout au long du trajet nous ne croisons que quelques véhicules, l’essence étant encore rare, la population ne gaspille pas ce précieux carburant qui, en temps ordinaire, coule à flots dans les stations-service. Les riverains nous regardent comme des privilégiés ayant bénéficié de quelque passe-droit ou des inconscients voués à la panne sèche. Mon père, d’habitude d’humeur joyeuse, n’a pratiquement pas ouvert la bouche au cours du trajet, ma mère non plus. Je comprends les raisons de leur mutisme. Depuis trois semaines déjà, les salariés de l’entreprise sont en grève. L’argent ne rentre plus dans les caisses et les charges continuent de courir, l’entreprise est menacée de faillite si le travail ne reprend pas vite. Les filles sont sages, assises sur la banquette arrière, elles discutent à voix basse. Avec Raphaël et Daniel, mon petit frère, qui n’arrête pas de faire des grimaces aux passants, assis à même le plancher en tôle ondulée de la fourgonnette, nous regardons à travers les vitres arrière défiler le paysage comme un film passé à l’envers. Nous savons ce qui nous attend lorsque nous mettrons enfin pied à terre sur la plage du Môle. La mauvaise nouvelle, concernant le triste sort de la baraque, est tombée depuis l’automne dernier mais, comme saint Thomas, j’attends de voir et de toucher les débris pour y croire.
Lorsque nous arrivons au pied du Mont Saint-Loup, passage obligé avant de descendre lentement vers la côte, j’admire la vue sur la mer en regardant par-dessus les têtes aux cheveux bouclés de mes trois sœurs. Cet immense tapis bleu persan, presque monochrome, brodé au bord de fils d’argent bien parallèles, que nous voyons se transformer en rouleaux d’écume au fur et à mesure de notre approche du rivage, c’est la Méditerranée : la grande mer comme on l’appelait dans l’antiquité. Ce tapis de taille gigantesque est sans cesse tissé par une navette invisible qui, dans un éternel mouvement de va-et-vient, introduit sa duite inépuisable sans qu’on puisse en percer les secrets. Quelle belle harmonie de couleurs avec un ciel lumineux presque transparent, qui s’étire lui aussi à l’infini et promène ses nombreux troupeaux de nuages blancs vers le grand large. Là-bas, au loin, ils se disperseront ou se gonfleront au-dessus de la houle, après l’avoir caressée de leur toison immaculée.
Notre émotion est à son comble lorsque nous arrivons enfin à l’endroit du baraquement. La plage est déserte, les dunes ont été aplanies, toutes nos petites constructions en bois ont disparu comme par magie, sans laisser de traces. Ce brusque changement de décor est surprenant. Que va devenir le Môle ? Peuplée uniquement par quelques modestes cabanes de pêcheurs très isolées, avant la démoustication, cette côte, longtemps inhospitalière pour le voyageur, a presque retrouvé sa virginité originelle, mais pour combien de temps ? Trop brutale et trop injuste, cette agression est difficile à accepter, malgré la plénitude des lieux. Seul le petit port est resté tel quel. Le choc émotionnel est grand. Nos yeux se remplissent de larmes. Notre petit royaume, fait de bouts de planches, de lattes bariolées, de tôles ondulées, de canisses, de ganivelles et de piquets, a disparu entre deux saisons, sans qu’un cyclone ou un tsunami en soit la cause. Comme un mirage dans un désert disparaît lorsqu’on s’en approche, nous errons un moment sur la plage, chacun se disant : là se trouvait le cabanon d’un tel, ici la baraque de telle famille… Désormais, ce ne sont plus que des fantômes hantant notre mémoire.
Nous revenons, maintes et maintes fois, sur nos pas, à la recherche d’un indice permettant de retrouver l’endroit exact où se trouvait notre cabanon. Chacun tourne en rond depuis une bonne demi-heure. Soudain un cri strident retentit.
— Par ici ! Par ici ! hurle Raphaël, venez voir !
J’aperçois, de loin, à moitié recouvertes de sable, les trois marches en ciment qui servaient de marchepied à notre grande terrasse. Cette découverte, comme toute trouvaille archéologique, est émouvante. En m’approchant de ces vestiges, je remarque, ici et là, de petits monticules grisâtres. Il y a aussi plusieurs grandes auréoles noires comme du charbon. À mains nues, je m’empresse de creuser pour voir ce qu’il y a dessous. Un nuage de cendres monte dans l’air tandis qu’une soudaine rafale de vent s’empresse de le disperser sur la plage. Je ramasse de petits morceaux de charbon de bois que je rapporte aussitôt à mon père, comme des restes sacrés, en courant jusqu’à en perdre haleine. Daniel ne tarde pas à nous rejoindre, les mains pleines de suie.
— Attention de ne pas vous salir les habits ! dit Maman. Émue, elle ne trouve pas d’autres motifs pour nous éloigner du lieu de l’holocauste, offert en notre absence à des dieux inconnus.
Raphaël a trouvé un morceau de planche épaisse, transpercé par des clous rouillés. Je ne peux m’empêcher de faire le lien, en observant cette « sainte relique », entre la fin tragique de notre chère baraque et la lente agonie d’un martyr.
— Attention de ne pas vous blesser ! crie mon père, un peu paniqué, re

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