Les filles d Intremond
139 pages
Français

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Les filles d'Intremond , livre ebook

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Description

Auguste a bâti de ses mains Intremond en 1897, et, malgré les guerres, cette exploitation agricole a prospéré au point que cette réussite a fait des jaloux. Ses descendants avaient tout pour être heureux.


Jusqu’au drame qu’ont vécu son fils et sa famille en 1962...


Que s’est-il passé ? Pourquoi eux... pourquoi elle ?


Vous le découvrirez au fil des pages de ce thriller surprenant, et criant de réalisme...


Et peut-être, un jour, percera-t-on le secret d’Intremond...


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 octobre 2020
Nombre de lectures 23
EAN13 9782381532691
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les filles d ’ Intremond
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Marie-Pierre Jungas
Les filles d ’ Intremond
Roman

 
 
À ma famille
 
 
Je suis né en Dordogne, à côté de Sarlat, un jour très important pour mon pays.
Je m’appelle Fernand, Fernand Intremond, et à l’heure de ma naissance, le 11 novembre 1918 à 11 heures, l’armistice était signé entre l’Allemagne et la France.
Mon père était au front et ma mère n’a pas pu appeler la sage-femme ni même la voisine de la ferme la moins éloignée, car je suis arrivé très vite. Elle s’est donc débrouillée seule.
Elle m’a dit par la suite que toutes les cloches de France résonnaient pour fêter la fin de cette si longue guerre et qu’elle y avait vu un bon présage pour mon avenir, comme si tous ces carillonnements m’étaient destinés.
Nous y avons cru pendant longtemps.
Mais la suite a prouvé que ces cloches ne sonnaient pas pour moi, ni pour m’entourer de chance.
Mon père était un modeste paysan, mais, comme tous les hommes de ce pays, il est parti se battre en 1914, plein de rêves d’une guerre courte, auréolée de victoire.
Il a vécu, comme beaucoup de jeunes soldats, les tranchées, le froid, la vermine qui le dévorait sans qu’il ne puisse rien y faire et les rats qui tentaient de voler leur nourriture qu’ils défendaient farouchement, lui et ses compagnons d’infortune.
La faim leur tenaillait le ventre et l’ivresse du mauvais vin qu’on mettait dans leur ration pour leur donner du courage au combat les aidait à tenir, bien que certains, ayant constaté que cette consommation nuisait à leur lucidité lors des assauts, aient préféré ne pas trop en boire.
Et puis il y a eu l’horreur de voir mourir des amis de galère si précieux pour lui.
Il en a vu tomber devant lui, réduits en charpie par les bombes qui l’ont aussi abîmé.
Il en est revenu déphasé jusqu’à frôler parfois la folie, maigre et rongé et maman a souvent cru qu’il allait mourir.
Mais cet homme si frêle, désorienté, perturbé au moindre coup de fusil d’un chasseur aux alentours, tenait à vivre plus fort que tout. Parce qu’il n’avait jamais voulu de cette guerre et qu’il avait, malgré lui, dû servir ce pays qu’il aimait tant.
Alors mon père a vécu. Enfin, je devrais dire plutôt « survécu ». Parce que, même longtemps après son retour, maman n’a jamais pu retrouver en lui l’homme qu’elle avait tant aimé.
Ils avaient connu trois années de bonheur avant « la Grande Guerre » et je suis né de cette union, lors d’une permission après une blessure qui avait valu à papa deux semaines de repos où, malgré les images obsédantes de ses camarades de combat si abîmés par les obus, les balles ou les baïonnettes allemandes ainsi que le gaz moutarde qui les emportaient parfois dans des cris de souffrance atroces, et la peur qui était son quotidien, il avait pu partager avec maman quelques heures de tendresse et d’intimité qui lui rendaient sa condition d’homme au sens le plus noble du terme.
Après son retour de la guerre, il a donc passé ainsi de longues années, hantant sa famille et notre maison de ses cris terrorisés qui lui venaient du passé et qui nous laissaient à chaque fois effrayés, quel que soit l’endroit où nous étions lorsque ces crises arrivaient. Cela pouvait se manifester le jour ou la nuit, au milieu d’un repas ou au lit, pendant la toilette ou dans le jardin et je me cachais, terrifié, tandis que ma mère faisait tout son possible pour l’apaiser en attendant que mon père se calme.
Maman, qui avait espéré avant son mariage une vie « normale », fondée sur l’amour, le partage et le respect, avait vite compris, depuis son retour, qu’après ce qu’il avait vécu lors cette guerre horrible, rien de tout ce qu’elle souhaitait ne serait plus jamais possible. Elle a pourtant enduré pendant de nombreuses années les crises de papa avec beaucoup de patience et de courage.
Les femmes de notre village subissaient également la détresse de leurs hommes qui revenaient blessés, défigurés, estropiés ou même fous de cette guerre et vivaient les mêmes affres que nous.
Pourtant, la vie avançait à Intremond qui était la fierté de mon père.
* * *
Papa avait acheté en 1897 une terre où il avait bâti une ferme.
Au début, il n’y avait qu’un grand terrain, rempli d’herbes sauvages. Avec un puits pour seule construction.
Les herbes sauvages avaient été fauchées, et papa avait construit une petite ferme composée d’une grande pièce et d’un hangar. Puis, petit à petit, il l’avait agrandie, ajoutant d’abord une étable où il avait installé quelques vaches. Ensuite, il avait fait une cuisine puis une chambre et enfin une autre, car il espérait bien trouver une épouse et avoir des enfants.
Il n’a connu maman qu’en 1909, lors d’une foire aux bestiaux, près de Sarlat.
Il venait y acheter une vache alors que ma mère et ses parents étaient venus en vendre quatre. La place grouillait de monde et de bêtes et tous se rencontraient, souhaitant vendre ou acquérir tandis que discussions et transactions allaient bon train. Les bêtes beuglaient, les paysans négociaient et des ventes se faisaient. Certains trinquaient pour fêter un accord tandis que d’autres évoluaient parmi les vendeurs, espérant faire une bonne affaire.
Auguste s’était approché prudemment d’un couple d’éleveurs e t avait regardé leurs bêtes sous tous les angles. Elles lui semblaient idéales, saines, bien nourries, avec des pis prometteurs de nombreux litres de lait qu’il revendrait ensuite et la négociation avait commencé.
Il avait remarqué ma mère assez vite. Une belle femme, avec un visage souriant, de beaux yeux bleu pâle et une silhouette bien charpentée, comme il les aimait, faite pour le travail de la terre.
L’affaire avait été conclue sans trop de difficultés et, les parents de maman ayant remarqué les regards échangés entre ce client qui leur avait acheté deux vaches et leur fille, ils l’avaient invité à venir voir leurs autres bêtes à leur ferme, à dix kilomètres de là.
Il s’y est rendu, après deux semaines de réflexion, non pour découvrir leurs bovins, mais pour connaître davantage leur fille qui décidément lui plaisait beaucoup  !
Il ont bu une boisson locale que maman leur a servie, pendant que mon père observait discrètement celle qui pourrait devenir sa future femme et la conversation a tourné autour de l’élevage, du lait et du fourrage. Puis, après quelques verres de liqueur et deux heures de discussion pendant lesquelles il n’a cessé de détailler la jeune fille qui le regardait discrètement, assise à côté de la cheminée, se levant parfois pour vaquer à de brèves occupations, il a pris enfin congé de mes grands-parents et lorsque mon grand-père lui a assuré qu’il pouvait revenir s’il le souhaitait, il a répondu qu’il n’y manquerait pas.
De rencontres en rendez-vous, mes parents ont appris à se connaître davantage et, lorsque le 6 avril 1910, papa a enfin demandé la main de ma mère, elle a accepté sans hésiter ! Chacun reconnaissait en l’autre ses principales valeurs, surtout fondées sur le travail de la ferme et de ses bénéfices et, se sentant aussi physiquement attirés l’un par l’autre, ils semblaient faits pour s’accorder.
Mathilde Succard et Auguste Intremond se sont mariés un mois plus tard et une grande fête a été organisée pour la circonstance. Les deux villages de mon père et de ma mère étaient invités et nombreux ont été celles et ceux qui se sont rendus au pot d’honneur offert par les mariés et leurs parents. Il y avait beaucoup de vins et de charcuteries ainsi que des fromages de la région qui les ont tous régalés et beaucoup sont repartis, repus et grisés, en félicitant les jeunes mariés et en leur souhaitant une belle descendance ains

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