Les Gentilshommes chasseurs
34 pages
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Les Gentilshommes chasseurs , livre ebook

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Description

Créateur du roman cynégétique, dont le sujet est la traque d'animaux, Théodore Foudras décrit à merveille l'univers des chasseurs dans cette œuvre publiée pour la première fois en 1848.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 65
EAN13 9782820630414
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
«Contes & nouvelles»

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ISBN : 9782820630414
Sommaire


Le marquis de Bologne
Denis
Pauvre défunt M. le curé de Chapaize
THÉODORE DE FOUDRAS
Le marquis de Bologne
Parmi une foule de privilèges, les faiseurs de Mémoires ont celui de remonter le cours du passé bien au-delà du commencement de leur existence.
J’userai donc aussi de ce droit ; mais pour ne pas en abuser, je ne parlerai aujourd’hui que d’un de mes grands-oncles, dont j’ai entendu conter à mon père des choses assez curieuses pour être rapportées ici.
Le marquis de Bologne était resté veuf de fort bonne heure de mademoiselle de Choiseul-Beaupré, charmante femme qu’il aimait beaucoup plus que la mode de son temps ne l’aurait voulu. Peu d’années après sa mort, il perdit aussi son fils unique, beau jeune homme de vingt-cinq ans, déjà officier supérieur dans la gendarmerie de Lunéville. Frappé dans son bonheur conjugal et dans son orgueil paternel, il plaça dans un chapitre de Lorraine deux filles qui lui restaient, et il se retira dans une de ses terres en Champagne, avec la ferme résolution d’y vivre désormais dans la solitude la plus absolue.
La retraite qu’il avait choisie était merveilleusement propre à l’accomplissement de ce projet. C’était un château situé au bord d’un magnifique étang d’eau vive, et entouré de hautes montagnes couvertes de forêts qui s’étendaient dans toutes les directions à plusieurs lieues à la ronde. Des forges, quelques chaumières habitées par des charbonniers, bordaient les rives de l’étang, et formaient un petit village aussi agreste que le site au milieu duquel il était placé. Un climat âpre, des voies de communication impraticables huit mois de l’année, excepté pour les cavaliers et les piétons, offraient peu d’attraits aux oisifs et aux importuns. Quant aux propriétaires des châteaux voisins, ou ils étaient aussi sauvages que mon grand-oncle, ou ils passaient leur vie à la cour et à l’armée, de sorte que leurs visites étaient rares et courtes. D’ailleurs, il est toujours facile de se défendre du contact des humains quand on n’a qu’un visage triste à leur montrer.
Le marquis de Bologne avait toujours aimé la chasse avec passion. À l’âge de vingt ans, il se trouvait en Bohême dans l’armée du maréchal de Belle-Isle ; à la paix il obtint un congé, et, tandis que ses camarades regagnaient la France en chaise de poste, il revint, avec son valet de chambre, à pied et toujours chassant. Pendant ce voyage, qui dura trois semaines, il ne fit, je crois, que deux séjours pour donner du repos à ses chiens. Chemin faisant, quand un pauvre lui demandait l’aumône, il tirait un écu de sa poche, un lièvre de sa carnassière, et il continuait sa route en disant que s’il aimait beaucoup tuer du gibier, il aimait encore mieux porter des bénédictions.
Le bonheur qu’il avait trouvé dans son mariage, sans détruire entièrement son goût pour la chasse, en avait tempéré l’ardeur, et il ne s’y livrait plus qu’avec une modération qui avait permis au gibier de ses forêts de se multiplier d’une manière vraiment déplorable pour ses fermiers. Au printemps, les seigles verts étaient tondus jusqu’à la racine par des hardes de cerfs ; en automne, les champs de blé noir étaient labourés par des bandes de sangliers ; les chevreuils venaient en plein midi se désaltérer effrontément dans l’étang jusque sous les fenêtres du château ; les lièvres rongeaient les choux du potager, à quatre pas du jardinier ébahi. Le vieux La Jeunesse, piqueur de mon grand-oncle, disait quelquefois avec humeur : « Si monsieur le marquis laisse faire ces gaillards-là, ils le mettront un de ces jours en civet. »
Mme de Bologne morte, les choses changèrent de face. Six mois après, La Jeunesse fut envoyé dans les Ardennes pour y choisir une meute à la fois légère et infatigable, et quelques-uns de ces chevaux habitués aux montagnes, qui avaient alors une réputation méritée. Les grands appartements du château furent abandonnés sans retour, mais le chenil fut reconstruit à neuf, et les écuries reçurent d’importantes améliorations. Toutefois, M. de Bologne ne chassait pas encore, et La Jeunesse avait beau lui répéter vingt fois par jour que les chevaux étaient en haleine et la meute parfaitement dressée, mon pauvre grand-oncle le regardait tristement et se contentait de lui répondre : « Prends patience, mon vieux, nous verrons cela plus tard. »
Le jour même où l’on fit le service du bout de l’an de Mme de Bologne, le marquis, au retour de l’église, fit appeler La Jeunesse dans sa chambre à coucher, et ils eurent la conversation suivante :
Combien avons-nous de chiens en chasse ? demanda mon grand-oncle.
Soixante et dix, monsieur le marquis, répondit le vieux piqueur dont le cœur s’ouvrit à l’espérance.
Combien de fois peuvent-ils chasser par semaine sans se fatiguer ?
Deux fois au moins.
Eh bien ! tu vas diviser la meute en trois, de manière à ce que nous puissions chasser tous les jours. Nous aurons vingt chiens pour chasser le cerf, vingt pour chasser le sanglier, vingt pour chasser le chevreuil ; il nous en restera encore dix pour houspiller un lièvre, le dimanche après la messe. Quant à nous, nous nous reposerons tous les ans une fois… le jour de Pâques. Je veux commencer dès demain. Va donc faire tous tes arrangements, en te conformant aux ordres que je viens de te donner, et demain matin à sept heures nous découplerons dans les bois de la Crête. À tout seigneur tout honneur : je veux débuter par attaquer un cerf.
La Jeunesse ne se le fit pas dire deux fois : quelques heures après les quatre meutes étaient organisées, et le vieux piqueur, attablé au cabaret en compagnie de ses valets de chiens, se grisaient en l’honneur de ses triomphes futurs.
Il va sans dire que la chasse du lendemain fut magnifique. La Jeunesse, qui attachait une grande importance à ne pas rebuter son maître, n’avait rien négligé pour obtenir un succès éclatant, et quand il vint, le chapeau à la main, présenter au marquis le pied droit d’un vigoureux dix-cors jeunement, forcé en moins de quatre heures, il eut la satisfaction de rencontrer un regard dans lequel il lui fut facile de lire l’irrévocabilité de la détermination prise la veille.
Au retour, M. de Bologne, qui cheminait au petit pas à la tête de son équipage, se retourna, appuya la main sur la croupe de son cheval, et ne dit que ces mots :
La Jeunesse, nous chasserons demain le sanglier ; le rendez-vous sera à sept heures aux Trois-Fontaines ; tu préviendra tous les charbonniers qui ont des fusils, parce que je compte permettre de tirer sur les animaux qui se déroberont.
Ce qui avait été dit fut fait. Ce second jour on prit un sanglier à son tiers-an, et les charbonniers tuèrent une laie et trois bêtes rousses. La meute fit des prodiges qui surpassèrent non seulement les espérances de La Jeunesse, mais encore ses promesses.
Demain nous chasserons le chevreuil, dit le marquis pendant la retraite qui se faisait par une pluie battante, le rendez-vous sera à la Combe-aux-Larrons.
Mais s’il pleut ? se hasarda de dire La Jeunesse, qui voulait sans doute éprouver l’ardeur de son maître à laquelle il n’osait se fier encore.
S’il pleut, répondit celui-ci, tu mettras des culottes de velours au lieu de remettre tes culottes de peau ; car lorsque ces dernières sont mouillées, c’est le diable pour les ôter.
La Jeunesse a depuis avoué à mon père qu’en ce moment une pensée horrible traversa son cerveau. Il se dit que Mme de Bologne avait bien fait de mourir, car ce devait être elle qui empêchait son mari de chasser.
Le jour suivant, la chasse ne fut pas heureuse. La pluie tombait toujours à torrents ; l’air était chargé d’électricité ; on eut affaire à un vieux brocard qui gagna une lande dans laquelle broutaient quatre ou cinq mille moutons, et, pour comble de malheur, le cheval du marquis s’abattit, et le cavalier se foula le poignet.
Voilà une mauvaise journée, dit La Jeunesse, comme s’il se parlait à lui-même, mais en élevant cependant la voix assez haut pour être entendu de son maître.
Celle de demain sera meilleure, reprit froidement mon grand-oncle. Le rendez-vous sera à l’heure ordinaire, au carrefour de l’Homme-Mort.
L’heure ordi

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