Les histoires du bateau vagabond
44 pages
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Description

À la rencontre des îles, des pays, des langues, du monde… Clin d’œil au Voyage du Capitaine Gournevez, c’est cette fois ci bien sur Terre, transporté à bord d’un petit chalutier breton, que le voyage se mêle aux légendes et aux péripéties cocasses, par le biais de petites histoires.

Informations

Publié par
Date de parution 11 août 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029010842
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les histoires du bateau vagabond
Patrick Le Bihan
Les histoires du bateau vagabond
Les Éditions Chapitre.com
31, rue du Val de Marne 75013 Paris
Du même auteur
La Harpe Verte et autres poèmes , Les éditions CHAPITRE . COM , 2014
Le voyage du Capitaine Gournevez , Les éditions CHAPITRE . COM , 2016
© Les Éditions Chapitre.com, 2020
ISBN : 979-10-290-1084-2
Prologue
Douarnenez, « douar an enez », la terre de l’île en breton, car c’est en face de Douarnenez que se trouvait la ville d’Ys qui fut engloutie au quatrième siècle. C’était la capitale du roi Gradlon…
Comme chante le poète :
« Là-bas, tout au bout de la terre d’Armorique, où fleurissent l’ajonc et la bruyère sauvage, où les champs de seigle confinent aux rias…
Là-bas où le vieux pays pousse ses rochers dans l’océan vert, où plane sur la contrée l’ombre du roi Gradlon… »
C’est dans cette région que naquit Gournevez…
Sa famille, originaire de Poullan, s’était installée à Douarnenez quand elle devint la ville des penn-sardin…
Dans ces régions proches de la mer, il est courant que beaucoup d’enfants de paysans deviennent marins…
Et Gournevez devint marin, puis capitaine…
1 . Blanco
À propos d’une invention déjà ancienne qu’il conviendrait d’attribuer de manière définitive et officielle à son inventeur, un marin breton : le capitaine Gournevez, naviguant sur le Karabassenn depuis près d’un lustre sur toutes les mers de la planète.
Alors qu’il croisait dans les mers du Sud, remontant de Valparaiso vers El Callao, et qu’il faisait beau temps, il s’était installé sur le pont pour rédiger son journal de bord.
C’est alors qu’un oiseau de mer (sterne, mouette, goéland ?) laissa tomber sur sa page une goutte de fiente, ce qui y fit une belle tache blanche qui recouvrit entièrement un mot.
« Es guano, Señor Capitan… Se llama guano… dit en riant José-Vicente Pinchuncho Marquez, un marin déserteur et danseur de mambo qu’ils avaient embarqué au Chili et qui remontait vers sa terre natale, l’Équateur.
– Guano… ? Gwenn… o ! Puisque c’est blanc, pensa Gournevez.
– Bah ! dit-il, il y avait une faute, de toutes façons, ça m’évitera une rature. Quand ce sera sec, j’écrirai par-dessus le mot corrigé. »
Ainsi, de ce guano, qui est le terme utilisé au Pérou pour désigner ce genre d’excréments, naquit le « gwenno ». Car, comme tout un chacun le sait, « gwenn » signifie « blanc » en breton, bande de pen-kallek !
De retour à Douarnenez, quelques années plus tard, le capitaine Gournevez eut l’idée de commercialiser le produit miracle.
Son succès fut tel qu’il est maintenant vendu dans toute la France, sous son nom français de « blanco », et que tous les écoliers, collégiens et lycéens, l’utilisent quotidiennement pour embellir leurs pages, et ce, à la plus grande satisfaction de leurs professeurs… et, bien entendu, de tous ceux qui participent au conditionnement et à la commercialisation du produit miracle. Et ça en fait vivre du monde, tout ça !
Bref, comme disent les vieilles de chez nous, de Tréboul à Penmarc’h, en ricanant sous leurs coiffes : « Tout le monde est content, il n’y a que les oiseaux qui se font chier ! »
2 . À propos du nom du bateau
Si vous avez été à Locronan, il y a de cela pas mal de temps déjà, vous avez certainement visité la vieille église qui se trouve sur la place du village. Construite au XV ème siècle sur le tombeau de Saint Ronan, c’est un des plus beaux spécimens du gothique flamboyant.
Et si vous êtes entré, vous avez sans doute vu, sous le regard bienveillant de la statue de Saint Ronan, à droite du transept, après avoir fait quelques pas, la minuscule guérite qui servait de confessionnal au curé de l’époque, qui s’appelait Trécy.
Le brave homme pouvait tout juste y entrer et s’asseoir pour écouter, à travers les croisillons de bois noir, les pénitents qui venaient s’accuser des fautes vénielles qu’ils avaient pu commettre.
Il avait pour servante la grosse Soazig, d’âge canonique comme c’était l’usage, c’est-à-dire dans sa prime quarantaine… N’allez pas penser à mal : tout habillée de noir, à l’exception de sa coiffe et de son tablier, elle s’occupait de la demeure austère du bon curé, et lui préparait ses repas…
Pour cela, elle se rendait deux fois par semaine à Douarnenez, où elle achetait aux petits bateaux quelques maquereaux de ligne, et, occasionnellement, pour les jours de fête, quelques coquilles Saint-Jacques qu’elle accommodait à sa façon. Bonne cuisinière, elle faisait un festin de ces quelques fruits de mer. Les coquilles Saint-Jacques, c’était sa spécialité. Coquilles Saint-Jacques à la karabassenn, disait-on dans tout le village, car le curé invitait quelque fois, et la réputation de sa bonne s’était répandue dans ce petit coin de Cornouaille…
C’est en pensant à son père, ce vieux pêcheur qui avait pour cliente assidue la bonne du curé, que Gournevez avait baptisé son bateau le « Karabassenn ».
Et de temps en temps, dans des moments de nostalgie, le capitaine Gournevez évoquait avec son mécanicien Gloanec et son second, l’ineffable Bescond, le souvenir du petit curé Trécy et de sa plantureuse servante.
3 . Lisboa a ntigua
Le Karabassenn venait d’entrer dans le magnifique estuaire du Tage, et s’apprêtait à accoster au port de Lisbonne.
« Lisboa antigua… » comme chantent les fadistas.
Le navire passait lentement devant la Tour de Bélem, le Couvent des Jeronimos, et l’on put bientôt admirer le monument aux découvreurs, « Os Descubridores », avec à leur tête Henri le Navigateur.
Quelques heures plus tard, Gournevez traversait la Praça do Comercio et se dirigeait vers le Rossio, que surplombe le majestueux Castelo Sao Jorge. Il se souvenait avoir déjà fouiné, lors d’un précédent passage, dans les échoppes de la fameuse « feria da ladra », qui se trouve au-dessus du quartier d’Alfama.
Mais on approchait de midi, et il y avait dans le coin un célèbre estaminet spécialisé dans la « ginginha » (cerise à l’eau de vie), où la commande se fait on ne peut plus simplement : avec ou sans ; une demi-douzaine de cerises à l’eau de vie, ou l’eau de vie sans les cerises… Aucun habitué de la capitale lusitanienne ne passerait devant ce bistrot sans s’y arrêter, et sûrement pas Gournevez !
Pour le déjeuner, les petits restaurants ne manquent pas, et Gournevez opta pour un plat de porc aux coques, à la façon de l’Alentejo. En entrée, des buzios, à casser avec un maillet de bois, et accompagnés d’un vin vert de Braga.
Son excellent repas terminé, il se dirigea vers le Bairo Alto, pour déguster un café à la Brasileira. Il s’assit à la terrasse, pas très loin de Fernando Pessoa, le célèbre poète portugais, dont la statue est à jamais assise à une table de son café préféré.
Après une longue flânerie, il se rendit en fin d’après-midi à l’Institut du Vin de Porto, pour une dégustation de ce magnifique breuvage.
Comment finir la soirée à Lisbonne, si ce n’est dans un restaurant à fado ? Gournevez alla écouter ces chants nostalgiques en fumant un de ces petits cigares de Madère si parfumés, et en sirotant un vieux bagaço.
Il avait prévu d’aller le lendemain à Caldas da Rainha pour acheter un de ces pittoresques phallus en terre cuite, moins colorés que les coqs de Barcelos, mais infiniment plus coquins.
C’est alors qu’apparut Maria-Isabel, une ensorcelante métisse chinoise qu’il avait connue à Macao.
Le monde est petit et le hasard nous offre souvent de ces rencontres aussi merveilleuses qu’inattendues.
Elle habitait Avenida Almirante Reis, et ils allèrent finir la nuit chez elle.
Dix ans auparavant, Gournevez était déjà venu dans cette rue, avec son ami Alvaro, qui avait passé quatre ans en Angola lors de la guerre d’Indépendance ; et il y avait au mur d’une maison ce graffiti bizarre : « enrabem-se os curiosos », que le timide Gageiro, qui les accompagnait, n’avait pas osé traduire.

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