LES PETITS CIEUX DE VENISSIEUX
216 pages
Français

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LES PETITS CIEUX DE VENISSIEUX , livre ebook

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Description

La tête un peu dans les nuages, Franck selon les jours s’enthousiasme ou se décourage.
À la fois ambitieux et indifférent, il rêve d’un autre genre de vie et de succès professionnels, qui lui apporteront la notoriété et l’estime de son entourage.
Le souvenir d’une femme croisée un jour l’aide également à vivre.
Il songe parfois aux vacances d’été (quelques jours en juillet) passées au temps de sa jeunesse, dans une maison de banlieue avec un jardin.
Malgré les difficultés rencontrées, il ne sombrera jamais vraiment et restera confiant dans le futur.


Michelle Paganon a su dépeindre un personnage original et attachant, à qui ses problèmes avec l’alcool apportent des hauts et des bas dans l’existence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334177894
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-17787-0

© Edilivre, 2016
Prologue
Prologue
Vers huit heures, Franck s’éveillait. Il ne se levait pas tout de suite, restait un instant allongé sur son lit, regardant par délà la fenêtre entr’ouverte.
La couleur du ciel changeait, selon les jours. Elle pouvait être d’un bleu vif, ou au contraire d’un gris voilé, cachant le soleil.
Franck mettait les mains devant ses yeux, regardait le ciel au travers de ses doigts écartés et ne distinguait plus alors que des morceaux de ciel, des bouts de cieux, des petits cieux.
Bleus ou gris, jonchés parfois de nuages grumeleux.
En bas, sa grand-mère l’appelait. Lui disait que le café était prêt. Juste chaud comme il fallait. Alors le garçon se levait, se débarbouillait devant la glace au-dessus du lavabo.
Puis il ouvrait la porte de sa chambre et descendait l’escalier.
Une nouvelle journée de vacances commençait.
A la fin d’une journée laborieuse, lors d’une soirée de détente censée être festive, Franck Mercier faisait volontiers honneur à l’apéritif. La démarche devenue un rien chancelante, il s’exprimait bientôt d’une voix éraillée, butant sur les mots de plus de deux syllabes, qu’il restait assez clairvoyant pour éviter de trop utiliser, ce qui donnait à ses propos un style très simple ; le décor commençant à chavirer autour de lui, il finissait par se laisser tomber sur la première chaise venue, accueillante amie aux bras de velours un peu râpé. Depuis quelque temps, on considérait avec un mélange de compassion et de mépris mêlés le nouveau Directeur de la Société La Sandalière. On pensait voir en lui un personnage sans envergure, venu de loin pour occuper un emploi où il était à la peine. Il aurait mieux fait de rester chez lui, pensaient les gens, de laisser la place à un candidat plus capable et de choisir un métier plus adapté à ses capacités, si capacités il y avait. De retour dans son pays, il vivrait dans un premier temps d’aides diverses, de la généreuse manne destinée aux paumés définitifs, prêts à glisser dans le premier caniveau venu. Sa brève carrière au Deltania terminée, M. Mercier serait sans nul doute, en sa qualité de cadre privé d’emploi, logé gratuitement avec son infortunée famille et ce pendant quelque temps dans un immeuble éloigné du centre-ville, un peu déglingué, certes, mais il y aurait tout de même le chauffage central et l’eau courante, éléments de confort non négligeables.
Au début des années 1990, à l’âge de 45 ans, Franck Mercier avait donc été recruté en qualité de Directeur de La Sandalière, une Fabrique d’espadrilles et de chaussures de sport installée depuis plusieurs années au Deltania, pays quasi inconnu sur la planisphère et dont l’économie périclitait. Le tourisme, qui aurait pu en être le fleuron, se trouvait être un secteur en crise, même si l’on croisait parfois dans sa capitale de près de 5 000 habitants des voyageurs à l’air égaré qui donnaient l’impression d’avoir sauté par erreur d’un train en marche et cherchaient désespérément la sortie.
La Sandalière était, avec une société de conserverie de poissons située aux abords de la capitale, une des rares entreprises dignes de ce nom de la contrée, ce qui ne signifiait nullement qu’elle avait une réelle importance.
Le Ministère du Développement Nouveau des Pays Lointains (Ministère du DN pour les initiés) avait passé quelques années auparavant un accord avec le Deltania, afin de l’aider à développer son entreprise principale : il venait donc de confier les rênes de la fabrique de chaussures de sport à un nouveau PDG, alias Franck Mercier : le précédent directeur de La Sandalière n’avait pas réussi en effet, malgré sa réelle implication, à faire remonter de manière significative le chiffre des ventes, or le Deltania souhaitait vivement atteindre un niveau plus élevé : il en allait de l’image du pays, de son espoir, pour l’instant non concrétisé, de voir se développer le secteur du Tourisme et de ses bonnes relations avec certains pays.
Recruté un peu au hasard parmi des candidats dont l’ambition essentielle était de mêler sans risque aucun la carrière d’aventurier du Dimanche à celle de représentant de commerce dans des contrées éloignées, Franck Mercier avait été finalement choisi, sans doute parce qu’il avait joint à son dossier une photo d’identité prise dix ans plus tôt qui le mettait en valeur – cela non par vanité mais tout simplement parce qu’il n’en avait pas découvert d’autres dans ses tiroirs mal rangés et qu’il avait trouvé assommante la perspective de devoir se rendre chez un photographe pour la circonstance.
Il ne s’était même pas inventé de diplôme, estimant que son certificat de gestion des entreprises, délivré un jour déjà lointain par une obscure école de commerce, impressionnerait suffisamment le chef du personnel chargé du recrutement des repreneurs de société dans des pays en difficulté.
Il fut convoqué, on lui posa quelques questions afin de mieux cerner sa motivation.
– Parlez-vous une langue étrangère ? S’enquit un adjoint du service, désireux de paraître s’intéresser au candidat. Franck Mercier hésita un instant. Mais déjà on ne l’écoutait plus, s’il voulait bien signer le contrat, là, en bas… L’affaire était faite, le dossier clos, La Sandalière n’attendait plus que lui.
On lui donna quelques détails sur les conditions matérielles prévues.
Il disposerait d’un confortable logement de fonction avec jardin.
Il lui faudrait y organiser de temps à autre des réceptions, afin de mieux faire connaître le rôle de son pays dans l’évolution économique à venir du Deltania.
Ses frais de transport seraient pris en charge par le Ministère du DN, son salaire serait à la hauteur du challenge à relever.
De chaleureuses poignées de main furent échangées. Puis Franck, sortant du vaste bureau, se dirigea d’un pas sûr vers ce qu’il appelait sa deuxième chance.
Il ne recevra plus beaucoup de visites, l’ancien PDG, songent donc ce soir-là les invités, quand il lancera comme au temps de son éphémère réussite des invitations sur des bristols en carton glacé récupérés à la hâte dans les bureaux par son épouse, Solange Mercier, au moment d’un départ aux allures de naufrage. Elle aurait pu piquer quelques éléments du décor pour les mettre à la va vite dans un sac de voyage : un tableautin d’un peintre inconnu, une agrafeuse en métal argenté, des ramettes de papier ; lourd, tout cela, un peu encombrant, et ensuite où mettre le butin, dans le nouveau logement qui c’est sûr ne comportera pas suffisamment de placards… De toute façon les petites malversations ce n’était pas le genre de Mme Mercier, qui en toutes circonstances tenait à paraître irréprochable, propre sur elle : elle plaçait son orgueil dans l’honnêteté, qualité qui ne lui rapportait rien d’autre que sa propre estime : aussi aurait-elle bien mérité de se faire un peu plaisir en mettant ses principes dans sa poche, se versant de la sorte des indemnités, en contrepartie de toutes les soirées passées à attendre dans l’inquiétude le retour d’un conjoint titubant, au costume froissé, à la parole insultante à la moindre remarque, menaçant de ressortir faire du ramdam dans les rues si on ne l’accueillait pas mieux dans sa propre demeure, ce que de toute façon il n’aurait jamais fait, car même alcoolisé il gardait quelque part le sens des convenances, les traces d’une éducation à principes, réservant ses périodes de laisser aller pour le bénéfice exclusif de son entourage.
Solange Mercier tenait en outre à donner de son conjoint une image flatteuse : elle devinait les critiques alentour, les convives ayant tendance à parler trop fort et ainsi à faire connaître à la ronde leurs impressions sur le Maître des Lieux.
Dans la vaste salle où avait lieu ce soir-là la réception, dans le cliquetis des verres et les échanges de fin de soirée, l’écho de leurs voix montait jusqu’au plafond, sans nuance aucune.
– Il boit surtout de l’eau minérale, assurait Mme Mercier, sauf en de rares occasions, comme les vœux du nouvel an : ce jour-là tout le monde se laisse un peu aller, se précipite vers les tables croulant sous les bouteilles de champagne et les canapés au saumon.
Non vraiment, il n’était pas toujours facile de jouer les industriels dynamiques, de devoir parcourir la contrée dans une voiture conduite par un chauffeur sexagénaire et morose, qui venait tout juste de décrocher son permis. Accepter des cadeaux à la fois bizarres et inutiles de populations étranges, passait encore, mais devoir supporter la meute clanique de son entourage, leurs luttes de pantins désarticulés pour obtenir un emploi dans la fabrique et divers avantages, voilà qui minait Frank Mercier de plus en plus, depuis son arrivée au Deltania. Grand lecteur dans sa jeunesse de romans d’aventure, il n’y avait guère croisé que des personnages haut de gamme, qui réussissaient à la force du poignet et ne ressemblaient nullement aux médiocres rencontrés dans la réalité.
Ce jour-là, seul dans l’appartement de la rue Dode, où il vivait dorénavant avec sa famille, M. Mercier se remémora une fois encore son arrivée dans la lointaine contrée qui un temps l’avait fait rêver à une existence agréable et sans contraintes.
La traversée s’était déroulée sous un ciel limpide, dans le décor d’un film suranné, à bord d’un navire blanc dont le vaste pont semblait fait d’un bois rare. Accoudés au bastingage, les passagers contemplaient la vue, la mer à l’infini, tandis que les dauphins batifolaient en bonds gracieux le long des flancs du bateau et que les passagères les plus élégantes, réfugiées dans leur cabine, se passaient avec lenteur une couche de vernis sur les ongles, désireuses de paraître irr

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