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Alain Meyer, Tome Loïc
L’intégrale d'Alain Meyer en trois tomes
910 000 caractères, 156 000 mots
Les 2 romans emblématiques de l’œuvre d’Alain Meyer
La mémoire des pierres
Hélénos, jeune prince de Troie, fait ses premières armes pour combattre les Grecs venus envahir l’Iliade.
Loïc, sur le chemin de la gloire et de l’amour
1755. Loïc, fils de pêcheur malouin a quinze ans. Son destin va l'emporter aux Amériques où il va trouver l'amour et conquérir la gloire.
Alain Meyer est l’un des plus grands auteurs de textes homoérotiques.
Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/
Tome Loïc
Alain Meyer
Hommage à Sven de Rennes
La mémoire des pierres
Préambule
Chapitre 1 : Vertige
Chapitre 2 : Les remparts d’Ilion
Chapitre 3 : Prédictions
Chapitre 4 : Cassandre
Chapitre 5 : Le camp des Achéens
Chapitre 6 : Les flèches d’Éros
Chapitre 7 : Larmes de joie, Larmes de sang
Chapitre 8 : Ainsi meurent les héros – Première partie
Chapitre 9 : Ainsi meurent les héros – Seconde partie
Chapitre 10 : Un cheval haut comme une montagne
Chapitre 11 : Dieux, soyez maudits pour cette funeste nuit !
Chapitre 12 : J’ai perdu bien plus que Troie
Chapitre 13 : Lequel des deux est donc l’esclave ?
Épilogue
Addenda
Loïc,
sur le chemin de la gloire
et de l’amour
Avertissement
Introduction
Chapitre 1 : Fils de Malouin
Chapitre 2 : Orphelin
Chapitre 3 : Une page se tourne
Chapitre 4 : Vaste est l’océan
Chapitre 5 : La belle province – Première partie
Chapitre 6 : La belle province – Seconde partie
Chapitre 7 : Les plaines d’Abraham
Chapitre 8 : Ce fleuve qui n’en finit pas
Chapitre 9 : Les parquets de Versailles
Chapitre 10 : Même le ciel peut attendre
Épilogue
Hommage à Sven de Rennes
Voici le tout dernier dessin de Sven de Rennes, il reprend en version coloris la couverture de ce roman. Sven, nous t’aimons.
2 romans historiques
• La mémoire des pierres
• Loïc, sur le chemin de la gloire et de l’amour
La mémoire des pierres
Préambule
Peut-être, ami lecteur, as-tu entendu parler de la curieuse aventure survenue, dans les années cinquante, à deux honorables dames anglaises, peu susceptibles de canular, alors qu’elles visitaient le parc du château de Versailles ?
Fatiguées d’avoir marché pendant plusieurs heures sous les augustes ombrages et d’avoir admiré les bassins et les Trianon, elles étaient assises à se reposer sur un banc, tout en commentant le spectacle du hameau de la Reine qui leur offrait sa perspective.
Il se fit, tout à coup, autour d’elles, une espèce de silence auquel elles ne prêtèrent, d’abord, pas attention. Puis des personnages, vêtus à la mode du dix-huitième siècle finissant, apparurent dans leur champ de vision, déambulant dans les allées. À quelques dizaines de mètres, assise sur l’herbe, une jeune femme, belle et altière, portant une ample robe de mousseline légère, entourée d’hommes et de femmes empressés, renversa sa tête en arrière pour un rire de gorge, probablement en réponse à une réflexion faite par un jeune militaire habillé d’un uniforme d’un blanc éclatant. Le rire cristallin tinta longuement aux oreilles de nos observatrices fascinées par la scène champêtre qui se déroulait sous leurs yeux.
Le phénomène durait depuis de longues minutes et nos deux ladies, croyant au tournage d’un film historique, n’osaient ni bouger ni parler. Soudain, comme il avait commencé, le tableau animé s’estompa et disparut dans une sorte de brume tremblotante. Une brusque rafale de vent fit frissonner nos deux amies britanniques tandis, qu’alentours, le chant familier des oiseaux se faisait entendre à nouveau.
Interloquées, nos deux Anglaises s’empressèrent de relater leur aventure au premier employé, chargé de l’entretien du parc, qu’elles rencontrèrent. Ce dernier leur assura qu’il n’y avait aucun tournage en cours, ni au château ni dans les jardins. Il s’empressa d’ajouter, un peu moqueur, que le mois d’août n’était pas une époque de carnaval et fit quelques allusions, peu appréciées des touristes, sur une hallucination résultant d’un léger abus d’alcool français.
En raison de leur insistance à relater la scène dont elles avaient été témoins, l’affaire finit par s’ébruiter. Nos dames furent interrogées par des scientifiques et des historiens. La description précise qu’elles firent des personnages, de leur habillement suscita bien des étonnements. Un échantillon du tissu de la robe portée par la jeune femme assise dans l’herbe figurait dans les cartons de mode de la reine Marie-Antoinette, conservés aux Archives nationales. Ce coupon avait été livré, à la reine, en 1785 par sa couturière, Rose Bertin. Des recoupements permirent d’établir que le militaire, tout de blanc vêtu, ressemblait fort au vicomte suédois, Axel de Fersen.
On constata le phénomène. Personne ne put, et ne peut aujourd’hui encore, lui donner une explication rationnelle. Toujours est-il qu’il semble bien que nos deux honorables ladies aient été prises dans une distorsion temporelle et se soient trouvées transportées, un court instant, à la cour de Louis XVI, quatre années avant la Révolution.
À ma connaissance, le cas est unique. Pourtant, une telle invraisemblable aventure pourrait-elle advenir à n’importe lequel d’entre nous ? Quelles conditions doivent-elles être réunies pour que le formidable voyage se produise ? Évidemment, nul ne peut répondre. Cependant, on ne peut exclure qu’il puisse se réaliser à n’importe quel moment et notamment, à celui où vous vous y attendez le moins…
Chapitre 1 : Vertige
Le temps est au gris. À diverses reprises, une bruine collante a brouillé mon pare-brise. Je suis un peu déçu. Ce paysage que je n’avais imaginé autrement qu’enchanteur sous le soleil se pare de tristesse tout au long de la route. La végétation est rare et la rocaille, partout présente, s’habille de teintes mouillées. Nous sommes pourtant en avril. Le printemps n’est pas au rendez-vous sur la côte anatolienne. De temps à autre, une percée entre les collines me livre une vue sur une Méditerranée qui a oublié d’être bleue et préfère prendre des couleurs d’océan.
J’ai quitté Çanakkale assez tôt ce matin, après une nuit d’étape à l’hôtel. J’avais rempli ma fiche au nom d’Allen Carvenier, ressortissant français, né le 25 août 1970 à Paris, y demeurant, 16 rue Brochant. Allen ! Pourquoi donc, mes parents m’avaient-ils affublé d’un prénom pareil ? Il avait une connotation étrangère et jamais, en vingt-six ans d’existence, je n’avais rencontré mon homonyme. La seule explication qu’il m’avait donnée était qu’ils avaient souhaité avoir une petite fille du nom d’Hélène et que, pour le garçon qui était né, ce qui s’en rapprochait le plus était Allen, choix de leur imagination.
Fatigué par les quatre cents kilomètres parcourus depuis Istanbul, j’ai sombré rapidement dans le sommeil. Au matin, ragaillardi après toilette et petit déjeuner, je suis allé une dernière fois sur le balcon de ma chambre. Il fallait que je m’emplisse encore le regard de ce panorama inoubliable. Face à moi, les Dardanelles, étroit bras de mer, gigantesque coup d’épée dans la croûte terrestre qui sépare, de quelques kilomètres à peine, l’Asie de l’Europe. L’Europe, justement, c’était cette mince ligne mauve, servant d’horizon, à l’autre bout du détroit et moi, sur cette rive, j’étais sur un autre continent : l’Asie ! Je me suis attardé de longues minutes, dans l’air frais et triste du matin, pour tenter de graver dans ma mémoire ce paysage unique au monde.
En dépit de cette majestueuse beauté, mes pensées ont dérivé sur celui qui, depuis des mois, était devenu ma seule préoccupation. Pierre ! Pierre que j’aimais et dont je ne pouvais supporter la présence à mes côtés. C’était incompréhensible. Pourquoi une telle attirance et, dans le même temps, une telle répulsion ? Voilà près d’un an que je le connaissais. L’attrait physique avait été immédiat. Mais, après l’amour, je ne supportais plus sa présence. Il en souffrait, je le voyais, il me le disait. Combien de fois avais-je refusé ses propositions de vivre définitivement ensemble ? J’avais toujours refusé, invoquant des prétextes tous plus futiles les uns que les autres. Alors, incapable de choisir entre rupture et vie commune, j’avais pris la décision de m’éloigner quelque temps, d’effectuer cette escapade en Anatolie. Passionné d’histoire et d’archéologie, j’avais toujours rêvé de ce voyage dans cette Turquie si riche en vestiges antiques. Ce séjour m’offrait, en plus, l’occasion de faire le point sur la confusion de mes sentiments. De retour à Paris, j’y verrai plus clair et prendrai ma décision.
Revenu à l’instant présent, j’ai embrassé du regard, une dernière fois, ce paysage unique au monde. À regret, je suis rentré finir mon bagage, je suis descendu payer ma nuitée. Le réceptionniste, avec un grand sourire, m’a souhaité bon voyage. Quelques minutes plus tard, je prenais la route pour un des sites les plus mythiques de notre civilisation.
*
* *
Moins d’une centaine de kilomètres plus loin, je touche au but. Un panneau indicateur, un peu rouillé, trempé de bruine, indique :
TRUVA > 1 km.
TRUVA ? J’ai du mal à comprendre. Ah ! Oui, il faut prononcer selon la phonétique turque. U égale OU… TROU… V égal W… TROUWA. TROUWA, c’est TROIE ! La ville légendaire chantée par Homère, Troie ou Ilion, la cité de Priam, le lieu des exploits d’Achille, d’Hector, d’Énée… Je ne peux empêcher mon cœur de battre un peu plus vite, à l’idée que, dans quelques minutes, en visitant ces ruines, je vais retrouver le cadre de cette épopée qui a fait rêver tant de générations.
Une petite route, sur la droite, me donne la direction à suivre. Sans hésitation, je m’y engage. Je traverse une petite ville : Hissarlik, banale et sans âme. Sitôt après, une colline tourmentée obstrue le paysage. Un parking invite à un stationnement obligatoire. Je suis arrivé.
J’ai laissé mon véhicule. Une petite centaine de mètres à pied, d’un mauvais chemin, avant qu’une esplanade m’offre le spectacle de l’horreur absolue, du piège pour touriste naïf. Le cheval de Troie dresse son immense silhouette de bois au milieu du terrain. C’est moche, c’est laid, c’est noir. Triste reproduction d’un modèle dont on n’a jamais vu l’original. Je murmure en ricanant :
— Je suis certain que plus d’un touriste doit être persuadé qu’il s’agit du cheval conçu, il y a 3.300 ans, par le cerveau d’Ulysse pour prendre et détruire la ville.
Je détourne mon regard. Un peu plus loin, une cabane, espèce de guérite,