Antinöus
146 pages
Français

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Description

Antinöus, tome 2 De Rome à Alexandrie
Amalric Denoyer
Ouvrage en 2 tomes. Tome 2 : 521 000 caractères, 87 500 mots (1 000 000 car. les deux tomes, soit 800 pages en équivalent papier).
En mourant à l’âge de 20 ans, Antinoüs acquiert une stature de divinité.
Glorifié par l’empereur Hadrien dont il est le favori, sa beauté sculpturale a inspiré de nombreux artistes qui ont fait de lui un des visages les plus célèbres de l’Antiquité.
Qui est Antinoüs derrière ce visage d’Adonis ?
Sa mort mystérieuse lance l’auteur dans une intrigue mystico-policière haletante.
Amalric Denoyer retrace la vie de ce jeune éphèbe sur plus de 800 pages équivalent papier, présentés ici en deux tomes.
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 juillet 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9791029404238
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Antinoüs aimé des dieux
 
Tome 2 : De Rome à Alexandrie
 
 
 
 
Amalric Denoyer
 
 
 
 
 
 
 
Chapitre 31 – Le cœur de l’Empire
 
 
Sur le pont du navire, Antinoüs jouait de la lyre en contemplant la côte du Latium qui défilait à l’horizon. Des agglomérations de toutes tailles, des cultures, des ports, des bateaux de pêche attestaient la présence d’une civilisation familière bien en place. Rome n’avait rien fait de mieux que la Grèce si ce n’était d’avoir établi, étendu et organisé un empire fort et durable. L’empire conquis par Alexandre ne lui avait pas survécu, celui des Césars avait pris racine en profondeur.
Hadrien dicta des instructions à Julius et Octavius afin de préparer leur arrivée. Des messagers partiraient au galop dès leur débarquement, car la capitale se devait de saluer dignement le retour de son empereur. Ceci fait, il soupira en pensant à toutes les tâches accomplies pour le développement du droit, de l’économie et de la culture, pour le bien de tous…
 
* *
*
 
Ils passèrent bientôt au large d’Ostie et le bateau obliqua en direction du Port de Trajan d’où partait un canal le reliant au cours du Tibre. Les gros navires n’accostaient plus, en effet, à l’ancien port situé sur l’embouchure du fleuve, car celle-ci était désormais encombrée d’alluvions. Seules les barques de pêcheurs ne risquaient pas d’y échouer.
Bientôt le navire de l’empereur accosta. Les autres vaisseaux suivirent et une troupe d’esclaves se précipita pour aider au déchargement de la cargaison composée de fruits, d’amphores de vin et d’huile, de tissus, des cadeaux offerts à l’empereur, ainsi que de ses propres achats. La plupart des choses seraient réparties sur de plus petits bateaux qui emprunteraient le canal pour être déchargés deux jours plus tard sur les quais de l’Emporium de Rome avant d’être amené au palais ou dans des entrepôts précis. Seule une partie des fruits suivrait l’escorte impériale pour être distribuée à la foule romaine en guise de cadeau.
Pendant que l’on mettait chars et chevaux à disposition de la suite impériale, des messagers partaient déjà bride abattue vers la capitale afin que l’on s’apprête à faire sonner les trompettes.
 
* *
*
 
L’ultime étape du voyage eut donc lieu sur la voie pavée qui reliait la côte à la ville aux sept collines. Antinoüs se sentait dépaysé par un environnement différent des régions déjà traversées, plus adouci que celui plus familier de la Grèce. Ici pas de roche blanche. La grande plaine littorale, marécageuse et sablonneuse, se transformait petit à petit en paysage rural, riche en terres agricoles, en vergers et en élevages.
Comme de coutume, la garde impériale avait œuvré pour que la route soit dégagée afin de laisser un passage confortable et sécurisé à l’empereur. Ceux qui s’y trouvaient avaient été forcés de se tasser sur les bas-côtés. Le convoi filait à bonne allure, mais en respectant l’attention demandée par une foule de plus en plus dense et enthousiaste.
Insensiblement la ville se rapprochait, chaque activité, chaque voie semblait y converger. Sur les routes, des chariots pleins des récoltes se dirigeaient vers les marchés, alors que sur le Tibre, que l’on apercevait miroitant entre les arbres, des bateaux transportaient de lourds blocs de marbre venus de lointaines carrières et des amphores de vins de toutes régions.
À la vue d’opulentes villas agricoles, Antinoüs frissonna. Se souvenant soudain de Caïus, il se demandait si la villa de sa famille se trouvait sur les terres qu’il apercevait de part et d’autre de cette route. Son ancien garde du corps se trouvait-il parmi les gens qui se pressaient sur les bas-côtés pour apercevoir l’empereur ? Cherchait-il de son côté à le revoir, lui, Antinoüs ? Avait-il changé de vie, s’était-il marié pour hériter du domaine ?
Comme l’éclair, les paroles d’Hadrien ce fameux soir refirent surface dans sa mémoire…
— Tu ne peux aimer que moi, tout comme je n’aime que toi. Si tu dois prendre du plaisir avec quelqu’un d’autre, ce sera avec un esclave ou, pourquoi pas, une prostituée, mais jamais avec un familier et quoi qu’il en soit, je t’interdis de l’aimer !
— Oui, ô Hadrien… !
Les questions affluaient, mais il se reprit, se disant qu’il n’était sans doute pas raisonnable, si près du lieu central du pouvoir de contredire les ordres. La colère d’Hadrien, un an plus tôt à son retour de l’initiation aux Mystères d’Éleusis, avait été éloquente… Caïus, soldat de Rome, était en quelque sorte un rival, alors qu’Acilius, simple esclave, n’était pas perçu comme un danger. Antinoüs était de plus en plus persuadé que le jeune soldat avait quitté son service en Grèce contraint et forcé. L’éphèbe n’était plus dupe, il connaissait désormais suffisamment bien l’empereur et ses conseillers pour savoir qu’ils pouvaient être sans pitié si les barrières protégeant le pouvoir étaient franchies…
Soudain inquiet, Antinoüs se promit de vérifier d’une manière ou d’une autre que Caïus était bien en vie. Mais quelle serait sa marge de manœuvre pour mener une enquête interdite dans la ville aux sept collines dont les portes apparaissaient maintenant à l’horizon ?
 
* *
*
 
Mêlées aux ovations d’une foule dense et bruyante, les sonneries de trompettes en fanfare accueillirent le cortège impérial qui pénétrait dans les murs de la plus prestigieuse cité du monde connu. En tête du cortège, Hadrien était, certes, la cible principale de ces démonstrations, mais la population saluait aussi chaleureusement les conseillers, les invités d’honneur et les soldats qui le suivaient. Le peuple savait que des cadeaux et diverses amnisties suivraient le retour de l’empereur, aussi sa liesse était-elle intéressée, d’autant plus qu’en queue de cortège, les serviteurs de la suite impériale avaient été réquisitionnés pour lancer à la population les oranges et les citrons ramenés de Sicile.
La foule n’était cependant pas aveugle, et passé l’allégresse populaire, les ragots iraient sans doute bon train pour essayer d’identifier un jeune prince aperçu sur le troisième char aux côtés d’un philosophe grec…
Jamais Antinoüs n’avait vu pareille concentration de bâtiments. Habitations de plusieurs étages, portes monumentales, statues, temples, colonnades, occupaient l’espace jusqu’à l’ivresse… Au pied du Circus Maximus, il éprouva une sorte de vertige quand Chabrias lui fit lever les yeux vers le Palatin. Là-haut, dominait la Domus Augustana, le palais impérial, dont la majestueuse exèdre semi-circulaire lui fit soudain réaliser avec plus d’acuité encore la spécificité du lieu où il s’apprêtait à pénétrer bientôt. Il fallait donc une colline entière pour servir de demeure au divin empereur de Rome ?
Pour rejoindre l’entrée principale qui menait au palais, le convoi devait contourner la colline et pénétrer plus avant dans la cité. Antinoüs allait de découverte en découverte et ne comprenait pas tout ce qu’il voyait dans ce paysage urbain exubérant. Attirant son attention, une sorte de muraille composée de quatre rangées d’arches superposées semblait traverser la ville en leur barrant leur chemin.
— Qu’est-ce donc, Chabrias ?
— L’aqueduc qui amène l’eau sur la colline du Palatin. Nous allons passer sous une arche dans un instant.
— Oh… De loin, je n’avais pas imaginé…
À peine remis de ses émotions, il vit se dessiner au loin la silhouette imposante d’un bâtiment circulaire. Chabrias remarqua son air ébahi.
— Il s’agit du Colisée, Antinoüs…
À Athènes, le grand théâtre épousait le flanc de l’Acropole. Ici, l’édifice surgissait intégralement de terre et plusieurs étages d’arcades encadraient la structure monumentale nécessaire au soutien des gradins circulaires. Rien ne semblait arrêter les bâtisseurs romains…
Impressionné par la vue et assommé par la clameur de la foule hurlante, Antinoüs entendait à peine les commentaires de Chabrias lui décrivant chaque quartier traversé. Fatigué, il avait hâte de mettre les pieds sur la terre ferme. L’immense palais saurait-il lui offrir un lieu de repos ?
 
* *
*
 
Ils laissèrent bientôt la foule en liesse en franchissant l’arc qui ouvrait la voie ver les sommets du Palatin. Jardins, statues, colonnes et bâtiments défilèrent le long de la montée. Quand enfin ils mirent pied à terre, les troupes de la garde impériale rendirent hommage à l’empereur.
Antinoüs réalisa que la vie venait de changer et qu’il ne pourrait plus rien regarder comme avant. Cette ville, cette colline et le palais qui la recouvraient lui donnaient l’impression d’être parvenu au sommet du monde, le dernier degré avant l’Olympe. Il lui sembla ne jamais avoir pris la mesure exacte de ce à quoi il s’était engagé en suivant Hadrien. Derrière l’homme, il y avait tout cela, ces bâtiments, cette légion armée toujours à disposition, et aussi ces dizaines d’hommes vêtus de toges éclatantes bordées de rouge, sagement alignés au fond de la cours d’honneur…
Discrètement, Chabrias continuait d’instruire Antinoüs.
— Ce sont les sénateurs… Ils se sont déplacés pour le retour de l’empereur. Mais habituellement, c’est l’empereur qui se rend à la Curie le premier et le quinzième jour du mois. En son absence, ils ne gouvernent que la ville. En sa présence, ils discutent aussi de plus vastes projets, mais ils ne sont que consultés. L’empereur peut les interrompre, approuver ou refuser leurs votes. Mais il ne faut pas sous-estimer leur pouvoir. Ils représentent la continuité de l’ancienne république…
— Que dois-je faire en passant devant eux ?
— Rien, nous devons simplement suivre l’empereur. Nous sommes ses invités et nous n’avons rien à voir avec le Sénat. Si cette noble institution à des questions à poser, elle le fera directement auprès de l’empereur.
— Je préférais les campements et les villas des amis d’Hadrien. Ce palais m’étouffe déjà, avant même d’y être entré…
— Tu t’y sentiras très vite chez toi…
— Mais où est Acilius ?
— Onésime, le secrétaire d’Hadrien au palais, a dû le conduire au quartier des serviteurs pour lui montrer

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