128
pages
Français
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2018
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Ebook
2018
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Publié par
Date de parution
03 août 2018
Nombre de lectures
1
EAN13
9791029402906
Langue
Français
B-Class
Aline Khor
Volume 3 sur 5
Vol. 3 : 436 784 caractères, 75 534 mots, 364 pages en équivalent papier.
"Si le paradis était accessible à tous, il n'aurait pas plus de valeur que la Terre."
Ainsi se résume la pensée d'Icare MacGregor, journaliste libéral et méritocrate plein d'ambitions. Son objectif : appartenir à une élite.
Quitte à se tuer au travail. Quitte à écraser sans pitié tout ce qui s'apparente à un rival.
Et surtout, quitte à fermer les yeux sur les inégalités sociales qui l'entourent...
Jusqu'alors, Icare avait toujours posé un regard indifférent sur la B-Class, cette caste méprisée et exploitée de toute la société. Mais le jour de ses vingt-cinq ans, une plaisanterie le contraint à entrer en contact avec l'un de ces "objets humains".
Un garçon seul et abusé. Sans dignité et sans valeur.
Riùn n'a même pas vingt ans, et n'a déjà plus d'autre identité que la lettre B tatouée sur son poignet.
Icare se battra pour lui donner des droits... et qui sait, peut-être même plus ?
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Publié par
Date de parution
03 août 2018
Nombre de lectures
1
EAN13
9791029402906
Langue
Français
B-Class #3
Aline Khor
3e partie
Chapitre 34 : Diplomatie dans ta gueule !
Chapitre 35 : Mon beau-père et moi
Chapitre 36 : Poulet rôti
Chapitre 37 : « Je SUIS PAS un anarchiste ! »
– Entre les pages –
Chapitre 38 : L’élève perturbateur
Chapitre 39 : L’attaque est la meilleure des… attaques
Chapitre 40 : « C’était Toi. »
Chapitre 41 : Je ne suis pas un héros
Chapitre 42 : Du sucre et du cyanure
Chapitre 43 : La troisième roue du scooter
Chapitre 44 : Rouge sang
Chapitre 45 : La fin du conte de fées
Chapitre 46 : Last Friday Night
Chapitre 40 : Il faut sauver le soldat Ryùn !
Chapitre 48 : Incident diplomatique
Chapitre 49 : L’ange de la mort
Chapitre 50 : Némésis
Chapitre 51 : Un seul être vous manque…
Chapitre 52 : … et tout est dépeuplé
3 e partie
Chapitre 34 : Diplomatie dans ta gueule !
L’air était froid. Le goudron était sale et les rues, bruyantes. Riùn observait avec amertume et dégoût cette ville qui l’indifférait habituellement ; car à ce moment-là, il avait le cœur à tout trouver laid.
Il avait cessé de pleurer depuis dix minutes à défaut d’avoir assez de larmes, et surtout parce que ça n’arrangerait pas les choses… mais une peine immense continuait tout de même à grandir en lui. Icare venait de le répudier, aussi violemment que soudainement, l’abandonnant en lui laissant seulement quelques atrocités verbales. C’est de ta faute…
À bien y réfléchir, ce n’était pas tout à fait faux. C’était à cause de lui et de leur amour impossible si son maître s’était engagé dans des causes qui le dépassaient, s’il avait perdu toute notoriété et toute crédibilité. S’ils ne s’étaient pas rencontrés et si Riùn était resté dans son coin à se faire maltraiter, l’ordre des choses n’aurait pas changé… et cela aurait été bien préférable. Voir quelqu’un souffrir à cause de lui lui faisait énormément de mal, il préférait autant souffrir lui-même.
L’odeur de la chambre d’hôpital lui revint comme une réminiscence, lui faisant frémir les narines et baisser les yeux. Icare avait tenté de se suicider. Rien que ça.
Depuis le début il avait certes montré des signes de dépression, mais jamais Riùn ne l’aurait pensé capable de faire une chose pareille. Même leur amour si pur et si doux n’avait su le retenir, peut-être valait-il donc mieux que tout s’arrête ici.
Je ne le mérite pas de toute façon, soupira-t-il. Comment est-ce que j’ai pu croire deux secondes que notre histoire pourrait bien se terminer ?
Il s’adossa contre le mur d’une ruelle, tout tremblant, le regard dans le vague et les mains devant le visage. Qu’allait-il faire maintenant, si Icare ne voulait vraiment plus de lui ? Il avait été clair dans ses propos, il ne voulait plus jamais le revoir… mais c’était impossible, il aimait cet homme à la folie et ne voulait pas le perdre !
Cette pensée égoïste le poussa une fois de plus à se punir. En se mordant le poignet, il remarqua que les bleus des précédentes morsures avaient disparu. Cela signifiait qu’il… qu’il avait été plutôt heureux ces derniers temps. Il avait même vécu les meilleurs jours de sa vie aux côtés de son amoureux, alors pourquoi est-ce que tout devait-il se finir ainsi ?
Un hoquet lourd sans larmes le saisit et il se retint longuement de pleurer. La solitude l’écrasait au point qu’il se sentait de nouveau sans valeur, comme avant. C’était la vérité de toute façon.
— Mais qu’est-ce tu fous là toi, tu vas t’faire agresser !
Une voix familière lui parvint : il retira les mains de son visage pour apercevoir celui d’Abys qui s’était penché face à lui. Riùn bafouilla quelques mots surpris avant de se rendre compte qu’il avait raison : un B tout seul perdu dans une ruelle aurait signé son arrêt de mort, mais dans sa détresse il l’avait complètement oublié.
Il murmura un vague Pardon en baissant la tête pour ne pas regarder le jeune homme, qui remarqua malgré tout que quelque chose n’allait pas.
— T’as les yeux rouges, t’as pleuré ?
— C’est… Abys, je…
Il tenta vainement de prononcer une phrase sensée et structurée, mais perdit ses mots et les larmes aux yeux, se jeta dans ses bras. C’était une réaction stupide et grossière, mais il n’avait pas pu se retenir.
Depuis le début de la journée, il était au bord du craquage : personne n’avait pu le réconforter quand Icare avait eu son « accident » ni lorsque celui-ci lui avait balancé des horreurs au visage… alors la chaleur d’un corps contre le sien lui fit un bien inimaginable.
Abys quant à lui, manqua tomber à la renverse à cause de la surprise, mais finit par le serrer contre lui. Il ignorait tout de ce qui se passait, à l’exception d’une chose : Riùn allait mal – et c’était suffisant pour qu’il ait le profond désir de le réconforter. Cette petite chose fragile qui tremblait contre son torse inspirait beaucoup de compassion et donnait envie qu’on la protège ; ainsi, il posa une main sur sa tête et l’autre sur son épaule, les frottant un peu pour l’aider à se calmer. Il n’était habituellement pas doué pour jouer les tendres, mais là il avait bien senti que s’adoucir était nécessaire…
— Qu’est-ce qui se passe, Riùn ? interrogea-t-il après avoir réussi à le mettre en confiance.
— C’est… c’est Icare, il a eu un comportement affreux. Ce matin il s’est jeté sous une voiture, et quand je suis venu le voir parce que je m’inquiétais… il s’est énervé et m’a dit qu’il ne voulait plus me voir, de dégager de sa vie. Ça me fait mal… je ne veux pas, je l’aime.
— Quoi ? Il est taré ce type ! s’étouffa Abys, vert de rage. Mais qu’est-ce qui lui prend ?!
— Il vient de perdre son travail, à ce que j’ai compris. Depuis son reportage controversé, tout va mal dans sa vie professionnelle et… là je ne sais pas, la situation vient d’exploser. Il a dit que c’était à cause de moi s’il perdait le contrôle de sa vie. Je pense qu’il a raison. Je suis nul, je ne le mérite pas et par ma faute il… je… peut-être qu’il n’aurait pas essayé de se tuer, si j’avais pas été là pour tout gâcher. Je m’en veux, il m’en veut… Je sais bien que je devrais disparaître comme il me l’a demandé, mais… je suis trop égoïste pour ça, parce que je suis amoureux, et qu’il est la seule personne que je ne veux pas perdre. J’ai honte, je suis perdu… aide-moi, s’il te plaît. Je t’en prie…
Sa petite voix sonna si faiblement sur la fin qu’elle ne ressemblait plus qu’à une vague supplication et que l’homme ne put réprimer un frisson. Depuis quand est-ce que tout allait si mal au sein de ce couple ? Pourquoi ne s’en rendait-il compte que lorsqu’il était presque trop tard ?
Et puis bien entendu avec sa surprise, grandissait sa fureur. Cette nouvelle l’avait tellement énervé qu’il avait envie de détruire un building à la main ou de faire péter la planète. Déjà qu’il s’entendait guère avec MacGregor en temps normal, là c’était le coup de trop…
À cause de lui, Riùn qui n’avait rien demandé du tout se retrouvait à pleurer et à se dévaloriser sans raison ! Et ça, c’était inadmissible.
— Tu n’as pas à penser des choses pareilles ! s’écria Abys en rompant leur embrassade. Tu n’es pas nul, ne laisse pas l’aut’ connard te le faire croire juste parce qu’il est de mauvaise humeur ! Tu vas voir, je vais aller le voir et lui remettre les idées en place moi, ça va pas se passer comme ça ! Tu sais où il est actuellement ?
— À-à l’hôpital… Mais je pense pas vraiment que ce soit… une bonne idée…
— Bien sûr que si, je vais lui expliquer la vie et il va s’calmer direct ce mariole ! On y va dès que tu te sens mieux.
Quelques minutes, il s’assit dans un coin avec le garçon et lui répéta en boucle qu’il n’avait pas à se sentir mal et qu’il n’était pas le coupable dans l’histoire. Il essaya tant bien que mal de lui rendre un peu de confiance et d’estime de lui, car il sentait qu’autrement, le craquage serait imminent.
Après plusieurs câlins et lui avoir murmuré les mots les plus réconfortants possibles, il l’invita à se lever et lui prit fermement la main. Même lorsque Riùn s’empourpra et bafouilla que ce n’était pas si nécessaire, il refusa de la lâcher comme si cela revenait à le perdre totalement. Son instinct protecteur était désormais à son paroxysme et il ignorait pourquoi, mais celui-ci l’adoucissait considérablement.
Le trajet fut un peu trop long à son goût, ou du moins suffisamment pour faire bouillir sa rage jusqu’à une dangereuse limite. Il fallait qu’il se défoule et qu’il dise ses quatre vérités à ce type, maintenant, sinon il allait exploser.
Heureusement, entrer dans l’hôpital calma rapidement ses ardeurs en lui rappelant de mauvais souvenirs. La dernière fois qu’il était venu ici, c’était deux ans auparavant. Merreda – qu’il ne connaissait pas encore à cette époque – l’avait ramassé dans la rue après qu’il ait fui malgré ses blessures ces tarés de Suprématie. Elle avait appelé les urgences et avancé les frais pour lui, afin qu’on le soigne rapidement et qu’il ne succombe pas à ses multiples fractures.
Lorsqu’il revoyait ces oppressants couloirs blancs, de longs frissons lui parcouraient le corps. L’hôpital pour lui, rimait indéniablement avec état critique.
Bien entendu, les établissements publics n’autorisaient pas les gens de sa caste, considérant que l’État n’avait aucunement le devoir de les soigner… mais les hôpitaux privés en revanche acceptaient de les aider du moment qu’ils payaient. À prix fort, ce que très peu de B pouvaient hélas se permettre.
Angoissé et un peu nerveux, il serra brutalement la main de Riùn. Peut-être un peu trop fort d’ailleurs : sa grimace silencieuse laissa supposer qu’il avait dû malmener ses pauvres petites phalanges.
Ils parvinrent tous deux à l’accueil sans autre incident et s’annoncèrent en tant que visiteurs. Le temps d’un bref contrôle d’identité, et déjà ils gravissaient quatre par quatre les marches jusqu’à la chambre 103.
Face à la porte, Riùn sentit son cœur se serrer et faillit faire demi-tour. Maintenant qu’il se retrouvait devant le fait accompli, il s’était mis à paniquer