Dernières lettres portugaises
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Description

Les intrigues amoureuses qui ont pour théâtre un couvent ne sont pas exceptionnelles.
À l'âge classique, les meilleurs auteurs se sont essayés à conter des aventures de religieuses, parfois pour émouvoir le lecteur à travers les déboires de jeunes filles éperdues, le plus souvent comme prétexte à un conte érotique.
Ce genre un peu oublié a donné de grands textes à la littérature.
Il mérite d'être renouvelé.
C'est le pari de ce texte dont l'intrigue et les personnages baignent dans la sensualité d'aujourd'hui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 octobre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414121588
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-12156-4

© Edilivre, 2017
Avant-propos par Julien Lebrac
Un ami, musicien, organisateur de stages de chant choral, a recueilli dans une abbaye de femmes où il exerce, cette correspondance étonnante.
Pendant un séjour, un élève s’est tant épris d’une religieuse qu’il lui a secrètement écrit son émoi. Leur histoire est toute entière dans la série de lettres qu’elle adressa en réponse à son amant.
Mon ami en fut le messager silencieux. Après les avoir rassemblées, elle les lui remit en confidence, en témoignage de son amour infini.
Emu de cette aventure si particulière, proche de celle de la Religieuse portugaise de Guilleragues, il me les confia aux fins de publication anonyme. Les voici.
Sœur Marianne
Cet été je vous vis. Soudaine apparition à la porte du cloître, envoyée de vos sœurs, vous rompiez le silence de votre règle pour vous asseoir à notre table, à midi, à mon côté. Je fus saisi. Sous le voile d’un sourire radieux, serein, vous avez en trois mots, entrouvert la croisée de votre monde clos et installé un cercle d’harmonie autour de la compagnie d’un moment unique et délicieux. J’en étais.
Surpris, ravi, devrais-je comme Phèdre et son « âme éperdue », scander pour vous des mots qu’on ne prononce plus, afficher mon trouble à la découverte de votre nuque de moniale rasée sous le mince jour de votre coiffe, l’émoi de vous sentir tout près, comme si les lourds vêtements de votre état ne nous protégeaient plus, le désir d’être proche de vous à l’unisson, de partager vos mots et de vous accorder, en retour de vos ondes, la grâce inattendue d’une beauté reconnue, venue d’on ne sait où, de nulle part, de l’au-delà.
* *       *
Je me trompe. L’au-delà n’a rien à voir ici bas. Déjà, je vous aperçus, un an avant peut-être, à l’abbaye de M. où vous étiez en mission, comme j’aime ce mot, auprès des Cisterciens dont vous appliquez la règle. Nos regards se croisèrent, une lame fugitive de connaissance spontanée m’effleura, me troubla, et je regrettai de partir.
Et voilà qu’hier, en été, vous rayonniez à mon côté. Je vous laissai bientôt mais je ne fus plus jamais seul en ces lieux. Le jour, alors que vous étiez au cloître, vous inspiriez mes exercices de chœur ou partagiez le moindre de mes gestes, comme une tendre fée évadée d’un conte. La nuit je m’endormais fort tard sur ma couche moite, après avoir imaginé la douce visite de votre ombre souriante, sur laquelle je cherchais longtemps à percevoir, parmi vos amples jupes, le galbe de vos jambes ou la forme de vos hanches. Sœur, qu’avez vous fait de moi ? Lorsqu’un compagnon charmé par vous, m’a déclaré trouver aussi belle votre personne que votre esprit, j’en fus envahi de jalousie, au point de m’enfuir de honte de peur qu’on ne vît ma pâleur.
Assise près de moi durant nos entretiens, vous avez suspendu la voix à la fin de vos phrases, me sollicitant du regard comme si la seule réponse attendue ne pouvait venir que de moi, comme si nous étions seuls. Plusieurs fois vous avez penché votre doux visage vers le mien au point d’impressionner, d’imprimer mon âme, avec un discours subtil et ambigu sur les élans primaux des moniales, soi-disant dirigés vers leur seule espérance de Dieu et l’extase de la prière, mais quand même tout à fait informés des plaisir terrestres. Vous avez, comme un flacon de parfum qui n’appartiendrait qu’à une unique femme, diffusé une aura de fragrances spirituelles dont je suis resté fasciné, imprégné, troublé. Je me suis senti petit, mesquin, si interdit par votre finesse, si inutile que j’ai vivement cherché, à votre départ, un coin retiré pour retrouver le calme et mes esprits. Pour finir voilà que je me prends à espérer, contre toute évidence, d’approcher les senteurs plus réelles de votre corps que vous auriez consenti à rapprocher du mien. Je suis ensorcelé.
* *       *
L’été battait son plein de chaleur sur la campagne endormie. Nos jours étaient comptés. A chaque heure des liturgies, depuis nones jusqu’à complies, j’ai parcouru avec ardeur les allées du monastère pour assister aux offices, en espérant votre présence parmi vos compagnes. Je vous vis, plus souvent qu’à l’habitude, les rejoindre à la prière. Etait-ce intentionnel ? Je vous vis sourire encore en allumant, selon l’usage, des cierges que vous offriez amicalement à vos sœurs pendant la psalmodie. Vous avez ainsi, chaque fois rafraîchi la tendre image de vous qui me poursuivait à tout instant, à la tourne du sentier conduisant à nos logements, dans l’escalier ou le couloir de nos chambres, sur la route du village ou celle du vieux moulin où nous promenions au crépuscule. Même aux répétitions du chœur je sentais votre présence et devinais votre beau visage au dessus de ma page pour m’encourager à mieux célébrer votre honneur et celui du chapitre féminin de l’abbaye.
A la fin, la chorale accompagna l’office solennel du dimanche. Permission rare, nous fûmes autorisés à franchir la barrière de la clôture, le saint des saints de...

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