La lecture à portée de main
11
pages
Français
Ebooks
2017
Écrit par
Mila Leduc
Publié par
Best Erotica
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2017
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Publié par
Date de parution
01 mars 2017
Nombre de lectures
21
EAN13
1230001601459
Langue
Français
Publié par
Date de parution
01 mars 2017
Nombre de lectures
21
EAN13
1230001601459
Langue
Français
Je me dirige à contrecœur vers le dernier étage… Comment ai-je pu être aussi stupide ? Bien sûr que j’étais fatiguée et sous pression _ comment ne pas l’être en pleine période de partiels. Mais tout de même, tricher ce n’était vraiment pas brillant. D’un autre côté même après près d’un an à Paris j’ai encore des difficultés avec la langue et encore de grosses lacunes dans mes connaissances de la culture locale. Et ça ça m’a surtout sauté au yeux quand je suis tombée sur mon sujet de partiel de littérature: “« Parler est toujours répondre à une parole initiale, et pour pouvoir être émise à son tour, il faut que la parole ait été reçue. L’autre est toujours déjà présent dans la parole qui se dit. » Vous discuterez cette réflexion de François Chirpaz en vous appuyant sur vos connaissances littéraires françaises du 19ème siècle.” Rien. C’est ce que ce sujet m’a évoqué. Rien du tout. J’ai au moins compris ce que signifiait le syndrome de la plage blanche. Dans ces moments de panique je perds tous mes moyens. Tout le monde pense que je suis sûre de moi; mais pour les rares qui me connaissent réellement, qui voient au-delà de ça, ils devinent que je manque de confiance. Rien ne m’angoisse plus que de décevoir, décevoir mes amis, mes professeurs… Après avoir passé près de 20 minutes à me ronger les ongles devant ma copie désespérément blanche, je commençais en avoir les larmes aux yeux. Le pire ça a été de lever la tête sur l’amphi avec l’espérance de croiser un autre regard perdu pour échanger des paroles muettes de motivation, et de voir tout le monde gratter le papier sans hésitation. Grand moment de solitude.
Lorsque j’ai reçu un e-mail de Monsieur Lozan, qui me « proposait » poliment mais sans contestation possible de venir le voir dans son bureau à la fin de la journée j’ai senti une vague de chaleur me parcourir. Ma première réaction a été une forme de jubilation adolescente pleine d’appréhension, j’avais finalement une occasion de discuter en tête à tête avec mon charismatique professeur de lettre. Je le voyais en cours au moins une fois par semaine depuis le début du semestre, mais je n’avais jamais parlé personnellement avec lui depuis qu’il était revenu à l’université.
J’étais là depuis quelques mois et j’avais déjà beaucoup entendu parler de lui. Professeur de lettre survolté, charmeur, du genre qui peut rendre n’importe quel auteur passionnant. Insaisissable, tout le monde savait qu’il était en conflit avec l’administration parce qu’il ne reste pas toujours dans les clous et qu’il est souvent en voyage. Cette fois-ci il était en Bolivie, ou en Colombie, je sais plus.
Ce n’est que dans un second temps que j’ai compris que ce n’était peut-être pas, probablement pas même, une invitation cordiale. Comment ai-je pu avoir la naïveté de penser que mon stratagème pour réussir mon partiel fonctionnerait au nez et à la barbe du professeur ?
Devant ma copie blanche donc, j’ai fini par avoir une fausse bonne idée: si j’étais incapable de m’en sortir toute seule, je pouvais surement m’aider d’internet, au moins pour me lancer. Discrètement j’ai croisé mes jambes et posé mon portable sur mon genou. J’ai feint de griffonner au critérium sur mon brouillon mais de l’autre main je cherchais quelques arguments et références françaises. J’ai fait un joyeux mélange de tout ça et pour essayer de rendre une copie potable. Je savais que ce ne serait pas fameux mais je voulais insérer quelques phrases “empruntées” un peu reformulées pour réhausser un peu le tout.
Son bureau est au quatrième étage, je monte une à une les marches en pierre comme un condamné vers sa potence. Je marque une brève pause devant la fenêtre dans l’escalier, la journée a été superbe. L’été touche à sa fin et déjà quelques arbres sont les porte-drapeaux des belles couleurs chaudes de l’automne. La nuit commence à tomber. Qu’est ce que je ne ferais pas pour rentrer chez moi maintenant! Il est temps d’y aller et d’en finir.
En posant la main sur la poignée je tente d’apaiser l