Emportés par le foule, 1re partie , livre ebook

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Emportés par la foule, 1re partie
Benoît Semaille
Roman de 358 000 caractères, 62 800 mots, le livre papier, 1re et 2e partie en un volume fait 370 pages.
1968, l’année du baccalauréat pour deux adolescents. L’année des premiers émois, et des premiers tourments. L’année de toutes les révolutions.
Jules, passe une enfance idéale au cœur de la Venise verte dans le marais poitevin auprès d’une grand-mère fantasque à l’avant-garde de tous les combats.
Tout va changer dans la vie Jules quand il rencontrera Julien, son nouveau voisin. Ils ont en commun leurs quinze ans, leurs passions et leurs envies.
Autant l’un est protégé par la magie et la tendresse, autant l’autre est déjà aguerri par l'existence.
Pour la grand-mère de Jules, l’amitié et l’amour qui lie son petit fils à son ami sont sources d’un bonheur sans fin.
Quant aux parents traditionalistes de Julien, c’est une autre histoire. Pour eux, l’homosexualité est une maladie dont leur fils doit guérir ou périr.
De ce combat pour la vie et l’amour, le vrai et le beau, impossible de savoir quelles forces triompheront. (suite et fin en 2e partie)


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Date de parution

25 avril 2018

Nombre de lectures

2

EAN13

9791029402753

Langue

Français

Emportés par la foule
 
Une histoire d’amour en 1968
 
 
1 re partie
 
 
Benoît Semaille
 
 
 
Livre 1
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
 
 
 
 
Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Écrasés l’un contre l’autre
Nous ne formons qu’un seul corps
Et le flot sans effort
Nous pousse, enchaînés l’un et l’autre
Et nous laisse tous deux
Épanouis, enivrés et heureux.
 
 
 
Livre 1
 
Ciel bleu, temps calme, orageux en fin de journée
 
 
 
Quand vous mourrez de nos amours
J’en ferai trois livres si beaux
Qu’ils vous serviront de tombeaux
Et m’y coucherai à mon tour
Car je mourrai le même jour
Mourez de mort très tendre
À les attendre
 
Quand vous mourrez de nos amours
Paroles et musique de Gilles Vigneault
 
 
 
Prologue
 
 
Aujourd’hui, j’ai dix-huit ans.
Nous sommes le 4 août 1969.
 
Julien et moi sortons du Grand Palais de Tunis l’esprit totalement libre. Les aménagements de l’école et du dispensaire sont enfin achevés. Dans un mois, ce sera la première rentrée des classes pour des dizaines d’enfants des rues de Tunis ou d’ailleurs. Nous pouvons être fiers du travail de tous ces bénévoles qui nous ont aidés à donner vie à ce projet. Je voudrais les serrer tous dans mes bras pour les remercier de leur constance, de leur acharnement, de leur force.
Je regarde discrètement Julien, je le trouve très beau. Je suis si fier de lui.
Ses lèvres effleurent mon oreille : « Arrête de me regarder comme ça ! Ton nez s’allonge ! »
Nous décidons de sortir de la ville par deux chemins différents, chacun le sien. Nous nous retrouverons en début de soirée dans un petit hôtel à proximité de l’aéroport. Je sais qu’il veut m’offrir un cadeau pour mon anniversaire, mais notre futur est un présent qui me suffit déjà. Je rêve depuis si longtemps de l’Amérique et de ce festival de musique dont il me parle toutes les nuits et qui aura lieu à côté d’une petite ville du nom de Woodstock. Tous les groupes et les chanteurs que nous aimons se produiront là-bas. Puis ce sera la Californie et San Francisco. Je ne peux m’empêcher de fredonner California Dreaming en marchant au rythme lent de la musique.
Ce soir, nous ferons l’amour aussi longtemps que durera la nuit. Demain, nous serons loin. Pour la première fois depuis longtemps, non, pour la première fois de toute notre courte existence, nous sommes heureux, nous sommes libres, la vie est belle et semble éternelle.
Julien arpente les ruelles d’un pas léger, traverse la Médina, serpente entre les échoppes multicolores et joyeuses, emprunte la rue de la Kasbah, direction le quartier de Bab Bhar par l’avenue de France. Il laisse l’ambassade britannique sur sa gauche, sa foulée est volontaire, et légère. Il n’est plus sur le trottoir, juste à côté, il se sent si bien. Il est ici chez lui, dans sa rue, dans sa ville, sur sa planète la terre, un homme parmi d’autres hommes, ses frères humains.
Il entend une voiture qui tout doucement freine et s’arrête derrière lui.
Le son mat d’une portière qui claque, le crissement de pas sur le sable et le bitume.
Instinctivement, il se retourne et n’a que le temps d’apercevoir un homme qui brandit un manche de pioche. L’instant d’après, un éclair de douleur le foudroie, s’intensifie et fait exploser le tonnerre dans sa boîte crânienne. Disproportionné comme un boulet de canon sur une coquille de noix. Dérisoire comme l’éclatement d’un ballon de baudruche. Il veut garder les yeux ouverts, il est à terre, autour de lui une flaque de sang, se répand, s’agrandit, s’étale sur le sol.
Comme pour une icône, elle dessine une auréole rouge grenade tout autour de son visage, soulignant son sourire, illuminant son regard, mettant en valeur la justesse de ses traits.
Il entend d’abord un silence dur comme le granit, enveloppant comme un linceul, puis le bruit mécanique d’un moteur qui hurle, suivi par un cri, un seul, comme un écho à la panique et l’effroi.
Bien plus tard, beaucoup trop tard, il reconnaît le pas de Jules s’approcher de lui, un tempo, un rythme, une musique comme une signature, il le reconnaîtrait entre mille.
Jules le prend dans ses bras, le relève, le caresse, l’enlace et l’embrasse. Il lui dépose de douces paroles au creux de l’oreille, qu’il a déjà entendues certes, mais que ces mots-là sont bons, il est heureux de les percevoir de nouveau et qu’importe s’il n’a plus la force de lui répondre « Je t’aime ».
C’est pourtant si délicieux de se blottir contre toi, surtout quand je suis nu et que tu n’es pas encore dévêtu. Si tu savais comme je t’aime.
Mais ce soir, le corps de Julien est froid comme une pierre tombale, dur comme l’asphalte.
Le temps se dilate, se tord puis se distend pour se perdre dans un dernier rêve, se dissoudre dans un songe.
Ils marchent tous les deux, bras dessus bras dessous. Ils sortent d’une église ou peut-être d’une mairie, joyeux comme de jeunes mariés.
 
Ils ont ouvert une petite école en Californie. Elle est construite en bois, il n’y a pas de clôture, une pelouse très verte, beaucoup trop verte la borde comme le cadre d’un tableau. Les murs et la toiture sont recouverts d’une peinture blanche incroyablement lumineuse, éblouissante, presque aveuglante. Le fronton est aussi rouge et brillant qu’un vernis à ongles. Puis autour d’eux, tout devient rouge, un rouge gluant, épais et chaud, un rouge couleur de sang.
Julien a terriblement mal, il a sommeil. Il ferme les yeux. Il ne veut pas dormir. Il sait qu’il ne doit pas dormir, il ne faut pas ! Mais l’envie de rêver sa vie, pour toujours et à jamais est plus fort que tout.
Il se sent partir, comme emporté et Jules n’est plus à ses côtés pour le retenir.
Un froid immense l’enserre et l’ensevelit.
 
 
 
Chapitre 1
 
 
Aujourd’hui, j’ai quinze ans.
Nous sommes le 4 août 1966.
 
Je demeure avec ma grand-mère paternelle dans une grande maison de pierres aux volets en bois couleur bleu lavande. Elle se situe au cœur de la Venise Verte, dans le marais poitevin. Je vis entouré de cousins et de cousines, de voisins et de voisines. Une vraie vie à la campagne avec un jardin qui descend en pente douce vers la Sèvre niortaise, les parties de pêche, les fruits verts, les cabanes en bois, les jeux de cache-cache dans le noir de la Chambre aux Histoires.
Je vais comme chaque début d’après-midi de ces grandes vacances chercher Le Courrier de l’Ouest dont ma grand-mère partage l’abonnement avec Monsieur Rousseau. Il m’est alors impossible d’échapper à l’effervescence provoquée par l’installation de nouveaux voisins dans la villa de notre ancien médecin de famille. Tout d’abord parce qu’elle se situe juste en face de chez nous et qu’ensuite je la considère avec envie comme la plus fascinante maison du village et cela uniquement par la présence incongrue d’un palmier semblant défier de sa hauteur comme de sa superbe toutes les autres essences arboricoles de la région. Ni les saisons ni les années ne semblent avoir prise sur ce géant.
C’est précisément ce jour-là que je découvre Julien, il est vêtu d’un débardeur blanc qui met en valeur la puissance de ses épaules et la couleur cuivrée de ses bras et de son visage. Il porte un pantalon en toile bleu ciel grossièrement coupé juste en dessous des genoux, laissant apparaître des mollets ronds et musclés et deviner des cuisses et des fesses au galbe et aux courbes que seule la pratique du sport peut sculpter avec autant de finesse et d’équilibre. Ses pieds nus sont glissés dans des espadrilles de la même couleur. Je me surprends à aimer cette élégance à la fois étudiée et décontractée. J’aime la moue boudeuse de ses lèvres contrastant avec la vigueur de son corps. En cet instant précis, plus rien d’autre n’existe ou n’a d’importance. Ensuite, je suis touché par son regard éperdu, empreint d’une infinie tristesse qui m’emporte vers des paysages arides et désertiques, territoires qui me sont inconnus.
Soudain, de violents éclats de voix attirent mon attention. Je vois un homme que je suppose être son père, le gifler sans retenir son coup, exigeant qu’il s’assoie sur une des nombreuses caisses de déménagement entreposées sur la terrasse et qu’il n’en bouge plus sous aucun prétexte.
Il se rend compte alors que je suis le témoin involontaire de cet échange brutal et je ressens immédiatement sa confusion et sa gêne. Il baisse la tête en montrant sa soumission, puis il la tourne légèrement pour vérifier que personne ne le voit ou le surveille, puis lentement, tout doucement comme dans un film au ralenti, il se redresse droit et fier, plante ses yeux dans les miens, et dans l’éblouissante intensité de son sourire, son regard me transperce de part en part.
Puis, tout aussi prudemment il lève la main vers moi, comme un salut et je ne peux pas dire si c’est pour lui venir en aide ou pour l’oublier.
Comme je suis incapable de faire l’un ou l’autre, je conclus un pacte avec moi-même où je décide qu’à dater de cet instant, je ferais tout pour le protéger.
 
*
* *
 
Un jour que ma grand-mère et moi revenons à pied de Niort, nos nouveaux voisins nous croisent sur la route, arrêtent leur véhicule et se proposent de nous raccompagner chez nous. Ils possèdent une voiture de marque étrangère dont les sièges en cuir rouge sont recouverts d’une housse en matière plastique transparente qui adhère à la peau en été comme en hiver, mais qui pour moi est le summum du chic et du bon goût. Ma grand-mère s’installe à l’avant et moi je prends place à l’arrière où est déjà installé le fils de la famille. Nous échangeons un simple regard et j’ai le sentiment, en constatant que nous avons tous les deux glissé la paume de nos mains entre le plastique et nos cuisses nues, de partager une première expérience, une sensa

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