Emportés par le foule, 2e partie , livre ebook

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Emportés par la foule, 2e partie
Benoît Semaille
Roman de 228 000 caractères, 39 500 mots, le livre papier, 1re et 2e partie en un volume fait 370 pages.
1968, l’année du baccalauréat pour deux adolescents. L’année des premiers émois, et des premiers tourments. L’année de toutes les révolutions.
Jules, passe une enfance idéale au cœur de la Venise verte dans le marais poitevin auprès d’une grand-mère fantasque à l’avant-garde de tous les combats.
Tout va changer dans la vie Jules quand il rencontrera Julien, son nouveau voisin. Ils ont en commun leurs quinze ans, leurs passions et leurs envies.
Autant l’un est protégé par la magie et la tendresse, autant l’autre est déjà aguerri par l'existence.
Pour la grand-mère de Jules, l’amitié et l’amour qui lie son petit fils à son ami sont sources d’un bonheur sans fin.
Quant aux parents traditionalistes de Julien, c’est une autre histoire. Pour eux, l’homosexualité est une maladie dont leur fils doit guérir ou périr.
De ce combat pour la vie et l’amour, le vrai et le beau, impossible de savoir quelles forces triompheront.


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Date de parution

25 avril 2018

Nombre de lectures

0

EAN13

9791029402760

Langue

Français

Emportés par la foule
 
Une histoire d’amour en 1968
 
 
2 e partie
 
 
Benoît Semaille
 
 
 
Livre 2
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Livre 3
Chapitre 37
Épilogue
 
 
 
 
Livre 2
 
Fortes chaleurs, avis de tempête en fin de journée
 
 
 
Chapitre 23
 
 
Aujourd’hui, nous sommes le 7 juillet 1968.
 
Cela fait bien trois semaines que Julien passe ses journées et parfois ses nuits sur la plage de Royan.
Je profite de ce chaud dimanche de l’été 1968, pour le retrouver à l’endroit précis où il m’a donné ma première leçon de vocabulaire.
Il m’attend en plein soleil, revêtu d’un pull bleu nuit et de son vieux bermuda bleu ciel délavé. Toujours habillé avec la même élégance qui lui donne cet air chic et décontracté que j’aime tant. Il est pied nu. Malgré la chaleur, il me semble qu’il a froid. Il est accroupi et il scrute la mer. Il ne m’entend pas venir et j’hésite à le déranger. Est-ce lui ? Quelles sont ses pensées ? Je m’assois à mon tour et je prends le temps de le détailler de la tête aux pieds.
Ses cheveux ont poussé, ils sont toujours aussi bruns, aussi sombres et intenses qu’une nuit sans lune. Ils forment autour de son visage une auréole de mèches bouclées ondulant dans le souffle haletant de l’océan. Il est assis sur ses talons, le dos arrondi, les épaules toujours aussi larges et développées pour son âge, le corps idéalement charpenté. Cette position me donne l’impression qu’il est comme aux aguets, prêt à bondir. Je me rapproche et m’installe silencieusement à quelques mètres de lui et je m’accroupis à mon tour. Je devine que des larmes coulent de ses yeux, quand il les efface d’un revers de sa main, comme on se mouche. Il se met à parler haut et fort de sa belle voix grave et puissante.
— Tu n’imagines pas depuis combien de temps j’attends cet instant, combien de fois j’ai cru que c’était toi ? Mais est-ce toi ou ton fantôme ?
J’ai bien compris qu’il ne veut pas se retourner sans avoir eu la certitude que c’est bien moi. Il continue à me parler sans un regard.
— Tu es un rêve c’est ça ! Un méchant rêve ! Un vilain songe ! Mon obsession préférée !
Je ne réponds rien, je ne peux pas parler, je ne peux plus bouger.
Puis lentement, comme il le fait toujours, comme lors de notre toute première rencontre, comme si c’était notre première fois.
Il pivote vers moi, lève la tête puis ouvre les yeux.
Il ne s’est pas rasé depuis quelques jours, mais cette barbe naissante le rend plus beau encore. Quand bien même, je reconnais sans faillir ce nouveau visage. Ses yeux sombres et brillants m’emportent encore loin très loin du monde, vers des ciels étoilés, nos nuits si douces, nos tendres jardins. Son regard ténébreux me paraît tout aussi profond qu’avant, si ce n’est davantage. J’y vois encore trop de tristesse et de peine pour ne pas à mon tour y sombrer et en perdre ma raison.
Il esquisse un sourire doux et discret et de nouveau je sens mon cœur se mettre à battre fort.
J’ai envie de jouir de son corps, tout autant que je désire qu’il jouisse du mien. Je ne peux pas m’empêcher de trembler, comme « la première fois », quand j’ai osé poser mes lèvres sur son épaule nue.
Je prends sa main tendue qui m’entraîne vers lui, comme un pêcheur remonte un filet et nous nous fondons l’un dans l’autre.
Que c’est bon de sentir à nouveau nos deux mains jointes ! Retrouver le goût salé de sa bouche.
Cet instant présent efface tous les tourments passés, aussi sûrement qu’une éponge efface la craie blanche sur un tableau noir.
— Et si nous allions nager ? me propose-t-il.
Il est à peine midi au soleil et la plage est déserte, je lui glisse dans l’oreille, « Je n’ai pas mon maillot et j’espère que toi non plus ! Aujourd’hui, c’est moi qui vais te lancer un ultime défi, un défi “comme avant” : allons nous baigner nu ! » Il me regarde dans les yeux avec son sourire, le numéro cinq, celui de la malice, celui des démons, celui du piment et du miel et des mille et une facéties. Il bondit sur ses pieds, enlève son pull, et juste après qu’il ait retiré son bermuda, il ne porte rien dessous, il se met à courir vers l’eau, me laissant en plan encore tout habillé. Je me sens ridicule de me retrouver en équilibre instable, une jambe dans le pantalon et l’autre en train de faire des petits ronds dans l’air. La plage commence à se peupler et mon effeuillage ne passe pas inaperçu, surtout quand il fait demi-tour pour me pousser, exploitant mon manque d’équilibre pour que je tombe à la renverse sur les fesses. Il en profite pour m’enlever mon jean, me débarrasser de mon caleçon et retirer mon polo. Il harponne son regard d’encre de Chine au mien et me prend par la main en m’entraînant comme dans mes rêves les plus fous, au loin vers la mer. Naturellement, je me crois Burt Lancaster ou mieux peut-être Deborah Kerr dans Tant qu’il y aura des hommes. Il nous faut courir un long moment sur cette pente douce de sable roux avant d’atteindre les premières vaguelettes de la marée basse.
Nous jouons dans la mer à tous les jeux de notre enfance. Nous avons de nouveau à peine huit ans, huit ans et demi peut-être. Il prend un malin plaisir à plonger en me laissant apercevoir ses deux fesses blanches jaillissant hors de l’eau, avant de disparaître sous les flots et réapparaître un peu plus loin. Quand il voit la marque des coups que j’ai sur l’épaule, je le vois pâlir et il me demande :
— Qui a osé te frapper ? Ne me dis pas que c’est au cours d’un jeu avec ta cousine ?
— Oui, mais, une cousine qui aurait une belle paire de moustaches, un képi et pas vraiment le sens de l’humour, disons que quand tu es parti j’ai fait des rencontres que j’aurai préféré éviter, mais c’est une longue histoire que je te raconterai un jour peut-être.
— Ne me dis pas que c’est de ma faute ? Pas à cause de moi, bébé ?
— J’aurai préféré une autre marque de ton amour sur mon épiderme, mais celle-ci en vaut bien une autre, elle me rappelle que t’aimer est une réalité tangible et que je t’ai dans la peau jusqu’à la fin de mes jours. Tu as continué tes entraînements durant mon absence ? Ton corps n’a jamais été aussi... dési... charmant… il me donne des envies de toi… T’étais pas mal avant tu sais, tu me plaisais bien… Mais là… mais là... je suis… je suis... très... admiratif !
— La seule activité que j’ai intensément pratiquée depuis La Rochelle, c’est le travail. J’ai enchaîné des petits boulots pas très passionnants avec des gens qui avaient du cœur à défaut d’avoir de l’argent. J’ai vendu du poisson, des bonbons et des fleurs sur les marchés.
— Des fleurs, des bonbons et du poisson ? C’est original ! Euh... C’n’est pas un peu curieux ce mélange de produits et d’odeurs sur le même étal ? lui dis-je avec un grand sourire.
— Mais non pignouf ! Pas les trois en même temps, seulement dans l’ordre que je t’ai indiqué ! Mais je serai incapable de te dire ce que j’ai préféré. J’ai aussi récolté des fruits et des légumes, lavé des voitures. Des gens que je ne connaissais pas ont partagé le peu qu’ils avaient, on m’a aussi invité à manger, on m’a hébergé sans rien me demander en échange, alors moi j’ai donné la seule chose que je possède, un peu de mon temps pour les aider. C’est comme ça que j’ai vécu. J’ai compris une chose Jules, sans argent pas facile d’être propre et de bien dormir.
— Pourquoi n’as-tu pas essayé de contacter Valentine ? On aurait pu t’aider !
— Trop dangereux !
Mon sourire s’efface, remplacé par une ombre de tristesse. Il doit se rendre compte de mon désarroi, car il passe son bras sur mes épaules et se croit obliger de rajouter :
— Je voulais me prouver que j’étais capable de m’en sortir seul. Rassure-toi ! Tu étais toujours à mes côtés. Je ne peux pas vivre sans toi !
Je sens que je dois changer de discussion.
— Et le sport alors ?
— J’ai un peu continué l’entraînement, la course à pied surtout, la natation quand je pouvais. Mon Jules si tu savais comme c’était difficile de combler le manque de toi, quand je n’étais pas ici à t’attendre, je courais pour oublier que tu n’étais pas là… Mais aujourd’hui, tu es là ! Que c’est bon ! Te souviens-tu de notre première nuit dans le jardin de ta grand-mère ? J’ai souvent songé à cet instant où il ne s’était rien passé, et je me promettais dès que tu serais de nouveau avec moi de rattraper tout ce temps perdu. Cette nuit où nous n’avons pas osé nous aimer continue de m’obséder. Je ne veux plus jamais avoir à compter les jours et les nuits sans toi.
— Toutes ces nuits où j’étais seul dans mon lit, tu occupais toutes mes pensées. Aujourd’hui, j’ai envie de connaître de nouveau les coulisses de ton corps, de coulisser encore en toi, Julien je crois que je...
— Eh Jules ! Toi aussi ton corps a changé, et pas qu’un peu ! Tes muscles se sont arrondis, tes mollets, tes cuisses, tes fesses, tes épaules. Et toujours pas le moindre poil, si ce n’est cette petite pilosité sur le chemin de ton sexe. Si tu savais comme j’ai envie de toi !
Je souris comme pour m’excuser de son émoi et de l’effet que sur moi il produit aussi, mais cela depuis si longtemps déjà.
Je regarde la plage, clairsemée en fin de matinée, elle devient de plus en plus peuplée en ce début d’après-midi. Des parasols ouverts ont éclos çà et là et ont transformé cette belle étendue de sable et d’eau, en un champ de fleurs multicolores, à rayures et à pois. Le nombre d’estivants s’est considérablement accru et Julien voit très bien ce à quoi je songe en cet instant.
--- Donne-moi la main, je t’ai trop attendu ici pour ne pas avoir rêvé cent fois que je sortirai de l’eau en te tenant par la main, en te serrant très fort contre moi puis en t’embrassant longuement, et… en prenant tout le temps qu’il faut.
Nous émergeons de l’eau après avoir effectué, dans l’ordre précis qu’il a indiqué, les gestes que nous avons tous les deux rêvé d’accomplir, depuis

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