La femme inattendue
40 pages
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La femme inattendue , livre ebook

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Description

La femme inattendue, Suivi de Sabrina et Le serment de Sylvie
Jean-Paul Sermonte



Un ouvrage de 123 124 caractères, 20 800, l'ouvrage papier fait 98 pages


Un livre qui nous convie à redécouvrir la relation masculin-féminin relatée dans un style audacieux voire provocant mais toujours sensible car ces deux histoires y sont remplies de fougue, d’émotion, d’humour et d’imagination.
Christine Cibert

Madame Chasse-Meunier attendit l’heure de se mettre au lit pour annoncer à son mari son étonnante décision.
– Édouard, vous devez coucher avec la bonne !
– Quoi ? s’étrangla Monsieur Chasse-Meunier, qui faillit renverser sur les losanges satinés de son pyjama son infusion de fleurs d’oranger, que me chantez-vous là ? J’ai couché avec la bonne ?
– Mais non ! Je ne vous dis pas que vous l’avez fait, je vous demande de le faire !
– Vous voulez que je couche avec la bonne ?
– Oui ! Et le plus tôt possible !
– Mais pourquoi voulez-vous que je couche avec Catherine, s’écria, horrifié, Monsieur Chasse-Meunier.
– Mais non, mon pauvre ami, qui vous parle de Catherine ? Catherine ! Elle pèse bien deux quintaux et elle est presque centenaire !
– Elle n’a que dix ans de plus que vous !
– Ah ! Édouard ! Ne soyez pas désagréable ! Je vous propose de faire l’amour avec la bonne, la jeune femme que j’ai engagée avant-hier et qui va remplacer Catherine !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9791029404207
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La femme inattendue
 
Suivi de
 
Sabrina
 
et
 
Le serment de Sylvie
 
 
 
 
Jean-Paul Sermonte
 
 
 
 
 
 
Amour, tu as esté mon maistre :
Je t’ai servi sur tous les dieux.
O si je pouvois deux fois naistre,
Comme je te servirois mieulx !
Clément Marot
 
 
 
 
 
La femme inattendue
 
 
 
 
I. L’annonce faite au mari
 
 
Madame Chasse-Meunier attendit l’heure de se mettre au lit pour annoncer à son mari son étonnante décision.
— Édouard, vous devez coucher avec la bonne !
— Quoi ? s’étrangla Monsieur Chasse-Meunier, qui faillit renverser sur les losanges satinés de son pyjama son infusion de fleurs d’oranger, que me chantez-vous là ? J’ai couché avec la bonne ?
— Mais non ! Je ne vous dis pas que vous l’avez fait, je vous demande de le faire !
— Vous voulez que je couche avec la bonne ?
— Oui ! Et le plus tôt possible !
— Mais pourquoi voulez-vous que je couche avec Catherine ? s’écria, horrifié, Monsieur Chasse-Meunier.
— Mais non, mon pauvre ami, qui vous parle de Catherine ? Catherine ! Elle pèse bien deux quintaux et elle est presque centenaire !
— Elle n’a que dix ans de plus que vous !
— Ah ! Édouard ! Ne soyez pas désagréable ! Je vous propose de faire l’amour avec la bonne, la jeune femme que j’ai engagée avant-hier et qui va remplacer Catherine !
— Voulez-vous m’expliquer cette lubie ?
— Écoutez, mon ami, nous sommes mariés, j’oserai dire, depuis toujours. Nous sommes riches, nous sommes encore jeunes, surtout moi, nous pourrions être heureux et pourtant je ne le suis pas. Un enfant me manque. Je ne pourrai jamais en avoir et cette stérilité me rend folle.
— Je vous ai déjà suggéré d’en adopter un.
— Vous savez bien que je veux un enfant qui soit à nous.
— Mais puisque ce n’est pas possible !
— Si, c’est possible ! Par bonheur j’ai plus de ténacité que vous et j’ai eu une idée…
— Je crains le pire…
— Cessez d’être défaitiste, Édouard ! Vous m’insupportez ! Mais regardez-vous : vous êtes plat, vous êtes lent, vous êtes lourd. Ce n’est pas l’abus d’idéaux qui pourrait nuire à votre existence. Vous ne m’avez pas volé ma jeunesse, vous l’avez sacrifiée à votre médiocrité. Ah ! Il était beau le prince charmant ! J’attendais le rugissement d’un lion et je n’ai eu droit qu’au vieux cri d’un coq enroué ! Nous nous supportons, nous ne faisons même plus l’amour ou alors tous les premiers jeudis de chaque mois !
— Vous exagérez Edmonde, nous avons fait l’amour avant-hier soir et c’était un mardi. Si je ne m’abuse, vous avez eu l’air d’apprécier…
— Oui, mon chéri, merci infiniment, c’était parfait, j’ai même failli atteindre un orgasme, enfin ! D’ailleurs Édouard, j’ai pris ma décision, vous ne me toucherez plus avant qu’il n’y ait un enfant dans cette maison.
— Très bien, répondit-il, en haussant les épaules, vous pourriez ainsi vous faire appeler par votre chère famille : « sœur Edmonde du renoncement ».
 
— Ne parlez pas de ma famille ! Mon père et ma mère, eux au moins, forment un vrai couple depuis quarante ans !
 
« Tu parles d’un couple, pensa Édouard, de vrais bavards, oui ! Lui parle toujours de tout et elle ne se tait jamais sur rien… »
— Réveillez-vous, mon ami ! reprit Edmonde avec véhémence, vous vous contentez d’un bonheur qui ronronne, moi j’en veux un qui ait le cri d’un enfant.
— C’est vrai, je reconnais que je ne suis pas très entreprenant et que je manque parfois d’allant, mais c’est que je suis quinquagénaire à présent et…
— Mon pauvre Édouard, l’interrompit avec une moue de mépris son épouse, vous êtes quinquagénaire depuis l’âge de seize ans, alors ne vous abritez pas derrière ce prétexte.
— Si je ne vous suffis pas, trompez-moi alors !
— Sachez, mon cher, que chez les Dedanlon, on ne trompe pas, on supporte, mais on ne trompe pas. Et puis ça ne me dit rien de dîner le soir en tête-à-tête avec un cocu ! Mais revenons à notre bonne, n’avez-vous rien remarqué chez elle ?
— Je l’ai à peine aperçue…
— Regardez-la bien, Édouard, cette fille me ressemble, en moins séduisante, certes, en moins raffinée, mais nous avons les mêmes yeux, les mêmes traits, la même silhouette…
— C’est vrai, en y réfléchissant bien, sa silhouette pourrait rappeler votre ancienne silhouette…
— Moquez-vous, moquez-vous, je ne répondrai pas à vos provocations. Une chose est certaine, nous nous ressemblons.
— Et alors ?
— Et alors ? Comprendrez-vous à la fin ?
J’ai rencontré cette fille il y a plus d’un mois. Je me suis renseignée sur elle. Elle est saine de corps et d’esprit. Elle vit seule. Pas d’amant, pas d’enfants et ses parents au fin fond de la Creuse. C’est la femme idéale pour nous. Vous allez lui faire un enfant qui, forcément, vous ressemblera ou alors me ressemblera puisque la mère me ressemble, c’est logique, non ?
— Elle est d’accord ?
— Elle vit très modestement et quand vous saurez le montant du chèque que je lui ai proposé, vous comprendrez aisément qu’elle ait du mal à refuser…
— Et si, comme c’est parfois le cas, elle faisait partie de ces femmes qui reviennent sur leur décision, une fois le chèque encaissé ? Ou alors de celles qui, prises de remords, réclament leur enfant des années après ?
 
— Nous avons parlé de tout cela. Aux yeux de la loi, je serai vraiment la mère. J’aurai accouché dans une clinique, tous les certificats médicaux en feront foi, en revanche, il n’y aura aucune trace de son passage, puisque tout se passera dans l’établissement de mon frère à Angers. Quel bonheur d’avoir un frère directeur de clinique ! Je lui ai parlé, il est d’accord. J’ai tout prévu, tout organisé. À présent, c’est à vous d’agir, si vous en êtes capable !
— Je vous en prie ! Je ne suis pas impuissant ! Vous me méprisez car vous aimez les caractères forts, et moi, je suis doux…
— Vous n’êtes pas un doux, mon ami, vous êtes un mou ! Et c’est bien ce qui m’inquiète. Comment allez-vous vous comporter avec cette petite ? Je lui ai donné carte blanche, elle mettra le temps qu’il faudra, il faut qu’elle tombe enceinte de vous…
— Et si je tombais amoureux d’elle ?
— Vous voulez rire ? Que savez-vous de l’amour ? À part votre usine, vous n’aimez personne, même pas vous-même !
— On ne pourrait pas dire la même chose de vous ; si vous m’aimiez comme vous vous aimez, comme vous m’aimeriez ! Et si c’était elle qui tombait amoureuse de moi, à force d’essayer de faire un enfant ?
— Elle ! Amoureuse de vous ? ! Elle semble avoir trop de goût pour envisager cette éventualité. Elle ne pense, j’en suis sûre, qu’à son chèque !
Monsieur Chasse-Meunier murmura : « Si une chirurgie esthétique de l’âme existait, une opération d’urgence pour ma femme s’imposerait ! »
Monsieur et Madame Chasse-Meunier formaient un couple uni et envié depuis vingt ans !
 
Il fut décidé que Monsieur Chasse-Meunier se rendrait chez Marie les après-midis de préférence.
Marie habitait une petite chambre discrète dans la vieille ville. Évidemment, les visites cesseraient dès que la jeune femme serait enceinte. On jugea préférable également, pour ne susciter aucun bavardage malveillant, qu’elle cesse aussitôt ses activités professionnelles au domicile des Chasse-Meunier. L’essentiel de ses occupations se résumerait désormais à tomber enceinte puis à vivre sa grossesse. Pour ne pas nuire au déroulement de cette affaire vitale, Madame Chasse-Meunier se jura de n’intervenir en aucune façon. Elle savait qu’une quelconque pression, que des commentaires inopportuns pouvaient provoquer chez son mari un blocage réactionnel. Une « panne » intempestive chez cet être déjà peu enclin aux ébats amoureux risquait de retarder ou, pire, d’anéantir son cher projet. Elle se contenterait de prier pour que son époux trouve cette fille à son goût et qu’il lui fasse sans tarder un enfant ressemblant le plus possible à Madame Chasse-Meunier.
 
 
 
II. La visitation
 
 
Dans cette chambre offrant si peu de faux-fuyants au regard, Édouard, face à cette jeune femme au sourire timide, ressent une gêne implacable lui oppresser la poitrine. Il n’a ni l’aplomb des séducteurs ni l’aisance agaçant des charmeurs. L’assurance que confère une condition sociale élevée ne lui est d’aucun secours en l’occurrence. Le soin qu’il met à dissimuler son embarras, à adopter une attitude décontractée, ajoute encore au trouble d’une situation qu’il ne maîtrise pas et qui finit par l’accabler.
Certes, cette première rencontre ne devait pas, selon ses plans, outrepasser les limites de la bienséance.
Regards obliques, lèvres pincées, grimaces polies. L’ambiance qu’il eût souhaitée détendue, pour permettre aux premiers liens de se tisser, devenait franchement étouffante. « Mais qu’est-ce que je fais ici, pensa-t-il avec angoisse. Comment m’y prendre ? Cette femme n’est pas une prostituée et je ne suis pas client… »
Marie s’excuse d’être, elle aussi, si mal à l’aise.
— Vous savez, c’est la première fois…
— Oui j’imagine, pour moi aussi…
— Peut-être, pour aujourd’hui, devrions-nous simplement parler…
— Vous avez raison, mais je ne suis pas très bavard…
— C’est comme une comédie que nous jouons là…
— Pensez-vous qu’il faille arrêter ?
— Je ne sais pas, je suis si gênée…
— Ma femme va m’assassiner, mais on ne peut exiger, de deux personnes, qui ne se connaissent pas, un acte amoureux aussi intime…
— Peut-être que je ne vous inspire pas, soupire, navrée, la jeune femme.
— Non, non, ne croyez pas cela, je vous trouve… heu très, très désirable, votre corps… heu est splendide… si je puis me permettre, vous êtes plus charmante qu’il y a quelques jours lorsque je vous ai croisée à la maison. J’ignorais que vos cheveux étaient si longs, aussi défaits, ils vous parent d’un charme irrésistible !… mais ma femme a raison, je suis pataud, maladroit, face à vous je me sens très intimidé…
— Il y a des timidités séduisantes… non, c’est ma faute, j’en suis sûre, j’aurais dû m’habiller avec plus de coquetterie.
— Mais vous êtes très bien ainsi, cette petite robe…
— C’est une jupe.
— Pardon ?
— Excusez-moi, je porte une jupe,

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