La Payse
128 pages
Français

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Description

« Paul l’attendait comme convenu. La porte derrière le magasin s’ouvrit et il la fit entrer dans l’atelier où étaient entreposés les cartons de matériel électrique. Il y faisait chaud. Il lui demanda si elle avait peur. Lisa hocha la tête négativement. Il vérifia que personne ne venait. Puis il s’approcha doucement de son visage et l’embrassa tendrement sur la bouche. Elle lui rendit son baiser avec beaucoup de plaisir. Lisa se sentait “transportée”. Puis il la serra davantage, il passa sa main froide et douce sous son pull et caressa son buste chaud. Elle s’abandonna sans retenue à ses gestes. Elle était bien. À ce moment-là, Lisa se rendit compte qu’elle franchissait l’interdit et qu’elle ne serait plus jamais la même. Sous le charme et séduite, la payse comme elle se nommait venait de changer le cours de son destin. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 janvier 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782342000177
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Payse
Martine Hellene
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Payse
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://martine-hellene.societedesecrivains.com
 
 
 
 
 
 
La Payse, c’est le surnom que lui avait donné sa première patronne et que Lisa acceptait volontiers tant il lui allait bien. Cela venait du fait qu’elle était née et vivait dans une ferme, elle était fille d’agriculteurs et en était fière. Elle ne parlait jamais de sa condition modeste et essayait de se rapprocher des autres avec gentillesse et amabilité. Elle n’aimait pas les reproches ni les critiques. Elle était serviable et courageuse mais très timide, et cela lui avait permis de côtoyer ses collègues, des filles de la ville, sans se sentir défavorisée.
Madame Léone lui avait trouvé son premier poste d’employée de bureau. Elle dirigeait une agence d’intérim en ville et plaçait du personnel dans les bureaux et les industries selon les besoins des clients. Elle habitait aussi à la campagne, à une vingtaine de kilomètres de son agence comme Lisa. Et c’est en venant chez ses parents se ravitailler en produits de la ferme comme des œufs, du beurre parfois, ou une volaille et des légumes du jardin que Madame Léone avait discuté avec sa mère sur ses difficultés à lui trouver un travail. Elle lui avait promis de faire quelque chose pour sa fille. Une semaine plus tard, elle convoquait Lisa à son bureau.
Comme Lisa n’avait pas vingt et un ans, la majorité légale pour être recrutée par des employeurs faisant partie de son fichier de clients, mais dix sept ans et demi, Madame Léone avait donc testé ses compétences en l’intégrant à son équipe de facturières. C’est ainsi que Lisa fit ses premiers pas dans la vie active en tapant des factures toute la journée. Et chaque fois qu’elle croisait sa patronne, elle ne manquait jamais de lui demander « comment va ma payse, tout se passe bien ? ». « Très bien, Madame, merci de m’avoir confié ce travail », répondait Lisa en souriant. Elle aimait bien entendre ce surnom car elle ressentait de l’affection dans la voix de sa patronne. Cela la rassurait et à cet instant, elle se sentait un peu comme sa fille, sa protégée.
 
 
Et Lisa grandit. Ses emplois au sein de l’agence d’intérim se succédèrent. Elle occupa tous les postes tour à tour comme la gestion des arrêts maladie des intérimaires, la préparation de leurs bulletins de salaires, le remplacement de la standardiste et l’accueil des visiteurs. Madame Léone voulait qu’elle soit polyvalente. Et Lisa était ravie de connaître toutes les activités. En plus elle s’adaptait vite. Mais arriva le jour où le travail vint à manquer et où il fallait licencier du personnel. Ce fut la panique pour Lisa. Elle était la dernière recrue et elle savait qu’elle partirait la première. Madame Léone lui précisa la situation et lui promit qu’elle ne serait pas sans travail, qu’elle lui trouverait un employeur. Et, c’est ce qu’elle fit. Elle l’envoya faire un remplacement de dactylographe dans une grande entreprise d’électricité. Et ce fut encore une chance pour Lisa. Car après son remplacement terminé, on lui proposa de se présenter à des tests d’embauche car des postes étaient à pourvoir. Elle réussit le concours. Elle restait ainsi dans son poste de sténodactylo définitivement et pouvait faire des projets. Elle pourrait ainsi aider financièrement ses parents et sa fratrie : deux frères et deux petites sœurs encore à la maison.
Et des projets, Lisa en avait comme les jeunes filles de son âge : se marier, avoir des enfants, et une maison. Elle eut tout cela mais avec beaucoup de contrariétés. Tout d’abord son fiancé ne voulait pas se marier à l’église car il n’était pas croyant alors que dans la famille de Lisa, c’était une tradition. À force de ténacité, elle put le convaincre de faire les démarches nécessaires auprès de la paroisse car pas baptisé, le mariage à l’église n’était pas possible. Ensuite, la vie à deux s’organisa autour du travail la semaine et des week-ends devant la télévision alors qu’elle aurait bien aimé sortir, se défouler. En plus quand Lisa proposait d’aller rendre visite à ses parents, il se braquait et refusait de l’emmener. Elle insistait donc et à contrecœur ils partaient mais tout le trajet il roulait tellement vite qu’elle arrivait chez sa famille complètement stressée. Lisa ne supportait plus les comportements excessifs de son mari qui lui faisait peur.
Trois ans plus tard, quand son désir d’enfant se manifesta, ce fut là aussi une grande déception. Il ne voulait pas être père. Il fallut qu’elle insiste pour l’amener à changer d’avis. Et elle fut très heureuse d’être enceinte de son premier bébé. Hélas, elle perdit le fœtus six semaines plus tard et dut être hospitalisée en urgence. Heureusement bien suivie par les médecins, elle put donner naissance à un petit garçon un an et demi plus tard et à une petite fille trois ans après. Ainsi avec l’arrivée des enfants, la maison de leur vie à deux étant devenue trop petite, ils en construisirent une plus grande pour la famille. Lisa était heureuse. Elle réalisait ses projets.
 
Mais elle n’était pas au bout de ses surprises. Car sa vie de couple chancela quand son mari lui annonça un soir en rentrant du travail qu’il avait rencontré une autre femme qui voulait vivre avec lui. Il ne savait pas quoi faire et ne se sentait pas capable d’abandonner sa femme et ses enfants en bas âge. Lisa fut abasourdie par ses révélations et n’eut aucune réaction sur le moment. Elle n’en croyait pas ses oreilles et elle n’avait rien vu venir. Elle lui demanda pourquoi il lui faisait cela. Il répondit qu’elle ne s’intéressait plus assez à lui et qu’il se sentait abandonné. Elle consacrait trop de temps aux enfants, à son travail et pas à lui. Après de longues discussions, et comme elle l’aimait encore, elle accepta qu’il reste et promit de s’occuper de lui davantage. Très blessée et en larmes, elle lui pardonnait par dépit son égarement.
Alors, il resta et Lisa fit les efforts nécessaires pour lui consacrer du temps et être encore plus aimante. Mais son caractère difficile et capricieux la décourageait et la vie de couple ne s’améliora pas pour autant. Le mal était fait, la confiance écornée et la blessure était là qui ne voulait pas se refermer.
C’est ainsi que Lisa, la payse se perdit dans cette histoire qu’elle raconte. Ce fut un épisode qui chamboula sa vie sentimentale, une aventure amoureuse passionnée qu’elle n’arrivait plus à contrôler et qui lui fit tant de mal finalement.
 
 
 
 
 
 
 
C’était encore une journée terminée, et un détour de plus par le cimetière pour s’arrêter sur la tombe de son mari et lui parler de sa détresse de se retrouver seule, comme s’il pouvait lui répondre et la conseiller… Mais cette courte visite suffisait à la faire rentrer chez elle et à se reprendre en main. Avant de partir, elle vérifia que les fleurs étaient encore fraîches et s’en alla.
 
Arrivée chez elle, et comme elle avait un peu froid, Lisa chauffa de l’eau pour se faire du thé. Elle était abattue comme chaque jour quand elle revenait de là-bas. Elle se disait qu’il faudrait arriver à espacer ses visites, mais elle ne pouvait s’y résigner. C’était une sorte d’attirance vers cet endroit, et si elle n’y allait pas, elle avait l’impression de manquer un rendez-vous, et elle culpabilisait. Elle n’était pas encore prête à passer tout droit.
 
Cela faisait maintenant un mois, depuis ce terrible jour où en partant au travail son mari avait eu un accident de voiture en voulant dépasser une semi-remorque qui avait fait un écart et l’avait coincé sur la glissière centrale de sécurité. Le choc avait été brutal et il n’avait pas survécu à ses blessures malgré l’arrivée rapide des secours. La vie de Lisa avait été chamboulée. Et depuis ce jour, elle se rendait quotidiennement sur la tombe de son mari comme un automate. Elle savait que son mari n’étant pas croyant, aurait trouvé ridicule de la voir ainsi penser devant sa pierre tombale, mais elle avait besoin de s’y rendre. Elle pensait à lui tout le temps, alors elle se disait que cela ne servait à rien de se faire encore plus de mal en se rendant sur sa tombe. Elle se promit donc d’espacer ses visites au cimetière en n’y allant qu’une fois par semaine puis une fois par mois, et ensuite quand elle aurait le temps.
Le téléphone sonna et la sortit de sa rêverie.
 
C’était Paul. Il n’avait pas réussi à la joindre au bureau, alors il tentait de lui téléphoner chez elle. Maintenant qu’il était à la retraite, il n’appelait plus aussi souvent et elle avait de moins en moins de ses nouvelles. « Je fais ce que je peux », disait-il souvent. Elle fut donc très heureuse d’entendre sa voix. Malgré tout, il ne l’oubliait pas, même dans ces moments difficiles, et cela la troublait. Ils discutèrent donc un long moment de banalités sans toutefois évoquer le passé. C’était trop tôt pour elle, et il le comprenait bien. Il était tellement prévenant. À cet instant, il ne trouvait pas les mots pour lui remonter le moral. Il disait qu’avec le temps, cela passerait et qu’elle retrouverait petit à petit une vie plus sereine. Elle en était convaincue aussi bien sûr. Alors, elle abrégea la conversation sentant les larmes lui venir et lui souhaita une bonne soirée en lui précisant toutefois qu’il pouvait toujours la joindre à n’importe quel moment, plus rien maintenant ne le lui interdisait au moins pour son cas à elle de lui faire des confidences alors que pour lui c’était différent.

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