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Le Marchand de Venise
Andrej Koymasky
Roman long de 737 000 caractères.
Dans une sorte de conte des mille et une nuits, Lorenzo, un riche marchand de Venise à l'époque des Doges, raconte à Poletto, son page, sa longue vie d'amour et d'aventures. Et après chaque histoire, le jeune page très amoureux rejoue avec son maître les passages les plus chauds de l'épisode du jour.
Parti de Venise jusqu'en Chine, à travers la Perse, l'Inde et le Siam, Maître Lorenzo découvre et décrit des paysages grandioses, des aventures fascinantes et des amants magnifiques qui laissent le jeune Poletto muet d'admiration, mais très excité...
Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/
Le Marchand de Venise
Andrej Koymasky
Traduit par Christophe
Introduction
Poletto se tourna vers Lorenzo et le regarda en silence pendant quelques instants puis demanda :
— Maître, quel âge avez-vous ?
— Oh, très, très vieux, mais finalement pas tant que ça.
— Mais je pense que vous êtes encore un jeune homme.
— Allons, allons ! Ne me flattes-tu pas parce que je suis ton maître ? Ou parce que tu espères que je vais t'appeler à mes côtés ?
— Pas du tout, Maître. C’est-à-dire… oui, cela me rendrait évidemment heureux que vous continuiez à me faire venir, ce serait pour moi un grand honneur d'attirer votre attention…
— Ah oui ? Mais j'espérais que ce soit plus un plaisir qu'un honneur pour toi. Cela ne t'a pas plu ?
— Bien sûr que si, Maître, cela a été réellement un plaisir. Et je ne pensais pas que cela puisse être aussi bon. Ce que j'ai fait avec Florindo en était loin… Vous, Maître, êtes… bien meilleur.
— Eh bien, ça vaut la peine d'être aussi vieux et avoir pu le faire avec des hommes à la peau claire, foncée, jaune…
— Vraiment ? Est-ce si différent ?
— Oui et non. Chaque homme est différent et ils sont tous les mêmes. Si tu sais les prendre, alors tu auras le meilleur dans ta vie.
— Ouais… mais vous Maître êtes un seigneur, pas du tout un pauvre garçon comme moi. Vous avez toujours reçu le meilleur dans votre existence.
— Maintenant, oui, je dois l'admettre, mais soit sûr que je suis aussi passé par le meilleur et par le pire. En plus d'avoir été un pauvre garçon comme toi, je suis passé par la prison, j'ai été un fugitif à de nombreuses reprises, j'ai été battu, j'ai même dû demander la charité. Mais j'ai aussi eu de merveilleuses expériences, comme lorsque j'étais à la cour du Calife ou du Maharadjah. Que de souvenirs ! Il a fallu que je m'adapte, que j'attende le bon moment… et que je me lance. Pas du tout comme vous, les jeunes de maintenant, qui veulent tout et tout de suite, mais restent sur leur faim. Je ne suis pas aussi beau que toi, mais j'ai su faire perdre la tête à tant d'hommes.
— Mais vous êtes bel homme, Monseigneur. Et je dois avouer que vous m'éblouissez. Votre corps est harmonieux, puissant, bien proportionné. Et votre vêture ne le met pas suffisamment en valeur. Qui peut dire combien de femmes ont perdu la tête pour vous ?
— C'est possible, mais je n'ai jamais perdu la mienne pour une d'entre elles, seulement pour de beaux jeunes hommes. Et puis…
Lorenzo s'arrêta, absorbé par de lointains souvenirs.
Finissant de s'habiller, Poletto le regardait. Après quelques instants il lui demanda :
— Mais vous, Monseigneur, vous ne m'avez pas dit votre âge…
— Tu es aussi curieux qu'une pie ! Je suis né voilà trente-sept ans.
— Vraiment ? Je vous aurais donné dix ans de moins, Maître.
— Flatteur !
— Mais non. Et… est-il irrespectueux de vous demander quand vous l'avez fait pour la première fois ?
Lorenzo éclata de rire, amusé, et répondit :
— Quand j'ai fait l'amour ? J'avais quatorze ans… Il y a vingt-trois ans.
— Bon sang ! Vous étiez précoce, Maître.
— Et toi ?
— Moi ? La première fois, c'était il y a trois mois avec Monsieur Florindo. Je n'ai commencé que trois bonnes années après vous, Maître.
— Mieux vaut tard que jamais. Et les femmes, en as-tu déjà embrassé une ? As-tu déjà été avec dans un lit ?
— Non, mon Maître. Je suis gêné avec les femmes. Elles ne m'excitent pas du tout !
— Ah, tu es donc une âme en peine comme moi. Et à part Florindo, l'as-tu fait avec d'autres ?
— Seulement avec Monsieur Florindo et vous. Mais quelques fois, la vue d'autres hommes m'a fait monter le désir à la tête, mais je n'aurais pu aller les voir et dire, « Voulez-vous le faire avec moi, Monsieur ? » Alors, même si j'aurais aimé, je n'ai pas eu d'autres occasions.
Lorenzo rit encore, et donna au garçon une petite claque badine.
— Il n'est pas nécessaire d'aller dire, « Voulez-vous venir avec moi, Monsieur ? » Il y a mille façons de réussir. Mais je te l'ai déjà dit, cela réclame de la patience, de la persévérance et de la finesse et… si tu ne réussis pas, hausse les épaules et regarde ailleurs.
— À vous écouter, Monseigneur, cela semble tellement facile.
— C'est y penser qui rend les choses difficiles, Poletto. Mais si tu essayes, c'est souvent facile, bien plus que tu ne peux l'imaginer… même si parfois ça rate.
— Mais n'est-il pas risqué d'essayer ?
— Bien sûr, mais qui ne risque rien n'a rien. Qui ne travaille pas ne mange pas et qui n'avance pas recule.
— Maître, j'aimerais que vous me racontiez vos histoires. Qui sait si je n'en tirerais pas d'utiles leçons ?
— Pas maintenant, je n'ai pas assez de temps. J'ai sous peu une audience avec le secrétaire du Doge à propos d'une question importante. Mais ce soir, si tu viens dans mon lit je te raconterai une de mes aventures.
— Je ne la manquerai pas, Monseigneur, soyez-en sûr !
Lorenzo finit de se préparer pendant que Poletto faisait préparer la gondole pour lui puis il prit la route du palais Ducal.
Le garçon retourna dans la chambre du Maître pour la ranger. Il était en train de terminer quand la porte s'ouvrit et Florindo passa la tête dans l'ouverture.
— Poletto, le Maître est-il mécontent ?
Le garçon rit tout doucement.
— Non pas avec moi, je suis seulement un jeune garçon… Il m'a pardonné. Mais vous, par contre… il est très fâché contre vous pour m'avoir enseigné ces pratiques perverses. Le Maître ne vous a-t-il rien dit ?
— Pas encore. J'espère qu'il ne va pas me renvoyer. On aurait dû verrouiller la porte ou le faire ailleurs…
— Vous en êtes resté ahuri, hein ! Vous étiez aussi blanc qu'un linge. Vous m'arriviez même pas à fermer votre pantalon, rigola le garçon.
— Tu peux rire, petit démon !
— Vous ne me traitiez pas de démon quand vous vouliez que je m'occupe de vous de cette façon que vous appréciez tant. Alors, j'étais votre ange, votre gentil, c'était les yeux doux, et des paroles si suaves et caressantes.
— Tu sais pourtant que je t'apprécie, Poletto. Quand je te regarde, j'en suis tout troublé, et tu fais agiter mon cœur…
— Ah, vous l'appelez cœur ? Il me semble que je fais s'agiter autre chose, un peu en dessous du cœur.
— Vas-y, rigole bien, mais même maintenant, mon cœur est sens dessus dessous à cause de toi…
— Ah oui ? Je ne vois rien de tel entre vos jambes… répondit le garçon, toujours riant tout en haussant les épaules.
— Allez, viens ! Je voudrais finir ce que le patron a interrompu. Il est parti, maintenant. On ne risque rien…
— Pas question, Monsieur ! Et pas ici, dans la chambre du Maître !
— Mais il n'est pas là. Allez…
— Non, non. Oubliez-moi. Le Maître m'a pardonné, mais seulement à condition que je ne recommence plus, mentit le garçon.
— Allez, je ne peux plus résister…
— Il va bien falloir. Si vous ne pouvez pas vous retenir, Monsieur le Secrétaire, au moins cherchez quelqu'un d'autre à l'extérieur de cette honorable maison, répliqua Poletto, en s'écartant vivement et en sortant rapidement de la chambre.
Florindo le suivit dans le couloir, et le rattrapant le saisit par le bras.
— Allez, viens, entre dans ma chambre. Je verrouillerai la porte et on va bien s'amuser, Allez…
— Laissez-moi tranquille ou je vais crier et les autres vont venir. Je vous l'ai dit, je ne veux plus jamais faire ces choses moches avec vous !
— Tu ne disais pas comme ça, avant. Toi aussi, tu aimais bien ça !
— Parce que j'étais un pauvre garçon naïf. Mais le Maître m'a tout expliqué et m'a demandé de ne plus recommencer. Laissez-moi partir, Monsieur le Secrétaire. Ne savez-vous pas qu'à Venise le châtiment est la mort pour les hommes pris à faire ces choses ? Le Maître m'a pardonné parce que je suis un enfant sans expérience. Mais vous, un homme mûr, voulez-vous que le Maître vous dénonce ?
— Ainsi Poletto, tu me dénoncerais au Maître, alors ?
— Si vous essayez encore, je jure que je le ferai !
— Tu es si cruel ! s'exclama Florindo, mais il laissa aller le garçon. Poletto s'éloigna rapidement avant d'éclater de rire.
La façon dont le patron les avait découverts lui revint en mémoire, Florindo, le pantalon défait, appuyé en arrière contre la table du cabinet de travail, et lui, Poletto, accroupi devant lui, qui le suçait avidement tout en s'astiquant.
Lorsque le Maître était entré, Florindo était devenu aussi blanc qu'une chandelle neuve, et tâchant de fermer son pantalon avait marmonné d'une voix faible : « Le Maître, le Maître ».
Poletto était tombé sur le sol, fixant le Maître avec des yeux écarquillés. Il avait rougi, comme la braise.
Le Maître avait juste dit :
— Monsieur Florindo, reprenez-vous et sortez d'ici. Et toi, garçon, suis-moi.
Consterné et le cœur en déroute, Poletto avait suivi le Maître.
Ils se dirigèrent vers la chambre, et dès qu'il entrèrent, le Maître lui demanda :
— Alors Poletto, es-tu l'amant de Florindo ?
— Non, mon Seigneur et Maître. Pardonnez-moi, ne me jetez pas dehors !
— Te jeter dehors ? Je n'y pense absolument pas. Écoute, tu ne dois pas avoir peur. Moi aussi j'aime les hommes alors je te comprends. En fait si toi aussi tu le veux… j'aimerais beaucoup le faire avec toi.
— Avec moi, Monseigneur ? Vraiment ? Vous moquez-vous de moi !
— Tu es un beau garçon, et je te regarde depuis quelque temps en pensant… J'aimerais vraiment si tu es d'accord que nous le fassions ensemble.
— Oh ! Monseigneur, si cela me ferait plaisir ? J'en ai rêvé, mais je pensais que cela n'arriverait jamais…
Lorenzo lui sourit et lui dit :
— Et bien ferme et verrouille la porte, de sorte que nous puissions nous déshabiller, et que nous puissions le faire, toi et moi.
— Nus, Monseigneur ? Complètement nus, comme au jour de notre naissance ? demanda Poletto, les yeux écarquillés.
— Bien sûr, nus et sur le lit. C'est bien mieux que la façon dont vous le faisiez avec Florindo. L'avez-vous déjà fait nus et sur un lit, vous deux ?
— Non, jamais Monseigneur. Cela doit être vraiment bon.
— Et bien alors, dépêche-toi !
Ainsi, fermant la po