Le Naufragé et le Pêcheur
40 pages
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Le Naufragé et le Pêcheur , livre ebook

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Description

Le Naufragé et le Pêcheur
Andrej Koymasky
Roman de 143 000 caractères, 25 000 mots. 95 pages équivalent papier (moyenne des pages livres Textes Gais).
Osvaldo, moitié ermite, moitié pêcheur, mène une vie simple au bord de la Méditerranée. Quelques rapports humains, ici et là, lui suffisent jusqu'à ce que qu'un petit bateau en perdition ne vienne s'échouer au pied de sa cabane.
Comment Günther, l'allemand et Osvaldo, l'italien pourront-ils s'accorder dans la minuscule habitation ?


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Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029402050
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Naufragé et le Pêcheur
 
 
Andrej Koymasky
 
 
 
Traduit par Christophe
 
 
 
Préface
Cette histoire m'a été inspirée par un bref récit envoyé par Mario, un lecteur que j'affectionne beaucoup, que j'ai adapté avec sa permission, et par l'histoire « Turi » envoyée par mon ami Gianni. J'ai beaucoup brodé autour, ajoutant des myriades de détails, mais les protagonistes et les faits saillants de l'histoire sont ceux inventés par mon lecteur et l'initiation d'Osvaldo provient du récit de Gianni.
 
 
 
Chapitre 1 : Comme l'arrière grand-père
 
 
Connaissez-vous la Baie des Grâces ? C'est la charmante baie sur laquelle donne l'ancien bourg éponyme à proximité de Portovenere, à quoi il est rattaché administrativement. C'est un petit écrin sur le front de mer, calme et retiré, encadré de palmiers, retiré au fond d'une anse profonde et entouré de criques poissonneuses.
Dans l'une de celles-ci, Osvaldo Cozzani était assis sur la vieille jetée abandonnée, à moitié détruite par les tempêtes, attendant patiemment que morde un hypothétique poisson, depuis des heures.
Ce joli bourg, situé derrière les Cinq Terres, entre Portovenere et la Spezia, a un paysage typique de village marin, où la pêche est, sinon la seule, du moins la principale ressource.
Après la mort de ses parents, Osvaldo avait choisi d'habiter dans une cabane non loin de la plage, à quelques pas de la vieille jetée. Il y vivait seul, presque en ermite, bien qu'il soit hospitalier comme on dit que le sont les bergers sardes, tout en étant fier comme un ancien guerrier ligure.
De nombreux garçons du bourg venaient le voir assez souvent et très volontiers, parce qu'il était toujours prêt à leur enseigner quelque technique de pêche particulière, à leur montrer comment tisser ou réparer un filet, comment choisir le bon appât pour chaque type de poisson, les bonnes heures pour aller pêcher, ou parce qu'avec lui on pouvait parler sans problème de n'importe quel sujet.
Osvaldo avait trente-trois ans, bien qu'il en paraisse un peu plus, probablement à cause de sa peau hâlée par le soleil, des pattes d'oie au coin des yeux à force de scruter la mer. Il était du genre à aimer rester seul, et pourtant il aimait et accueillait toujours celui qui venait chercher sa compagnie avec une sincère bonne grâce.
Ce jour-là, trois garçons du village étaient descendus jusqu'à son royaume isolé. Osvaldo les avait vus arriver, et avait répondu en souriant à leurs grands signes de salut, en agitant un bras.
Il les connaissait tous, si on peut dire, même si certains se montraient plus souvent, et d'autres moins. Cette fois il reconnut Carlo, avec sa tignasse blonde ébouriffée si visible, Marcello, aux cheveux cuivrés et Sergio, le plus jeune des trois, pourtant le plus joli, un garçon d'à peine seize ans, dont les cheveux châtain sombre, toujours coupés à moins de l'épaisseur d'un doigt formaient une brosse sur sa tête.
Les trois garçons, en arrivant à ses côtés, s'assirent sur la jetée, les jambes pendantes vers l'eau, pendant qu'ils le saluaient. Pendant un moment, aucun d'eux ne parla. Tous les quatre regardaient la mer. Contrairement aux gens de ville, ils savaient goûter le plaisir subtil d'une proximité silencieuse.
À un moment Marcello, tout en gardant les yeux devant lui, demanda :
— Mais toi, Osvaldo tu n'as pas de nana ?
Le jeune homme ne répondit pas immédiatement.
— Est-ce si important, pour toi, Marcello, d'avoir une nana ? demanda-t-il d'un ton paisible au bout d'un moment, en souriant pour lui-même.
— Pour moi, oui. J'ai tellement hâte d'en avoir une…
— Tu es… grand, tu es un homme, dit Carlo. Mais on ne t'a jamais vu avec une fille. Comment ça se fait ?
Osvaldo comprit qu'ils devaient en avoir discuté entre eux et qu'ils étaient peut-être simplement curieux, ou peut-être, qu'au contraire, ils imaginaient des choses à propos de sa sexualité.
En effet, après un autre bref silence, Sergio reprit.
— Mais, tu sais… c'est aussi à cause des autres. Si à ton âge, ils ont tous une copine, ou une femme… tu sais… peut-être qu'on… pourrait penser que tu n'aimes pas les filles, mais les garçons et…
Osvaldo le regarda, sourit, et il l'encouragea.
— Et ?
— Ben, tu sais, par les temps qui courent… c'est ce que disent les gens… ajouta Sergio d'un ton hésitant.
Le pêcheur hocha la tête.
— Tu vois, Sergio… les gens… qu'ils s'occupent de leurs oignons. Je me fiche de ce que pensent les gens. Je sais bien ce que j'aime et que je n'aime pas…
— Oui, mais… objecta Marcello presque timidement.
— Les garçons, même si j'aimais les hommes, je ne sauterais pas sur chaque pantalon qui passe et qui me plaît. Tout comme je ne sauterais pas sur toutes les filles, si j'aimais les femmes.
— Bien sûr, c'est ça, mais… l'interrompit Carlo.
— Qu'est-ce qu'il y a ? C'est ça qui vous gêne, d'être avec moi ? Ou alors ce que les gens vont penser, de voir que vous me fréquentez ? demanda Osvaldo, avec un peu d'ironie.
— Mais non, non, c'est juste… dit Carlo, en se tournant pour le regarder, presque pour donner plus de force à sa dénégation.
— C'était juste… de la curiosité. Nous ne voulions pas t'offenser… dit Marcello.
— Et vous ne m'avez pas offensé, déclara Osvaldo à voix basse, sans perdre son sourire.
— Et puis si tu préfères les garçons… après tout… ce sont tes oignons… dit Sergio.
— Exactement, opina le jeune pêcheur.
— C'est qu'avec toi… On peut toujours parler de tout sans problèmes et… Pas comme avec les autres, et alors… déclara Marcello.
— Mais si je vous demandais si vous vous branlez entre vous, vous ne me diriez pas que ce sont vos oignons ? demanda Osvaldo, en regardant de nouveau l'étendue d'eau scintillante à l'horizon.
— À toi, ça ne nous gênerait pas de dire que nous le faisons parfois… admit alors Marcello.
— Ah non ? demanda le jeune homme d'une voix douce. Et pourquoi ça ne vous gênerait pas… avec moi ?
— Ben… parce qu'on le fait tous, les garçons, c'est naturel. Et parce que tu n'as jamais pris l'air supérieur des vieux avec nous. Avec toi on peut parler librement de tout… expliqua Carlo.
Oui, indubitablement les trois garçons devaient en avoir discuté entre eux, se répéta Osvaldo, et alors ils avaient simplement décidé de venir lui poser la question.
— Et si c'était vrai que je préfère les hommes… ou plutôt, des garçons comme vous ? demanda alors le pêcheur.
Il s'en suivit un long silence.
— Pour nous ça ne changerait rien, pas vrai, les mecs ? dit enfin Sergio.
— Chacun est comme il est… ajouta Carlo.
— Pour nous, tu seras toujours l'Osvaldo, un grand mariolle, et un ami, souligna Marcello.
— Alors, puisque ça ne changerait rien, pourquoi voulez-vous tellement le savoir ? demanda Osvaldo en souriant.
Tous les quatre regardaient de nouveau devant eux l'incessant ressac des petites vagues qui couraient à la surface de la mer.
— Par… amitié, chuchota presque Sergio.
— Entre amis… on se dit tout… insista Carlo.
— Nous… on t'a dit que parfois on aime bien se branler entre nous… Non ? dit Marcello.
— Mais je ne vous l'ai pas demandé, leur fit remarquer le jeune homme. Ce sont des choses qu'on dit à un ami, mais qu'on ne demande pas.
— Tu n'as pas confiance en nous ? lui demanda Sergio.
— Si, j'ai confiance. Quand ça sera le moment… je vous le dirai.
— Si… si tu aimais les filles… tu répondrais sans faire tant… tant d'histoires, sans tourner autour du pot dit Carlo à voix basse après un autre silence.
— Pensez… pensez ce qui vous fait plaisir, répliqua le pêcheur d'un ton paisible.
— Tu es fâché contre nous à cause de ces questions ? lui demanda Sergio.
— J'ai l'air d'être fâché ? demanda Osvaldo avec un sourire.
Sergio le regarda et sourit à son tour.
— Pas vraiment ! Tu as la même belle tête que d'habitude admit-il.
— Belle, tu dis… murmura le jeune homme.
— Le visage d'un ami est toujours beau, même si ce n'est pas le cas pour les autres, lui expliqua Sergio.
— C'est vrai, admit Osvaldo.
— Mais ça ne te gênerait pas si… si les gens… pensaient ça de toi ? lui demanda alors Marcello.
— Les gens… Vous voyez, les garçons, quand on a le cœur pur, on voit tout pur, sinon, on ne verrait pas la pureté même pas si on nous la mettait sous le nez. Les gens cherchent à voir les défauts des autres… ou ceux qu'ils pensent avoir. Celui qui fait porter les cornes à sa femme dit que chaque mari fait de même… pour se justifier. Et celui qui voudrait bien le faire, mais qui n'en a pas le courage, cherche à découvrir qui le fait, pour se justifier s'il y réussissait, pour ne pas se sentir en faute.
— Et alors nous… si c'est comme tu dis, si nous l'avons pensé, c'est que ça nous plairait de le faire ? demanda Marcello, confirmant ainsi l'intuition d'Osvaldo
— Je ne sais pas. Je n'ai pas dit ça. Chacun de vous sait ce qu'il a dans le cœur.
— Et s'il ne le sait pas ? demanda alors Sergio.
— Il vaut mieux qu'il cherche à comprendre. Personne ne peut réussir à s'améliorer s'il ne comprend pas d'abord comment il est fait.
— Moi… j'aimerais pas être un… un de ceux qui préfèrent les garçons, parce que je ne voudrais pas que tout le monde se foute de moi, murmura Marcello, pensif.
— Si tu étais comme ça, tu crois que Sergio et Carlo se foutraient de toi ? lui demanda Osvaldo.
— Non, pas eux, parce qu'on est vraiment amis. Mais tous les autres…
— Et si c'était le cas… tu ne le dirais pas à qui n'est pas vraiment ton ami. Ton père ne raconte pas à ses copains, au bar, ce qu'il fait au lit avec ta mère, ni comment… Certaines choses ne sont qu'à nous, non ?
— Mais si ça se savait… objecta Marcello.
— Ou encore si quelqu'un n'est pas sûr, mais le pense… ajouta Sergio.
— Oui, ça arrive encore, surtout dans les petits villages, opina Osvaldo. Malheureusement. Les gens ont l'air de se complaire à mettre leur nez dans des affaires qui ne les concernent pas… Et celui qui n'est pas comme tout le monde est montré du doigt. Et ce n'est pas bien.
— C'est vrai, c'est pas juste, mais c'est comme ça, dit Carlo.
— N'est-ce pas à nous de faire en

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