Liberté sous contrat
128 pages
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Liberté sous contrat , livre ebook

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Description

Emily en a assez. Entre son père qui enchaîne les manigances et sa mère qui la traîne à des événements guindés, elle n'en peut plus et ne rêve que d'une chose : obtenir son indépendance. Alors quand l’antipathique Marcus Jones lui propose un marché, Emily saute sur l’occasion pour s'émanciper de sa famille. En se passant la bague au doigt, chacun d’eux devrait y trouver son compte...
Pourtant, la cohabitation n’est pas simple et les jeunes mariés n’ont rien du couple idéal. D’autant plus que Jones semble cacher bien des mystères.
Emily se retrouve projetée au milieu d’un conflit, entre sentiments et raison, auquel elle n'était pas préparée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2022
Nombre de lectures 55
EAN13 9782493078407
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PAULE DESTIN
 
 
 




 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Éditions l’Abeille bleue — 38 rue Dunois 75013 Paris
Collection la Romantique
Retrouvez toutes nos parutions sur : https://editions-abeillebleue.fr
© Illustration couverture par Marine Aimar

 

 
 
 
 
Chapitre 1
Emily
 
Assise à une table ronde ornée d’une nappe blanche sur laquelle reposent les restes d’un somptueux repas, je m’ennuie à mourir. Ma mère discute avec madame Kent du dernier sac à main Longchamp qui apparemment est « magnifique » et « hors de prix », même si ce terme n’a aucune réelle signification dans leur bouche. Elles peuvent se payer ce genre d’articles de luxe. Maman porte à son bras une pochette Dior ridiculement chère. Sa robe Oscar de la Renta couleur crème lui va à ravir, tout comme l’énorme diamant à son annulaire. Sa tenue doit valoir l’équivalent des frais de scolarité annuels de l’université.
Je soupire, lasse, alors que je vois mon amie Anna danser au milieu de jeunes gens un peu plus loin. Je devrais célébrer cette nouvelle année de la même façon. Je crève d’envie de les rejoindre, mais mes parents n’approuveraient pas.
À l’âge de sept ans, j’ai osé me trémousser sur la musique lors d’un anniversaire, amusant les quelques adultes et autres enfants présents. Ma mère m’a aussitôt interrompue pour me ramener, grondant que mon comportement était indécent. À sept ans. Je ne savais même pas ce que voulait dire « indécent ».
Mes parents dirigent ma vie depuis toujours. Ils m’ont offert l’accès à la meilleure éducation qui soit, dans le but de faire de moi une femme accomplie. Le résultat est au-delà de leurs espérances, puisqu’à présent, je suis détentrice d’un diplôme de journalisme et capable de réfléchir par moi-même — donc de remettre en cause leur parole autrefois considérée comme divine.
Ces derniers temps, nous enchaînons les disputes quant à mon avenir. Selon eux, je n’ai pas besoin de travailler. Mon passage à l’université ne sert qu’à faire joli sur mon CV, pour montrer que j’ai quelque chose dans le crâne. Et puis, la fac est l’un des meilleurs endroits pour rencontrer un mari, qu’il soit futur médecin ou avocat. Dans ma famille, les femmes quittent généralement la maison dès qu’elles ont trouvé un homme capable de les entretenir. Parfois, je regrette de ne pas avoir épousé mon ami Noah. Lorsque nous avions seize ans, il me l’a proposé afin de lui servir d’alibi pour pouvoir flirter à sa guise avec qui bon lui semblait. Ce n’était qu’une blague, mais… À l’heure qu’il est, je ne serais pas en train de négocier mon indépendance si j’avais accepté.
Ma mère tente de m’inclure dans sa conversation insipide :
— Et toi, ma chérie, qu’en penses-tu ? Je crois que tu préfères la maison Hermès ?
Je ne préfère rien du tout et elle le sait. Je lève les yeux au ciel avant de quitter la table pour traverser la salle jusqu’aux toilettes. Elle me reprochera plus tard de m’être montrée impolie, mais j’en suis arrivée à un stade où plus aucune de leur remarque ne me touche. Je veux m’enfuir. Non, je veux m’envoler.
Mes parents pensent agir pour mon bien. Ils m’ont beaucoup apporté, mais il est temps pour moi de m’émanciper. Je ne peux pas continuer à dépendre d’eux. Je ne peux pas continuer à dépendre de qui que ce soit d’ailleurs.
Mon père est catégorique sur le sujet. Il considère la voie que j’ai choisie comme absurde, mon métier, inutile. Selon lui, les médias et les journalistes se contentent de « remuer la merde ». Darren Brown n’aurait cependant pas non plus accepté que je rentre dans sa chère société d’assurance, grâce à laquelle il fait fortune. Ou plutôt grâce à laquelle son père avait fait fortune pour lui en faire hériter ensuite.
Depuis que j’ai commencé mes études, les moqueries fusent, souvent accompagnées de condescendance. Dire qu’il désapprouve mes choix est un euphémisme. Et il n’est guère impressionné par mes tentatives de rébellion.
— Emily ? Tout va bien ?
Anna me rejoint alors que je reste prostrée devant le miroir des toilettes aux murs marbrés.
— Je ressemble à une potiche, grommelé-je.
— Tu es magnifique, réplique-t-elle avec douceur.
Mes cheveux bruns sont enserrés dans un chignon haut, découvrant ainsi ma gorge mise en valeur par le léger décolleté de ma robe dorée. Mes joues sont rougies par les quelques coupes de champagne que j’ai pu boire sous le regard réprobateur de mon père. Des traces de mascara s’étalent sous mes yeux bleu-saphir. Je les essuie avec un mouchoir tout en retenant avec peine des larmes de désespoir.
— À quoi va ressembler cette année que je suis censée fêter ? demandé-je d’une voix tremblante à mon amie.
— Oh, Emily… Ne dis pas ça. Tu as tout pour toi, enfin ! me rassure-t-elle. Tu vas trouver quelqu’un qui veut bien t’embaucher, et ce sera le début d’une nouvelle vie, j’en suis sûre !
 
Mes recherches durent depuis plusieurs mois maintenant. Je suis prête à prendre n’importe quel poste de pigiste, et avec joie. Mais mon père fait jouer ses relations pour empêcher qui que ce soit de considérer ma candidature. Pour lui, il est hors de question que je travaille. En particulier dans un métier qu’il estime si peu. Peut-être que si j’avais voulu devenir médecin, les choses auraient été différentes ? Non. Il ne l’aurait pas souhaité non plus.
En sortant des toilettes, Anna me propose de l’accompagner sur la terrasse pour fumer une cigarette et admirer la vue sur Buckingham Palace par la même occasion. Je décline, préférant me diriger vers le bar pour prendre un verre.
Le serveur me prépare un mojito pendant que je balaye la salle du regard. Je connais chacune de ces personnes depuis des années. Il y a parfois quelques nouvelles têtes : les pièces rapportées souvent exhibées avec fierté. Je passe chaque année le réveillon de la Saint-Sylvestre à cette fête atrocement BCBG organisée par je ne sais quel comité de businessman dont mon père fait partie. Il parade au milieu des autres hommes, Rolex tape-à-l’œil au poignet. Darren est loin d’être le plus riche de l’assemblée. Il n’est pas le moins riche non plus. Disons qu’il se place aisément à une position qui le rend crédible aux yeux de tout un chacun. Ainsi, il ressent toujours le besoin de s’affirmer pour contrer son sentiment d’infériorité face aux plus fortunés. Il est ridicule.
— Bonsoir, madame Brown.
Je tourne vivement la tête au son de cette voix grave qui m’appelle. « Madame Brown » est un titre habituellement réservé à ma mère. Elle est bien conservée grâce au botox, mais quand même.
— Bonsoir, bredouillé-je.
Je reconnais Marcus Jones : magnat de l’immobilier, homme d’affaires ambitieux et financier hors pair. Il se montre peu en société, mais j’ai déjà eu l’occasion de le rencontrer, et donc d’admirer mon père ramper littéralement devant lui. Je suis intimidée face à cet homme charismatique d’une rigidité implacable. Ses yeux sombres me fixent avec une telle intensité qu’il m’est difficile de ne pas détourner le regard. D’un autre côté, il a quelque chose d’hypnotisant. Il est habillé d’un costume gris anthracite taillé sur mesure qui met en valeur sa carrure athlétique. Sa chemise blanche fait ressortir sa peau brune.
— Puis-je prendre place à vos côtés ? demande-t-il avec raideur.
— Je vous en prie, marmonné-je, intriguée.
Cet homme n’a aucune raison de m’adresser la parole. Je crois bien que c’est la première fois que j’entends sa voix. Mes doigts se resserrent autour du verre que je porte à ma bouche alors que je ressens sa présence partout sur moi. Sa prestance m’étouffe.
— J’aimerais vous inviter à dîner, dit-il de but en blanc.
Surprise, j’avale de travers et commence à tousser. Jones fait une grimace de dégoût. Je réponds d’une voix enrouée :
— Excusez-moi, mais pourquoi ?
— J’ai une proposition à vous faire.
Ses longs doigts tapotent le comptoir, comme s’il était impatient de pouvoir partir. Est-ce une blague ? Un pari ? Non. Marcus Jones n’a personne avec qui parier à ce que je sache. C’est un solitaire. Enfin, ce sont les bruits qui courent. Il est mystérieux. Donc il est la cible de beaucoup de commérages. On dit qu’il est insupportable, mais très intelligent et doué en affaires. Certaines femmes le trouvent attirant. D’autres s’offusquent de ses impolitesses. Les hommes le craignent et l’admirent tout à la fois.
S’il est sérieux, alors je suis encore plus perdue. Je cherche dans son visage un indice sur la proposition en question. Jones n’a rien qui puisse m’intéresser.
— Quel genre de proposition ? questionné-je, sceptique.
— Vous verrez au dîner, répond-il d’un ton sec. Demain à 20 heures, chez Orrery.
Il se redresse, prêt à partir, mais ma main se referme sur lui pour le retenir :
— Attendez, je ne vous connais même pas. Je veux dire… Qu’est-ce qu’un homme comme vous aurait à me proposer ?
Ses yeux se fixent sur mes doigts toujours enroulés autour de son bras. Je retire vivement ma main, suivant son regard qui remonte avec lenteur jusqu’à mon visage. Après quelques secondes qui me semblent interminables, il lâche simplement :
— La liberté.
Je reste abasourdie devant cette réponse mystérieuse tandis qu’il s’éloigne. Jones traverse la salle et récupère son manteau avant de sortir de l’appartement luxueux.
La liberté ? Rien que ça ?
 
***
 
Je m’apprête à passer la porte du restaurant en me répétant intérieurement qu’il ne peut rien m’arriver. De quoi ai-je peur au fond ? Dans le pire des cas, j’aurais perdu mon temps, mais j’aurais bien mangé. La cuisine française raffinée proposée chez Orrery est délicieuse.
 
Une employée m’accueille pour me guider jusqu’à une table légèrement en retrait avec vue sur le parc qui jouxte l’établissement. Marcus Jones est là. Il se lève, raide comme un piquet dans un costume bleu marine élégant. J’ai toutes les peines du mond

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