Redistribution des rôles
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Description

Redistribution des rôles
Jean-Marc prières
Roman de 340 500 caractères, 57 600 mots, 283 pages en équivalent papier.
« ... Mon fils et toi semblez rester dans les mêmes dispositions sentimentales, pourrait-on dire. Je n'irai pas à l'encontre de vos projets, si projets il y a. Je vais même vous aider à démarrer, si vous le voulez bien. Rappelez-vous, tout de même que ni l'un ni l'autre n'êtes majeurs. Romain atteint tout juste ses dix-neuf ans* quand tu n'en as que dix-huit si je ne m'abuse. Donc, libres à vous de mener la vie qui vous plaira sous réserve de votre totale et entière discrétion... Romain est donc à toi, Ennio. Prends soin de lui, c'est quelqu'un de sensible... »
*Cette histoire débute en 1896

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: Éditions Textes Gais

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Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029403514
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Redistribution des rôles
 
 
Jean-Marc Brières
 
 
 
En préambule
De 1896 à 1899
Chapitre I – Romain & Ennio
Chapitre II – En quête d'informations
Chapitre III – Révolte
Chapitre IV – Ennio seul ou presque
Chapitre V – Romain se défend
Chapitre VI – Normalisation ?
Chapitre VII – Projets & prévisions
Chapitre VIII – Ourdissages et comploteurs
Chapitre IX – Tout va bien quand rien ne va plus
Épilogue : Aujourd'hui – 2019
 
 
 
 
En préambule
 
 
Romain est exclusivement un "Top", comme on dit chez les gays branchés lors de conversations pornos. Moi, je me range plutôt dans la catégorie "Bottom". Quant à Ennio il se dit éternellement "Versatile". Un trio qui se complète parfaitement.
Près de cinq ans que l'on se connaît, que l'on se donne rendez-vous chaque mois, voire deux fois par mois, que l'on s'envoie en l'air sans réserve. Avec eux, que du cul. Délicieusement que du cul. Merveilleusement que du cul ! Romain et Ennio vivent en couple. Je suis leur petit extra, en quelque sorte. Ils appellent, j'accours. Si c'est moi qui les appelle, ils se précipitent. J'évite d'interférer dans leur couple, exception faite de nos sauteries. Ils respectent mon jardin secret, sachant bien que je ne veux que du sexe.
Ma dernière liaison amoureuse, vraiment amoureuse, s'est terminée de façon dramatique pour moi. J'ai eu beaucoup de mal à encaisser les écarts en tout genre de Renaud, mon ancien compagnon, sa filouterie en divers domaines. Par sa faute, je me suis retrouvé le cul dehors, sans rien d'autre que mes vêtements comme richesse. La police m'a innocenté, pas les créanciers qui se sont rabattus sur les trois sous que je possédais. Ils ont tout piqué, sans état d'âme, sachant que je n'étais pour rien dans tout ce micmac de tricheries, de fraudes, de ventes illégales et autres cavaleries bancaires. De guerre lasse, j'ai tout abandonné. Je suis parti les mains dans les poches vides, sauf ma carte d'identité dans celle arrière de mon vieux jeans. Heureusement, le soleil était au beau fixe, la température clémente de jour comme de nuit. Quarante-huit heures à errer n'importe où, le ventre creux, quêtant un peu d'eau à boire.
Une bonne fée veillait sur moi. Madeleine, l'épouse infidèle d'un rustre bourré de fric, ancienne copine de ma mère. C'est elle que je suis allé trouver pour pleurer ma misère matérielle autant que morale. Je ne suis pas resté plus d'une heure à renifler sur mes malheurs : elle m'a de suite remis sur pied en forçant un peu la note de "mère-courage", décrétant qu'un pédé, quelle que soit sa position dans un lit lors des ébats, doit se comporter en homme et affronter la vie.
La bête, que je suis, revenue en bon état de marche, j'ai rencontré Andréas le bienfaiteur qui m'a permis une remise à flot financière en m'embauchant. Pas du tout attiré par les hommes, il s'est quand même amouraché de moi. Une bizarrerie de la nature humaine, certainement. Quelques parties de jambes en l'air plus tard, je me suis lassé de ce brave type pour qui j'éprouve néanmoins une amitié sincère. Il a compris sans dire un mot, pas de reproche, aucune récrimination. Heureusement pour lui, son hétérosexualité refaisait surface lui permettant de draguer la fille d'un avocat et de l'épouser.
Je me suis remis aux études, préparant une agrégation d'histoire avec comme principal professeur un éminent chercheur, archéologue à ses heures, historien par passion.
Bien entendu, il y a eu procès, moi parmi les témoins principaux de l'accusation puisque principal membre de la partie civile. Dans le box des accusés, outre mon ex, se pavanaient deux hommes et une femme, escrocs à la petite semaine, serviles envers celui qui fut mon compagnon. Deux avocats commis d'office, nouvellement inscrits au barreau, se chargeaient de leur défense : Ennio et Romain. Lors de chaque séance, Ils ne cessaient de m'épier moi qui les zieutais. Putain que je les trouvais beaux, ces deux mecs ! Si j'avais été plus couillu, je me serais jeté sur eux, les suppliant de me faire subir les derniers outrages. Je n'étais pas le seul à les reluquer. À croire que le principal accusé les avait gardés à cause de leur plastique alors qu'il avait les moyens de prendre un défenseur bien plus compétent. Mon ex qui a écopé de cinq ans fermes quand les trois autres n'ont eu droit qu'à deux ans fermes. Sitôt le jugement rendu, ils refusaient de faire appel. Les condamnés ne voulaient pas risquer une peine beaucoup plus importante, d'autant que lors des enquêtes tous leurs méfaits n'avaient pas été découverts. Étonnamment, la sentence était clémente.
Une semaine plus tard, je recevais une invitation : Ennio et Romain pendaient la crémaillère dans leur tout nouveau cabinet d'avocats associés. J'ai accepté sans savoir pourquoi vraiment. Si : parce que c'étaient les plus beaux mecs que j'ai vus dans ma vie. À cette petite fête, peu d'invités, la famille pour l'essentiel. Je faisais presque tache. Les festivités achevées aux environs de vingt-trois heures, Ennio me faisait visiter leur appartement, juste au-dessus. Un peu gêné malgré tout, je n'osais faire un geste, gardant le silence. Romain nous a rejoints, une fois le cabinet fermé. Il rompait le silence :
— Enfin libres, les chéris ! Alors, comment va la partie adverse ? Pas trop dépaysé ?
— Je crois que je n'aurais pas dû venir.
— Pourquoi, Gus ? C'est fini et bien fini cette affaire ! Nous l'avons perdue et en sommes fiers. Mais ne le répète pas. Une brute que ce type qui t'a martyrisé et ses acolytes qui ne valent guère mieux. Le Juge voulait une condamnation exemplaire. Malheureusement, il n'a pu l'obtenir. Quant à Ennio et moi, c'était notre première affaire. Alors nos clients ne pouvaient pas trop nous en vouloir pour la bonne raison qu'ils ne nous ont pas dit la vérité. Nous soupçonnons qu'il nous a menti tout du long, d'ailleurs. Impossible de les assister normalement, a fortiori de les défendre convenablement. Ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.
Souper à trois, lit pour trois. Conversation sur un canapé, entre deux flûtes de champagne. Caresses entre deux bouteilles de ce même breuvage. Déshabillage langoureux entre deux pelles. Romain posait une main sur une de mes fesses, Ennio appliquait ses doigts sur ma queue…
Mois après mois, de pelles en fellations, de fellations en sodomies, nous échangions nos secrets, parlions de nos vies. En écoutant Romain et Ennio se raconter, une envie de transposer leurs récits à la fin du dix-neuvième siècle, s'empara de mon cerveau, traçant de la sorte le fil conducteur d'une production prochaine sur scène ou sur pellicule. Rien de définitif, un simple vague projet.
 
 
 
De 1896 à 1899
 
 
 
Chapitre I – Romain & Ennio
 
 
Tous deux se rencontrent à l'école communale de Clermont-Ferrand. Ennio compte sept ans quand Romain fête ses huit ans. Ils ne fréquentent pas la même classe, évidemment. C'est dans la cour de récréation qu'ils se parlent pour la première fois. Ennio subit les moqueries de ses camarades : on se rit de sa petite taille, allant jusqu'à le chahuter physiquement. Frêle, à l'époque, Ennio ne peut se défendre. Un matin, plus hargneux qu'à l'accoutumée, deux de ses tortionnaires les plus appliqués le font tomber dans une flaque de boue, heureux de leur exploit. Les rires cessent à l'arrivée de Romain qui relève le petit garçon avant d'ordonner aux deux bourreaux de présenter des excuses. Dorénavant, on sait dans toute la petite école que le "spaghetti" devient le protégé du grand Romain. C'est qu'on le respecte, Romain ! Un qui a la tête bien faite. Beau gars, intelligent, aux biceps costauds, malgré son très jeune âge. Un bagarreur dont on ne compte plus les victoires alors qu'il ne déplore aucune défaite. On raconte qu'il réussit à chasser quatre malfrats qui tentèrent de le dépouiller, il y a bien longtemps de cela, mais on continue à relater les faits, histoire d'avertir les candidats désireux de le mécontenter d'une façon ou d'une autre. On ajoute même que les plus grands l'évitent tant c'est un teigneux quand il cogne ! En réalité, Romain est le fils unique d'une des plus grandes fortunes de la région. Chacun sait les bienfaits et largesses de cette famille en faveur de l'école comme chacun sait l'impitoyable châtiment encouru si l'on chagrine le jeune Romain dont le père est un des plus durs hommes d'affaires de la région. Surtout, les adultes craignent énormément que la corne d'abondance ne se tarisse si l'on ne satisfait pas aux désirs du garçon. Désirs qui restent des plus louables comme des plus modestes.
Après ce "sauvetage", Romain exige qu'Ennio ne s'éloigne pas trop de lui afin, décrète-t-il, qu'il puisse veiller à ce que nul ne l'ennuie. Le protégé, de ce jour, connaît enfin la paix, presque du bonheur. Jamais Romain ne demande quoi que ce soit en compensation de sa protection. Il reste l'ami silencieux, souriant, prévenant tout en sachant respecter les besoins de son protégé. Cela dure cinq mois. Ennio croit qu'être heureux devient sa vraie vie. Il voue une affection illimitée à Romain, regrettant de ne pouvoir lui rendre tout ce qu'il lui apporte, l'admirant en tout et pour tout. Ses plus beaux moments : quand Romain pose une main sur son épaule, sourire aux lèvres tout en le regardant droit dans les yeux. Il leur arrive, malheureusement pas assez souvent au goût d'Ennio, d'aller se baigner, tous les deux. Ils jouent dans l'eau, s'arrosent, tentant de s'attraper, nageant côte à côte avant de se sécher aux rayons du soleil. Moments de complicité intense sans qu'aucune pensée, aucun geste équivoque ne change cette quiétude bienheureuse en une tout autre sentimentalité. Oui, Ennio connaît une véritable quiétude bienheureuse durant ces cinq mois.
Un mauvais rhume et le Bon Dieu rappelle à Lui la mère d'Ennio. Une fluxion de poitrine, comme dit le médecin. Le père, récent veuf, dorénavant seul pour exploiter la petite ferme familiale dans la banlieue proche de la grande ville, retire son fils de l'éc

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