La lecture à portée de main
68
pages
Français
Ebooks
2013
Écrit par
Martha Dryène
Publié par
Société des écrivains
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Publié par
Date de parution
22 juillet 2013
Nombre de lectures
5
EAN13
9782342009552
Langue
Français
« Solange alla se tapir dans un coin du salon où, isolée des regards, elle put contempler à son aise la nuque brune, le dos puissant, les jambes nerveuses du maître. La séduction physique de l'artiste le disputait au jeu souverain de l'interprète. Solange ressentit un vif désir pour cet homme. La pulsion fut si forte qu'il lui sembla avoir un chaton agrippé à son pubis. Jamais elle n'avait connu pareil émoi. Elle sut alors qu'elle n'était qu'une rivière sèche et qu'un flot devrait l'envahir pour féconder la promesse qui était en elle. »
Publié par
Date de parution
22 juillet 2013
Nombre de lectures
5
EAN13
9782342009552
Langue
Français
Rio seco
Martha Dryène
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
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75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Rio seco
I
Il fut une nuit, Solange, délicieuse jeune fille à l’animalité cachée sous une blondeur angélique. Cette divine créature enfiévrait son entourage, bien qu’elle sût garder ses dix-huit ans pour elle-même.
Elle vivait dans les Landes.
Sa voisine Eva, peintre reconnue, se plaisait à fantasmer la belle en diverses postures, avec l’idée d’en faire œuvre.
Mais jamais Solange ne se prêtait au jeu car la jeune fille étudiait le piano et considérait que rien ne devait la distraire de sa vocation artistique, fût-ce des séances de pose. L’austère apprentissage ne la rebutait pas. Elle savait recourir aux sortilèges de la toute proche forêt des Landes pour mener à bien son ambitieux projet de virtuose soliste.
À l’abri de ses amis les grands pins, elle livrait ses pieds dénudés à l’acuité du sable mêlé d’aiguilles et, les bras entrelacés dans le dos, elle offrait son corps aux divinités des lieux. Elle emplissait ses narines des parfums de résine jusqu’à l’oubli d’elle-même. Puis elle retournait à son piano dont elle caressait longuement le clavier en lui murmurant des mots d’amour et des serments de fidélité éternelle. Ces rituels l’emplissaient d’un sentiment d’invulnérabilité propre à lui assurer le meilleur des avenirs. Sa mère déplorait ces mœurs étranges. Elle eût préféré, aux escapades solitaires de sa fille, un dérivatif mondain chez Eva qui ne manquait pas de flatter sa vanité en la conviant à ses vernissages. Solange riait de la roublardise d’Eva.
Or, il advint qu’un ami de celle-ci, pianiste de grand talent, donnât un récital privé. Quelques initiés étaient conviés. Tout naturellement, Eva sollicita la présence de Solange qui, sensible à l’aura du musicien, accepta l’invitation. Le soir dit, la chaleur de l’été était douce à la marche de la jeune fille tandis qu’elle traversait le parc de la propriété avoisinant celle de ses parents. Elle exultait à l’idée d’approcher le grand homme et le peu de tissu qui l’habillait collait à sa peau. Elle transpirait. Aussi, voulut-elle se rafraîchir dans le ruisseau traversant la grande pelouse. À peine avait-elle commencé ses ablutions qu’une main lui agrippa l’épaule et descendit le long de son bras jusqu’à son poignet pour la tirer hors de l’eau.
Malgré sa peur, elle se retourna. Sous la clarté de la lune, elle reconnut Gildas, le très jeune valet d’Eva :
— Les femmes sont sales ; tu ne dois point troubler l’onde, lui dit-il.
Solange crut à une plaisanterie mais, en croisant le regard haineux de Gildas, elle se souvint d’avoir entendu dire qu’Eva le gardait en raison de sa vénusté, bien qu’il eût l’esprit malade. Effrayée, elle essaya de l’apaiser :
— Il n’était pas dans mon intention de polluer.
— Tais-toi, perverse !
Le ridicule du dialogue amena dans les yeux de Solange une lueur ironique aussitôt perçue par Gildas :
— Je vais t’apprendre à respecter l’homme.
Avant qu’elle n’ait pu se défendre, elle se trouva collée contre lui, la nuque bloquée, le postérieur mis à nu et fessé. Elle en frémit de honte, mais ne put que subir.
Lorsque Gildas estima l’avoir suffisamment punie, il remit soigneusement de l’ordre dans sa vêture et, le plus courtoisement du monde, lui demanda de l’accompagner au château.
Solange n’eut d’autre choix que d’obéir.
À son vif soulagement, Gildas la conduisit sans la tourmenter jusqu’au perron où la maîtresse de maison accueillait ses invités. En présence d’Eva, il s’empressa de donner sa version des faits :
— Rodait dans le parc ; l’ai attrapée.
Solange voulut rétablir la vérité, mais Eva l’en dissuada :
— Ne l’énerve pas.
Puis, à Gildas :
— Tu savais pourtant que je l’attendais !
En guise de réponse, il éructa en direction de Solange. Eva tenta néanmoins de se concilier la jeune fille :
— Oublie cet incident pour ne penser qu’à la soirée d’exception que tu vas vivre, l’excusa-t-elle.
À dix-huit ans, les nerfs ne sont pas d’acier. N’eût été la présence espérée d’Alex Koddisrov, Solange eût quitté les lieux sans tarder. Cependant, sa soif d’apprendre et de progresser dans son art fit qu’elle resta.
Pour oublier l’avanie, elle se rendit au salon où trônait un piano de grande qualité. Il était noir, brillant, vénéneux. Solange eut la fièvre en le voyant. Les touches carnassières appelaient le corps à corps. Fascinée, elle s’assit pour procéder à l’accouplement de l’ivoire et des doigts. Les notes jaillirent dans l’allégro d’une symphonie. Elle eût joué toute la nuit si elle n’eût soudain ressenti une présence à son côté. Alex Koddisrov se tenait près d’elle. Il l’observait sans aménité, critique de ses imperfections, conscient de son jeune talent, fataliste quant à son avenir. Solange intimidée eût voulu s’effacer mais il la retint un instant pour l’encourager à persévérer dans l’art du piano. Elle l’écouta à peine, trop absorbée par la découverte physique de cet homme qu’elle approchait pour la première fois. Il était brun, racé, vêtu avec élégance. Solange en resta coite d’admiration. Alex attribua son silence au respect et, sans plus se soucier d’elle, il salua les mélomanes rassemblés par Eva, balaya le clavier d’un linge fin et s’installa pour donner Schumann.
Solange alla se tapir dans un coin du salon où, isolée des regards, elle put contempler à son aise la nuque brune, le dos puissant, les jambes nerveuses du maître. La séduction physique de l’artiste le disputait au jeu souverain de l’interprète. Solange ressentit un vif désir pour cet homme. La pulsion fut si forte qu’il lui sembla avoir un chaton agrippé à son pubis. Jamais elle n’avait connu pareil émoi. Elle sut alors qu’elle n’était qu’une rivière sèche et qu’un flot devrait l’envahir pour féconder la promesse qui était en elle.
Lui, tout à l’interprétation somptueuse qu’il donnait maintenant de la Sixième rhapsodie hongroise de Litz, était loin de penser à Solange. Il aimait les femmes à l’apogée de leur talent. Les chrysalides ne l’intéressaient pas. En période Eva, leur liaison lui faisait entrevoir l’éternité. Muse sauvage, elle comblait ses sens et son esprit. Il ne voyait qu’elle, ne désirait qu’elle et se satisfaisait pleinement de son refus d’engagement. Il trouvait en elle l’énergie vitale nécessaire à son expérimentation musicale et ce soir-là, après avoir satisfait aux exigences d’un auditoire enthousiaste, il n’eut de cesse de s’éclipser pour retrouver son intimité. Les applaudissements tus, il s’esquiva et parcourut fébrilement les couloirs de la vaste demeure jusqu’à une chambre dont il négligea de refermer la porte. Tout à son désir pour Eva, il ne se douta pas qu’il était suivi par Solange et que la jeune fille, mue par une force étrange, pénétrait à sa suite dans la pénombre de la pièce. Elle ne voulait rien de particulier, sinon satisfaire sa curiosité de petit animal solitaire.
Dissimulée aux yeux d’Alex, elle fut témoin du repos qu’il s’accorda, étendu tout habillé sur son lit et de l’assoupissement qui s’ensuivit. Son corps abandonné provoqua chez Solange la tentation de l’approcher. Doucement, elle s’assura du sommeil d’Alex en posant une main sur sa poitrine. Il ne réagit pas. Il se créa alors chez Solange le violent désir de cette chair masculine. Elle n’avait jamais connu d’homme, pourtant ses doigts d’une souplesse parfaite surent entrouvrir le pantalon sous lequel Alex était nu pour parcourir le ventre de velours noir jusqu’à l’épanouissement de son vit. Sous la caresse, le membre offrit l’humidité de son gland à l’appétit de Solange. Elle en connut la saveur. L’innocente n’avait pas prévu qu’Alex, parvenu au paroxysme de l’excitation, la renverserait pour introduire en elle l’objet de sa gourmandise.
La pénétration fut brutale ; les larmes coulèrent tandis qu’Alex la besognait longuement en murmurant le nom d’Eva.
Solange ne ressentit ni dégoût ni plaisir et trouva sa jouissance dans l’emprisonnement de la verge devenue douce à sa déchirure. Tels les oueds, un flot l’avait envahie. Avec l’insouciance d’une très jeune personne, elle se félicita d’avoir été le réceptacle d’un premier amant illustre, plutôt que de penser à fuir. Trop tard elle voulut se couler hors de lui. Comme elle allait s’échapper, il la saisit de nouveau d’une main :
— Reste ; j’ai encore envie de toi.
Elle vit son autre main flatter son pénis ainsi qu’il l’eût fait du col d’un cheval :
— Viens sur moi.
Elle ne résista pas. Assis sur le membre d’Alex, son vagin s’enfiévra. Son bassin alla au rythme de leur plaisir jusqu’à l’instant où Solange chavira dans un profond soupir. Habitué a plus d’exubérance de la part d’Eva, Alex n’en alla pas moins au bout de sa volupté et grande fut sa surprise lorsque curieux de l’extase d’Eva, il alluma une petite lampe. La découverte de Solange lui fut insoutenable.
Il repoussa violemment la jeune fille :
— Que faites-vous là ? Quel âge avez-vous ?
L’angoisse s’emparait de lui. Comme...