102
pages
Français
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2019
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Français
Ebook
2019
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Publié par
Date de parution
22 mars 2019
Nombre de lectures
1
EAN13
9791029403439
Langue
Français
Série Black
Philippe Cassand
Roman policier de 364 600 caractères, 60 400 mots, 304 pages en équivalent papier.
Fervent adepte des « petits comprimés aux couleurs pastel », Thierry Romain est de son propre aveu un être vil et veule. Pour autant, comment ne pas compatir à son désarroi quand il ne sait même plus si c’est bien lui qui a assassiné son amant et la femme de celui-ci ?
En attendant de répondre à cette question, Thierry décide de se mettre au vert et de filer en Afrique rejoindre un de ses ex, installé au Congo. Mais quand la poisse se met de la partie, il n’est pas si facile de lui échapper, et Thierry débarque au beau milieu d’un jeu de massacre dont il devient le principal suspect. Dans un village coupé du monde par une tempête, il lui faut d’urgence mener son enquête pour découvrir qui décime méthodiquement la population locale. Pas si simple quand on ignore si l’on est la prochaine victime ou le meurtrier...
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Publié par
Date de parution
22 mars 2019
Nombre de lectures
1
EAN13
9791029403439
Langue
Français
Série Black
Philippe Cassand
À Tata Daniel
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 16
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Épilogue 1
Épilogue 2
Chapitre 1
Où l’intrigue se noue, et où l’on s’aperçoit que l’abus de certains comprimés délivrés par les psychiatres – aux couleurs pourtant pastels – peut vous conduire au pire.
Je suis un être vil et veule. Mais, à ma décharge, j’attire les emmerdes ; et là, on peut dire que c’en étaient, et des grosses.
Comment en étais-je arrivé là ? Une série noire comme on dit… un concours de circonstances. J’ai toujours été honnête dans l’ensemble, mais la police n’aurait jamais cru à mon histoire : trop invraisemblable. Il me vient un cliché à l’esprit : la réalité dépasse la fiction. Et puis les pédés, même encore dans les années 90, ça n’inspire guère confiance.
Ah ! Les terribles événements qui m’ont conduit à quitter précipitamment la France, mon pavillon, ma petite auto, mon petit jardin, mon petit bonheur, mes petits plans-culs ; tout ce à quoi je tenais absolument. Cela et puis tout le reste, tout ce qui est arrivé là-bas dans « ce pays lointain aux grands fauves », comme disent les guides touristiques. Auparavant, je m’imaginais que l’on y croisait les lions dans la rue et que les éléphants renversaient les piles d’assiettes en passant la trompe par la fenêtre des magasins de porcelaine.
Comme s’il pouvait y en avoir en Afrique !
Des magasins de porcelaine, je veux dire.
Je suis un petit Parisien sans envergure, j’avais trente ans environ à l’époque des faits. Je faisais des ravages dans le Marais, j’étais pas mal. J’assurais des missions pour des agences d’intérim négrières et puis quelques autres non avouables mais bien plus lucratives. J’effectuais occasionnellement des transports de fonds pour de vieux tromblons qui me filaient la pièce et qui n’avaient pas le temps d’aller embrasser leurs économies en Confédération Helvétique.
*
* *
Nuit du 3 au 4 juin 1989 - Autoroute de Clermont - 4 heures du matin.
L’histoire avait commencé lamentablement. J’avais rencontré un mec qui présentait toutes les qualités physiques, morales et intellectuelles dont un homme comme moi pouvait rêver. En cela je pétais les plombs de façon inattendue, car normalement je ne fais pas dans la fleur bleue mais plutôt dans le cactus.
Le seul ennui, c’était qu’il était marié… et avec une femme.
Elle, une espèce d’executive woman, genre cadre supérieur dans un groupe pétrolier ou prof de fac, je ne sais plus trop, je ne m’y étais pas vraiment intéressé.
Moi, je n’avais jamais réussi à faire quoi que soit de ma vie, je n’étais pas assez bosseur. Pas d’études mirobolantes, pas de relations, pas de courage, mais à la différence de la femme de mon amant, si je ne dormais pas la nuit, ce n’était pas dû au stress du travail. Non, c’était plutôt existentiel. J’avais consulté plusieurs psychiatres qui avaient fait des pieds et des mains pour me faire interner, mais ils n’y étaient pas parvenus. Inutile de me demander de quelle affection clinique il s’agissait, je n’ai aucune mémoire des termes médicaux qui dépassent deux syllabes et qui se terminent en « …nie… » ou en « …tique… ».
Tout cela serait un peu long à raconter, mais j’avais eu une enfance difficile, d’où cette bizarre cruauté qu’on m’accusait d’avoir avec les êtres, et puis cette maladive timidité.
Bref ! Daniel Raft était l’homme de ma vie. Il m’était tout à fait insupportable de savoir que quelqu’un d’autre se pâmait dans ses bras.
Je les suivais très souvent à leur insu, mais je n’étais pas dans mon état normal. Une sorte d’état second. Comme halluciné.
Cette maudite nuit, je les suivais encore et toujours. Mon week-end s’était écoulé au rythme de leurs allées et venues en voiture. Je savais qu’ils allaient en Sologne ces jours-là – Daniel me l’avait avoué, contraint par mon insistance – et je souffrais. Daniel ne s’était jamais aperçu de rien car je tâchais de contenir ma jalousie dans les limites du politiquement correct.
Ils avaient acheté une belle maison dans le Cher, près de chez ses parents à lui.
Ils avaient une petite fille : Berengère, une gamine odieuse et capricieuse qui cassait tous ses jouets. Faut dire aussi que son prénom, c’était pas un cadeau.
Il était quatre heures, l’autoroute était faiblement éclairée. Je suivais la BMW grise, à bonne distance. Mes yeux étaient rougis par le manque de sommeil, la fatigue de la conduite et les lumières aveuglantes des phares des autres, mal réglés.
Je piquais du nez. Je finis par m’assoupir et là, ce fut le trou noir. Comme quand on est vraiment bourré. Impossible de me souvenir de quoi que soit. Il faut dire que j’avais abusé, à ce moment-là, des comprimés – de superbes gélules roses et blanches, à croquer ! – que mon psychiatre m’avait recommandé de prendre chaque fois que je ressentais une agressivité de mauvais aloi.
Il ne me restait que des souvenirs par bribes : des motos, des crânes rasés ou casqués, je sais plus, une voiture en flammes, un corps carbonisé, une petite fille qui me reconnaissait et qui criait.
Une seule chose était certaine : je me rappelais avoir freiné violemment, et m’être ramassé superbement sur le rail de sécurité qui court tout le long de la bande d’arrêt d’urgence. Certitude totale sur ce point, puisque ma belle Golf était rayée sur le côté droit.
En fait, je me réveillai le lendemain matin, chez moi, avec une migraine pas possible et l’impression définitive qu’il y avait quelque chose de pas normal. De vraiment pas normal.
Chapitre 2
Où il est question des Trois Moustiquaires , un roman de cape et d’épée se déroulant en Afrique.
Je me mis un sac rempli de glace sur la tête. La douleur fut pire, puis s’estompa sous l’effet de l’anesthésique de fortune.
Dans ma chambre, c’était un capharnaüm infernal, comme si un forcené avait tout saccagé. J’essayai de rassembler mes esprits.
Sur mon bureau paradait ma vieille machine à écrire, une Underwood des années trente, une pièce de collection achetée dans une brocante. Elle aurait pu me venir de mon arrière-grand-tante, mais je n’avais pas vraiment eu de famille. Mon nom est un prénom, Romain. Mon prénom est Thierry.
C’était là-dessus que j’écrivais – ou tentais d’écrire – une fabuleuse histoire de cape et d’épée, inspirée d’Alexandre Dumas, qui avait pour titre Les Trois Moustiquaires , et qui se passait en Afrique, au temps du roi Kongo. Je n’ai pas de culture mais j’étais tombé par hasard, quelque temps plus tôt, sur un vieux bouquin aux puces de Montreuil. Je m’emballai pour cette antiquité pleine d’illustrations : Nos nouvelles colonies : LE CONGO. Sur la page de tête était écrit MDCCCXC, ce qui était probablement l’année de parution, mais malgré mon nom, je ne sus pas la déchiffrer.
La relique était vieille. Un vrai parchemin, aux pages sépia piquées par l’humidité et qui sentait bon le cèpe de Bordeaux. Dès la première illustration, on savait à quoi s’en tenir sur les mentalités de l’époque. La légende en était Gorille tuant un nègre et je peux vous assurer que le grand singe avait l’air plus humain que la victime et qu’il avait l’air de se régaler.
Bref, ainsi me prit l’envie d’écrire une fresque héroïque dans le royaume du roi Kongo, aux quinzième-seizième siècles quand les Portugais étaient maîtres de cette région. Je la situais dans un contexte de guerres coloniales, de trafics d’esclaves, de christianisation forcée… Il y avait une Cour comme au château de Versailles, mais dans la mesure où il n’y a guère de chevaux en Afrique, c’étaient les Noirs qui tiraient le carrosse. Je fignolais un personnage à la Jean Marais, mais beaucoup plus haut en couleur. Le héros heroic fantasy pouvait frôler dans les culs-de-basse-fosse du château des mignons noirs diablement efféminés, ornés de boucles d’oreilles de style Henri III, sauf que la perle en forme de goutte était en ivoire. Ce serait une pure merveille ce roman. Très réaliste.
Bien sûr, pour l’exactitude historique et la vraisemblance j’avais quelques problèmes, il faudrait le faire lire in fine par mon voisin. Cet Antillais de souche devrait pouvoir me dire s’il n’était pas truffé d’anachronismes. Mon journal de bord, je l’écrivais sur mon micro-ordinateur et pour le garder secret, je l’enregistrais sur une disquette seulement.
Je la cachais sous le tapis.
À court d’inspiration, j’allumais la radio. Le présentateur nous serinait le massacre de la place Tienanmen à Pékin et puis :
« … des libertés politiques. Terrible drame sur l’autoroute de Clermont, une agression qui s’est terminée par la mort d’un couple, le mari brûlé vif dans sa voiture accidentée et sa femme battue à mort. La police recherche le coupable… La météo avec… »
Je coupai la radio.
Des bribes de cette soirée me revenaient maintenant. Des flashs d’horreur, la voiture en flammes, il me semblait que j’étais arrivé trop tard.
Je me regardai dans la glace, je n’avais pas bonne mine. Les yeux cernés, non par manque de sommeil, non, mais à cause des médocs que je m’enfilais sans modération. Le problème de ces gélules, c’est qu’elles me faisaient perdre un peu la mémoire. Alors il m’arrivait d’oublier que je venais de prendre un comprimé, et j’en reprenais un autre. Je m’en apercevais trop tard, à la fin du tube, quand il me manquait une dizaine de comprimés pour finir la semaine…
Pourtant je ne suis vraiment pas mal, physiquement. Une belle mèche sur le front qui me cache un peu les yeux. C’est pas plus mal car parfois j’ai le regar