Un patron très entreprenant
86 pages
Français

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Un patron très entreprenant , livre ebook

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Description

Un patron très entreprenant
BJ Valbornhe
Roman de 322 000 caractères, 55 000 mots, le livre papier fait 268 pages.
Renié par sa famille ultra-religieuse, Nicolas, étudiant en langue amazigh (touareg), se retrouve à la rue, vite privé du petit boulot qui lui permettait de survivre. Il se jette dans les bras d’un homme d’affaires à qui il s’offre dans un moment de désespoir. Celui-ci lui propose un contrat inespéré avec lui dans les montagnes sahéliennes, mais aussi sa pesante et condescendante possessivité. Nicolas devra-t-il fuir son patron et son travail malgré les tendres amis rencontrés dans le lointain pays de leur mission ?
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 décembre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029403859
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un Patron très entreprenant
 
 
B-J Valbornhe
 
 
 
 
 
1. Malédiction
2. À la rue
3. Homme providentiel
4. Sexto
5. Récréatif
6. Sextoy
7. Monde des adultes
8. Sexboy
9. De ce pain-là ou pas de pain ?
10. Voyage, sexe, voyage
11. Atterrissage
12. Les sources
13. Aftas, Aftas
14. 1re patronale
15. Viol
16. Gueules de bois
17. Apnée
18. Affrontement
19. Mannequin
20. Aimez-vous
21. Épilogue
 
 
 
1. Malédiction
 
 
Nicolas sortit du bus chargé d’un gros sac à dos, de deux valises à roulettes et de son chagrin. Il aurait préféré être en rage, mais voilà, il aimait ses parents, s’était toujours dit malgré leur rigorisme étroit et leurs préjugés fatigants que c’était ses parents, qu’il était leur enfant unique et qu’il leur devait, comme l’indiquaient leurs chers évangiles, respect et amour. Il avait, naïvement, compris la chose comme devant être naturellement réciproque avec côté parents amour et mansuétude tout aussi évangéliques. Or dans sa tête résonnait leur maudit sois-tu, répété et encore répété.
À son retour de la fac, ils l’attendaient tous deux dans la salle de séjour, muets et glaciaux sous la grande croix qui avait présidé depuis vingt-quatre ans à tous leurs déjeuners, dîners, anniversaires, fêtes de Pâques, Noël et autres moments festifs familiaux. Sans lui donner le temps de réagir ni de les saluer, ils lui avaient craché méchamment que ce n’était pas la peine qu’il s’asseye. Ils lui avaient indiqué d’un même geste emphatique et coordonné l’ordinateur ouvert sur la table. Sans doute pour qu’il voie le texte affiché. Les mots pédé, inverti lui sautèrent tout de suite aux yeux. Ils étaient en grosses lettres.
Deux mots, l’un vulgaire, l’autre recherché, le visaient, à juste titre si du moins on faisait abstraction de leur charge stigmatisante, hélas carrément infamante du point de vue de ses parents. Les avoir vus lui suffit, pas besoin d’en lire plus, la cause était entendue, la tempête allait s’abattre sur lui.
Elle s’abattit. Ils savaient et leurs attitudes outrées, hautaine de son père, écœurée de sa mère, en témoignaient, ils le prenaient mal, très très mal.
— Qu’est-ce qu’il y a de vrai dans ce tissu d’immondices, avait grondé son père tandis que sa mère réprimait des sanglots sans larmes.
Il s’était dit tout d’abord que c’était fait et que si c’était fait hé bien c’était fait. Réflexion limitée, mais qui signifiait que comme un jour ou l’autre ils y arriveraient et que ce jour tant redouté était venu, somme toute… inutile de tergiverser. Une lettre anonyme n’était certainement pas la meilleure façon de le leur faire découvrir. Il n’était pas sûr qu’il y ait eu une bonne façon. Un salopard s’en était chargé. Il ne se demandait pas qui, qu’importait, il maudissait le salaud qui s’était permis ce coup bas.
— Elle n’est pas signée, je suppose, demanda-t-il.
— Là n’est pas la question, non elle n’est pas signée, mais est-elle dans le vrai ?
Inutile donc de nier…
— Oui, c’est vrai je suis gay, y avait-il été direct, c’est ainsi. Je le sais depuis toujours.
Ils le regardèrent atterrés bien sûr et là aussi de façon commune et coordonnée. Il comprit que perdu pour perdu il était inutile de rester au milieu du gué en espérant amoindrir leur indignation. Il enfonça donc le clou, ça passerait ou ça casserait.
— C’est ainsi, je sais que cela vous déplaît et même vous révulse, j’en suis désolé, je ne changerai pas, je n’ai pas l’intention de changer d’ailleurs on ne change pas quand on est gay quoi qu’en pensent vos pasteurs. Je ne voulais pas vous le dire maintenant, en tout cas pas de cette façon, j’attendais un moment plus propice, et ce salaud...
En fait ça cassa !
— Ne sois pas grossier ! Il n’y a pas de moment propice pour ce genre d’horreur ! le coupa son père. Il n’y a rien à attendre de nous sauf si au lieu de t’en vanter tu acceptes…
Sa mère avait pris le relais, lui avait parlé du pasteur, un homme bon, compréhensif, secourable, un homme de dieu qui avait des solutions inspirée du Très Haut pour soulager de ce mal diabolique. Elle l’avait alors supplié d’accepter de voir ce pasteur, juste le voir, une fois, l’écouter, il te soulagera.
— Il n’y a rien à soulager, la coupa-t-il pour finir.
Si ce n’avait été sa mère et s’il ne s’était agi de lui, il aurait hurlé de rire. Ce fut de peine et de rage qu’il aurait aimé hurler, mais contre sa mère non, pas elle et pourtant elle avait reculé quand il s’était approché d’elle, elle avait reculé quand il avait voulu la prendre dans ses bras pour la supplier de l’accepter tel qu’il était. Elle l’avait regardé avec des yeux durs et glacés en refusant de l’embrasser quand chassé il avait pris la porte pour partir de chez eux.
— Il n’y a rien à faire, père, mère, s’était-il emporté, vos pasteurs sont des cinglés qui torturent de pauvres gars comme moi pour les empêcher d’être de qu’ils sont, d’aimer comme ils aiment. Et c’est un crime de leur faire subir cela. Il est hors de question qu’ils m’approchent encore moins d’aller les voir.
— Ce sont de saintes personnes…
— Ce sont des criminels, père, ce sont des criminels, passibles de la loi, un mot de plus et je pars !
— Non seulement je te dis un mot, mais un seul et bref : pars ! Tu ne demeureras pas sous ce toit avec cette abomination en toi, comme dit l’apôtre Paul. Tu quittes cette maison sur l’instant, tu quittes cette famille définitivement, nous ne voulons plus te voir, nous te renions, tu ne reparaîtras que repentant et disposé à ce qu’on te guérisse !
Tout cela aurait été du plus pur grotesque, du grand guignol, ridiculement grandiloquent, une farce bête et méchante s’il ne s’était agi de ses parents s’adressant à lui, de sa famille et de sa personne, de sa vie qui en sortait piétinée. Il aurait pu en être contrit et hausser les épaules, mais pas de la part de sa famille, pas de ses parents.
La suite avait été une série de larmes, de sanglots de sa mère, d’imprécations paternelles ; avait suivi une grande scène à destination du voisinage qui compléta le grand guignol. Son père maudissant son fils au nom de la Bible, des prophètes et des apôtres ! Non seulement il l’avait chassé en hurlant sur le seuil de la maison familiale avant de lui fermer la porte au nez et de tourner la clé à double tour, mais il avait monté quatre à quatre l’escalier intérieur, et depuis l’étage avait vidé sa chambre par la fenêtre : vêtements, cahiers, bouquins, objets personnels.
— Pars, va-t’en, sois maudit !
Ses affaires se répandaient sur le trottoir où il les avait ramassées comme il pouvait, par chance il avait son ordinateur avec lui à l’abri de sa sacoche. Des voisins compatissants l’avaient secouru, l’un d’eux tentait de parlementer, rien n’y fit. Scandalisés ces voisins qui le connaissaient depuis l’enfance, en maugréant contre la prétendue charité chrétienne lui prêtèrent des valises, l’aidèrent à empiler ses vêtements, ses livres, ses quelques souvenirs tandis que les meubles en débris restaient sur l’asphalte.
Il n’avait nulle part où aller et sûrement pas un endroit où déménager tout cela. Il avait pris le bus direction la cité universitaire, avec son gros sac à dos et ses deux valises à roulettes. Il comptait trouver un pote qui l’héberge en attendant que l’assistance sociale universitaire lui alloue un logement étudiant comme cela pouvait se faire dans ces cas extrêmes. Il y avait même une bourse prévue… Il lancerait les démarches dès le lendemain. Les faire aboutir pourrait demander des mois…
Concentrer sur ces objectifs, Nicolas ne pleura pas, ne ragea pas, côté affectif il était tétanisé. Il savait que ces parents étaient de ces chrétiens évangéliques acharnés à défendre une morale étroite et barbare sur l’avortement, la contraception, la liberté sexuelle, l’homosexualité. Il avait longtemps espéré que s’agissant de leur seul fils ils auraient certes de la peine, seraient scandalisés, mais que par de là toutes ces fariboles ils l’accepteraient… qu’ils le verraient comme une épreuve que leur seigneur leur aurait assignée. Il pensait qu’au bout du compte ils l’accepteraient par amour !
Rêvasserie ! Son père avait accueilli cette découverte comme une insulte personnelle, une atteinte à tout ce qui donnait un sens à leur vie, non seulement à leur foi, mais à tout ce qui fondait leur amour parental dont il semblait bien qu’il ne restait plus rien qu’une immense colère noyée de dégoût et d’horreur. Cela avait été terrible de lire le dégoût et l’horreur sur le visage de sa mère, et cet air de jugement dernier sur la face paternelle.
Plutôt que de s’effondrer ce qu’il n’était pas loin de faire seul dans son bus, il s’était secoué. Il devait se centrer sur les solutions, terminer sa thèse et se sortir de ce bourbier, il se plaindrait après, plus tard, quand il aurait un poste, un métier, un salaire, un avenir, un partenaire peut-être. Il pleurerait tout son saoul s’il devait pleurer ou ragerait contre eux. Il lui avait fallu réagir, agir, trouver des solutions. Déjà il avait ce travail dans la salle de sport comme coach personnel qui lui rapportait de quoi manger, en soulageant ses parents. Pour vivre par contre ce serait juste, et pas de quoi se payer un logement ! Il pensa à un copain gay avec qui il avait eu une aventure d’un soir. Un type pas plus sympa que cela, mais qui lui semblait pouvoir l’accueillir quelques soirs, il occupait une chambre pour deux, à lui seul. Il avait donc deux lits.
Le gars accepta. Il put y transporter ses affaires, prendre une douche à l’étage, une collation au restau U et se dire que bon, il avait fait un pas en avant, un pas était un commencement, dans ces situations on va pas à pas, l’un après l’autre, un de plus est une victoire, on passe au suivant, plus tard on se projettera. Déjà il avait un toit et une couche. Dès le premier soir, la couche s’avéra amère : quand il s’enfila dans le duvet qu’il avait emporté, illico le gars se colla contre lui. Il avait prétendu être crevé, n’avoir pas la tête à ça.
— Au contraire, i

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