Pleins Feux sur l'Estuaire , livre ebook

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C’est la guerre dans l’estuaire de la Gironde. Au grand dam de trois « Sang-bouillants » : Petit Jean, Moïse et Jacob qui vont donner bien du fil à retordre aux troupes allemandes d’occupation. Ils n’ont qu’entre dix et quatorze ans, mais plus que leurs aînés, ils n’acceptent que des étrangers se servent de leur estuaire pour faire la guerre. Sur leur gabare, entre Pauillac, les deux rives de la Gironde et Bordeaux, vont se jouer leurs destins respectifs : Petit Jean, intrépide fils et petit-fils de gabarier ; Moïse, enfant maltraité aux sangs mêlés du Médoc et de Madagascar ; Jacob, camarade de classe et juif voué à une rafle certaine. Entre souvenirs de guerre et fiction, l’auteur nous amène dans ce monde des marins de la Gironde qu’il connaît sur le bout des doigts, dans une aventure haute en couleurs, haletante et pleine de verve. Pour peu que l’on connaisse l’estuaire, ses caprices et ses cachettes, alors l’histoire de Petit Jean et de ses copains devient possible. D’ailleurs, certains lieux, personnages et événements sont parfaitement authentiques.


Jean-Paul Videau est né sur un bateau, au large de l’Île Verte dans l’estuaire de la Gironde, c’est tout dire... Quinze ans de vie sur les gabares et, à l’âge adulte, patron marinier... De ses innombrables souvenirs sont déjà nés une série de romans, recueils, poèmes, récits pour enfants. Alors rompez les amarres et rejoignez l’aventure sur la Gironde — nous sommes en pleine guerre, au début de ces sombres années 1940...

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Nombre de lectures

12

EAN13

9782824056258

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

7 Mo

Même auteur, même éditeur :






ISBN

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2008/2016/2021
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0638.3 (papier)
ISBN 978.2.8240.5625.8 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

jean-paul VIDEAU




TITRE

Pleins Feux sur l’Estuaire nouvelle édition revue et corrigée





7 juin 1940 : le Girondin dans le chenal de Blaye.
Prologue
N on Denise, je le ferai plus, aïe ! aïe ! ça fait mal, arrête ! arrête ! Denise !
— Tiens ! C’est bien fait pour toi, je te l’ai déjà dit de ne pas parler à ce fils d’ivrogne. Fous le camp dormir avec tes vaches, sale petit nègre.
L’enfant tout en pleurs, s’échappait de cet enfer à la vitesse de ses petites jambes, marbrées de rouge, que lui infligeait la volée de vimes ( joncs ) de Denise sa demi-sœur. Enjambant les flaques de boues, il lui criait : Tu es une méchante femme, je le dirai à ma mère, elle te punira.

Certains soirs à table, à la lueur d’une lampe à pétrole, un garçon de dix ans écoutait quelques conversations, qui devaient ressembler de beaucoup à celles d’une soirée chez les Thénardier. Dans cette semi-pénombre, la couleur marron de la peau de Moïse se reflétait dans les phrases hachées des familles des gabariers. Ce n’était pas rose ou tout blanc non plus pour les marins pêcheurs. Les femmes pleuraient en bordure des quais, quand rien ne frétillait sur les tillacs des yoles.
Noir ? Alors cela ne pouvait être pire ! Déjà quand l’enfant était blanc, c’était parfois l’enfer, imaginons-nous quand il n’était ni noir ni blanc. Qu’il était un sang-mêlé, et que le mot différence naviguait à fond.
Avant de goûter au semblant de bonheur, le garçon va goûter du jonc et des lanières de cuir, ainsi qu’une pluie de coups de martinets sur l’échine quand cela n’allait pas jusqu’au manche de fourche. Sans compter le plus terrible des supplices : le regard des autres . Les mots vexatoires lui giclaient au visage comme les embruns sur les joues d’un bateau par gros temps. Le martyre de ce garçon commence avant sa naissance. Sa maman étant une fille des Îles ( Madagascar ), elle avait la couleur sombre, sombre comme le fut sa triste fin et si courte vie, dans un lieu où elle n’aurait jamais dû mettre les pieds. Pour Moïse, son enfant, son étoile rebrillera grâce ou à cause d’un compagnon de son âge : Petit Jean des gabares dit Jeannot.
C’est pendant la guerre 1939-45 que nos trois sangs bouillants, Jean, Moïse et Jacob ne supportant pas l’envahisseur, vont mettre le feu aux poudres. Ils vont haïr les verts de gris, au point de leur faire comprendre par des moyens expéditifs, combien ils sont indésirables sur l’estuaire de la Gironde. Ils vont beaucoup risquer, ils vont terriblement s’amuser.




L’oncle Edmond, surnommé l’Amiral.
Chapitre I er : Le corbillard emporte l’amour et l’espoir
L e tocsin n’en finit plus de répandre le son lugubre de la mort sur cet après-midi pluvieux dans Pauillac. Il est quinze heures à l’horloge du clocher, d’ailleurs c’est toujours à quinze heures que l’on enterre les morts dans les villages. Donc ! hélas ! rien d’extraordinaire ! si ! C’est l’absence de tout être humain qui se remarque. À la suite du corbillard, à part le curé et les deux enfants de chœurs, c’est le vide absolu, peut-être y a-t-il des anges qui planent au-dessus, mais hélas, ils sont invisibles. Seuls, les regards cachés derrière les rideaux au passage du bruit que font les sabots des deux chevaux traînant la bière, les interpellent.
Les habitants savent par les cancans du voisinage à qui appartient le corps qui s’y trouve. Chacun et chacune, après s’être signés et avec un haussement d’épaules, reprennent leurs occupations comme si c’était un charretier du coin transportant des barriques ou de la paille. Pourtant cette femme qui ne faisait jamais de bruit, adorable dans son cœur et dans son sourire, était connue dans la ville, sauf ! sauf que la couleur de sa peau était plus sombre que celle des autres habitants. Sombre et morte en couche, péchés impardonnables pour cette maman pas comme les autres à cette époque.
Elle était bien jolie Fleurette, cette Malgache qui débarquait un certain mois de mars 1935 aux appontements de Trompelou du cargo mixte des messageries maritimes. Elle serrait fort le bras de son fiancé Edmond, bosco du navire. Pour elle, un monde nouveau s’offrait à son regard et marquait dans son sourire un bonheur futur.
Ses beaux yeux bleus suscitaient la curiosité. Bien vite, elle fera l’objet de la part des villageoises d’envie et de jalousie et de la part de certains hommes, de rêves de parfums exotiques. Cette beauté se transformera en un mot terrible que tout le monde connaît et pratique : la différence . Malheureusement pour elle, elle déchantera en mesurant l’accueil que lui fit l’entourage de sa nouvelle famille. D’autant que cette famille se résumait qu’à une fille : Denise. Née d’un premier mariage du bosco, dont la femme était morte d’un terrible fléau de l’époque, la tuberculose. Cette fille n’avait que deux ans de moins que Fleurette, mais en paraissait dix de plus. Tellement l’une était joviale, fine comme un brin de vanille, toujours le sourire en avant, toujours prête à rendre service et pas un sou de méchanceté en poche. Denise était exactement son contraire. Aigrie par les vicissitudes de la vie, seule à se débrouiller par elle-même, n’ayant connu ni la tendresse, ni l’amour d’une mère et jamais la présence du père, si ce n’est que dans des brèves escales. L’absence de ces repères, laissa la place à l’intolérance, l’amertume et à la méchanceté, allant jusqu’à la cruauté. Très vite l’atmosphère se dégrada, les deux jeunes filles pourraient-on dire ne s’entendirent sur aucun point. La jalousie vint augmenter l’animosité grandissante de jour en jour entre les deux femmes, d’autant plus que le marin, étant toujours absent, ne pouvait rectifier les dérives. Les brimades tombèrent et l’esclavage pour cette «  négresse  » comme elle s’amusait à l’appeler, commença très vite en s’amplifiant. Aux vilaines paroles du début, succédèrent les injures, puis les coups. C’était Denise la patronne de la maison et à chaque minute elle lui faisait ressentir. Jamais le compagnon de Fleurette étant aussi le père de Denise, ne pouvait s’imaginer de ce que cette jeune femme endurait par les méfaits de sa propre fille. L’autre avait pris un tel ascendant sur l’esclave, qu’elle en était arrivée à la taper, soit avec le manche du balai brande, soit avec le tison de la cheminée. Une fois, elle lui renversa la soupière bouillante sur les genoux. La pauvre femme hurla de douleur et passa la soirée à se mouiller d’eau froide et s’imbiba de saindoux sur les cuisses pour calmer son tourment. L’autre ricanait de la voir souffrir et de pleurer sur son triste sort. Est-ce que c’était comme ça chez tous les blancs ? s’interrogeait Fleurette.
— Si tu n’es pas contente, retourne dans ton île perdue lui criait-elle.
Frustration ou vengeance d’avoir remplacé sa mère blanche au profit d’une noire, peut-on savoir. La vie devint plus qu’intenable, la jeune malgache n’étant soutenue par quiconque, elle comprit très vite qu’il était inutile de demander secours, personne ne l’apaiserait dans son malheur. Quand elle voulait en parler à une commerçante, boulangère ou autre, on lui répondait :
— Que voulez-vous ? après tout, Denise est chez elle.
Mais alors ? elle était qui ? elle était où ? Elle était quoi ? Hélas rien ! Seule, bien seule, trop seule, le bonheur tant attendu s’enfuyait de jour en jour de la France, tant convoitée. D

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