Alméga
358 pages
Français

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Description

Ce livre retrace l'histoire d'une jeune fille ordinaire devenant tout à coup surdouée, et qui mènera une carrière professionnelle brillante, au détriment de sa vie personnelle. Le responsable de cette mutation, c'est moi, Alméga. Alméga est sont deuxième roman après Miracles noirs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414065943
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06592-9

© Edilivre, 2017
I
À travers les vitres, Séverine regardait Paris. La nuit était tombée depuis longtemps. Du haut de l’hôtel Hyatt Regency Paris Étoile (l’ancien Concorde La Fayette) la vue était splendide. Séverine l’admirait, le regard dans le vague. D’une main, elle attrapa la tasse de thé posée sur une petite table, à côté d’elle. Le liquide était encore chaud. Elle avala quelques gorgées. Ce soir là, elle qui attachait si peu d’importance à son élégance, avait fait un effort ; elle s’était fait tailler sur mesure une robe noire très chic.
Elle savourait encore les joies de cette soirée, dont elle avait été l’héroïne. Plus tôt, au milieu d’un parterre des plus grands industriels de la planète dans le domaine des nouvelles technologies, elle avait annoncé qu’elle prenait sa retraite. Au cours des discours qui suivirent, des brassées de compliments lui furent adressés. Il ne s’agissait pas de l’exercice habituel où la flatterie est de rigueur. Dans beaucoup d’entre perçait la sincérité. Tous les grands titre de la presse économique internationale étaient là ; les télévisions étaient également de la fête ; y compris les françaises. Pensez, une compatriote reconnue, selon Time, comme l’une des dix femmes les plus influentes du monde, ça n’arrive pas tous les jours ; il ne fallait pas manquer l’occasion. Toute la soirée, elle avait répondu à des interviews, évoquant ses souvenirs d’enfance, sa carrière. À quoi attribuait-elle cette formidable réussite, elle qui était née dans un faubourg d’Orléans, loin des milieux d’affaires. Immanquablement, elle répétait.
– À trois choses : le travail, le travail et le travail.
Ce qui faisait sourire ses interlocuteurs, mais ne donnait pas la clé du mystère. Évidemment, la gent féministe était là. Une femme régnant sur un monde d’hommes. Voilà qui méritait d’être monté en épingle. Les chaînes de télévision américaines s’y employaient. Les journalistes féminines d’outre-Atlantique terminaient leur reportage par un : Séverine a tout d’une américaine. Dommage qu’elle fût française. On ne peut pas avoir toutes les qualités.
Contemplant Paris endormi, Séverine revivait son étonnante carrière.
II
Pourtant, rien ne prédestinait Séverine à mener une telle carrière. Jusqu’en seconde, elle fut une élève médiocre. Au désespoir, d’ailleurs, de ses parents, Charles et Claire, tous deux professeurs de lettres. En revanche, Vanessa, la cadette d’un an de Séverine, excellait dans toutes les matières, y compris en sport. Elle faisait la fierté de ses géniteurs. Quant au petit dernier, Christophe, six ans plus jeune que Séverine, il se faisait surtout remarquer par sa dissipation en classe et sa désobéissance à la maison. Mais Charles et Claire lui passaient tout. Des frictions éclataient régulièrement avec Vanessa qui n’admettait pas l’impertinence de « ce petit merdeux », ainsi qu’elle l’appelait. Séverine volait alors à son secours.
Ce fut pendant les vacances de Noël que, chez Séverine, le déclic se produisit. Celles-ci se déroulaient traditionnellement chez les grands parents, qui habitaient dans la maison familiale, en Dordogne. Il y avait Louis, instituteur, frère aîné de Charles, avec ses deux fils et sa fille, ainsi qu’Elisabeth, sa cadette, aide-soigante, avec son fil et sa fille. Vanessa, la plus brillante de tous et la plus jolie des cousines, jouait la princesse. Les cousins se disputaient ses faveurs. Les filles ne l’aimaient pas beaucoup et se demandaient comment Séverine la supportait à longueur d’années ; à sa place, elles l’auraient étranglée depuis longtemps.
À table, il n’y en avait que pour Vanessa. Son père chantait régulièrement ses louanges et laissait planer de lourds sous-entendus sur l’avenir de Séverine qui ne ressemblait guère à sa cadette. Côté Charles, Louis et Élisatbeth, lui veuf, et elle fraichement divorcée, se regardaient d’un air complice, mais n’intervenaient pas. Charles, le cadet, étant celui des trois qui avait le mieux réussi, il s’était arrogé, au fil des années, le droit de juger de tout et de dicter à chacun sa conduite. Claire était seule. Fille unique et orpheline à onze ans, elle avait été élevée par ses grands-parents, décédés voilà une quinzaine d’années. Quant au au père et à la mère de Charles, ils souriaient d’aise en voyant la famille réunie.
Un soir, alors que le saladier passait de convive en convive, Vanessa lança vertement à Christophe :
– Ignorant ! Tu ne sais pas qu’on ne coupe pas la salade ! C’est d’une grossièreté !
Elle l’avait lu, la veille, dans un magazine pour ados, dans une rubrique du style : comment se comporter en société.
Interdit, le gamin, le couteau en l’air, suspendit son geste et regarda ses parents. Son père eut un sourire béat. Décidément, sa fille l’épaterait toujours. D’un hochement de tête, il confirma les propos de sa fille. Et il ajouta, en couvant Vanessa du regard :
– C’est bien, ma fille. Il faut respecter les traditions lorsqu’elles sont frappées au coin de bon goût.
Pas mécontent de sa formule, Charles regarda ses parents, son frère et sa sœur pour recueillir leur approbation. Les premiers souriaient aux anges et les seconds hochaient gravement la tête en signe d’assentiment. Mais cette démonstration d’auto-satisfaction ne résolvait pas le problème de Christophe :
– Comment je fais, alors, avec les grandes feuilles ? s’enquit-il.
– Plie-les avec ta fourchette et ton couteau et pique-les pour les porter à ta bouche.
Séverine fut la première surprise de s’entendre dire :
– Ma chère et très savante sœur, pourquoi ne coupe-t-on pas la salade avec son couteau ?
La très savante sœur ne s’attendait pas à celle-là. Elle répondit au hasard, d’un ton assuré, pour en imposer et tuer la discussion dans l’œuf :
– Parce que ça fait plus chic, répondit Vanessa.
– Parce que, autrefois, les couverts étaient en argent et que le vinaigre attaque ce métal, rectifia calmement Séverine. Tu l’ignorais ? fit-elle d’un air faussement surpris. Évidemment, lorsque les couverts ne sont pas en argent, on ne voit pas pourquoi on n’utiliserait pas le couteau.
Christophe jubilait et donna un coup de coude à Séverine, sa voisine ; les deux cousines pouffaient ; les trois cousins, interloqués, regardaient alternativement les deux frangines C’était la première fois que Séverine défiait ouvertement Vanessa ; d’ordinaire, elles se disputaient à l’écart.
– Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? interrogea son père en fronçant les sourcils.
Vanessa ne pipait mot. Intelligente, elle sentait bien qu’il y avait du vrai là-dedans. Louis, qui avait été bon en physique-chimie dans le secondaire, approuvait de la tête. Il ne se risqua toutefois à pas à lancer un : « Bravo, ma nièce », que Charles aurait pris pour une provocation ; mais on devinait que le cœur y était. Tout à coup, Charles comprit la portée symbolique de cet usage ; il fulmina :
– Il faut abandonner cet usage d’un autre âge. Nous n’avons pas de couverts en argent et le temps est passé où les riches dictaient leurs lois jusque dans l’assiette du peuple.
Apparemment, il ne se souvenait pas que, deux minutes auparavant, il avait avait fait l’éloge de cette coutume. Son entourage connaissait ses opinions radicales. Vanessa ne digérait pas de s’être fait mouchée par sa sœur. Rageuse, elle lança :
– Pour une fois que tu sais quelque chose, tu l’étales.
Puis, pour manifester son mépris, elle se tourna pour papoter avec Hubert, son voisin de droite, fils aîné de Louis, un grand nigaud de dix-sept ans. En guise de réponse, Séverine offrit à sa sœur son plus beau sourire faussement angélique. Pourtant, une répartie lui était instantanément venue à l’esprit : « Lorsqu’on gratte ton vernis de culture, on s’aperçoit qu’il n’y a rien au-dessous. » Elle jugeait plus sage de ne pas envenimer la situation.
De toute façon, autre chose retenait son attention. D’où lui étaient soudain venues ses répliques ? Elle l’ignorait tout de cette histoire de vinaigre et d’argenterie une minute auparavant. Ou plutôt, si elle se souvenait maintenant avoir lu ça quelques mois plus tôt sur un site Web consacré à l’art de la table ; depuis, elle l’avait oublié. Ce soir, cette lecture avait ressurgi spontanément, comme si elle s’était tenue en réserve. D’ailleurs, depuis quelques jours, remontaient dans sa mémoire des idées, des faits et même des dates historiques ou des théorèmes qu’elle croyait disparus.
Élève moyenne, mais néanmoins studieuse, elle avait apporté en vacances un problème de géométrie à rendre à la rentrée, se disant qu’elle y jetterait un œil si elle en avait l’occasion. Le soir de cette passe d’armes avec Vanessa, à l’heure où la famille se réunissait au salon pour regarder la télévision, elle avait descendu son devoir et s’était mise à l’écart. Elle lisait l’énoncé et commençait à tracer sur une feuille une figure géométrique, lorsque Vanessa l’apostropha, rancunière :
– Mademoiselle joue les élèves modèles. Tu as raison de bosser si tu veux passer en première l’année prochaine.
– Laisse ta sœur tranquille, intervint Claire, sa mère. Elle ne t’a rien demandé.
Vanessa n’insista pas et fit semblant d’être absorbée par les traditionnelles séries qui suivent le journal télévisé, tout en surveillant sa sœur du coin de l’œil. Le comportement de Séverine était par trop étrange pour ne pas mériter quelque attention. Que mijotait-elle ?
L’intervention de Vanessa avait laissé sa sœur indifférente, plongée dans son problème. D’ordinaire, elle devait lire l’énoncé à plusieurs reprises fois avant d’en saisir le sens ; ce soir, deux fois avaient suffi ; la problématique lui apparut clairement. Généra

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