186
pages
Français
Ebooks
2018
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Ebook
2018
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Publié par
Date de parution
10 octobre 2018
Nombre de lectures
115
EAN13
9782375745120
Langue
Français
Je me suis échouée sur le rivage d’une petite ville en bordure de lac.
Un endroit où tout le monde se connaît, et pourtant...
Personne ne me connaît, moi.
Je ne me connais pas moi-même.
Lorsqu’une femme ignore son propre prénom, existe-t-elle vraiment ?
J’ignore ma couleur de cheveux d'origine, ma date de naissance, mon lieu de résidence.
Je suis invisible.
À mes yeux et à ceux de tout le monde.
Tout le monde, sauf lui.
Je lis au plus profond de son regard et à la manière dont il scrute mon visage comme si je constituais une énigme qu’il était déterminé à résoudre, qu’il me reconnaît.
Je veux simplement des réponses, la vérité... savoir.
Ses lèvres demeurent scellées. Toutefois, son regard m'ensorcèle.
Je ne peux avoir confiance en personne, pas même en moi-même. Quelqu’un veut ma mort, la même personne qui a tenté de me noyer dans les profondeurs sous-marines.
Elle va revenir me traquer... Et je ne saurai pas à quoi ressemble mon ennemi.
Je ne sais même pas à quoi je ressemble.
Je suis Amnésie.
Publié par
Date de parution
10 octobre 2018
Nombre de lectures
115
EAN13
9782375745120
Langue
Français
HEBERT Cambria
Amnésie
Les fantômes du passé - T.1 -
Traduit de l'anglais par Charlotte Anaïs
Collection Infinity
Mentions légales
Le piratage prive l'auteur ainsi que les personnes ayant travaillé sur ce livre de leur droit.
Cet ouvrage a été publié sous le titre original :
Amnesia
Collection Infinity © 2018, Tous droits réservés Collection Infinity est un label appartenant aux éditions MxM Bookmark.
Illustration de couverture © VO (Cover me darling)
Traduction © Charlotte Anaïs
Suivi éditorial © Patricia V. Wells
Correction © Porte Plume
Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit est strictement interdite. Cela constituerait une violation de l'article 425 et suivants du Code pénal.
ISBN : 9782375745120
Existe en format papier
A mnésie
Je me suis échouée sur le rivage d’une petite ville en bordure de lac.
Un endroit où tout le monde se connaît, et pourtant…
Personne ne me connaît, moi.
Je ne me connais pas moi-même.
Lorsqu’une femme ignore son propre prénom, existe-t-elle vraiment ?
J’ignore ma couleur de cheveux originelle, ma date de naissance, mon lieu de résidence.
Je suis invisible.
De toute chose, aux yeux de tous, même aux miens.
Tout le monde, sauf lui.
Je lis au plus profond de son regard, à la manière dont il scrute mon visage, qu’il me reconnaît, comme si je constituais une énigme qu’il était déterminé à résoudre.
Je veux simplement des réponses, la vérité… savoir.
Ses lèvres demeurent scellées. Toutefois, son regard le trahit et m’enchante.
Je ne peux avoir confiance en personne, pas même en moi-même. Quelqu’un veut ma mort, la même personne qui a tenté de me noyer dans les profondeurs marines.
Elle va revenir me traquer… Et je ne saurai pas à quoi ressemble mon ennemi.
Je ne sais même pas à quoi je ressemble.
Je suis Amnésie.
pour Kaydence
Tu es une source d’inspiration.
1
E D W A R D
L’eau m’appelait. Telle une sirène par une nuit brumeuse, attirant par sa voix mélodieuse les marins esseulés à s’approcher. Leur offrant la promesse d’une compagnie, avant de les faire finalement sombrer dans les profondeurs abyssales jusqu’à ce que la vie les quitte et que l’onyx, tourbillon d’eaux caverneuses, tâche de les engloutir pour de bon.
Le lac se muait en un lieu sinistre, à la nuit tombée. Le faible clapotis de l’eau s’écrasant contre les galets, l’odeur d’humidité ambiante, et la manière dont le ciel paraissait se rapprocher bien plus de l’homme, du moins c’était l’impression que donnait le brouillard épais, flottant bas et écrémant la surface de l’eau qui oscillait constamment. Ces phénomènes ne détenaient pas nécessairement une connotation lugubre pour d’autres, mais ils réveillaient une noirceur enfouie en moi. Un état d’esprit tapi en permanence sous la surface, sous le sourire facile que j’adressais aux gens dans la rue et à mes proches.
Bien que cet état d’esprit soit déplaisant, je ne pouvais le tenir éloigné. C’était une étrange sorte d’addiction, parfois un désir compulsif intense. On dit que les personnes dépendantes le sont car elles en tirent quelque chose. Quel que soit l’objet de leur addiction, il répond à un besoin, comble un certain vide dans leur vie.
C’est vrai. En tout cas, ça l’est pour moi.
À l’exception de l’ondulation de l’eau et de la brise soutenue, il régnait un silence de plomb ici – en omettant les cris d’oiseaux occasionnels et les coassements répétitifs des grenouilles. La rive était généralement déserte lorsque je la longeais, il faisait d’ordinaire nuit, et les heures traditionnellement réservées à la socialisation étaient ainsi passées. La rive du lac qui piquait le plus mon intérêt était la moins peuplée. Les fêtes et autres feux de camp, parkings et bécotages se tenaient de l’autre côté, où se trouvait ce que l’on pouvait considérer comme une plage.
Je préférais l’intimité qu’offrait cette rive. La solitude me permettait de laisser libre cours à mes pensées, sans crainte d’être dérangé. Mes pensées, et souvenirs, plus précisément. La vivacité dans mon esprit de ces événements si lointains était quelque peu troublante. Des détails qui auraient dû s’estomper avec le temps, des sentiments qui – affirmaient les gens – devraient s’atténuer jusqu’à ne constituer plus qu’un bruit de fond.
C’était un mensonge.
Ces personnes étaient ignorantes, s’exprimaient sur des sujets dont elles ne connaissaient rien. Je les laissais nourrir leur aveuglement. Après tout, c’était plus simple. Pour eux comme pour moi.
Les plantes de mes pieds étaient presque désensibilisées au contact du tapis irrégulier, parfois tranchant, que formaient les cailloux. Je ne portais jamais de chaussures ici. Je préférais le contact glacial et osseux de l’eau autour de mon pied, l’engloutissant momentanément. Je me reconnaissais dans les cailloux gisant sous mes pieds, dans leur disposition désordonnée, menaçant mon équilibre en permanence… Mais curieusement, l’instabilité me donnait de l’aplomb.
La fin de l’été approchait à grands pas. Bientôt, cette petite ville touristique en bordure de lac redeviendrait tranquille. La brise automnale apporterait un froid mordant, et les résidents à l’année se regrouperaient en masse, en une communauté si soudée qu’elle en était presque suffocante.
Une brise plus fraîche que les précédentes m’enveloppa, amenant mes cheveux logés derrière mes oreilles à fouetter mes yeux. Au lieu de les repousser, je tournai la tête et portai mon regard loin sur la vaste étendue d’eau. Le vent qui ne cessait de souffler tâcha de libérer totalement mon visage de mes cheveux, les faisant voler derrière moi.
Le contact glacé de l’eau commençant à piquer mes orteils alors qu’elle les recouvrait une nouvelle fois, je glissai mes mains à l’intérieur de mon jean blanc. Mes doigts se recroquevillèrent dans mes paumes. Je restais immobile, l’eau pénétrant mes chevilles, le vent poussant et tirant mes cheveux et vêtements. Il faisait nuit, le brouillard était bas, et les étoiles et la lune s’étaient égarées dans le ciel obscur. Toutefois, je décelais encore la silhouette de l’île qui semblait flotter perpétuellement à la surface du lac, à un kilomètre et demi du rivage.
J’ignorais la taille réelle de l’île. Personne ne le savait. Personne n’y avait jamais mis les pieds, puisque personne n’y avait été invité. Tout ce que je savais était que la manière dont elle paraissait flotter n’était qu’une illusion, puisque si elle flottait véritablement, elle aurait dérivé depuis bien longtemps… mais elle se dressait toujours là.
Maintenue en place par des racines et de la terre qui atteignaient probablement les tréfonds du lac, assemblant une ancre que seule Mère Nature pouvait procurer.
L’île et la maison qui s’y dressait constituaient un mystère. Au même titre que la personne qui résidait sur l’île.
Tout le monde, ici à Loch, se plaisait à spéculer au sujet de cette île. Les rumeurs et théories fusaient. Les murmures flottaient de rue en rue, surtout lors des rares occasions où la femme qui y vivait venait en ville afin de s’approvisionner.
J’entendais toutes les spéculations, mais conservais les miennes pour moi seul. Si je les faisais connaître, je n’aurais pas été en mesure d’expliquer pourquoi mon regard se baladait toujours sur le monticule de terre troublant, dissimulé par des arbres matures et la distance créée par la vaste étendue d’eau.
Une nouvelle forte rafale de vent surgit de côté, amenant un brouillard encore plus épais, créant un voile opaque et obstruant le peu de vue dont je disposais du contour de l’île. C’était comme si quelqu’un avait tiré un rideau sur la fenêtre devant laquelle je me trouvais.
L’eau éclaboussa mes mollets, ce qui les trempa, et tâcha d’alourdir mon pantalon. N’y prêtant pas attention, je me tournai, les mains toujours fourrées dans mes poches, mi marchant mi pataugeant dans l’eau peu profonde en aval du rivage.
Je devrais m’en aller. Le bref laps de temps que je m’autorisais à passer ici chaque soir touchait à sa fin, mais ce soir l’attraction était encore plus vivace, presque douloureuse, et elle maintenait mes pieds plantés dans l’eau. Repliant la tête contre ma poitrine, je ralentis mon allure et commençai à flâner.
J’avais l’impression que le vent me poussait à avancer, et bien que je sois athlétique, je me trouvais impuissant face à sa persistance. Alors que je déambulais, je remarquai que mon pantalon, y compris la partie trempée,