Briseuse de rêve
196 pages
Français

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Description

« Les petites lumières dans les tunnels qui convergent vers elle l’éclairent mais elle est de plus en plus loin et ma course ne l’atteint pas. Mes jambes redeviennent lourdes, je cours mal, je sens que je tombe vers le haut : “Lisa, ne t’en va pas !” ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342002263
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Briseuse de rêve
Eric Pelard
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Briseuse de rêve
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie
 
 
 
Chapitre I
 
 
 
Bonjour, je m’appelle Tomi et j’ai sept ans.
Je vis dans un endroit sympathique qui s’appelle un hôpital. Autour de mon lit, il y a un grand rideau de plastique et moi je suis dedans. Ce n’est pas pratique pour se promener, mais j’ai appris à ne plus me promener.
La dernière fois que je l’ai fait, c’était il y a deux semaines. Deux semaines, c’est quoi ? Eh bien, d’abord, c’est quatorze jours ; ça, c’est ce que papa m’a dit. Ma mère, elle, elle dit toujours que c’est la moitié d’un mois. Elle a de la chance. Papa m’a également appris ce qu’était « la moitié ». Je pense qu’elle préfère dire ainsi pour que cela paraisse plus court. En tout cas, moi je sais que quatorze jours, un demi-mois ou deux semaines derrière un rideau de plastique, c’est longtemps et ça donne le temps de se souvenir des promenades au-delà. Laissez-moi un peu vous les décrire.
D’abord, il y a des chambres partout mais les portes sont fermées et, dans le couloir, on ne voit pas la lumière de dehors. De temps en temps, il y a des dames en blanc qui passent ; on les appelle des infirmières. Moi, je n’aime pas les infirmières car ce sont elles qui me font des piqûres. Je préfère les autres dames, celles qui m’apportent à manger. Surtout quand c’est des yaourts au chocolat ! J’aime quand même un peu les infirmières, quand elles ouvrent les portes des chambres. Vous savez, par là d’où vient la lumière… Il y a aussi un docteur, un grand avec une barbe blanche qui m’a dit qu’il ne fallait pas que je me perde. Celui-là, il vient tous les jours au pied de mon lit, accompagné de sa troupe. Lorsque je n’y suis pas, il envoie le plus jeune à ma recherche. Celui qui s’appelle Cédric et qui court vite. Quand il me trouve, il me donne des bonbons. C’est vous dire s’il est gentil. Pourtant, celui qui a la barbe blanche le gronde souvent. C’est vous dire s’il est méchant. Et en plus il est bête car depuis le temps que je me promène dans les couloirs, j’ai rencontré des choses bizarres ; j’ai vu des bruits étranges et entendu des douleurs, mais je n’ai jamais croisé d’endroits où me perdre ! De toute façon, il y a ces barrières très hautes le long des murs qui me donnent l’impression d’être parqué comme un animal… Ils appellent ça des rampes. Certains prennent appui dessus ; moi, j’y promène ma voiture. Elle est jaune, parce que c’est la couleur du soleil et, petite, parce que je ne suis pas grand. Elle roule bien et avec elle, je marche plus vite. À chaque porte, je lui fais faire un saut. Un petit saut si la porte est fermée ou un grand saut, si elle est ouverte. Là, elle devient volante car elle s’arrête en cours de chemin, le temps que je regarde s’il fait beau dehors. Enfin, au bout du couloir, il y a la grande muraille infranchissable. Elle est toujours fermée et je n’ai pas le droit de promener ma voiture au-delà. Dommage. Tant pis. Je fais demi-tour.
C’est en me retournant, qu’un jour, j’ai rencontré une jolie chose. Elle avait les cheveux longs ; ils étaient blonds comme le soleil de dehors. Elle avait des yeux noirs qui n’allaient pas avec ses cheveux. Je lui ai dit : « Bonjour, je m’appelle Tomi et j’ai sept ans ». Ce n’est qu’à cet instant que j’ai vu que ses cheveux étaient bruns. Je me demande encore pourquoi… ? Elle m’a répondu : « Moi, je m’appelle Lisa et je suis plus grande que toi ! »
À partir de ce jour-là ; nous ne nous sommes quittés que deux fois, mais, il est trot tôt pour que je vous raconte ces tristes moments…
 
 
 
Chapitre II
 
 
 
Lisa et moi, on joue ensemble tous les jours. Lisa, c’est une fille, elle aime les poupées. Et puis, elle met des nœuds de couleur dans ses cheveux, un de chaque côté de la tête. C’est assez joli. Elle porte toujours des jupes ou des robes ; ce n’est pas comme les infirmières qui sont en pantalon… Non, Lisa, c’est une fille ! Elle veut toujours emporter ses poupées dans ma petite voiture jaune. J’ai beau lui dire qu’elle est trop petite, elle n’en démord pas ; elle m’a même dit un jour que je n’avais qu’à changer de voiture. Moi, j’aime trop… ma voiture ou Lisa ? Quel casse-tête !… Une fois réglé le problème des poupées, nous partons à l’aventure au fil des couloirs. Heureusement, c’est toujours moi qui conduis. Cela me permet de faire mes pauses volantes lors de la traversée des portes. Lisa me suit tranquillement, mais elle n’aime pas quand je m’arrête, car Lisa, c’est une fonceuse ! Par exemple, lorsqu’on arrive à la grande muraille, c’est toujours la même histoire : « Allez ! Viens ! Ne sois pas trouillard ! », me dit-elle. Moi, je ne veux pas passer cette grande porte car mon papa et le docteur me l’ont interdit. Je me demande s’ils l’ont interdit également à Lisa ?...
Vous allez me dire que Lisa me donne beaucoup de soucis. C’est vrai, mais j’ai constaté deux choses que je vais vous dire à mon tour : Avec Lisa, le couloir paraît moins long et quatorze jours, ça passe plus vite. Ça n’a l’air de rien, mais je connais peu de personnes qui me font cet effet-là. Ma maman ? Peut-être… ? Mon papa ? Sûrement pas ! Reprenons : Le couloir est moins long, ça veut dire que je fatigue moins pour faire le même trajet mais ça veut dire aussi que j’arrive plus vite au bout et que je le connais encore plus par cœur ; et çà, je ne sais pas si c’est vraiment bien ? !… Par contre, que le temps passe plus vite ; c’est un avantage certain ! Encore que… Je me demande si cela ne va pas me faire grandir plus vite ?… Lisa, elle, elle s’en fiche, elle veut toujours grandir. Moi, j’aime bien rester enfant, même si elle me dit que c’est bête…
Enfin, nous terminons toujours notre promenade dans sa chambre. Il ne faut pas la vexer, elle dit qu’elle est plus belle que la mienne, parce qu’il n’y a pas de rideaux de plastique à son lit. Mais vous savez, Lisa, c’est une fille et il lui arrive de dire des bêtises… En réalité, sa chambre, c’est la même que la mienne sauf que toutes les deux sont symétriques. « Symétrique », c’est un mot que j’aime bien. C’est mon papa qui me l’a appris. Il m’a dit que la nature faisait plein de choses qui ne l’étaient pas, mais que les hommes s’appliquaient à en construire plein. En fait, j’aime bien le mot mais je n’ai pas bien compris les explications de papa à ce sujet… Toujours est-il que, quand Lisa est dans son lit, elle tourne la tête à gauche pour voir par la fenêtre. Moi, c’est l’inverse ! C’est pour ça qu’on ne regarde jamais dans la même direction, elle et moi…
Lisa, c’est une fille ! Ça veut aussi dire qu’elle n’a pas de zizi. Pourtant, elle fait pipi comme moi, mais sans zizi ! ? À ce qu’il paraît, son zizi à elle, il est à l’intérieur et il peut faire un bébé ? ! C’est sa maman qui le lui a dit. Mon papa à moi, il m’a dit qu’il fallait un gars et une fille pour avoir un bébé. Ce n’est pas l’avis de Lisa ; elle prétend qu’elle aura des enfants quand elle voudra. Tout cela m’intrigue. Mais, en fait, je m’en fiche car je ne veux pas de bébé, moi. Plus tard, peut-être, quand je serai grand… Peut-être avec Lisa ?… C’est vrai, j’aime beaucoup Lisa. J’aime même ses yeux noirs. Plus je les regarde, moins ils sont noirs ; surtout quand nous passons devant une porte ouverte… Là, la lumière de dehors les éclaire ; il y a du marron et du vert dedans et je les trouve beaux. Dommage, la porte se referme toujours et ils redeviennent sombres… J’aime aussi ses cheveux. Pourtant, ils sont noirs ; ce n’est pas comme ceux de ma mère. Cela me fait drôle, mais ils sont doux et longs et je m’y habitue plutôt bien. Les dames en blanc veulent toujours lui les attacher. Pfft… Quel gâchis ! Quelle jalousie ! Je leur ai dit que Lisa était une fille et qu’elle était plus belle avec les cheveux détachés mais elles s’en moquent. Je trouve ça triste car, dans l’hôpital, il n’y a pas beaucoup de belles choses ; il n’y a même pas de plantes !
C’est vrai, j’ai oublié de vous dire que j’aime les plantes vertes. En fait, j’aime dehors ; et, dedans, le vert des plantes me rappelle dehors ! Ça fait longtemps que je n’ai pas vu de vrai vert. Non, ici, il n’y a que le vert des murs, pas très beau, pas très tendre. Certes, dehors, il y a quelques arbres avec des oiseaux dessus, mais ceux-ci peinent à me faire oublier les murs. C’est peut-être pour ça que je me contente de la lumière au travers les portes, et c’est aussi pour ça que les oiseaux s’envolent. Finalement, dehors, c’est la ville et ce n’est pas très joli non plus. Moi, quand je serai grand, j’irai habiter à la campagne, là où il y a plein de vrais arbres et de vrais oiseaux…
Heureusement dedans, il y a Lisa… Même si elle a les cheveux attachés, je continue de m’amuser avec elle ! L’après-midi, quand on est dans sa chambre, il nous arrive de « jouer au docteur ». Comme c’est moi qui conduis la voiture, je dis que je suis fatigué, que j’ai mal à la tête et aux bras. Elle me fait de petites caresses et je vais mieux. Après, c’est à son tour de faire « la malade ». Moi, je veux toujours l’opérer. Ici, il y a plein d’enfants qui se font opérer de quelque chose. Ils ont des grands pansements partout. Il y en a même qui ont des tuyaux qui sortent de leur ventre. Moi, quand j’opère Lisa, je ne laisse jamais de tuyaux. Parce que ce n’est pas beau et ça doit faire mal. Par contre, je lui mets toujours un pansement. Un faux qui ne tient jamais, si bien qu’elle n’a pas de souvenirs de moi et ça me ren

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