Cerise pour l éternité
160 pages
Français

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Cerise pour l'éternité , livre ebook

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Description

Cerise, 20 ans, passionnée par la musique et les arts, a un coup de foudre pour Vicente, pianiste concertiste. Il est lui aussi tombé sous le charme mais avec une certaine réserve. Elle est coquine et piquante mais, seulement mignonne, alors qu’il est séduisant et très bel homme.
L’un vit à Paris, l’autre à Nice, et après une escapade amoureuse aux lacs italiens, ils décident de faire un essai de vie commune. Il cherche auprès d’elle un soutien et une stabilité pour se consacrer à sa carrière. Cerise, quant à elle, est prête à tout pour lui être agréable, aveuglée par l’amour « éternel » qu’elle lui porte.
Mais des évènements vont bousculer la tranquillité de leur quotidien et redistribuer les rôles.
Ce roman est une comédie douce-amère, écrite avec une légèreté de ton.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414153497
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-15347-3

© Edilivre, 2018
Cerise pour l’éternité


Au programme du concert de ce soir, Trois Morceaux en Forme de Poire d’Erik Satie. Musicienne à mes heures mais avant tout mélomane, me voici cherchant à deviner ce qu’est un morceau en forme de poire. Satie a-t-il voulu décrire une personne trop crédule ou bien une très jolie jeune femme, très femme-femme, bien ronde où il faut. Tout est possible avec Satie, tout musicien le sait. Cela doit dépendre de la poire qu’il a voulu mettre en musique. Est-ce une Louise bonne ou une William ? Cela n’a morphologiquement rien à voir. Le goût non plus. Et quel goût aura ce morceau ? Quel goût me laissera-t-il en bouche ou plutôt en oreille ? Satie va-t-il encore une fois m’enrouler en douceur dans ses mélodies pour mieux me surprendre ? C’est un génie ! Mais revenons au spectacle de ce soir. Nous attendons, mon amie Karine et moi, deux grands pianistes. L’un commence sa carrière et l’autre plus âgé est mondialement connu. Karine, assise près de moi, me raconte, comme à son habitude, sottise sur bêtise ad libitum. Elle me fait rire et c’est en partie pour cela que je l’apprécie. Elle est ronde et joviale, avec des airs de femme fatale alors que je suis toute fine et réservée. Rien de rondement folichon, excepté ces yeux coquins qui s’illuminent encore plus à mon sourire, souvent vermillon. C’est pour cela d’ailleurs que mon ancien amoureux m’a surnommée Cerise. De Corinne à Cerise, il n’y a eu apparemment qu’un pas, celui que j’ai franchi avant de prendre mes jambes à mon cou. Les applaudissements attirent mon regard sur scène. Trop tard, les pianistes sont déjà installés. Ecoutons de quelle poire il s’agit.
Les pianistes sont de dos. C’est bien ma chance ! Le plus jeune Vicente Ferrer est assis à la gauche du clavier, tandis que le plus âgé, Victor Delors, joue à droite la partie soliste. Etrangement, ce n’est pas la musique qui capte mon attention mais les cheveux longs de Vicente. Dégradés, blonds et voluptueux, ils caressent, au rythme de l’accompagnement syncopé, ses épaules bien carrées. Qui est cet androgyne qui m’intrigue et me charme ? Ces cheveux féminins s’alliant à ce corps robuste et musclé débrident mon imagination. Mais comment est son visage ? Poussez-vous tous, vous, devant moi ! Je veux le voir ! Je me tortille sur cette chaise, mais il m’est impossible de l’apercevoir. Je le devine à peine. J’enrage. En revanche, le physique de Victor Delors ne laisse planer aucun doute. Des cheveux couleur de chanvre, aux multiples nuances de beige, de gris et de blanc caressent des épaules rabougries. Mais… il est presque chauve ! Et cette couronne finissant en cascade désordonnée, pétrifie cette fois ci mon imagination. Pourtant, c’est la mélodie de Satie, qu’il joue brillamment qui raccroche subitement mon oreille à la salle de concert. Cette mélodie… elle tournoie doucement… jusqu’au moment où, des notes nuance forte * , stridentes et cadencées me posent sur terre définitivement. Et je pense. Aux larges poires et autres considérations musicales. Que m’importe la forme du morceau ! A ce moment précis, je n’ai plus qu’une chose en tête, voir la forme de son visage.
LE VOIR. L’attente risque d’être encore longue car les trois morceaux annoncés dans le titre sont en réalité au nombre de sept. C’est un joli pied de nez du compositeur à mon encontre. Maudit sois tu Satie ! Je me résous donc à l’évidence, me calme quand j’entends Karine chuchoter à mon oreille.
« Ça a l’air de te plaire. Tu ne tiens pas en place. Tu sembles beaucoup apprécier cette œuvre et son interprétation.
Me sentant ridicule et ne pouvant lui avouer que je suis plutôt médusée par un des interprètes, je prends mon ton le plus assuré et rebondis avec lâcheté et outrecuidance.
– Il y a de nombreuses réutilisations de thèmes antérieurs. Satie les a assemblés avec le plus grand art. C’est cela qui me plait.
– Ah oui ! me répond-elle impressionnée. »
Ouf. J’ai évité de me ridiculiser. Toujours peu sûre de moi et mal dans ma peau, je suis contente de m’en être tirée à si bon compte.
Le morceau se termine. Le public applaudit. Il se lève. Il est là. Il a… les yeux avec l’iris si sombre que sa pupille disparait. Le regard si profond que son visage émacié est comme gommé par cette intensité noire. Une expression si sérieuse qui est encore absorbée par les sons que je n’ai pu écouter sereinement. Il joue Prokofiev en deuxième partie. Je me souviens de ce passage. Dans une demi-teinte sonore, les graves du mouvement lent du 2 ème concerto pour piano montent vers un aigu lumineux. Oh bonne fée ! Sors ta baguette ! Présente le moi ! Il me plait trop. Mais je sais… je rêve. Mais non, semble-t-elle me répondre, quand, en sortant de la salle, Karine retrouve un ami qui connait très bien les pianistes.
« Venez prendre un verre avec nous. » propose Patrick.
Nous acquiesçons de concert.
* Nuance forte, se prononce forté en italien veut dire, volume sonore élevé.
2
A la sortie des artistes, Karine a retrouvé des amis. Telle une toupie dans une tornade, elle est dans son élément. Elongation des bras pour une étreinte et petit pas de deux pour une discussion. Enfin, elle allume sa sempiternelle cigarette, jamais fumée, toujours coincée entre ses doigts tendus. Et continue de plus belle son petit manège. Elle m’amuse… je me souviens du premier jour où elle m’a parlé de Bastien.
« Bastien, c’est mon bien aimé. Non, mon sexfriend. Mieux, c’est mon bonobo !
– C’est quoi un bonobo ? lui demandai-je stupéfaite.
– Ben, un singe.
Une sonnerie de mobile hurla soudain dans son sac. Elle répondit sur le champ et me laissa sans réponse. Pourquoi comparait-elle Bastien à un singe ? Est-ce à cause de la pilosité animale de son thorax ou bien à cause des cris qu’il pousse en plein rut ? Bo-no-bo… ce mot africain sans doute à la symétrie parfaite appellerait-il une autre signification ? Beau ou pas beau ? Il serait parfois beau, quand il pousse des cris et bombe son thorax, et, parfois pas beau, quand il ne le fait pas. Qui peut le savoir ?
Disponible à nouveau, Karine poursuivit :
– Tu sais, ce sont ces chimpanzés qui savent résoudre leurs conflits avec une intense activité sexuelle.
Je partis d’un éclat de rire !
– Laisse-moi entendre les bruissements des vêtements des employés qui se frottent les uns aux autres ! On a trouvé dans sa boite un remède imparable au burn out !
– Mais que dis-tu Cerise ! Bastien est stressé, et il me saute dessus à longueur de journée. C’est pas si mal non ?
– Quelle santé ! lui répondis-je avec un regard espiègle.
Soudain, Patrick lui prend la main et lui dit :
– Viens, ils sont là.
Patrick s’avance et félicite chaleureusement les musiciens.
– Magnifique ce concert les amis ! Je vous propose un verre ou un resto avec deux copines : Karine et Cerise.
– Un resto sans hésiter, répond Victor tombé sous le charme de nos vingt ans. Quand Vicente déclare avec panache :
– Si près de l’Italie, un resto italien s’impose. Allons-y, je meurs de faim. »
Nos éclats de rire remplissent les ruelles du vieux Nice. Le son de nos talons sur les pavés rythme nos pas. Pourtant rien ne dissimule le mystère dont s’est entouré Vicente. Posé et distant, presque muet, sûrement crevé, qui est-il vraiment ? Une chose est sûre : il est affamé. C’est son estomac qui s’est creusé, et moi, c’est mon souffle qui s’est coupé. C’est parce qu’il me plait beaucoup trop que mon appétit se coupe aussi. Ah, pourvu que ma timidité ne me coupe pas de la conversation qui s’annonce, pensé-je en m’asseyant pour diner.
3
Nous commandons des pizzas quand Vicente pose sur moi un regard amusé et me demande avec une voix posée.
« Alors Cerise, travailles-tu dans les assurances ?
De la cerise vermillon, je passe à la groseille cramoisie. La honteuse couleur s’étale voluptueusement sur mon visage, gagne mes oreilles et mon cou. Flattée l’espace d’un instant, je réalise très rapidement qu’il est trop intelligent pour s’intéresser à moi avec si peu de tact. J’ai compris. Il m’utilise pour faire une blague. Ma rage éclate. Je sors de ma réserve.
– Tu vois, je suis brune et j’ai le vert en horreur ! Mon ex, artiste peintre, m’avait prénommée ainsi en m’offrant un rouge à lèvres couleur cerise. Tiens, je le porte aujourd’hui. Tu n’as pas fait le rapprochement ? Avec la fatigue du concert tu es encore plus sensible aux sons qu’aux couleurs. C’est bien naturel.
Et Karine comprend tout. Elle me fait un clin d’œil, se penche alors vers Vicente, met en valeur son décolleté et fait diversion.
– C’est une petite querelle d’amoureux qui débute, dit-elle avec un ton facétieux.
A ce moment, le regard noir de Vicente, oscille à gauche : un décolleté, oscille à droite : un rouge à lèvre. A gauche, une Karine sympathique, à droite, une Cerise colérique. Le serveur brise ce va-et-vient, sert les pizzas et, je prononce la phrase magique :
– Je les cuisine comme ça à la maison. C’est la recette de ma grand-mère italienne.
Vicente me répond, interloqué.
– Tu sais cuisiner comme ça à la maison ? me reprenant mot pour mot.
– Oui, comme ça à la maison. »
Et c’est ainsi que je réussis à accrocher son regard pour toute la soirée.
4
La rencontre est faite, le repas est fini. Va-t-il y avoir une suite à tout cela ? Alors, pour donner un coup de pouce à mon destin, je décide de me fabriquer, un regard admirateur : sourcils relevés, yeux étirés ; de montrer, non pas mes seins, comme qui on sait, mais un sourire élaboré. Je me dis : évite la bouche trop ouverte, du style : prends moi je suis prête, mais pose sur ton visage un sourire naissant. Tire un peu sur la lèvre supérie

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