Cet automne-là
198 pages
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Cet automne-là , livre ebook

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Description

Au seuil de l'automne, Sarah rejoint, dans les Highlands chères à son cœur, Meg, l'amie des échanges universitaires d'antan. Ce retour aux confins du « Grand Nord » écossais, où jadis se forgea sa destinée, fait resurgir en elle les souvenirs nostalgiques du printemps et de l'été de sa vie, tandis qu'elle évoque avec amertume l'arrière-saison qui s'annonce. Et puis soudain, dans l'altière capitale écossaise où elle a accompagné Meg venue retrouver son Alma Mater, Sarah fait une rencontre, une rencontre qui va bouleverser le cours de son existence...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mai 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332889379
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-88935-5

© Edilivre, 2015
Prologue Ullapool


Une légère brise, soudain, caressa la lande, faisant frémir les bruyères et les fougères que les derniers rayons d’un soleil de mi-septembre teintaient de cuivre et de rouille. L’immense tapis mauve et brun auquel se mêlaient des mousses jaunissantes s’étalait sur les pentes du Mont Ghoblach qui le narguait du haut de ses 2182 pieds.
Une grouse en émergea et s’éleva lourdement dans le ciel encore bleu.
Sam, l’affectueux setter toujours sur les talons de Sarah, amorça une éphémère poursuite puis vint se ranger docilement à portée de main de sa compagne.
Sarah, surprise par cette inhabituelle rencontre, caressa la tête de son compagnon à quatre pattes et regarda sa montre. Perdue dans ses pensées, seule à nouveau au milieu de ces grandioses paysages des Highlands qu’elle retrouvait chaque fois avec la même émotion, elle avait oublié le temps. Elle aimait cette luminosité de début d’arrière-saison, d’autant plus précieuse que le soleil d’automne sous lequel flamboyaient les baies rubicondes des sorbiers ne serait bientôt plus qu’un pâle souvenir. Lorsque la neige aurait recouvert les cimes des monts environnants, il ferait bon se rappeler ces après-midi de douceur.
Elle frissonna et releva le col du cardigan de mohair bleu pâle qu’elle portait par-dessus sa robe en jean. Pour elle aussi, ce serait bientôt l’automne de la vie. Elle abordait la soixantaine et se demandait parfois s’il y aurait un hiver et quelle serait sa rudesse. Mieux valait, assurément, songer à ce qu’avaient été le printemps et l’été !
Elle fit demi-tour. Sam la devança ; il connaissait bien l’étroit chemin. C’était une route à une seule voie, pourvue de parking places permettant le croisement des véhicules. Sarah en avait rencontré peu mais elle avait, par contre, partagé sa route avec de nombreux moutons, ces moutons écossais à la tête noire, aux cornes recourbées et à la longue toison.
Ils étaient étendus tantôt au bord, tantôt carrément au milieu du chemin, indifférents au passage des voitures.
Sarah ne pouvait passer auprès d’un animal sans lui adresser la parole.
Elle aimait le regard doux, à peine étonné, qu’ils levaient vers elle lorsqu’elle s’arrêtait à leur hauteur et leur parlait.
Lorsqu’elle s’en approchait de trop près, ils se levaient et elle observait avec amusement le dandinement de leur petit derrière à la queue noire tandis qu’ils s’éloignaient.
Les premières maisons de pierre rosâtre dispersées sur la colline apparurent au détour du sentier. Puis, ce fut l’allée menant au cottage, la longue allée bordée d’impressionnants massifs de rhododendrons. Leur flamboyance s’était éteinte avec l’été mais ils avaient dû être superbes en juin-juillet. Le sol acide des Hautes Terres écossaises convient particulièrement bien à ces arbustes.
Sarah ouvrit la barrière. La toison d’or des bouleaux aux troncs argentés jetait des taches claires sur la pelouse qu’elle traversa. La traditionnelle double porte d’entrée, destinée à réduire l’agression du froid au cours des rudes hivers que connaissent les Highlanders, était – à l’instar de beaucoup d’autres dans la région – peinte de blanc et de bleu vif, tout comme les gouttières et les linteaux pointus surmontant les fenêtres.
Elle contourna la demeure et suivit Sam sur la terrasse. Un goéland la salua au passage de son cri rauque avant de disparaître en direction du petit port d’Ullapool dont les blanches façades commençaient à s’embraser dans le soleil couchant.
C’était l’heure où les bateaux de pêche escortés par une multitude d’oiseaux de mer tapageurs ramenaient leur cargaison de harengs, aussitôt embarqués à bord de camions frigorifiques alignés le long des quais. C’était aussi l’heure où la petite colonie de phoques vivant sur les Summer Islands toutes proches allait venir quémander quelques poissons que pêcheurs et badauds leur lanceraient du haut de l’embarcadère.
Sarah aimait l’ambiance du port en ces débuts de soirée. Elle s’y rendait presque journellement depuis son arrivée, munie de sa petite provision de sardines. Se penchant au-dessus de l’eau glauque, elle suivait avec un plaisir toujours renouvelé les évolutions de ces sympathiques mammifères dont les bons gros yeux et la tête luisante lui faisaient penser à des chiens mouillés.
C’était aussi le moment où le ferry de la compagnie MacBray reliant l’Ecosse continentale à l’Ile Lewis, la plus septentrionale des Iles Hébrides, quitterait le port, effectuant son dernier voyage de la journée.
Lorsqu’il accosterait, trois heures plus tard, à Stornaway, là-bas, tout là-bas à l’horizon, le phare sur la côte orientale de l’île clignoterait déjà dans la nuit océanique.
La fraîcheur et le crépuscule tombent vite sur les Hautes Terres à cette saison. Il serait bien agréable, alors, de s’asseoir dans le confortable Chesterfield, face au feu ouvert, où crépiteraient quelques bûches d’appoint.
La porte de la terrasse était demeurée entr’ouverte. La vieille Mrs Goodall avait dû l’oublier après avoir essayé de réchauffer à sa manière son arthrose galopante. Malgré ses quatre-vingts ans bien sonnés, elle était encore fort alerte, cette digne vieille dame très British, qui se plaisait à rappeler que sa mère avait été dame de compagnie d’une comtesse, dans un de ces innombrables châteaux de style baronnial écossais aux tours inévitablement hantées par de légendaires fantômes.
Chère Mrs Goodall ! Sarah la connaissait depuis longtemps, très longtemps déjà, depuis plus de trente-cinq années, des années qui s’étaient écoulées trop vite, beaucoup trop vite !
Lorsqu’on est adolescent, on aspire à avoir vingt ans ; lorsqu’on les a, on s’imagine qu’un quart de siècle plus tard, c’est dans longtemps, fort longtemps, mais quand on les atteint, ces vingt-cinq années de plus, et que l’on regarde derrière soi, on réalise que, vingt-cinq ans plus tôt, c’était… hier ; que la vie s’est écoulée à la vitesse du grain de sable balayé par les vents du désert.
Elle se dirigea vers la cuisine. Mrs Goodall et Meg ne rentreraient pas avant le crépuscule, mais la théière était prête, les scones et la confiture de fraises home-made aussi. Elle fit chauffer l’eau du thé, cette eau limpide des Highlands et, tradition oblige, en arrosa d’abord l’intérieur de la théière avant de laisser infuser. Elle ramena son plateau dans le living et repoussa légèrement le bouquet de lys posé sur la petite table de cuivre au pied du piano.
Sam vint quémander son shortbread quotidien qu’il s’en alla croquer dans son vaste panier d’osier. Sam aussi avait atteint l’automne de sa vie canine. Malgré une absence de quelques années, il avait reconnu Sarah et l’avait accueillie avec force démonstrations d’amitié.
Sarah aimait beaucoup les chiens ; elle avait vécu à leur contact dès sa plus tendre enfance et sa voix semblait avoir un pouvoir apaisant, même sur les plus rébarbatifs d’entre eux. Son mari et elle-même avaient toujours partagé la même passion pour la gent canine et avaient souvent récupéré des animaux abandonnés ou perdus.
Elle les avait tous aimés mais son préféré avait été un attachant hidalgo à la robe de soie et aux yeux couleur de miel, trouvé en fort piteux état sur une route déserte de Castille. Il était ensuite devenu l’inséparable compagnon d’une demoiselle au regard de jais ramassée agonisante sur un chemin poussiéreux d’Anatolie et ramenée clandestinement après de rocambolesques péripéties.
Sarah avait toujours déploré que le meilleur ami de l’homme fût voué à une aussi brève existence alors que tortues, perroquets, éléphants et d’autres encore, peuvent atteindre un âge canonique. Non, la nature ne faisait certes pas toujours bien les choses.
Un dernier rayon de soleil éclaira d’un furtif faisceau un tableau fixé au mur blanc, entre les tentures fleuries. C’était une aquarelle peinte des années auparavant par feu Mr Goodall et représentant deux jeunes filles assises sur un banc parmi des hortensias roses. L’une était la fille du maître des lieux ; elle avait des cheveux sombres coupés courts, un peu à la garçonne. L’autre avait une longue chevelure blonde.
Elles étaient physiquement fort différentes mais leur profonde amitié avait bravé le temps et c’était au nom de cette amitié vieille de plus de trente-cinq ans que Sarah avait rejoint Ullapool en cet automne de fin de 20 ème siècle.
Margaret, Meg pour les intimes, venait de souffrir intensément dans son cœur et dans son corps. Elle avait quitté, quelques semaines plus tôt, l’hôpital d’Edinburgh, après y avoir subi l’ablation d’une tumeur maligne décelée fort heureusement à temps, mais qui avait entamé sa légendaire vitalité.
Le début du printemps
 
 
Sarah ferma les yeux et revit la trépidante universitaire qui l’avait accueillie à bras ouverts sur le quai d’Inverness, la capitale des Highlands, lors de son premier séjour linguistique au pays de Robert Burns au début des golden sixties.
Meg étudiait les sciences politiques à l’université d’Edinburgh. Sarah allait avoir dix-huit ans. Elle s’apprêtait à se perfectionner dans la langue de Goethe et dans celle de Shakespeare. Elle venait de franchir le Rubicon en franchissant la Manche et s’était embarquée, pleine d’enthousiasme, après avoir enfoui à jamais au fond de sa mémoire ces affreuses mathématiques qui avaient été le cauchemar de sa vie de lycéenne.
L’aube se levait lorsque le train de nuit venant de Londres s’était arrêté en gare d’Inverness cet été-là. Sarah n’avait guère dormi ; elle avait vu défiler des paysages de monts et de vaux, de collines et de landes, de lochs cernés de sombres forêts.
Avec les camarades représentan

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