Coups de moins bien
342 pages
Français

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Coups de moins bien , livre ebook

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Description

Au crépuscule de sa vie, Léo décide de laisser sur un manuscrit le témoignage vécu de ses cinquante dernières années, jalonnées d'expériences les plus inattendues.
Il retrace avec nostalgie la quête acharnée de son inaccessible chimère : Louise...
C'est aussi une façon pour lui de mettre un terme à une très longue poursuite du bonheur, qui s’achèvera comme elle a commencé : sur un malentendu...
Tout au long de ce récit bouleversant, on découvre qu'à l'instar de la course à pied, la vie nous inflige parfois de sérieux « coups de moins bien ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 juin 2016
Nombre de lectures 7
EAN13 9782334141543
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-14152-9

© Edilivre, 2016
1
DEUX MOIS AVANT
Troublant.
Déstabilisant.
Il a beau observer alternativement les deux photos avec beaucoup d’attention : rien à faire. Il ne la reconnait plus.
Louise.
C’est bien d’elle qu’il s’agit, près de cinquante ans séparent les deux clichés.
Sur le premier, une photo de classe, elle a onze ans. Lui aussi. Comme l’ensemble de leurs camarades, ils posent sages et concentrés, pour immortaliser à jamais un instant privilégié. Il est assis, les mains sur les genoux, le regard rivé sur l’objectif. L’expression narquoise qu’il affiche, fait penser qu’il est déjà ailleurs et qu’il se moque du monde. Par le hasard du placement, Louise se trouve à ses côtés. Sur son visage, un sourire s’épanouit, rayonnant. Ses cheveux blonds illuminent de leur clarté cette image pourtant en noir et blanc. Indéniablement elle transcende le portrait de groupe. Pour peu, en y prêtant attention, on entendrait l’écho de son rire résonner dans la cours de récréation.
Léo ne sait pas encore qu’il a rencontré celle qui va chahuter sa vie. Il ne sait pas encore qu’il va tomber éperdument amoureux du haut de ses onze ans. D’ailleurs, il ignore tout de l’amour, il n’a pas la moindre idée des bouleversements colossaux que son cœur de gamin peut subir. Averti, il se serait peut-être un peu méfié, mais Léo joue encore aux billes avec ses copains. Et il gagne : c’est un champion !
Sur le second, tiré cinquante ans plus tard, il se demande s’il s’agit de la même personne. Bien sûr, l’enfance s’est envolée depuis longtemps, le temps a fait son œuvre, même il s’est montré plutôt clément avec le visage que Léo scrute attentivement.
Non, ce qui l’étonne, c’est la métamorphose : quel changement ! Seuls les yeux de Louise ont conservé cet éclat malicieux, qu’il retrouve sans peine sur les deux photographies. Mais pour le reste, il a de quoi être dubitatif.
Rousse !
Louise est devenue rousse ! Elle qui pourtant possédait de si jolis cheveux lui recouvrant les épaules d’une cascade de boucles d’or, a choisi d’amputer sa beauté de son plus bel atout.
Poils de carotte !
Pourquoi ?
Léo en est tout chamboulé. Certes, il ne s’attendait pas à retrouver inchangée celle qu’il a perdue de vue depuis trente ans, mais sa quête insensée a toujours été guidée par la vision omniprésente de cette chevelure flamboyante. Il en garde même en mémoire, du moins le croit-il, l’enivrante odeur qui l’avait terrassé un certain après-midi, l’espace d’une danse.
Que pouvait-elle avoir subi pour se transformer ainsi ?
Quelle désillusion cruelle la poussa-t-elle à emprunter le chemin inverse de tant de femmes, qui, rivalisant de stratagèmes avec le peu de succès que l’on connait, caressent le rêve secret d’une blondeur naturelle ?
Mystère.
Depuis ces trente dernières années, Léo s’est si souvent usé dans de vaines recherches, pour retrouver la trace de son amour d’enfance, qu’il est maintenant perplexe. La sexagénaire qui le fixe de son regard malicieux ne lui évoque rien : qui est cette femme ?
Léo pose doucement les documents, comme s’il avait peur de les froisser, et réfléchit.
Au crépuscule de sa vie, il a décidé d’en faire le bilan. Il s’est plongé avec avidité dans ses souvenirs, les extirpant des plus lointaines profondeurs de sa mémoire, les arrachant, parfois au forceps, des contrées obscures de son passé refoulé. Il s’est concentré au maximum sur les événements marquants de son existence, pour enfin parvenir à en tirer la quintessence : il doit se rendre à l’évidence : Louise en est le fil d’Ariane, invisible mais réel.
Elle existe. Par intermittence. Puis elle disparait de sa vie pendant de longues années, pour à nouveau surgir sous la forme d’une pensée furtive, et se rappeler à lui quand il s’y attend le moins. Elle jalonne de sa discrète et éphémère présence, le parcours difficile, parfois chaotique, qu’il a arpenté pour parvenir jusqu’au terminus. Louise n’en a probablement jamais eu connaissance, pense-t-il, elle a dû suivre son propre itinéraire, ignorant sans doute ses apparitions récurrentes dans l’imagination de Léo.
Mais après tout, qu’en sait-il ? Qu’a-t-il appris sur elle au cours de ces longues années ?
Rien.
Où pas grand-chose.
S’il jette en vrac, et comme elles viennent, les informations qu’il a patiemment amassées, au fil de ses découvertes, sa récolte est incroyablement maigre. Il tenta bien d’utiliser les moteurs de recherche, mais de quel carburant disposait-il pour les alimenter ? Il ne connaissait que son prénom et son nom de jeune fille, il ne savait pas si elle était mariée, voir encore vivante !!
Faible !
Les réseaux sociaux, qui dégueulent de renseignements inutiles, qui exposent sans pudeur le vécu instantané et insipide de ses abonnés, se montrèrent particulièrement avares en indices. Pas une indication, un signe, un encouragement à poursuivre une piste hermétiquement close. Léo avait fini par abandonner ses recherches, persuadé que les gens de sa génération, ne se répandaient pas sur Facebook. Une partie de lui-même était d’ailleurs restée agrafée dans le passé : ses goûts musicaux s’arrêtaient aux années soixante-dix, il aimait les cartes postales, il se délectait de découvrir à retardement les films de ses voyages. N’étant pas un adepte de l’immédiat, il n’avait jamais envisagé d’être présent sur la toile, n’imaginant pas un instant que sa vie puisse intéresser quiconque.
Et surtout pas Louise.
Mais une question ne cessait de le tarabuster, même s’il tentait à chaque fois de la kidnapper pour la séquestrer dans les oubliettes de son cortex : Se souvenait-elle au moins de lui ?
Il refusait d’élaborer un début de réponse, ne voulant pas risquer d’être assailli par un chapelet d’interrogations sans fin, dont la principale aurait pu le rendre fou : ne cherchait-elle pas elle aussi à le retrouver ? La litanie des supputations pouvait s’engouffrer dans la brèche : qu’était-elle devenue ? Où vivait-elle ? Avec qui ? Etc… Etc…
Cette agitation cérébrale, très aigüe sur l’instant, ne l’avait pas empêché de vivre sans contrainte et de façon plutôt débridée, son existence échevelée, parsemée d’embûches les plus diverses. Comme un passager clandestin rodant alentour, l’ombre de Louise l’avait accompagné souvent, et jusqu’à aujourd’hui encore. Envahi par une brusque bouffée d’optimisme, il se complaisait parfois à croire, que le flot si puissant de ses pensées, si dense, devait nécessairement se propager pour atteindre la cible vers laquelle il était destiné. Il entrevoyait alors, très sérieusement, que Louise put ressentir un frémissement, qui lui chatouillerait les neurones, au point qu’elle s’aperçoive qu’un homme quelque part, guettait son appel.
Très vite son pragmatisme atavique reprenait le dessus, et le ramenait impitoyablement vers des réalités plus concrètes : Louise ne l’attendait plus !
L’avait-elle fait un jour ?
Plus que jamais, il déplorait leurs rendez-vous manqués, ces aventures tellement prometteuses mais si vite avortées, leurs rencontres s’inscrivant de plus en plus fréquemment en pointillés, rapprochées au début, puis s’étirant jusqu’à la rupture définitive.
Qu’avait-il manqué, qu’avait-il laissé échapper, pour aujourd’hui remuer tant de regrets amers ?
Il pensait qu’il ne lui restait plus qu’à jeter l’éponge, qu’à enterrer définitivement les rêves d’une résurrection possible, de plier cette histoire, quand, dans une ultime tentative illusoire, il pianota une dernière fois le prénom magique sur le clavier de son ordinateur.
Miracle ?
Il n’y croyait pas.
Pourtant, un portrait apparût sur l’écran, accompagné d’une unique photo et d’un commentaire lapidaire : « Mes premiers pas sur Facebook ». Point. Rien d’autre.
Emporté par une frénésie de clics inutiles, il n’obtint néanmoins rien de plus que ces informations sommaires, à la fois formidablement denses et dramatiquement pauvres.
Il l’avait enfin retrouvée !
Mais combien de temps lui restait-il ?
Remis de ses émotions, Léo se penche vers la table basse, et continue inlassablement à scruter ses trésors. Il ne cesse d’en détailler, d’en décortiquer les moindres détails jusqu’à en avoir mal aux yeux, jusqu’à rendre mat le brillant des documents.
Il a quand même fallu qu’il aille rechercher les vieilles photos de classe pour être bien sûr qu’il s’agissait d’elle. Mais maintenant que le doute est levé, il se demande comment il peut exploiter sa magnifique découverte. Car il doit bien se l’avouer, autant son cœur se pince quand il examine le délicieux minois de Louise, à onze, douze, puis quinze ans, autant la scrutation de ce visage souriant encadrés de ces courts cheveux roux, le laisse de marbre.
Il cogite.
Beaucoup.
Trop.
Puis son indifférence passagère laisse place à une formidable bouffée de chaleur, sa sérénité s’ébranle sur ses fondations.
Il devine que son passé vient de lui exploser à la figure. Ces deux visions photographiques forment enfin le lien qui lui manquait pour connecter entre eux, et sans raccord, les fils épars de son existence qui se termine.
Alors, il perd un peu les pédales. Soudainement mu par une cadence infernale, son regard de fou va et vient d’un cliché à l’autre, tandis que sa mémoire bascule sans transition d’une histoire à une autre. Le petit garçon qui toise le photographe de son œil narquois, pouvait-il se douter qu’il se retrouverait un demi-siècle plus tard, bouleversé par l’émotion causée par la renaissance de la jeune fille qui rit à ses côtés ?
Léo se calme. Il doit préserver sa santé en maîtrisant ses montées d’adrénaline. Son caractère épidermique, alimenté par un émoi permanent, ne lui a épargné aucune d

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