Des vacances pour Le Refuge
104 pages
Français

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Description

Des vacances pour Le Refuge

Collectif

21 textes courts sur le thème de Jeunes gays en vacances.

365 000 caractères, 64 000 mots.

Des textes allant de 5 000 à 25 000 caractères (4 à 20 pages) au profit de l’association Le Refuge.

• Étincelles, Sébastien Monod

• Le temps d’une saison, Nasser Saadi

• L’été de mes quinze ans, Jimmy Sabater

• Raphaël, Karine Géhin

• J’étais un rookie en Suède, James Leperlier

• Un mois par an, Barjy L.

• Juin Juillet Août, Laurent Dautray & A.P. Lham

• Là où tu vas, LN. Nikita

• Le bracelet brésilien, Michel Evanno

• Un amour interdit, Maxime Meyer

• Au coin du feu, Manhon Tutin

• Florence, Cyprien Sades

• La Bomba picante, Jean-Jacques Ronou

• Les sables mouvants, Tan Hagmann

• Alors tu t’es tu, Martin Diot-Sellier

• Le Gage, Valh Breathe

• Mon refuge, Sébastien Avril

• Mon premier été à la plage, Samildanach

• Birthday Bus, Thierry Desaules

• Le triton, Denis-Martin Chabot

• Le grand frisson, Danielle Tremblay

Le livre papier fait 256 pages

Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029401541
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des vacances
pour Le Refuge
 
 
 
Recueil de 21 textes courts
 
 
 
 
Étincelles
Sébastien Monod
Le temps d’une saison
Nasser Saadi
L’été de mes quinze ans
Jimmy Sabater
Raphaël
Karine Géhin
J’étais un rookie en Suède
James Leperlier
Un mois par an
Barjy L.
Juin Juillet Août
Laurent Dautray & A.P. Lham
Là où tu vas
LN. Nikita
Le bracelet brésilien
Michel Evanno
Un amour interdit
Maxime Meyer
Au coin du feu
Manhon Tutin
Florence
Cyprien Sades
La Bomba picante
Jean-Jacques Ronou
Les sables mouvants
Tan Hagmann
Alors tu t’es tu
Martin Diot-Sellier
Le Gage
Valh Breathe
Mon refuge
Sébastien Avril
Mon premier été à la plage
Samildanach
Birthday Bus
Thierry Desaules
Le triton
Denis-Martin Chabot
Le grand frisson
Danielle Tremblay
En mémoire aux victimes du massacre homophobe
du Pulse à Orlando, Floride, États-Unis, le 12 juin 2016
 
 
 
 
 
 
Étincelles
 
Sébastien Monod
 
 
Hugo se fait chier. Ce sont les termes qu’il emploie pour définir ses vacances à Cabourg. Et pour être encore plus précis, voici ce qu’il rédige par SMS à ses potes majoritairement partis dans le sud de la France : « g me fé iech grave ».
Question orthographe, le jeune homme n’est pas le plus nul de sa promo – BTS Comptabilité et Gestion des Organisations –, mais pour avoir le sentiment d’appartenir à la communauté, il est nécessaire d’en partager les codes. Vous ne verrez aucun garçon de 19 ans écrire : « Diantre, je m’ennuie cruellement » !
Cet été, Hugo se tape des vacances de merde (toujours pour être conforme à son champ lexical) chez ses grands-parents qu’il est pourtant loin de détester – euphémisme nécessaire, car à cet âge, on ne dit pas qu’on adore son papy et sa mamy, avouer cela publiquement, c’est la lose. Non, plus que ça : c’est la honte absolue. À 19 ans, on n’aime personne.
Personne, certes. Mais des objets, ça oui ! En premier lieu, son meilleur ami après Jordan : son smartphone – pour être tout à fait précis, il l’aime autant que Jordan. Outre les messages qu’il envoie à la mitraillette, l’appareil est rempli de musique, de jeux en tout genre, d’applications inutiles, mais que tous ses congénères utilisent parce qu’il faut être « connecté », et peu importe à quoi et si c’est intelligent. Cela fait passer le temps, et c’est bien là l’essentiel. Car le temps paraît long à tous ceux qui subissent une situation non voulue, comme c’est le cas pour lui : en instance de divorce, mais néanmoins déjà recasés, ses parents ont d’autres choses à faire que de s’occuper pendant deux mois d’un être qu’on ne peut plus définir comme un adolescent, mais qu’il est présomptueux de nommer « homme ».
Hugo est donc « connecté ». Enfin, pas tant qu’il l’espérerait. Car à Cabourg, il semblerait que son opérateur téléphonique ne soit pas bien implanté. La connexion à la 3G est tout juste potable. La 4G ? De la science-fiction !
Le jeune homme est homo, et comme beaucoup de jeunes homos, il est inscrit sur Grindr, l’application qui facilite les rencontres grâce à la géolocalisation. Mais voilà deux jours qu’il est arrivé, et cette zone de la Côte Fleurie ne semble pas avoir été choisie comme destination de vacances par les gays. Joli garçon, au corps avantageusement musclé pour son âge, cela sans avoir eu à fournir d’efforts particuliers, Hugo a pris une photo sur la plage le premier après-midi de son arrivée pour la mettre en profil. Blanc comme un cachet d’aspirine, il a utilisé les filtres d’Instagram pour donner l’illusion d’un teint hâlé et sexy. La moue boudeuse, assortie d’un regard insolent, il savait que la photo ne passerait pas inaperçue et qu’il ne resterait pas trop longtemps sans compagnie masculine, mais encore faut-il que les homos se décident à venir dans cette station balnéaire ! Il paraît que Cabourg est la ville romantique par excellence, pour l’heure, c’est plutôt le royaume du spleen, pour ne pas dire du cafard !
Ce dimanche après-midi, Hugo se dit que de nouveaux vacanciers doivent être fraîchement arrivés de la veille et que parmi eux se trouvent forcément de beaux mecs de son âge prêts à vivre quelques moments chauds, et plus si affinité comme on dit. La serviette tout juste étalée sur le sable réchauffé par le franc soleil de juillet, Hugo retire son tee-shirt et son bermuda, fier d’arborer un maillot de bain dernier cri acheté en soldes sur le Net quelques jours plus tôt.
Baignade ? Pas baignade ? Non, plus tard. Il y a trop de monde dans l’eau. Plutôt profiter de cette affluence pour ouvrir Grindr et se dénicher un bon plan ! Bingo ! Ils sont là, les pédés ont débarqué ! se réjouit-il en scrutant les indications métriques. Dans les parages, il n’y en a qu’un, il n’est d’ailleurs pas loin, car l’application le localise dans un rayon de vingt mètres. Un certain « DIAL14 ». Hugo relève le nez sur lequel il pose ses lunettes de soleil pour lorgner sans vergogne les individus de sexe masculin autour de lui. Un beau garçon d’une petite vingtaine d’années se trouve trois serviettes de plage plus loin, mais une main posée sur la poitrine de la jeune fille à ses côtés fait pencher le curseur sur « hétéro ». Le type de Grindr ne propose hélas qu’une photo : le bas du visage dévoilant certes une jolie bouche, mais tout de même c’est un peu léger regrette Hugo qui, se concentrant sur les détails du profil de DIAL14, ne peut s’empêcher de pousser un cri d’effroi en découvrant son âge : 35 ans !
Et ce qui devait arriver arriva : le mec lui envoie un message. Message, le mot est un peu exagéré, il lui a envoyé deux lettres : « cc », ce qui, pour celles et ceux qui ne fréquentent pas les tchats, qu’ils soient homos ou hétéros, signifie : « Bonjour, enchanté de te connaître, on pourrait se rencontrer pour baiser ? » [ NdE : cc, est une abréviation de coucou ]
Aussitôt Hugo lui répond : « dsl pas mon genre » avant de modifier la phrase d’accueil de son profil : « les vieux pp de 35 a : ses pas la peine de me parlé ». Agacé, il décide de se déconnecter et de faire un petit somme afin d’oublier cette horrible mésaventure. Une éclipse totale du soleil le surprend alors qu’il s’empare dans son sac de sa crème anti UV. Instinctivement, il pose le revers de sa main sur ses sourcils, mais sans succès, la silhouette reste anonyme. Il enlève ses lunettes quand une voix masculine lui demande, presque en chuchotant :
— C’est toi « bogoss du 94 » ?
Hugo hésite avant de finir par faire « oui » de la tête.
— Je m’en doutais. Moi c’est « DIAL14 ». Bon, ben, salut ! dit-il en tournant les talons, suivi par un chien, un bâtard blanc tacheté de noir, tout mignon.
La silhouette est en réalité un jeune homme légèrement plus jeune que lui, loin de l’âge affiché sur l’appli. Un peu sonné, il s’écrie :
— Hé ! mais tu n’as pas 35 ans !
— Et toi, tu n’es pas si beau que ça, rétorque l’autre sans se retourner.
Hugo, piqué dans son orgueil, le regarde partir en silence, mais en le détaillant de la tête aux pieds. Plutôt séduisant, de cette beauté insoupçonnée qui attendrit. Bon, pas une bombe non plus ! Le jeune homme, étrangement, porte un jean et un blouson par-dessus un tee-shirt alors qu’il fait près de 30°. Hugo ne le quitte pas des yeux : le jeune homme s’assoit à même le sable, à deux, trois mètres des vagues, près de son sac de sport, non plutôt un sac de voyage, le chien toujours à ses côtés. Il décide d’aller le rejoindre, sans savoir pourquoi, avec peut-être l’envie inconsciente de lui rabattre son caquet. Ou peut-être pas. Face à lui, les mots ne sortent pas, car il n’y en a pas. Pourquoi est-il là, ridicule devant l’autre qui a haussé les sourcils. Il se contente de prendre place à ses côtés, les yeux plongés dans la Manche dont les variations turquoise hypnotisent. Les vagues se rapprochent à chaque reflux, la mer monte ; s’ils ne bougent pas, elle aura enseveli ces deux garçons et le toutou dans un quart d’heure.
Au bout d’un moment, peu habitué à ce qu’il n’y ait pas d’échanges, Hugo décide de rompre le silence :
— Tu as quel âge en vrai ?
— Bonjour, moi c’est Arthur, et lui, c’est Le Chien, dit-il en désignant son compagnon à quatre pattes.
Hugo rougit, et dans sa tête il se dit que son interlocuteur ne le saura jamais, que ses joues empourprées peuvent aussi bien être la conséquence d’un coup de soleil. Ou comment ne jamais perdre la face ! Face à Arthur, qui le dévisage, sa réponse met à mal l’assurance qu’il souhaite afficher :
— Euh… oui… bonjour ! Moi c’est Hugo.
— Je comprends mieux.
— Quoi ?
— Le « bogoss ». C’est de l’humour, en fait.
Devant l’air perplexe d’Hugo, Arthur comprend que son pseudo est du premier degré, qu’il ne l’a pas choisi en référence à son prénom. Dommage, Hugo Bogoss, ça le faisait rire. Intérieurement. Il décide de ne pas montrer son amusement, car ce Hugo n’a décidément pas l’air futé, il penserait qu’il se fout de lui, et il aurait bien raison !
— En tout cas, tu as l’air vachement obsédé par l’âge, se contente-t-il de dire.
— Oh, non, pas que par ça. Par le sexe aussi.
Il croyait avoir sorti un bon mot, hélas c’est un flop : Arthur se retourne vers la mer. Il ne se démonte pas :
— Toi aussi, tu as un problème avec l’âge, pourquoi tu mets 35 ans ?
— Parce que j’ai pas envie d’avoir 17 ans. Parce que j’aimerais être plus vieux et que les galères soient loin derrière moi.
Hugo se demande quel type de galères on peut avoir à 17 ans. Une mauvaise note au Bac de Français ? Un job d’été merdique ? Il a oublié les siennes, ce n’est pourtant pas si lointain. À croire que ce ne devaient pas être de gros soucis ! Aussi préfère-t-il ne pas poser de questions. Tous deux observent l’écume approchant et les enfants criant autour d’un ballon malmené par le mouvement incessant de la masse liquide. Soudain, Arthur retire son blouson, puis son jean, avant de se mettre debout et de baisser son jean. Il roule en boule ses affaires dans son sac qu’il prend soin de reculer d’un bon mètre.
— Je vais piquer u

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