Disparues
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Description

Pour échapper à la tyrannie de son époux, Mathilde a choisi de disparaître avec sa fille, Valentine. Avec la complicité d’une amie, Juliette, toutes deux trouvent refuge au cœur du parc naturel des Ardennes françaises. Pour chacune, avec la complicité d’un petit groupe d’autochtones, l’heure d’un nouveau départ a sonné. Apprendre à se connaître, à se faire confiance et à écouter sa petite voix intérieure, son guide… Sur ce chemin difficile, Mathilde et Valentine parviendront-elles à trouver leur propre voie vers la liberté ?

Informations

Publié par
Date de parution 22 janvier 2018
Nombre de lectures 12
EAN13 9782312057378
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Disparues
Frédérique Longville
Disparues
Roman
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur

Aux Editions du Net :
El Refugi , octobre 2007
Blessures de vie , mai 2009
L’école est finie , juillet 2011
Etat d’âmes , avril 2012
Les moutons noirs , juin 2013
Le trait d’union , février 2015
Et
Chère Famille , avril 2010, collection personnelle
Les cailloux sont en fleurs , décembre 2013, collection personnelle
Site web : http://www.longville-dofredo.com
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-05737-8
Prologue
Avec sa détermination coutumière, Tristan Jonquières immobilisa sa voiture en tirant brutalement sur le frein à main et quitta l’habitacle. Franchissant d’un pas martial le porche monumental du centre équestre, il se dirigea sans hésiter vers le manège, remontant avec indifférence le bel alignement de stalles sous le regard curieux de quelques pensionnaires équins.
Grand , mince et de carrure athlétique, le dos droit et le menton arrogant, il portait avec une remarquable prestance son uniforme de capitaine d’infanterie de marine, parfaitement conscient d’attirer sur lui les regards admiratifs des visiteurs croisés en chemin. Tandis que sur son passage deux jeunes cavalières échangeaient sans discrétion des œillades éloquentes à son sujet, il se tourna un bref instant vers elles pour les gratifier d’un clin d’œil aguicheur. Sa presque cinquantaine à l’encontre de leur insolente jeunesse ne le dérangeait pas du tout ; il plaisait et il en profitait. Ce n’était qu’un jeu et il ne voyait aucun mal à cela, bien au contraire !
Arrivé au manège, Tristan oublia vite ces frivolités pour inspecter les lieux, promenant sur les installations sportives un regard aigu à la recherche de sa fille. Dans le manège couvert, un moniteur dirigeait une reprise de débutants ; plus loin, la carrière d’obstacles où Valentine avait l’habitude de s’entraîner était vide. Tristan consulta sa montre et se rendit à l’évidence : il était tard et l’entraînement était terminé depuis longtemps. Sans doute aurait-il plus de chance de la trouver aux écuries, occupée à bichonner sa monture ou à prêter la main aux palefreniers. Certes, il n’aimait pas cela et le lui avait déjà dit maintes fois, d’autant que certains jeunes la draguaient ouvertement, mais il préférait encore la savoir là plutôt qu’à traîner dans les rues.
Tristan soupira. Il tournait les talons lorsqu’il avisa le directeur du centre. De taille moyenne, un peu bedonnant, le crâne dégarni et la figure poupine, il arborait un sourire radieux et se dirigeait vers lui à grands pas :
– Ah ! Mon capitaine, il faut que je vous dise !
Il s’empara à deux mains de celle de Tristan pour la secouer vigoureusement en rythmant ses paroles :
– Notre Valentine tient une forme olympique ! Elle va tous les écraser samedi !
De nature distante, Tristan s’empressa de dégager sa main en esquissant un léger mouvement de recul. Il n’appréciait pas vraiment ce petit homme obséquieux qui lui balançait du « mon Capitaine » comme s’il était sous ses ordres. Il n’avait à ses yeux qu’un seul mérite : posséder le meilleur centre équestre de la région, le seul qui soit digne de sa fille.
– Mais, elle a intérêt, répondit-il avec un petit sourire tranquille. C’est tout ce que j’attends d’elle.
Un peu décontenancé par tant d’assurance, le directeur hocha la tête :
– Bien sûr, mais, tout de même, elle va être confrontée aux meilleurs cavaliers de…
Tristan ne le laissa pas terminer :
– Ma fille est la meilleure, coupa-t-il sèchement. Mais dites-moi, où est-elle ? Je ne la vois pas.
Le directeur promena autour de lui un regard troublé. Il n’avait pas l’habitude de surveiller les cavaliers, ni même de venir assister aux leçons ou entraînements. C’est d’ailleurs par pur hasard qu’il s’était trouvé là au moment où Valentine effectuait sans faute un parcours difficile, éveillant presque malgré lui son admiration et son enthousiasme. Cette cavalière était un excellent atout pour le centre. Mais quant à savoir où elle était à présent, là, le capitaine lui en demandait trop !
– Mais je ne sais pas. Peut-être aux écuries ?
– C’est vraisemblable, effectivement. Je vais aller y faire un tour. Merci, et bonne journée, monsieur Grimaud !
Tristan fit quelques pas, impatient d’aller vérifier cette hypothèse, mais se heurta aussitôt à une gamine de huit ou neuf ans qui s’était approchée sans bruit dans l’attente d’une opportunité pour prendre la parole. Elle était en possession d’informations exclusives et une grande fierté illuminait son regard clair.
– Valentine est partie, annonça-t-elle gravement.
Debout sous le regard sévère du capitaine, la fillette ne manifestait aucun trouble. Au contraire, sûre d’elle, elle attendait avec impatience de pouvoir se répandre en explications et en précisions. Mais anesthésié par cette information inattendue, Tristan tardait à réagir :
– Comment ça, elle est partie ? fit-il enfin d’une voix sourde.
– Mais qu’est-ce que tu racontes, voyons, tu dis n’importe quoi ! s’écria le directeur visiblement agacé.
– Laissez-la parler, coupa Tristan. Tu l’as vue partir ?
– Oui. C’est moi qui suis allée la chercher. J’étais devant le porche quand une dame a arrêté sa voiture et m’a demandé si je connaissais Valentine. Moi, je la connais bien parce qu’on parle souvent toutes les deux et même qu’elle m’a déjà donné des cours.
– Et alors ? pressa Tristan sans chercher à contenir son impatience.
– Alors, je lui ai dit que oui et elle m’a demandé d’aller la chercher.
– Et ?
– Ben, je suis allée chercher Val et je lui ai dit qu’une dame voulait lui parler. Alors, elle y est allée… Et puis, elle est revenue chercher ses affaires et elle est partie avec la dame.
Un silence abasourdi accueillit ses dernières paroles. Tristan adressa un regard incrédule au directeur avant de se pencher vers la gamine pour la presser de questions :
– Mais, elle était comment, cette dame ? Brune, blonde ?… Jeune, vieille ?… Hein ? A quoi elle ressemblait ?
– Elle avait les cheveux gris, mais elle avait pas l’air très vieille.
– Tu l’avais déjà vue ici ?
– Non, jamais.
Tristan se redressa, le visage blême. Il ne comprenait rien à cette histoire.
– C’est votre femme ? hasarda le directeur d’une voix incertaine.
Tristan le fusilla du regard :
– Bien sûr que non, ce n’est pas ma femme ! Ma femme est brune. Et… et jeune !
Le capitaine se mordit la lèvre, le regard perdu. Sa fille. Valentine. Partie, avec une inconnue. Il ne pouvait pas y croire.
– Mais, tu as entendu ce qu’elle lui disait, cette femme ? reprit-il brusquement, à l’adresse de l’enfant.
La petite fille secoua vigoureusement la tête :
– Non. J’ai rien entendu. J’ai essayé, mais… Elle parlait pas assez fort.
– Tu les as vues partir ?
– Oui. Elles sont parties par là…
D’un geste vague, l’enfant désignait la direction de la ville, ce qui n’était pas d’un grand intérêt pour Tristan, malheureusement. Il serra les dents :
– C’était quoi, la voiture ?
La fillette esquissa une moue de perplexité :
– Elle était rouge et plutôt vieille. Pas très grande aussi.
Tristan se passa une main dans les cheveux avec un soupir de découragement. Que faire de renseignements aussi vagues ? Et en même temps, que pouvait-il attendre d’autre de la part d’une gamine ?
– Merci, fit-il à son adresse d’un air agacé.
– Tu peux aller jouer, ajouta le directeur à la fillette qui s’éclipsa à regret.
Un long silence enveloppa les deux hommes après le départ de la petite.
– Je ne comprends pas, murmura le directeur.
Tristan sursauta et le foudroya du regard :
– Moi non plus. Mais vous, il y a une chose que vous pouvez faire : questionnez toutes les personnes qui sont là et essayez de savoir si Valentine a donné une explication à quelqu’un avant de quitter les lieux.
Grimaud marqua un temps d’hésitation, visiblement dépassé par les circonstances.
– Qu’est-ce que vous attendez ? s’énerva Tristan .

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