Djebel, je t ai maudit
238 pages
Français

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Djebel, je t'ai maudit , livre ebook

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Description

"Djebel, je t’ai maudit" raconte la guerre d’Algérie vécue par Claude Delorme, période au cours de laquelle se tisse de loin en loin son aversion pour les armes. À travers ces années passées dans un décor de guerre, loin de sa famille, on découvre combien la souffrance morale est édifiante. Ce jeune père reviendra très affecté de vingt-huit mois de combats indûment attribués. Sur cette terre il a réclamé la paix entre les hommes. Grand-père Elie lui avait toujours dit : «La guerre c’est le pire des maux.» Accablé, il trouvera dans son foyer aimable la clé de la réussite, même si parfois l’écorce y est rugueuse. L’incompréhension, la jalousie, la cruauté des hommes le poussèrent dans les flammes de l’enfer. Après avoir vécu ces années diaboliques, comment se débarrasser des oripeaux de la déchéance ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748381436
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Djebel, je t'ai maudit
Claude Deniaud
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Djebel, je t'ai maudit
 
 
 
Pour les lecteurs et lectrices du Petit Éditeur, ce voyage en pleine guerre d’Algérie, ils le suivront d’autant plus fort que l’auteur sait de quoi il parle.
 
 
 
 
Préface
 
 
 
L’auteur donne à son héros le don de la vérité, le sens de l’exactitude. Autant de caractère qu’on lui trouve dans cette confession, selon qu’il expose sa vie avec une sincérité hardie mais aussi avec retenue. L’ouvrage débute en France. Le personnage part soucieux à l’appel sous les drapeaux. Arrivera la naissance de son premier enfant Marjorie. Puis, ce sera l’exode vers l’Algérie, une déchirure soumise à un sentiment de colère inassouvie. Une pacification l’arme au poing, les embuscades dans le djebel. Puis un jour la mort de son Grand-père Élie ! Ce noble vieillard était un modèle de vertu, vers qui Claude ne put se rendre le jour de ses funérailles, longtemps encore son cœur sonnera le glas. Étouffe par le fléau de la guerre qui détruisait sa jeunesse, la permission venait comme un mécène créer les retrouvailles de son épouse et son enfant.
Sa libération ne sera pas pour autant une délivrance directe… Toute cette tranche de vie lui paraîtra abstraite, si hallucinée qu’il l’assimilera à un étranger qui l’aurait vécue à sa place.
Sans doute, mais il s’agira d’être patient. Il lui arrive de rêver, alors il se retrouvera dans le jardin d’Éden.
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
L’image de la maison de gardes à La Guillonne, noire sous le ciel plombé, le jour du mariage de Claude en février 1958, réapparaît fréquemment dans ses rêves. L’absence de ses parents ce jour-là lui laissa une empreinte indélébile. Sa mère, surtout, aurait pu se donner la peine d’un effort de réconciliation. Grâce aux avis de son père, le Grand-père Élie, le petit-fils savait que dans ces conditions, les choses finiraient bien par s’apaiser, qu’il en résulterait des paix agréables. D’avoir pu marcher aux côtés de cet aïeul, sur les mêmes terres, sur les mêmes chemins, lui paraît depuis sa disparition un incroyable bonheur. Il a aimé cet homme pacifique, et respecté la préoccupation constante qu’il avait de vouloir aider les hommes sans distinction. Il devinait les choses, apportait soutien et réconfort.
Puis, la convocation tant redoutée du Ministère des Armées arriva quelques jours après son mariage. Cette nouvelle attrista leur couple, ruina son enthousiasme, sachant désormais, qu’aux premiers jours de mai 1958, avant 17 heures, il devait être présent au poste de police de la caserne Baraguey d’Hiliers, à Tours.
Que les jours passent vite dans ce cas-là ! Claude était très affecté du sort de sa femme enceinte de cinq mois, par le fait que sa vie était amputée de cet éloignement. Toutefois, sans grande motivation, il était prêt à honorer son contrat avec l’armée. Certes, il aurait préféré connaître l’Algérie en touriste, c’est en militaire et père de famille que lui apparut son horizon rougi par les armes, et vécu ce qui s’y passait.
On y parlait de pacification et chaque jour, des troupes y étaient envoyées, alors un sentiment de colère montait en lui. Plus rien n’avait de relief, ni consistance, tout était absent, lointain, inaccessible, sa condamnation à mort venait d’être prononcée, et, pis encore, à l’exil. Il a longtemps essayé de comprendre, s’acharnant contre cette disgrâce, refusant d’accepter cette injustice. Il avait cru en un Dieu intelligent et généreux qui avait façonné le monde pour que les hommes y fussent bien, y soit heureux s’ils le faisaient. L’irrationnel venait le nourrir d’une inébranlable méfiance. Cependant, il réunissait ses forces pour chasser ce coup de cafard venu corrompre leur amour naissant. Il eût fallu un autre mot pour désigner l’absurdité le dépouillant de son épouse, alors qu’il allait être abandonné au milieu des fells durant de longs mois furtifs. Tout de même, avoir autant fait pour eux, et maintenant se voir rejeter avec les armes aux trousses !
Le temps s’était mis en marche ; la voiture 2 CV camionnette de son cousin Chapelier aussi. C’est avec elle, et lui comme chauffeur, que partirent Colette et Claude pour la gare de Libourne. Ils n’étaient accompagnés ni par les fifres ni par les tambours. Que fut grande la déchirure sur le quai ce jour-là Il abandonna sa bien-aimée le visage triste et le cœur lourd ; l’événement l’avait alarmée. Elle parvenait à peine à desserrer les mâchoires, quand elle lui offrit un dernier baiser de ses lèvres pincées ; ce court instant de tendresse donné avant l’éloignement lui inspirait une tendre compassion. Sa douleur le crucifiait, parce qu’il la savait épouvantée, car il eût fallu qu’il fût Dieu en personne pour lui épargner sa souffrance, lui que guettait une longue agonie, ne détenait pas le pouvoir de se ressusciter de son calvaire !
Sans état d’âme, le conducteur du train lança sa machine avec son cortège de «  wagons-prisons  » en direction de Paris. À partir de là, tout se mêla dans sa tête, s’embrouilla, s’enchevêtra. Le front collé à la vitre, il vit défiler des gares, celle de sa ville de Coutras et, sa campagne environnante, ainsi que bien d’autres, toutes filèrent rapides devant ses yeux humides, empreints de tristesse. Ce jour-là, le couloir du wagon était bondé de voyageurs, le plus souvent des appelés de son contingent, il n’y avait pas à s’y méprendre. Dans cette bousculade sans ménagement, c’était un interminable questionnaire sur la destination de chacun.
Prisonnier de cette situation, Claude restait l’esprit maussade, dont aucun ne pouvait imaginer sa condition sociale… C’était à lui de montrer le côté agréable en acceptant les modalités. Plongé dans ce calvaire, il en oubliait les paysages. À chaque halte le couloir s’emplissait de jeunes garçons, et chaque tour de roue l’éloignait davantage de sa femme chérie. Comme si le voyage n’était pas assez tragique, la pluie se mit à tomber. Les vitres restèrent embuées jusqu’à ce que le train passe au ralenti devant un écriteau, sur lequel il put lire, Saint Pierre des Corps.
Il y eut un arrêt bref, pour faire une marche arrière, et voir réapparaître la même inscription : Reviendraient-ils à Libourne ? Il n’en fut rien, le train coupa des voies, roula vers de nouveaux écriteaux sur lesquels ils pouvaient lire : Tours. Et pendant qu’il ruminait toutes ces abominations, le convoi s’immobilisa dans cette gare. En attente sur le quai, des militaires en casque lourd faisaient le va-et-vient un brassard blanc accroché à une manche, sur lequel se remarquaient deux lettres noires : P.M .
Ils repérèrent de suite leur essaim les valises à la main, bien intentionnés de les rejoindre, alors que ces garçons les auraient bien évités. Ainsi accostés, sous les bâches kaki se dégageait une odeur d’aigre humide, il s’y trouvait aussi des banquettes latérales pour s’y asseoir les valises aux pieds ; ce jour-là l’armée voulait éviter la fatigue à sa bleusaille !
Les camions se rangèrent dans la cour devant une aile de la caserne, ils en descendirent pour être de suite répartis en groupes de vingt, et conduits par un caporal dans la chambrée. Avec son air inspiré il leur donna l’ordre d’installer leurs effets dans le placard à la tête du leur lit, et qu’ensuite ils descendent dans la cour. Le caporal les rassembla comme un troupeau de chèvres, qu’il dirigea vers le magasin d’habillement ; il était dix-sept heures. Pris sous sa coupe, l’armée s’empresse d’habiller ses hommes, sans tenir compte de leur taille et leur corpulence. La capote de Claude aurait habillé un Lilliputien, les slips satisfaits un géant ; d’ailleurs, il ne les porta jamais. Le jour de sa libération, il rendit une partie, sans l’avoir portée ni lavée, après vingt-huit mois d’errance.
Nantis de leurs nouvelles tenues, ils commencèrent à faire l’échange de ces vêtements, sans se soucier du nom d’untel. Ils étaient tous là, réunis pour la même cause. Leurs conversations, un peu trop bruyantes, furent brusquement interrompues par le retour du caporal, pour les avertir de «  foutre le camp de là  », et vite, même en civil. Après un rassemblement éparpillé, ils furent dirigés en colonne désordonnée vers le réfectoire. Des odeurs de popote s’échappaient au-dessus des marmites, démesurées, emplies de potages aux couleurs étranges. Bien d’autres parfums, moins agréables de transpiration, de bière se mélangeaient à la fumée des cigarettes. Des tabourets s’alignaient le long des tables en fibrociment de porphyre noir et vert, ce qui donnait un aspect de salissures. Tout ce remue-ménage, ces relents lui coupèrent l’appétit, qu’il fallut à Claude bien du courage pour avaler sa part d’omelette et boire un verre d’eau. Ce menu n’égalait pas celui de Colette « son cordon-bleu », qu’elle s’appliqua à lui servir chaque jour plus raffiné, durant les trois mois qu’ils vécurent ensemble.
Le repas fut pris en toute hâte au milieu d’un tumulte de foire agricole. Le groupe auquel Claude appartenait se retrouva illico dans la chambrée. Le caporal ne tarda pas à surgir, lequel se désigna responsable de la chambrée. Chacun au pied de son lit, doté de draps et de couvertures sur la paillasse, écoutait les ordres qui lui étaient donnés, afin de faire son lit au carré, sans faux plis. Tout en faisant les cent pas sur 1e parquet ciré, il les observait l’œil narquois. Si celui de Claude ne convint pas à ses exigences, il eut bien des difficultés à trouver le somm

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