E-Challengers

Stephane Soutoul

Description

Unis dans le plus fantastique tournoi de jeux vidéo virtuels.

An 2027. Moi c’est Jessalyne, « Lyne » pour les intimes. Dans les tournois de jeux vidéo, ma niaque et mon sens aigu de la stratégie me propulsent en bonne place des classements. Quand je lâche ma manette, je redeviens une nana ordinaire de dix-sept ans qui gagne sa vie comme hôtesse de caisse.

Mon existence prend un tournant démentiel le jour où un mécène me propose d’intégrer sa cyber-écurie. Son objectif est de remporter la prestigieuse compétition virtuelle « Terre de défis » qui réunit les plus grands champions d’e-sport.

Réticente, j’accepte malgré tout son offre pour arracher mon petit frère des griffes d’une organisation tentaculaire.

Le sort en est jeté.

Grâce à une fabuleuse technologie, je vais découvrir l’amitié et le frisson du danger aux côtés de mes coéquipiers...
Mais puis-je réellement accorder ma confiance à Andreï, un garçon aussi mystérieux qu’attirant ?

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Informations

• Publié par: Teen Spirit
• Date de parution: 18 septembre 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782375746851
• Langue: Français

Extrait

Soutoul Stephane
E-challengers





Teen Spirit
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Illustration de couverture © Miesis
Suivi éditorial © Audrey Lancien
Correction © Elyséa Raven

Contrôle qualité © Juliette Ruffin

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ISBN : 9782375746851
Existe en format papier


« Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l’imagination est sans frontières. »
Jean-Jacques Rousseau.


Chapitre 1
Seule contre tous
 
La partie arrivait à son terme. Enfin. J’étais sur le point d’atteindre mon objectif après plus de cinq heures de jeu acharné.
Pas de place pour le doute. Pas de place pour l’imprudence. Le pire serait que je flanche au dernier moment. J’avais supprimé tous les obstacles se dressant sur ma route pour approcher le fabuleu x trésor qui me tendait les bras. Mes mains s’agrippaient fermement à ma manette de jeu. Je ne tremblais pas, même si l’adrénaline coulait à flots dans mes veines. Les richesses sur lesquelles je lorgnais prenaient la forme d’un butin d’or et de pierres précieuses qu’une dizaine d’autres rivaux convoitait également.
La compétition était rude. Il allait falloir que je joue serré à partir de maintenant. Une seconde d’inattention et boum ! Tous mes efforts se verraient réduits à néant…
Mes sens étaient au taquet malgré l’inévitable fatigue qui commençait à se faire sentir. Et je ne vous parle même pas de mes picotements dans les yeux. Que voulez-vous, c’est ce qui se produit quand on fixe intensément un écran pendant trop longtemps.
Allez, haut les cœurs : ce n’est pas tous les jours qu’on arrive en finale de l’un des tournois d’e-sport les plus prestigieux de Paris ! Je devais tenir bon, pas le choix. Je bus une lampée de soda pour me redonner des forces. Ma détermination était intacte depuis le début de la partie. S’il le fallait, j’étais prête à trucider des monstres pendant une dizaine d’heures supplémentaires pour remporter la victoire.
Moi, têtue et bagarreuse ? À en croire mes adversaires, il paraîtrait que oui.
Réunie autour d’un grand feu de camp, une bande d’orcs verdâtres et armés d’un attirail mortel gardait l’entrée du sanctuaire. À l’intérieur, se dissimulait le pactole phénoménal sur lequel je voulais faire main basse. Pour y parvenir, encore fallait-il que je me montre plus futée que les autres chasseurs toujours en lice. Les créatures présentes sur l’écran devant moi étaient nombreuses. J’en comptais à vue d’œil pas moins d’une cinquantaine. Derrière ce rassemblement d’affreux, un temple perdu s’élevait au milieu d’une jungle hostile et sauvage. L’édifice exotique avait des airs de ressemblance avec une pyramide de style aztèque.
Le jeu de tir à la première personne sur lequel je faisais une démonstration de mes talents s’appelait Call of Duty   avec pour sous-titre « Fantasy Explorer ». Il s’agissait du ٣٠eme opus de la célèbre licence. Son univers mélangeait armement moderne – avec fusils d’assaut, lance-flammes et grenades – ainsi que des créatures sorties tout droit d’un roman d’héroïque fantaisie : dragons cracheurs de feu, sirènes, elfes, chevaliers…
Et donc, aussi, une flopée d’orcs à l’hygiène douteuse et boostée aux stéroïdes.
Un cocktail détonnant pour un jeu dans lequel j’excellais.
 
Commentateur 1  :
« Renarde75 vient d’arriver à son tour sur le site du temple d’Ultar. Sur les soixante-cinq joueurs au départ, les neuf concurrents ayant survécu jusqu’à cette finale sont désormais au coude à coude. Le dernier acte de la session promet de nombreux rebondissements ! »
 
Contrairement à certains joueurs qui mettaient des casques de gaming pour s’immerger dans un cocon musical – parfois brisé par les conseils de leur coach –, je préférais percevoir autour de moi l’ambiance de la salle. Cela ne m’empêchait pas de rester concentrée. Et puis comme ça, je ne perdais pas une miette des commentaires des présentateurs qui animaient la partie. Bien sûr, la foule de spectateurs qui assistaient au tournoi était un élément anxiogène, mais je faisais de mon mieux pour ignorer leur présence.
 
Commentateur 2  :
« Les concurrents ne se font pas de cadeaux et redoublent de ruse pour s’imposer. Cette ultime phase du tournoi est passionnante ! Ultar est une zone dangereuse dans Call of Duty, Fantasy Explorer , je suis curieux de voir qui va tirer son épingle du jeu. Un paquet d’émotions est à prévoir pour les minutes à venir. Il n’y a aucun doute à avoir : tout le monde va en prendre plein les yeux ! »
 
J’inspirai profondément en faisant le vide dans mon esprit. Le jeu et moi ne faisions plus qu’un. Une symbiose idéale. Pendant cette courte pause, je ne cessais de scruter les parages numériques avec le viseur de mon fusil. Dans Call of Duty, Fantasy Explorer , on suivait l’action par les yeux de son personnage, une vue subjective qui me convenait parfaitement. Mon calme était sans faille, tout comme ma vigilance. Je ne pris même pas la peine d’essuyer la goutte de sueur qui perlait sur ma tempe. Une bonne maîtrise de mes nerfs était la clé de voûte pour avoir l’avantage sur les adversaires qui nourrissaient des ambitions similaires aux miennes.
De nombreux spectateurs criaient et applaudissaient. Ils s’entassaient dans le complexe culturel aux dimensions considérables qui accueillait l’évènement. La tension qui saturait l’atmosphère se voulait électrique. Sauf que tous ces gens portant des tee-shirts à l’effigie de leurs idoles n’étaient pas venus assister au concert d’une star, mais à une compétition de jeux vidéo. Le vainqueur se verrait remettre par les sponsors un chèque de cent mille euros à l’issue de cet affrontement d’un genre en vogue.
Cent mille euros… Une somme d’argent dont j’avais désespérément besoin.
Les sports électroniques comptaient chaque jour davantage d’adeptes et le phénomène ne semblait pas avoir de limites. Les gladiateurs des temps modernes étaient désormais les joueurs de ma trempe, ceux qui évoluaient dans les tournois à un niveau professionnel. Le succès des compétitions e-sport ne cessait de croître depuis une vingtaine d’années.
Les regards fiévreux de la foule passaient successivement de la scène aux trois écrans gigantesques diffusant les exploits des champions qui se livraient une bataille sans merci. Le duo de commentateurs – les « casteurs » comme on les appel ait dans le milieu – était, quant à lui, confortablement assis devant les spectateurs pour analyser le déroulement de la partie derrière des moniteurs.
Mon personnage numérique était une baroudeuse à la crinière flamboyante portant ses munitions en bandoulière. Elle se tenait embusquée derrière d’épais buissons. J’éprouvais une réelle affection envers mon double qui affichait un look de combattante avec sa tenue militaire. Cette dernière se composait d’un treillis idéal pour se fondre parmi la végétation, d’une paire de rangers, d’un foulard kaki noué autour du cou et de lunettes à infrarouge.
Top classe !
Tout le contraire de mon apparence quotidienne.
Dans la vraie vie – celle où la magie et les trolls n’existent pas – j’étais quelqu’un de plutôt discret avec mes jeans délavés, mes sweatshirts aux couleurs unies et ma sévère addiction aux Converses. Les gens qui me croisaient me percevaient comme une nana ordinaire à la chevelure châtaine aussi raide que des baguettes de tambours et au teint pâlichon. Bref, pas de quoi fouetter un chat. Je n’avais rien à voir avec la dure à cuire armée jusqu’aux dents que je contrôlais sur les champs de bataille numériques.
Qui croirait que derrière mon allure de fille anodine se cachait une guerrière dans l’âme ?
En plus de ses graphismes hyper fins, de ses cartes qui offraient un défi stratégique et de sa fluidité, Call of Duty, Fantasy Explorer exigeait de vrais talents de précision pour se dépêtrer des situations délicates. C’était pour la rigueur qu’il demandait que ce logiciel était mon chouchou. Le vent qui soufflait dans les branchages des arbres environnants conférait un réalisme appréciable au décor. L’époque où les jeux vidéo se résumaient à une bouillie de pixels était bel et bien révolue.
À l’abri derrière un rideau de verdure, immobile, je guettais le moment propice pour passer à l’action. C’était le calme avant la tempête. Je croisais les doigts pour que l’un de mes concurrents se décide à bouger le premier. Une diversion me permettrait de foncer tête baissée vers le temple. Il me faudrait alors être réactive afin d’arriver la première dans la salle du trésor.
Les peaux vertes armées d’énormes flingues, de haches et d’arbalètes grouillaient sur l’ensemble du périmètre. Leur chef quatre fois plus costaud que les autres n’avait pas l’air commode avec sa masse érigée de pointes d’acier. Mieux valait éviter cette brute si je voulais faire de vieux os. Le jeu subissait l’influence d’un cycle jour/nuit et le crépuscule commençait à tomber. Dans l’immédiat, il m’était impossible de quitter ma planque sans que la horde d’orcs ne se précipite sur moi tous crocs dehors. Même avec mon armement amélioré, je n’avais aucune chance de sortir triomphante d’une escarmouche si tous les défenseurs du sanctuaire m’attaquaient en même temps.
 
Commentateur 1  :
« Les concurrents se montrent prudents ! La tension grimpe et les spectateurs retiennent leur souffle. M’est avis que cette accalmie ne va plus durer très longtemps. »
 
Commentateur 2  :
« Absolument ! Rien n’est laissé au hasard. On sent que les prétendants au titre connaissent le jeu et ses dangers sur le bout des doigts.