Et les étoiles brilleront
110 pages
Français

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Et les étoiles brilleront , livre ebook

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Description

Elle n'a rien. Il a tout.
Elle vit pour un futur meilleur. Il est perdu dans un passé destructeur.

Quand Ophélia rencontre Léo par une belle soirée étoilée, le temps d'une nuit, leurs mondes s'entrechoquent. Plusieurs mois plus tard, alors qu'elle pensait avoir laissé derrière elle son mystérieux amant grec, leurs routes se croisent à nouveau. Ophélia doit jongler entre ses études et son irrépressible attraction pour Léo, mais aussi découvrir les secrets que renferme cet homme au passé obscur.
Mais au jeu des apparences, la vérité n'est pas toujours bonne à révéler.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2023
Nombre de lectures 4
EAN13 9782493078636
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Louisa Méonis


 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Éditions l’Abeille bleue — 38 rue Dunois 75013 Paris
Collection la Ténébreuse
Retrouvez toutes nos parutions sur : https://editions-abeillebleue.fr



1
Un courant d’air s’immisce dans mes cheveux. Je balaie d’un geste vif la mèche blonde échappée de ma queue de cheval et quitte mes songes.
Un bout d’orteil sort de mes Converse trouées, mais je décide que reporter mon attention sur ce qui m’entoure est bien plus intéressant que de rêver d’une nouvelle paire de tennis.
Avec un mélange d’émerveillement et de choc, je regarde autour de moi.
— Je suis à Athènes, je marmonne encore une fois.
J’avale avec difficulté ma salive, scrutant les lumières flamboyantes de la ville qui se jouent de l’obscurité.
Athènes de nuit, c’est très impressionnant, je songe, une boule dans la gorge et l’estomac noué.
Les passants me frôlent, rient et continuent leurs vies sans rien savoir du trouble qui m’habite. Mes mains se resserrent sur les anses de mon sac à dos.
Mais qu’est-ce que je fais là ? je me demande pour la centième fois. Je suis folle. Je ne vois aucune autre explication rationnelle à ma présence ici, sur ce trottoir bondé à me faire bousculer par des Grecs un brin éméchés.
J’ai beau réfléchir, non, je ne sais pas ce qui m’a pris… Peut-être avais-je besoin de tester ma liberté toute neuve ? Ou alors, parce que rien ne m’attendait dans le centre d’hébergement et de réhabilitation que l’on m’avait attribué ?
Certains diront que c’est un toit et que c’est déjà mieux que rien.
Je leur répondrai qu’un véritable toit, c’est quand on n’a pas peur de s’endormir trop profondément. Et dans le lieu qui m’est réservé, personne ne peut sombrer complètement dans les bras de Morphée.
Alors quitte à ne pas dormir, autant le faire à la lueur des lumières d’Athènes !
Étrangement, je ne suis plus très convaincue par le bien-fondé de ma décision.
Même si, pour la première fois en dix-huit ans, j’ai l’impression de vivre.
Je ne survis pas. Je n’attends rien de personne. Je n’attends plus dans un couloir de savoir si je vais être adoptée ou non. Je n’attends plus avec impatience le courrier qui m’annoncera que malheureusement toutes les chambres universitaires ont été attribuées.
Je n’attends plus de l’autre côté du bureau de l’assistante sociale qui m’observe avec désespoir en se demandant ce que l’on va faire de moi.
Je n’attends rien d’Athènes et Athènes n’attend rien de moi. Nous sommes deux étrangères qui nous rencontrons pour la première fois. Elle, la ville enchanteresse où se mêlent des merveilles d’histoire, les plages de sable blanc, les eaux turquoise… Le paradis sur Terre. Moi, qui ne sais plus comment rêver, ni s’il existe un avenir meilleur que celui qui me semble destiné.
C’est peut-être ici l’endroit idéal, pour me rappeler que rien n’est impossible et que la vie n’est pas forcément celle que j’ai connue jusque-là. Ou en tout cas, c’est ce que je suis tentée de me dire lorsque je regarde les lumières la ville briller de mille éclats, les couples s’enlacer, rire, s’embrasser, et attendre, main dans la main, le feu d’artifice qui signera la fin de cette année et le début d’une autre.
Et si pour une fois dans ta misérable existence, Ophélia, tu y croyais ? je me demande, comme si rien que le fait d’y penser allait conjurer mon triste sort.
Un nouveau courant d’air se faufile entre les passants agglutinés sur le trottoir et caresse mon visage. Je ferme une seconde les yeux.
J’y crois. Je crois que finalement, je ne suis pas condamnée à vagabonder d’un centre d’hébergement à un autre et à attendre que la vie m’emporte dans son tourbillon infernal où rien ne finira bien.
Ou en tout cas pour moi.
Car c’est bien connu, ça ne se termine jamais bien pour les filles comme moi.
Les filles comme moi terminent droguées, alcooliques, engrossées par le mauvais gars, à devoir se battre encore et toujours contre un système qui de toute façon ne les sauvera pas.
Mais aujourd’hui, je ne suis pas cette fille.
Je suis Ophélia, dix-huit ans, qui transporte sa vie dans son sac à dos troué et élimé. Ophélia qui a religieusement économisé de l’argent et l’a minutieusement caché afin de prendre un jour son envol loin des galères.
Et mon envol s’est fait contre toute attente pour Athènes.
Je pourrais dire que j’ai toujours rêvé de venir en Grèce, mais je ne suis pas une menteuse.
La réalité est bien moins belle et magique. Aujourd’hui, j’ai eu dix-huit ans. Je suis devenue une adulte, majeure, et les adultes ne vivent pas dans une famille d’accueil.
Ils vivent chez eux, dans la rue, dans un foyer… partout et nulle part. Le monde se fiche de savoir où ils vivent. Le monde se fiche de savoir quand on devient adulte. Que ce soit un lundi, un mardi ou même la Saint-Sylvestre. On est adulte. Et moi, aujourd’hui, je suis devenue adulte.
Donc ce matin, à 8 heures, madame Beck a vidé ma chambre pour ma remplaçante pendant que je tartinais ma biscotte de Nutella.
Ensuite, j’ai attrapé mon sac à dos, dit au revoir aux petits et ai dû partir, sans un mot de plus, parce que je suis devenue adulte .
Madame Beck a fermé la porte et je suis restée devant chez elle un long moment, puis j’ai pris un bus, encore un autre et, je ne sais pas comment, je suis arrivée à l’aéroport.
Je crois qu’au début, je voulais juste aller à la mer en me disant que ce serait sympa d’y voir le feu d’artifice.
Je n’étais pas encore à Athènes, et pourtant, je pensais à ce lieu sans le connaître.
J’imaginais les contours des lumières et les ombres festives de cette ville comme s’ils étaient inscrits dans ma mémoire alors que je ne les avais vues que sur un minuscule tableau.
Ma course pour rejoindre la mer s’est finalement arrêtée plus tôt que prévu.
En effet, le jour de la Saint-Sylvestre, il n’y a pas beaucoup de bus, donc mon chemin a pris fin prématurément à l’aéroport.
Par curiosité, j’ai demandé au comptoir où et quand partait le prochain avion et c’était Athènes.
J’ai pensé à la misérable photo que je trimballe constamment sur moi et me suis dit que le destin était parfois taquin. J’ai interrogé l’hôtesse sur le prix du billet aller. Je ne sais pas si c’est ça qui m’a décidée ou la perspective de dormir dans l’aéroport qui m’a convaincue de prendre ce vol, mais le fait est que je suis maintenant à Athènes, avec mon sac à dos qui contient toute ma vie.
Je jette un regard circulaire et fais face à l’effervescence de la ville. J’admire le monde qui semble m’appartenir l’espace d’un instant et rêve d’être une autre. Mes yeux glissent sur une jeune femme qui rit à gorge déployée.
Dans mon rêve, je serai elle.
Ses cheveux sont lâchés et volettent autour d’elle. Sa robe brille aux reflets des lumières qui éclairent la pénombre. Ses amis rient avec elle. Elle porte une coupe de champagne à ses lèvres tout en souriant à un homme de son âge. Non, rectification, elle le dévore des yeux comme s’il était sa proie.
On me bouscule et je reviens à la réalité. Je suis à Athènes, ne connais rien de ce lieu ni personne et n’ai nulle part où passer la nuit !
Je pourrais encore me demander ce qui m’a pris, mais je crois que ce n’est plus le moment et que je dois réagir vite.
Une pension de famille, une laverie ouverte H24/24, une station de métro…Je tourne sur moi-même, me fais à nouveau bousculer et me retrouve dans le bar non loin de la jeune fille que j’admirais plus tôt. Une serveuse submergée par son travail pose une coupe de champagne devant moi et s’en va. Voyant que personne ne me regarde, je la saisis. Je ne suis plus à quelques minutes près… Et puis, c’est mon anniversaire !
Mes lèvres esquissent un sourire puis plongent dans la boisson pétillante. Mes doigts se crispent sur la coupe et je la vide d’un trait avant de la reposer précipitamment de peur d’être prise sur le fait. On me pousse à nouveau et je me retrouve au centre d’un groupe de gens éméchés qui s’agitent dans tous les sens. L’un d’eux passe un bras autour de ma taille et tente de m’entraîner dans une danse bien trop rythmée à mon goût.
Gênée, je m’éloigne un peu. Visiblement insatisfait de mes piètres talents de danseuse, mon cavalier d’un soir me remplace rapidement par une autre personne et je quitte la piste aussi vite que j’y suis entrée.
La foule s’écarte et je découvre une table pleine de petits fours ainsi que de coupes remplies. Je jette un nouveau coup d’œil autour de moi, mais personne ne me prête attention. Tout le monde est bien trop occupé à faire la fête pour voir une fille perdue dévorer du regard le buffet !
Mon ventre gargouille, me rappelant douloureusement que je n’ai rien avalé depuis ce matin. Et l’idée que je ne sais pas quand je pourrai à nouveau manger ne m’aide pas à quitter les petits fours des yeux ! J’attrape une serviette en papier et y entasse quelques canapés. Je me hâte, aux aguets, m’attendant à ce que quelqu’un me mette à la porte.
Personne ne vient.
Mais je décide de ne pas tenter le diable en restant trop près, et m’éloigne vite vers ce qui semble être un jardin. Mon butin au creux de la main, je me tourne, étudie la table, puis reviens sur mes pas pour prendre une nouvelle coupe que je bois aussi rapidement que la précédente. Une fois qu’elle est vide, je la remets avec les autres, hésite, puis en saisis encore une. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on a dix-huit ans !
Je serre avec délicatesse ma serviette pleine de petits fours et m’enfonce dans le jardin silencieux et sombre. J’admire les ombres et me demande à quoi ressemblent les haies impeccablement taillées à la lumière du jour.
Ça doit être magnifique…
Je me fais la promesse de revenir demain, lorsque le soleil aura remplacé la lune. C’est bien connu, dès que les astres s’en mêlent, tout change. L’obscurité peut durcir un paysage, le rendre

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