Golden eyes , livre ebook

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2020

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Emma élève seule sa fille de 17 ans. Au travail, elle est la risée et le souffre-douleur de ses collègues.


Sa vie sentimentale ? C’est simple, elle n’existe pas.


Le hasard de la vie va la mettre sur la route d’Aurélien, un homme à qui tout souris. Élégant, énigmatique, les femmes se retournent toutes sur son passage.


Vingt ans les séparent. Leur classe sociale les oppose. Pourtant, des sentiments vont naître entre eux. Mais Aurélien n’est peut-être pas celui qu’il prétend. Son passé, sa vie professionnelle et amoureuse sont troubles.


Que cache-t’il ?



Qui est-il vraiment ?


Emma sera-t-elle faire face devant la vérité ?

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Publié par

Date de parution

06 novembre 2020

Nombre de lectures

5

EAN13

9791034811755

Langue

Français

Golden Eyes
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sylvie Lopez
 
 
Golden Eyes
 
 
Couverture : Chloé S.
 
 
Publié dans la Collection Enaé
 


 
 
© Evidence Editions 2020

 
Mot de l’éditeur
 
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1
 
Aurélien

 
 
 
Je remonte ma braguette sur mon sexe repu, satisfait qu’il ait accompli avec audace ce qu’il sait faire de mieux. Je vérifie que mes boutons de manchettes sont bien au fond de ma poche, avant d’y ranger ma cravate, puis je renfile ma chemise légèrement froissée. Je me chausse discrètement et m’assois près d’elle. Elle ouvre les yeux et passe sa main sur mon visage.
— Merci, mi cariño.
Je lui souris et baisse le drap pour dévoiler son corps. Je m’efforce toujours de comprendre les raisons des maris infidèles. L’habitude, les gênes, la curiosité, elle est encore très belle, intelligente et raffinée, qu’est-il allé chercher ailleurs ?
— Ça t’a plu ? lui dis-je doucement en caressant ses courbes parfaites.
— C’était formidable, me répond-elle, lascive, j’aimerais que nous nous revoyions.
— Tu as mon mail, n’hésite pas.
— Golden Eyes !
— Oui ?
— Tu ne simulais pas ?
— Difficile de simuler entre les cuisses… les fesses… au fond de la bouche, d’une femme aussi douée que toi, lui dis-je, en insistant sur chaque partie de son corps qui m’a si admirablement accueilli.
Tout en la rassurant, je fais glisser mon doigt sur son ventre plat et nacré, puis plus bas sous sa toison blonde et la pénètre sans qu’elle s’y attende. Un dernier orgasme conventionnel, sans accessoire, avant de me quitter est bien la meilleure chose que je peux lui offrir. Son mec est largement cocu, elle a sa revanche, elle se chargera elle-même d’en dévoiler les moindres détails. Peut-être fera-t-elle en sorte de laisser traîner le lubrifiant et les menottes pour poignets et chevilles, qu’elle a particulièrement bien supportées, de ne pas changer les draps tachés de mon sperme, imprégnés de mon odeur intime et de mon parfum persistant. Il pâlira quand il apprendra ce que j’ai commis dans et sur ce corps consentant, qu’il connaît mieux que moi. C’est le but.
Mes doigts effectuent des mouvements circulaires, elle se cambre, ferme les yeux et écarte très largement ses jambes, belle amplitude, j’ai bien bossé. Je les retire, mouillés pour stimuler son clitoris, je le caresse et il enfle. De mon autre main, je fais rouler entre mon pouce et mon index le bout de son joli sein en éveil. Elle gémit et jouit en quelques secondes, tandis que je lui murmure des mots érotico-magiques. Un dernier baiser sur son sexe apaisé et je referme la porte.
 
 
 
 
2
 
Emma

 
 
 
— Tu ne peux pas me refuser le dernier verre de l’amitié, Emma, on ne va plus se revoir avant un bail, s’il te plaît, dis oui.
— Tu n’es franchement pas cool, baisse ton appareil et arrête de prendre des photos, ça me saoule, tu sais que j’ai horreur de ce genre d’endroit.
— C’est juste une fois, pour moi.
— J’y serai, résignée, mais j’y serai. Ça te va ça, comme preuve d’amitié ?
— Yes ! Je sais que tu n’aimes pas ces filles, mais je ferai en sorte que tout se passe bien, t’inquiète.
— Par contre, je te préviens, je ne resterai sûrement pas jusqu’à la fin.
— Pas grave, le principal c’est que tu sois là, même un peu.
Elle va me manquer, c’est pour cela que je ne peux pas faire autrement que de céder devant la mine contrite de Victoire et ses grands yeux de chat m’implorant exagérément. Depuis le temps qu’elle en parlait, je me doutais bien qu’elle parviendrait à accomplir son rêve. Le Canada, ce n’est pas trop mon truc. Aux paysages de forêts ou de neige des terres acadiennes, moi, je préfère les chaudes plages des Caraïbes, telles qu’elles apparaissaient sur le calendrier de la poste, épinglé au-dessus de la photocopieuse. À choisir, si l’occasion s’avérait avantageuse et dénuée de risques, bien évidemment, c’est dans l’océan Indien que je serais prête à changer de vie. Et encore !
Changer de vie. Rien n’y consent, pas même ma volonté. J’admire passivement Victoire qui a bossé dur pour obtenir cette mutation. Sans connaître quiconque et en pays inconnu, elle est parvenue à trouver un logement pas loin des nouveaux bureaux et a déjà quelques contacts sur place. Je ne m’imagine pas capable d’effectuer un dixième de ses prouesses. Évoluer dans cet antre maléfique que constitue Broadcost Company demeure pour moi un exploit itératif au quotidien.
J’erre comme un fantôme, dans ces couloirs sans fin, jalonnés de pièces vitrées, me contraignant à accomplir ma journée de labeur routinière. Je cherche mon chemin dans ce lieu qui me semble par moments familier puis soudain inconnu, en échange d’un salaire évanescent et d’un manque de considération aigu. L’esprit ailleurs, je repense à la réunion de parents d’élèves de ce soir, à laquelle je ne pourrai pas participer. J’en profite pour souhaiter à Jean-Jacques Benoît, directeur adjoint des ressources humaines — « humaines » mon cul — de subir une expérience sexuelle non conformiste avec un mâle musclé, moustachu, en body harnais BDSM cuir, sachant pertinemment qu’il est supra hétéro. Ce connard a refusé ce matin que je parte une heure plus tôt, afin, a-t-il affirmé « de m’éviter à nouveau d’être l’objet de rumeurs récurrentes ou de faire preuve d’un quelconque favoritisme à mon égard ».
Chacun de mes pas s’effectue, depuis un certain temps, comme si j’étais actrice de ma propre vie, c’est plus facile ainsi de donner une explication à ma présence ici, dans ce monde, dans cet endroit, dans cette peau. Pressée par le temps, je désespère d’y parvenir et chaque an de plus apporte son déluge de regrets. Cette analyse introspective me plonge à nouveau dans un bovarysme mélancolique me permettant d’échapper à mes désirs inassouvis, solution simple et efficace pour parer la carence d’amour et d’argent. Heureux les simples d’esprit qui se satisfont de peu de choses. Je dois sans doute avoir été épargné de l’idiotie dès ma naissance pour ressentir à ce point ce perpétuel besoin d’élargir mon horizon et pour pratiquer ce questionnement existentiel permanent sur moi-même. Alors, je continue, dans ma vie bien réelle, à arpenter ces locaux jusqu’à ce que mon ange gardien déroule le tapis rouge fraise écrasée – et pas un autre puisque j’adore cette teinte –, sous mes pieds engourdis.
Mon repas de midi avait été expédié par manque de temps et de substances. Lorsque je suis arrivée à la cafeteria, un groupe d’une vingtaine de personnes, sans doute en visite dans l’établissement, avait monopolisé les tables et ruiné ma journée crudités. Je me suis contentée de ce qui restait, haricots verts tièdes baignant dans leur jus improbable et compote de couleur peu appétissante, ce qui constitue pour moi un acte comestible répréhensible. Résultat : seize heures, mon ventre me rappelle qu’il est vide depuis bien trop longtemps. Depuis quelques mois, j’ai modifié mes habitudes alimentaires en renonçant à la machine à café et au distributeur de barres chocolatées devenus un club de rencontres intra-muros et d’échanges en tous genres. Il n’est pas question que je fasse cette fois-ci, un impair, mon estomac patientera bruyamment. Je suis ainsi parvenue à perdre du poids, mais j’estime me trouver dans le palmarès des filles les moins baisables du département « marketing », réflexion perso faite lors du dernier briefing de l’équipe sur les objectifs annuels à atteindre.
Je ne choisis plus ma garde-robe depuis longtemps, c’est plutôt l’inverse. Sur un portant à vêtements majoritairement destiné à des femmes déprimant pour trois kilos de trop, je favorise systématiquement l’unique taille supérieure, quarante-quatre. Inutile de tenter la taille inférieure, c’est un risque psychologique bien trop important, un tsunami moral, une constatation cruelle de ma déchéance morphologique, un poignard enfoncé dans mon petit cœur tout mou. Mon degré de satisfaction se mesure à deux choses très basiques : un peu trop large et pas trop moulant. J’évite certains magasins, convaincue d’être persona non grata, du moment qu’une vendeuse ne s’intéresse pas à moi dans la première minute de mon intrusion.
Je me suis retrouvée seule avec ma fille il y a dix-sept ans. Ce bout de vie sans l’amour d’un homme ainsi que des rêves non aboutis se manifestent avec évidence, prenant possession de mes hanches et de mes fesses principalement. Afin de rester digne devant mon miroir, je ne maquille que mes yeux, plaisir purement personnel qui passe de toute façon totaleme

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