Heaven
157 pages
Français

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Description

Ian a été catégorique : finis les dangers, les embrouilles et les missions suicide. Il aspire dorénavant à une existence paisible et a troqué ses rangers contre un appareil photo.


Mais on ne renie pas sa nature profonde. Aussi, quand en pleine nuit il aperçoit une voiture sur le bas-côté, il n’hésite pas une seconde. Laisser un automobiliste en panne, au beau milieu de la campagne écossaise ? Impossible ! Surtout lorsqu’il s’agit d’une automobiliste : une jeune femme aux cheveux étranges, qui verse des torrents de larmes.


Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que la belle inconnue trimballe quelques casseroles. Malgré son jeune âge, Heaven est déjà embourbée dans une affaire de mafia, dont elle essaie tant bien que mal de se tirer.


Peu importe. Pour les beaux yeux de Heaven, Ian est prêt à tout... Mais sa nouvelle mission pourrait bien sonner le glas de leur idylle naissante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2023
Nombre de lectures 3
EAN13 9782493078650
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Éditions l’Abeille bleue — 38 rue Dunois 75013 Paris Collection la Romantique Retrouvez toutes nos parutions sur : https://editions-abeillebleue.fr
À Cara, Any, Helyne, Maya et à toutes les personnes qui m’ont inspiré Ian et Heaven. Parce que, sans vous, il n’y aurait pas d’histoire.
«Allez viens on s’aime, on s’en fout De leurs mots, de la bienséance Viens on s’aime, on s’en fout De leurs idées, de ce qu’il pensent Viens on s’aime, et c’est tout On fera attention dans une autre vie Viens on s’aime, on est fou Encore un jour, encore une nuit» Slimane,Viens on s’aime, 2017
Prologue
Édimbourg, 2021 Les doigts tremblants, les paumes moites, je tourne et retourne mon téléphone entre mes mains et me dandine d’un pied à l’autre. J’ai beau filtrer le flux de la foule aux rayons X, rien n’y fait : pas de trace d’Archie . Pourtant, avec sa haute stature et sa tignasse rousse, il ne passe pas inaperçu. N’a-t-il pas dit dix-huit heures sans faute? Il me connaît bien assez pour avoir lourdement insisté : je ne suis pas ponctuelle pour deux sous, au grand dam de mon père et de mon cher et tendre. Aussi, lorsque mes yeux se posent sur l’écran de mon portable pour la dixième fois en moins d’un quart d’heure, je ronchonne à voix basse.Il n’a pas pu oublier, quand même? À l’instant où je déverrouille mon écran pour l’appeler, le tintem ent d’un trousseau de clés que l’on agite près de mon oreille me fait sursauter. Avant que je ne puisse me retourner, une main se glisse sur mon ventre et me voilà plaquée c ontre un corps chaud, tandis qu’une voix me souffle à l’oreille : — Prête à découvrir votre nouvelle maison, miss Don ovan? Je tressaille en entendant mon nom dans la bouche d ’Archibald. Sauf qu’il est hors de question de lui laisser entrevoir mon trouble. J e noue mes doigts aux siens, bascule un peu la tête en arrière pour la caler contre son épaule en réprimant un sourire. De l’autre main, j’attrape les clés qu’il agite toujou rs, avec un geste d’impatience. — T’en as mis, du temps, marmonné-je, feignant d’être irritée. À bien y réfléchir, non, je ne joue pas. Je suis pr esque contrariée d’avoir dû attendre, plantée devant la grande porte rouillée. J’ai essuyé les regards appuyés des passants, sans doute intrigués par les mèches bleue s qui dépassent de mon bonnet. Ou bien est-ce mon jean troué? Ma manie d’observer autour de moi, de scruter les faits et gestes des badauds, dans la crainte de devoir fu ir à toutes jambes au moindre signe suspect?Oublie. Et profite, me chuchote la voix de Colin dans un coin de ma t ête. Mon cœur se serre en pensant à celui que j’ai toujours considéré comme mon frère. Presque aussitôt, je chasse toute pensée négative : bientôt , il me rejoindra et ensemble, nous pourrons fêter dignement ce nouveau départ. En atte ndant, j’ai du boulot. Archie dépose un baiser sur ma tempe droite et je m e détache de lui pour m’avancer vers la bâtisse en briques rouges. Datant du siècle dernier, elle a connu des jours meilleurs. Aujourd’hui, les fenêtres du rez-d e-chaussée, composées de petits carreaux sales, sont parfois brisées, les volets à l’étage ont besoin d’un ponçage efficace avant d’être repeints et la lourde grille qui grince lorsque je la fais coulisser pour libérer l’entrée me laisse des traces de rouil le sur les mains. Peu importe. Parce que ces briques, la poussière, les tournevis abando nnés çà et là entre les piles de pneus et les dessertes à outils, ils sont tous à mo i. Rien qu’à moi. Et ces clés, que je serre à m’en faire mal aux doigts, je les attends d epuis hier, quand j’ai signé les documents chez le notaire. Archibald, mon agent imm obilier / petit ami m’a promis une surprise, si j’attendais vingt-quatre heures pour p rendre possession des lieux. Alors je me suis efforcée d’être patiente. Même si ça craint d’attendre aussi longtemps. Avec un air presque grave, je m’avance au milieu du hangar, en prenant soin de ne pas trébucher sur le fourbi laissé en plan par le d ernier propriétaire. Du bout de l’index,
je caresse le montant du pont, seul équipement flam bant neuf du garage. Tant mieux, ça coûte une blinde, ces choses-là. Et vu que la qu asi-totalité de mon épargne est passée dans l’achat de ce bâtiment, autant dire que chaque centime économisé est le bienvenu. Hors de question de demander une rallonge à mon père. Il a déjà bien trop investi, m’a offert mon rêve sur un plateau d’argen t, je ne peux décemment pas exiger davantage. J’ai fait mon choix et je veux l’assumer jusqu’au bout. Et je dois avouer que je m’imagine déjà travailler jour et nuit pour redo nner à ce garage sa splendeur d’antan. Resté à l’entrée, les mains dans les poches de son costume hors de prix, Archie m’observe en silence, un sourire aux lèvres. Au bou t de quelques minutes, il me tire de mes pensées en me hélant : — Dis, tu te souviens qu’il y a un étage, au moins? Comme si je pouvais oubliert la! Au-delà de la localisation parfaite, c’est surtou possibilité de loger sur place qui m’a conquise. Le s dents plantées dans ma lèvre inférieure, j’acquiesce de la tête en le rejoignant vers l’escalier métallique en colimaçon qui jouxte le comptoir en bois. Lui aussi a connu d es jours meilleurs. Archie me précède : à chacun de ses pas, un léger nuage de po ussière vole et vient me chatouiller les narines. Je fronce du nez, peu dési reuse de songer à l’étendue de la tâche qui m’attend dès demain. Mais toutes mes cons idérations domestiques disparaissent quand je pose le pied sur le parquet massif du premier étage. Là, au centre de la grande pièce à vivre encombrée de cartons, une table ronde a été dressée. Nappe blanche, chandelles, couverts et bouteille de vin blanc : rien n’a été laissé au hasard. Après avoir abandonné sa veste su r une pile de boîtes plus ou moins stable, Archibald sort son briquet, allume les boug ies avant de se tourner vers moi : — Bienvenue sur ton petit nuage, Heaven. Il n’en faut pas plus pour que les larmes me monten t aux yeux. Je me précipite dans ses bras et me laisse porter par le baiser pas sionné qu’il me donne. Lorsque nous nous sommes rencontrés, je venais d’ar river à Édimbourg. J’avais accepté un job de serveuse dans le bar d’un proche de mon père, histoire de m’occuper en attendant de mener mon projet à bien. Malgré l’obtention de mon diplôme avec une excellente mention, je n’ai pas réussi à d écrocher de poste. Trop jeune. Manque d’expérience. Trop… fille. Même à l’ère de l ’égalité à tout prix, les préjugés ont la vie dure. Néanmoins, je ne me suis pas laissé ab attre. J’ai pris mon mal en patience et servi des cocktails à la noix dans un pub guindé . Dom Pérignon et hors d’œuvre, rien que ça. Au moins, je n’ai pas eu à gérer de types l ouches, et ça, c’est une chance inestimable. Pas pour moi, mais pour eux. Je crois que j’aurais été incapable de me contenir et aurais fini par leur coller une raclée. Parce que je suis la digne fille de mon père, même si, pour le moment, je préfère le cacher. Même à Archie. Archibald Johnston était un client du Pickles. Avec ses grands yeux bleus, ses boucles rousses, son mètre quatre-vingts et son sou rire à tomber, il n’a pas fallu longtemps avant que je ne cède à ses sollicitations quasi quotidiennes. J’ai fini par accepter le café qu’il me proposait. Puis un dîner. Un cinéma. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, nous étions devenus insé parables. À qui d’autre aurais-je pu confier la lourde tâche de me dénicher la perle rar e? Vendeur émérite d’une des agences les plus prisées de la ville, il ne lui a p as fallu longtemps pour me dégoter l’affaire du siècle : un garage à taille humaine, a ssez grand pour que je me sente à l’aise, mais facile à gérer seule. Le tout pour un prix correct, si l’on tient compte du marché et de sa localisation parfaite. Alors me voilà, petite blondinette de vingt ans à p eine, propriétaire d’un garage à l’abandon et dans les bras d’un homme brillant qui ne connaît pas le quart des secrets que je garde dans ma valise. Peu importe. Ce soir, je veux fêter mon nouveau départ dans la vie. Ce soir, je ne suis plus Heaven Fergus on, mais Heaven Donovan, qui, pour la première fois de sa vie, fait l’amour avec son p etit ami, sur le lit d’appoint qu’il a installé dans ma future chambre. Et je réalise enfi n que ma nouvelle vie commence ici.
1.
Deux ans plus tard Édimbourg Heaven Hayley Ferguson. Nom à rallonge qui, dans no s contrées, peut donner le tournis, ou l’envie de détaler. Moi, il m’a donné des envies d’ailleurs. Je pourrais me plaindre de mon enfance, ressasser p endant des heures toutes ces fois où, trop occupé, mon père n’a pas assisté aux spectacles d’école. Ces nombreuses soirées que j’ai passées seule, à la mai son. Ou encore l’incapacité de l’argent des Ferguson à sauver ma mère des addictio ns qui ont fini par lui coûter la vie. Pourtant, j’ai préféré ne retenir que la profonde a ffection que chaque membre de l’équipe de mon père avait pour moi. Et ce n’est ri en face à l’adoration que mon paternel peut me vouer. Donc peu importe les longue s semaines où il partait Dieu seul sait où, ou encore les frayeurs que j’ai eues en le voyant rentrer avec la chemise tachée de sang – et pas seulement le sien. J’ai tou jours été la princesse du royaume sacré de Logan Ferguson et de ses hommes. J’ai eu u ne enfance étrange, mais néanmoins dorée. Oui, mais voilà. Un beau matin, je me suis réveillé e avec des envies d’autre chose. Être choyée et protégée ne me suffisait plus; j’ai eu la volonté de m’accomplir et de me démarquer. En grandissant, j’ai voulu tracer mon pr opre chemin. Alors j’ai travaillé, d’arrache-pied, pour me construire un avenir différ ent, loin des dangers et de la loi du talion typique à ce milieu. Et aujourd’hui, j’ai presque envie de croire que j’ai réussi. Presque. Parce que ce soir, allongée sur le parquet ancien d e mon appartement, les bras écartés et les chevilles croisées, je réalise combi en j’avais tort. Au-dessus de moi, les poutres métalliques sombres, tachées de rouille que je rêve de pouvoir repeindre en noir mat, soutiennent la verrière, élément-clé lors de ma première visite des lieux. Oui, j’ai craqué pour ces immenses fenêtres qui sont imp ossibles à entretenir convenablement. Certes, les murs de briques, le par quet massif et surtout, le garage qui occupe tout le rez-de-chaussée avaient déjà eu raison de mon budget. Mais cette verrière… Même ce soir, alors que je devrais certai nement me lever et chercher des solutions, m’allonger ici et observer le ciel suffi sent à m’apaiser. C’est presque comme si j’étais à nouveau chez moi. En me concentrant, j e peux entendre les bruits de la nuit qui me rassuraient à Aberdeen 1 : les insectes qui bourdonnent, le clapotis des va gues contre les rochers, les cris des oiseaux nocturnes… Et le ronronnement de mon téléphone, posé à même le sol, lui aussi. Deux solu tions. J’ignore l’appel, quitte à passer à côté d’un dépannage. Ou bien je prends le risque de jeter un coup d’œil sur l’écran. Argh!Mauvais choix, Heav. Ma main gauche attrape le portable qui vibre à quelques centimètres de mon épaule : et quand je re connais le nom qui s’affiche, je laisse échapper un grognement de frustration avant de décrocher : — Salut, Papa.
— Bonjour, mon ange. Tout va comme tu veux? Question piège? Est-ce qu’il est déjà au courant, pour Archie?Respire, Heav. Il est loin d’ici. Et il a promis. — Oui! Super! chantonné-je. Je m’efforce d’avoir l’air enjouée et de donner le change, le temps d’une conversation. J’ai toujours été bonne au poker, aya nt appris avec les meilleurs. — Hum. … mais les meilleurs ne s’en laissent pas conter. D’aussi loin que je m’en souvienne, le silence de mon père m’a toujours fait plus peur que ses hurlements. C'est pourquoi je soupire presque de soulagement lorsqu’i l reprend la parole. — Je t’appelais pour te dire que Trip doit venir en ville la semaine prochaine. Et je voulais savoir si tu avais besoin de quelque chose ? Traduction du langage de Logan Ferguson : je t’envo ie mon bras droit pour vérifier que tout va bien et que tu vis dans un palais de bo nbons et de nuages. Je roule des yeux, retenant un soupir exaspéré : — C’est complètement inutile, et tu le sais. Je l’entends inspirer à l’autre bout du fil et, l’e space d’un instant, je visualise la scène : assis dans le fond du bar, une cheville cal ée sur le genou opposé, un verre de scotch sur la table et un cigare à la main, Logan F erguson ronge son frein. Malgré mes réprimandes, il faut croire qu’il se plaît à nous r ejouer un remake duParrain. Le cliché parfait. Enfin, je ne sais pas si Vito Corleone peu t se targuer d’avoir un physique aussi parfait que celui de mon père. Un mètre quatre-ving t-sept de pure masculinité écossaise, des bras à faire pâlir d’envie n’importe quel bûcheron et pas un gramme de graisse. À côté de lui, je suis presque invisible. Au sens propre du terme. Je crois qu’avoir une fille qui dépasse à peine le mètre soi xante donne à ce grand gaillard des envies de surprotection disproportionnée. Même si, de son propre aveu, je suis certainement la moins commode de nous deux. Les chi ens ne font pas des chats : élevée au milieu d’hommes au passé louche et de tra fics en tous genres, j’ai appris à m’imposer. Et à me défendre. Enfin… je le pensais. — Peu importe, mon Ange, lâche-t-il. Pour la forme, je ronchonne en entendant ce surnom idiot et mon père éclate de rire. Comme si avoir un prénom aussi particulier ne suffisait pas, il adore m’affubler de sobriquets à la noix, et toujours bien dans le thèm e. Rien ne m’horripile plus que d’être réduite à la petite chose fragile qu’on appelle «mon ange» ou «ma princesse». Est-ce que si j’avais été un garçon, il aurait eu la même attitude à mon égard? Quoi qu’il en soit, j’ai cessé depuis bien longtemps de m’emporte r contre lui. Après tout, depuis que ma mère nous a quittés il y a quinze ans, toute sa vie a tourné autour de moi. Et de son travail, autre point important de discorde entre no us, ces derniers temps. Après une énième salve de mises en garde, il met fi n à la conversation et à ma bulle de bien-être. Mon téléphone reposé sur le sol , me voilà à nouveau envahie par les doutes. Je sais qu’il ne me reste que quelques heur es pour changer d’avis. Cette simple idée déclenche un fou rire incontrôlable. En essuyant la larme qui roule sur ma joue, je me morigène à haute voix, comme pour me do nner du courage : — Ne sois pas idiote. Tu sais que tu vas y aller. E t te mettre dans une merde noire. Oui. Une fois de plus. L’espace d’une seconde, j’ai envie d’appeler Alba. Ou Colin. Sauf que ce ne serait pas juste, pour l’une comme p our l’autre : depuis des années, ils me soutiennent, me supportent et sont présents pour moi, malgré la distance et les choix stupides que je fais. Alors non, cette fois, je ne les solliciterai pas. Je vais faire face, comme une grande. Une fois mon hilarité retombée, je me redresse, his toire de jeter un coup d’œil autour de moi. Joyeux bazar lénifiant : quelques vê tements qui traînent, de la vaisselle qui sèche sur l’évier et ne sera rangée que dans pl usieurs jours, et des livres, posés çà et là, dans tout l’appartement. S’il y a bien une n otion que mon père n’a pas réussi à m’inculquer, c’est le rangement. L’ordre, le respec t de nos pairs ou la loyauté, pas de problème. Mais en ce qui concerne la tenue d’un intérieur, c’est autre chose. Tant que je vivais à Aberdeen, ce n’était pas un so uci. J’aimais bien trop Abby pour la contrarier. Aussi, je faisais des efforts surhum ains. Abby, c’était la meilleure amie de ma mère. À son décès, elle a entrepris d’aider mon père à m’élever. Elle s’est donc
installée avec son fils Colin chez nous, permettant à mon père de maintenir ses affaires à flot sans avoir à se préoccuper de mon bien-être. Et moi, j’avais une deuxième maman et un «presque frère» à peine plus âgé que moi. Quoi qu’on en dise, Col in est mon frère. N’avoir aucun gène en commun ne nous emp êche pas de nous aimer, de manière inconditionnelle. Voilà à quoi ressemble ma famille vue de l’extérieur : deux célibataires qui élèvent leurs enfants dans une imm ense maison de la banlieue d’Aberdeen, assez vaste pour que chacun ait son esp ace privé, sans interférer sur l’intimité des autres. Ça, c’est pour la forme. Par ce que dans le fond, Abby gère le quotidien tandis que Logan Ferguson s’échine à nous garder en sécurité. Oh, Abby n’a certainement jamais été dupe quant aux activités de mon père. Mais elle a toujours eu la décence de ne pas en parler, ni même de remettre en question ses choix de vie. Pour elle, du moment qu’il assurait m on avenir et subvenait à mes besoins, peu importait qu’il trempe dans des affair es plus ou moins légales. D’accord, pas du toutlégales. Je crois qu’elle l’a accepté, par déféren ce envers lui et parce qu’il a des principes, malgré tout. En contrepartie, elle l ui apportait la sérénité de me savoir entre de bonnes mains. Donnant-donnant, comme dans chacun des contrats de Logan Ferguson. J’imagine que c’est grâce à Colin et elle si j’ai un jour décidé que je voulais une autre vie que celle tracée par mon nom de famil le. Pourtant, bien après que je suis devenue autonome, même après mon départ, Abby est r estée vivre à Aberdeen, sans que personne trouve à y redire. Après tout, cette m aison est la sienne autant que la nôtre. Nous sommes une famille. Étrange, bancale, m ais terriblement unie. Quand je suis arrivée ici, j’ai voulu prendre un no uveau départ. J’ai voulu trouver ma propre voie, sans avoir à me demander si mon nom de famille avait un quelconque impact sur la manière dont on me traitait. Alors, j ’ai changé d’identité. Cela aurait dû m’éviter toute sorte de désagréments. C’est avec fi erté que j’ai troqué mon patronyme contre celui de Colin et Abby, persuadée qu’il me p orterait chance. Loupé. Aussi, lorsque des coups réguliers sont frappés à m a porte, me tirant de ma rêverie, mon cœur rate un battement avant de s’emballer. Deb out en moins d’une seconde, je rejoins la porte en courant. Là, sur le palier, sou riant de toutes ses dents, se tient le seul homme à qui je pourrais confier n’importe lequ el de mes secrets, même la galère sans nom dans laquelle je viens de me fourrer : Col in. — C’est bien ici, le garage miraculeux? lance-t-il en calant son épaule contre le chambranle, les mains dans les poches. Dans d’autres conditions, je serais entrée dans son jeu avec une pique bien envoyée. Mais ce soir, tout ce que je peux faire, c ’est me jeter dans ses bras, en essayant de retenir mes pleurs. Il m’accueille avec plaisir, me serre contre lui et caresse mes cheveux tout en me murmurant : — Eh! Qu’est-ce qu’il se passe, Heav? Mes doigts agrippent le dos de son t-shirt, ma joue se cale contre son torse et je ferme les yeux, un soupir d’aise sur les lèvres.Il est là. Il va m’aider à trouver une solution.
— Il t’a demandé quoi?! Ses baguettes se figent à mi-chemin entre sa box et sa bouche, et quelques grains de riz retombent sur son poulet thaï. Colin me fixe avec des yeux ronds, les lèvres entrouvertes, choqué par mon récit. Je dépose mon p ropre plat et glisse mes mains entre mes cuisses, tout en mâchouillant mes nouille s. — Je ne savais pas quoi faire… tenté-je, une fois m a bouchée avalée. Colin repose sa boîte et ses baguettes dans un mouv ement d’humeur avant de croiser les bras. La mine renfrognée, il commence à élever la voix, visiblement remonté : — Mince, Heaven! Mais c’esttongarage! Imagine s’il se plante! C’est tout à fait ça. Si je tiens ma promesse et su is Archie ce soir chez ce type, ce
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