Honnis soient-ils !
118 pages
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Honnis soient-ils ! , livre ebook

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Description


Historique - Drame et Romance - 233 pages


Abandonnée, élevée dès sa plus rude enfance dans un couvent du sud de la France, Amélia grandit aux côtés de ceux qui maudissent les bourreaux, voleurs de la Vie offerte par Dieu. Quand, à l’aube de ses quinze ans, on l’oblige à épouser celui d’Aix, en Provence, son existence se disloque et s’effondre. Incomprise par son vieil époux, elle se sent seule, impuissante et trahie. Pourtant, dans la tourmente, un homme se rapproche d’elle... mais en a-t-elle conscience ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9791096384860
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Honnis soient-ils ! Livre 1 : Joseph

Livre 1 : Joseph


PATRICIA LE SAUSSE
Livre 1 : Joseph


PATRICIA LE SAUSSE



Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 979-10-96384-86-0
Corrections : Lily T.
Photo de couverture : Aleshyn Andrei
Remerciements

À Quentin, Camille et Jérémie, lecteurs des premiers balbutiements de ce roman, pour leur engagement sans faille à mes côtés.
À Muriel, Aurélie et Esther, mes bêta-lectrices, toujours aussi pertinentes et efficaces, un peu d’elles se retrouve dans chacun de mes écrits.
À Chrys et Véronique, pour les corrections et relectures finales et leurs encouragements.
À Didier pour son fantastique travail sur le design du livre et de ses supports dérivés. Je n’aurais pas rêvé mieux comme couverture (je parle du livre, pas de Didier).
Et celle sans qui vous n’auriez pas ce livre entre les mains, cher lecteur, chère lectrice : à L.S. Ange, créatrice et directrice des éditions Elixyria, qui m’a fait confiance et m’a ouvert les portes de son merveilleux univers.
J’ai participé à bien des horreurs dans ma vie, volontairement ou non…
Mais j’aurais fait pire pour ne pas devenir « la bourrelle. » {1}
« Mon cher enfant.
Pars. Ne te retourne pas. Suis ta route, que je puisse penser que tout n’aura pas été vain dans ma propre existence ! Embrasse sans remords cette nouvelle vie qui, je l’espère, sera plus longue et agréable que la mienne. Que Dieu m’accorde la miséricorde de pouvoir espérer que, loin d’ici, rien ne pourra être pire pour toi. Ceci, afin de donner un sens à ce que j’ai vécu… »

Ces mots, gravés à jamais dans mon cœur, y sont restés dans l’attente de pouvoir un jour être écrits sur un vélin, comme un ultime cadeau à la chair de ma chair. L’espoir qu’au moins un de mes enfants les lise m’a portée jour après jour, m’a soutenue, m’a forcée à avancer.
Pourquoi ?
Pour supporter le tournant pris par ma vie en cette fin de Grand Carême {2} de l’année 1452.
Le neuf avril {3} exactement.
Jour maudit s’il en est !

Je m’appelle Amélia.
Voici mon histoire…
CHAPITRE 1

Le 9 avril 1452

Un « chut ! » mécontent jaillit dans l’obscurité. Ce n’était pas le premier. Je cessai de me tourner et retourner sur le matelas de paille et retombai sur le dos. Un soupir exaspéré s’éleva quand le bois du châlit {4} craqua. Difficile de rester sans bouger avec l’esprit en ébullition. Mon corps, traversé de frémissements nerveux, refusait l’immobilité. Des crampes crispaient mes jambes que je tentais de maintenir inertes. Mes poings se serraient et se desserraient.
Quand donc l’heure du lever allait-elle sonner ?
La lueur mouvante de la seule bougie encore allumée dans le dortoir focalisa un temps mon attention. L’aube approchait et, avec elle, un jour nouveau, me répétais-je en boucle. Demain ! Le Grand Carême de cette année mille quatre cent cinquante-deux, le quinzième depuis ma naissance, serait terminé.
Ma vie a commencé le jour où la sœur de garde m’a découverte dans le tour d’abandon {5} du couvent de l’ordre mendiant des Carmes ici, à Marseille, petiote de quelques mois, hurlant de faim, laissée là, offerte à Dieu. J’ai reçu le prénom de la sainte patronne fêtée en ce jour proche du début de l’automne {6} : Amélia. De ma parentèle, je n’ai jamais rien su, mais cela m’a toujours indifférée. Ils m’avaient rejetée, ils ne méritaient pas que je pense à eux. Depuis le jour où je fus capable de comprendre ce qu’il se passait autour de moi, seuls l’avenir et la possibilité de partir d’ici pour commencer une nouvelle vie occupèrent mon esprit.
Il faut dire que mon enfance en ces lieux fut particulièrement triste, très certainement en partie par ma faute. Mais comment faisaient les autres pour supporter la morosité et la routine de nos journées ? Les messes rythmant les jours étaient déjà assez pénibles, récitées en latin, inaccessibles pour la fillette et même ensuite la jeune femme que je devins. Heureusement, celles de la nuit étaient réservées aux novices et aux nonnes. Elles y voyaient un privilège, un prestige.
Me revient à l’esprit, ce jour où l’une d’entre elles bouscula violemment une gamine sous prétexte qu’elle se rendait aux Complies {7} et ne pouvait pas être retardée. Je lui avais rétorqué, prise de colère devant tant de prétention, que l’honneur était plutôt de pouvoir dormir tranquillement dans son lit. La novice avait rapporté mes propos qui étaient arrivés aux oreilles de la mère supérieure. J’avais dû rester agenouillée face au Christ sur sa croix une journée entière pour lui demander pardon, et passé cette pénitence à expliquer à Dieu ce qui, à mon avis, n’allait pas ici-bas. Un doute m’avait traversé l’esprit à l’époque quand je m’étais relevée tant bien que mal : « et si cette horrible femme pouvait communiquer avec lui, comme cela se murmurait dans le couvent ? »
La mère supérieure ne me reprocha jamais les horreurs que j’avais adressées au Ciel, ce jour-là. J’en conclus du haut de mes dix automnes que cette femme était une menteuse ou que Dieu était de mon côté, bien que ce soit difficile à croire. Cela n’avait fait que me renforcer dans l’idée que ma place n’était pas dans ce nid d’aspics.
Un sourire étira mes lèvres à la pensée de l’orpheline avec laquelle j’avais lié une solide amitié : Catherine. Sa couche à côté de la mienne était vide désormais. Combien de fois m’avait-elle couverte pour m’éviter d’écrire des dizaines de lignes de textes en latin ? Il y avait les corvées aussi, mais j’y étais désignée depuis si longtemps, puisque je ne savais pas me taire, qu’elles faisaient partie de mon quotidien. Je les accomplissais machinalement sans même y être obligée.
Sans s’en rendre compte, cette chère mère Marie-Odette m’avait facilité les choses en m’éloignant de la mesquinerie des autres orphelines et mise en contact avec les adultes des cuisines, de la blanchisserie ou du jardin. Bien que ne sortant jamais, punition obligeait, j’entendais ce que racontaient les employées et me retrouvai moins godiche que mes compagnes quand vint le temps de mes quinze printemps.
Au début de l’année, mon amie avait atteint la limite d’âge pour rester dans le couvent, à moins de devenir novice. Certaines pouvaient prétendre au mariage si un candidat se présentait à point nommé ou avait fait une demande d’épouse pour la prochaine enfant abandonnée qui pourrait être unie à un homme, à savoir quinze années.
Les autres solutions étaient, pour les plus chanceuses et les préférées de la mère supérieure, un emploi comme servante même si, d’après ce que j’entendais dire dans les cuisines, c’était rarement le paradis sur terre. Pour celles qui ne trouvaient ni conjoint ni travail et n’étaient pas acceptées en noviciat, il ne restait que la rue, ce qui signifiait finir mendiante ou fille facile, mais je n’en avais jamais vu être jetées dehors.
Les temps étaient durs, entre les famines et la maladie. Beaucoup d’hommes cherchaient à s’unir, mais les jeunes femmes en âge d’être épousées n’étaient pas si nombreuses, même si les abandons devenaient de plus en plus fréquents et concernaient rarement des garçons. La mère supérieure, fière de ce qu’elle considérait comme le résultat de la renommée de son orphelinat, due à l’éducation transmise à « ses enfants », prenait à cœur son rôle. Il fallait reconnaître que, jusqu’à présent, je n’avais assisté à aucune cérémonie où le sort de la mariée ne m’avait pas paru enviable.
Comme beaucoup avant elle, mon amie Catherine avait préféré l’union au noviciat. La mère supérieure s’était occupée de tout. Je me rappelai la célébration, l’émotion de Catherine, ses peurs aussi, et son soulagement à la découverte de son promis à l’air gauche, pour ne pas dire idiot, mais au sourire sincère et rassurant.
Aujourd’hui, mon tour était arrivé, et j’avais été la première étonnée qu’on me propose le rôle d’épouse, persuadée de finir dehors. Mais non, il devait y avoir affluence de demandes, car, comme pour les autres, la mère Marie-Odette m’avait trouvé un mari. J’avais coutume de dire qu’elle vendait ses filles au plus offrant. Ce qui, bien sûr, me valait des pénitences de plus en plus sévères, mais je n’avais jamais su contrôler ma langue et refusais de me désavouer, juste pour éviter une punition.
Lorsque je m’étais à nouveau rebellée, cette « charmante femme » avait décidé de me faire passer définitivement l’envie de continuer à émettre des opinions à haute voix et… y parvint. Je me revois, attendant le nombre de lignes que j’allais devoir écrire ou lire à voix haute pendant des heures, quand le frère Jacques du monastère voisin vint à ma rencontre. Je reçus de sa part, avec l’accord de cette vieille chèvre, cinq coups d’un fouet à plusieurs lanières dont les cicatrices mirent du temps à s’estomper aussi bien sur mon dos que dans ma tête.
Je haïssais ce lieu, cette vie et, plus que tout, cette mégère. Des médisances couraient dans les couloirs, prétendant qu’elle venait d’un couvent, situé au fond des montagnes, dont les mœurs des résidentes n’étaient, pour le moins, pas vraiment dignes de femmes mariées à Notre Christ {8} . Les raisons de son arrivée différaient suivant ce qu’on espérait obtenir de sa part. Certaines la défendaient et affirmaient qu’elle avait fui ce lieu de perdition, en sainte qu’elle était, d’autres, dont je faisais partie, bien sûr, préféraient penser qu’elle en avait été bannie. Vu la façon dont elle menait ses petites affaires, difficile d’y percevoir autre chose que sa vénalité !
Partir était devenu une obsession. Apprendre ce mariage et savoir que je ne me retrouverais pas à la rue me soulageait, même si un fond d’angoisse subsistait en moi sur l’allure de celui qui m’était destiné. Je me retournai sur ma couche. Nouveau craquement, encore un soupir dans le dortoir. Je marmonnai un « désolée » machinal avant de replonger dans mes pensées.
Je n’avais été prévenue que la veille. C’était surprenant, car d’habitude, le

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