Honnis soient-ils !
125 pages
Français

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Honnis soient-ils ! , livre ebook

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Description


Romance historique - 260 pages


Enfant de l’amour, Célestin va devenir celui de la discorde. Sa venue va réanimer les vieilles rancœurs, les incompréhensions qu’Amélia et Côme avaient réussi, tant bien que mal, à effacer. Un fossé va se creuser entre eux.


Arriveront-ils à le combler, encore une fois ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791096384907
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Honnis soient-ils ! Livre 3 : Célestin

Livre 3 : Célestin


PATRICIA LE SAUSSE
Livre 3 : Célestin


PATRICIA LE SAUSSE



Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 979-10-96384-90-7
Corrections : Lily T.
Photo de couverture : Creatista
Remerciements

À L.S. Ange, créatrice et directrice des éditions Elixyria, qui chouchoute ses auteurs comme personne.
À Didier, toujours aussi efficace et talentueux.
À Muriel et Aurélie, mes bêta-lectrices d’amour,
À Chrys, pour son sourire, son enthousiasme, son soutien,
À Danielle pour sa relecture de l’extrême,
À toi, cher lecteur, chère lectrice, pour ta fidélité et ta confiance.
Pour Isis
Petite fée qui embellit ma vie
Je ne suis plus qu’une mère…
CHAPITRE 1

Printemps 1471

Célestin allait passer son troisième hiver cette année et la honte m’étreignait toujours quand je regardais en arrière. Quelle mère étais-je donc ? Quelle épouse ? Je n’avais respecté aucun de mes engagements. Comme l’avait prévu en d’autres temps mon amie Fannie, je n’avais pas résisté plus de trois ou quatre lunaisons {1} à l’envie de tenir mon fils… et mon mari dans mes bras.
À ma décharge, mon bébé s’était transformé, jour après jour, en un petit garçon adorable, mélange de la luminosité de ma fille Apolline, devenue sœur de chœur à l’abbaye Saint-Pierre de Montmajour, et de la joie de vivre de son oncle Nathaniel.
Il ressemblait tant à ce dernier ! Comme lui, il portait un amour, un émerveillement quotidien sur ce qui l’entourait. Il exsudait le bonheur. Comment rester de marbre en sa présence ? Tout le ravissait, la forme d’une fleur, le cheminement d’une fourmi, l’envol d’un papillon. Un rien le faisait rire, parfait double de ma chère Apolline.
Penser à ma fille installait le manque d’elle. Je la savais heureuse dans la maison de Dieu. J’avais de ses nouvelles de temps à autre, mais c’était plus fort que moi, je m’inquiétais. Mon passé, mon enfance douloureuse dans un couvent m’empêchaient d’être pleinement sereine. Je n’avais malheureusement aucun pouvoir de décision la concernant, elle serait bientôt mariée à Dieu. Je me revis avec Côme lors de notre visite à ma chère Héloïse, partie depuis rejoindre notre créateur.
Cela me ramena à ce fils que je m’évertuais à lui refuser, réduisant par là même en cendres notre merveilleuse complicité. Une nuit plus sombre que les autres, une de celles où la noirceur du ciel a envahi votre cœur, j’avais craqué. Je m’étais rendue chez celle qui avait adopté mon bébé à peine né, Émilie. Je lui avais proposé de se reposer un peu, tandis que je veillais. Dès qu’elle s’était assoupie, je m’étais approchée du berceau dans lequel dormait mon petit. Après bien des hésitations, j’avais caressé sa joue veloutée avant de prendre dans mes bras le minuscule corps, avec de multiples précautions pour ne pas le réveiller. Ni vue ni connue, m’étais-je dit ensuite, pour me disculper de cet écart qui, je me le jurai à ce moment-là, ne se renouvellerait plus.
J’avais tenu encore quelque temps…
Je comprenais mieux la manière de réagir des bourreaux, leur volonté de trouver des justifications à leurs actes, de préparer leurs enfants au fait qu’adultes, ils deviendraient des assassins en leur donnant de bonnes excuses pour commettre de tels forfaits. Jour après jour, je faisais de même pour légitimer mes pulsions maternelles.
Qu’il était difficile à ma raison de découvrir qu’elle n’avait pas le dessus et devait s’effacer face aux élans de mon cœur ! Je me cherchais des circonstances atténuantes, des compromissions, tel Côme en d’autres temps. Seuls les villageois nous considéraient comme maudits, pas Dieu. Alors, en quoi toucher son enfant serait-il répréhensible ? Je ne faisais rien de mal en l’aimant. Tant qu’il restait éloigné du pilori, il ne risquait rien.
Puis, ma répulsion pour le métier de son père, mon éducation, le souvenir des exécutions auxquelles j’avais assisté, auxquelles j’avais participé, revenaient au premier plan. Nous n’étions pas des parents ordinaires. Comment être certaine que nos actions passées ne nuiraient jamais à notre enfant ? Dans le doute, mieux valait se tenir en retrait.
Et tout recommençait ! Jamais je ne serais libérée de mes appréhensions, de mes hésitations. Alors, je regardais vivre mon petit, de plus ou moins loin. Je saignai quand il fit ses premiers pas en direction d’Émilie, quand il bafouilla le mot « mère » en s’adressant à elle. Je priai pour enlever de mon être toute trace de haine à l’encontre de cette dernière, me réfugiant dans l’ancienne maison de Fannie, ayant fui celle dévolue à l’exécuteur en service, à savoir Jehan, mon fils aîné, pour pleurer toutes les larmes de mon corps, jusqu’à l’épuisement.
Le temps passait si lentement. Manon, la jeune femme préparée par Fannie pour lui succéder, s’occupait du travail des filles dans les champs. Elle gérait les récoltes. Fannie ne parlait plus de partir. Désigner Hakim comme parrain de Célestin avait fait disparaître l’envie de celui-ci de retourner près des siens. Je m’en réjouissais. Mon âme avait besoin de leur amitié à tous les deux pour rester sereine, les pieds sur terre.
Mon corps exprimait aussi ses exigences, la plus impérieuse étant de se retrouver blotti contre celui de mon mari. Ma raison criait « luxure », mon cœur « amour ». La première fois que je cédai à mon envie de Côme, je partis de chez Émilie et me précipitai dans sa chambre, dans la maison du bourreau. Plus rien ne comptait que le désir irrépressible qui brûlait mon corps. Mon mari avait sursauté à mon entrée, mais m’avait ouvert les bras sans un mot quand je m’étais arrêtée, une fois le seuil franchi, sidérée par ce que je m’apprêtais à commettre sans vergogne.
Comment résister à cette invite ?
Cette première nuit ensemble, après le drame qui avait vu la mort de Gaspard le saucier, le fils d’Émilie, fut irréelle. Mes sens, mis en éveil par l’attente, démultiplièrent mes ressentis. Je me tordis de volupté sous les caresses de Côme qui sut où poser ses mains, ses doigts, sa bouche pour me faire crier de jouissance. Je perdis toute notion de décence. J’oubliai où j’étais, tout m’indifféra, mis à part ces vagues de plaisir qui parcouraient mon corps pour venir se briser, exploser au bas de mon ventre.
Mon mari me démontra, de la plus belle des manières, tout l’amour qu’il me portait, ne se préoccupant que de mon plaisir, excluant le sien, jusqu’à ce que je revienne suffisamment à la réalité pour passer à l’action à mon tour. Je pris le contrôle de son corps, justifiant mes actes en me disant qu’il serait toujours temps, le lendemain, de prier Dieu pour me faire pardonner mes égarements !
Pour l’instant, cet homme était le mien, il m’appartenait, prêt à capituler, à accepter la moindre de mes fantaisies. Je me découvris une imagination débordante, jouant avec lui, refusant qu’il intervienne, le menant aux limites de son endurance. Mes mains, ma bouche, mes cheveux, mon souffle, je mis tout à contribution pour l’entendre gémir, crier, pour pouvoir admirer avec jubilation l’affolement de ses sens. Oubliés le carcan de l’église, l’éducation puritaine, les sept péchés capitaux dont la luxure était le plus grave, j’étais affamée  !
Après avoir profité égoïstement l’un de l’autre, nous nous étions retrouvés dans une communion qui nous avait portés à nouveau dans des contrées inaccessibles à ceux dont l’amour n’était pas assez puissant pour briser les barrières de l’esprit. Sentir mon mari se loger en moi m’avait donné un tel bien-être, une telle félicité, une telle complétude que je sus que je ne pourrais jamais m’en passer sous peine de me dessécher et mourir. Alors que je perdais le contrôle de mon corps encore et encore, je ne pouvais faire taire cette petite voix qui, déjà, commençait à enfler en moi, à s’horrifier.
Il me fallut du temps pour oser admettre ce que j’avais vécu cette nuit-là, ne plus en rougir, cesser de rejeter la faute sur Côme pour supporter le poids de ma culpabilité. Je finis par évacuer cette dernière, quand la certitude de ne pas être à nouveau grosse s’installa. Je mis le tout sur le compte d’une diablerie pour rassurer mon âme sur ma capacité à garder le contrôle à l’avenir, et poursuivis ma vie, de plus en plus solitaire.
Depuis, mon existence se déroulait dans une routine bien encadrée pour ne pas déraper. J’y avais élevé tant de barrières que tout y était orchestré de manière imparable. Mon temps se répartissait entre mon petit garçon, que je voyais chez mon amie, mon jardin, ma maisonnette.
J’aidais les filles qui travaillaient dans les champs pour Fannie et moi. Non par besoin de rencontrer du monde, de papoter, plutôt par nécessité de m’épuiser et surtout dans l’espoir d’apercevoir Côme. Il passait de temps en temps sur le chemin longeant la propriété, s’arrêtait si les enfants étaient présents. Il ne s’approchait pas, se contentant de regarder. Ne pas être certain que Célestin soit son fils le rongeait. Il avait bien tenté de me questionner, après nos nuits d’amour, quand le bonheur attendrit même le plus sec des cœurs, mais j’avais tenu bon. C’était le prix à payer pour garder ces deux êtres si chers à mon âme : faire en sorte que leurs routes ne se croisent pas.
Était-ce égoïste de ma part ? Je profitais des deux, même si c’était d’une manière incomplète et insatisfaisante, alors que j’ôtais ses droits à la paternité à un homme qui aurait été un père merveilleux, faisant de notre enfant un orphelin. Cette idée me dévastait. Je ne pouvais que la rejeter en m’accrochant à celle que je n’avais pas d’autre choix, que c’était la seule solution pour sauver mon petit de la malédiction pesant sur les membres des familles de bourreaux.
J’avais conscience de ce que j’infligeais à Côme. Cela ajoutait à mon désarroi. Ma vie était devenue une plaine asséchée par le contrôle que j’imposais à mes émotions. Celles-ci avaient fini par disparaître, donnant de ma personne

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