Il y a des histoires qui finissent bien

Hélène Custeau

Description

Une jeune auteure peut-elle arriver, avec l’aide de personnages issus de son imagination, à réinventer sa propre vie?
Un accident bouleverse la vie de Majorie, une écrivaine nouvellement célibataire et en rupture avec sa famille. Ses blessures la rendant temporairement invalide, elle se voit contrainte à une convalescence de plusieurs semaines. Soudainement, elle dispose de temps, que cela lui plaise ou non, pour guérir d’une relation amoureuse toxique, surmonter le deuil de son père et commencer à écrire le nouveau roman que lui réclame son éditrice depuis le succès du précédent.
Et si tout ça était… interrelié?
Jouant à Dieu avec ses personnages, la romancière entame une véritable quête du bonheur. Lorsqu’elle se perd et doit revenir sur ses pas, la réalité et la fiction se croisent et se confondent…

Sujets

• Fiction
• Romance

Informations

• Publié par: Guy Saint-Jean Editeur
• Date de parution: 01 mars 2023
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782898274398
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

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Points de repère Couverture Page de marque Page de copyright Page de titre Épigraphe Dédicace Début du contenu Remerciements
Répertoire des pages Couverture 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216
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Hélène Custeau
Il y a des histoires qui finissent bien
Roman
« Je ne crois pas en Dieu, mais il me manque. »
J ulian B arnes
« La vie s’approche de nous. Elle guette le moment favorable pour frapper puis, à chacun, elle lance : Chante, maintenant. Vas-y, chante. Écris. »
C hristian B obin
À Simon, William et Gabriel
J ustine Justine suit Philippe des yeux. Les roulettes de sa valise s’enfoncent dans la neige. Il s’impatiente. Une fois dans sa voiture, il ne se tourne pas vers la fenêtre pour lui envoyer la main comme il le fait d’habitude.
Elle le regarde disparaître en retenant son souffle. Devra-t-elle fouler chacune de ses empreintes pour réaliser qu’il est parti pour de bon ? La poudrerie commence à les effacer. Il ne restera bientôt plus aucune trace de son départ. Alors elle cherche à se rappeler les derniers mots qu’il a prononcés avant de refermer la porte derrière lui. « Adieu ? »
Avant que le sol ne se dérobe sous ses pieds, elle se réfugie dans son lit, se recroqueville sous un amas de couvertures. Espérant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes pendant son sommeil, elle laisse fondre sous sa langue un milligramme d’Ativan. Lorsqu’elle ouvrira les yeux, elle retrouvera Philippe endormi à ses côtés comme chaque matin depuis quinze ans.
À peine assoupie, elle rêve qu’il se promène dans la maison. Il monte l’escalier à pas de loup. Il entre dans la chambre sur la pointe des pieds, s’approche du lit. Derrière ses paupières closes, elle perçoit son regard. Il se penche sur elle. Sa main effleure sa joue. Elle sent son souffle dans son cou. Elle se colle à sa peau, cherche sa bouche, son sexe.
Une bourrasque secoue la baie vitrée, les branches du tilleul frappent le mur de la maison. Un courant d’air se faufile dans la pièce.
— Phil ?
Elle veut se rendormir et ne plus jamais se réveiller.
Au petit matin, émergeant d’un sommeil agité, elle quête la chaleur de son corps, puis se souvenant du claquement de la porte, sa gorge se noue, son cœur cogne. Surtout pas de larmes, pas d’apitoiement. On ne meurt pas d’un chagrin d’amour. Elle reléguera sa douleur en arrière-plan et fera semblant qu’il s’agit d’une journée comme une autre.
Elle commence par apporter son café à son bureau. Elle le sirote distraitement devant l’écran de l’ordinateur. Son regard s’immobilise sur le titre du manuscrit : La nuit, tous les chats sont gris . Terminer la révision de ce polar écrit par un auteur à succès paresseux exigera d’elle un grand effort de volonté. C’est pourquoi elle retarde le moment de s’y mettre. Elle fouille dans le tiroir de son bureau, en extirpe un paquet de cigarettes, heureuse de ne pas avoir besoin de se cacher pour fumer à présent qu’elle n’a plus de comptes à rendre à personne. À moins qu’elle ne se permette un joint. Elle peut faire ce qu’elle veut, mais n’a envie de rien. Elle écrase sa cigarette dans la terre du dragonnier et se met à l’œuvre.
Elle travaille toute la journée, oubliant de manger, puis elle imprime le manuscrit pour le lire attentivement une dernière fois. A-t-elle détecté toutes les coquilles ? Ses paupières se sont parfois alourdies. Sans le vouloir, elle a pu sauter des mots, des phrases, voire des pages entières. Elle s’assoit dans le plus confortable fauteuil du salon. Après quelques minutes, la liasse de feuillets lui glisse des mains. Elle les regarde se disperser sur les lattes du plancher. Son esprit est ailleurs. Elle attend Philippe. Cette attente prend toute la place. Elle devrait pourtant comprendre que leur belle histoire d’amour est terminée, mais elle ne se résigne pas encore à mettre derrière elle les quinze dernières années de sa vie.
Elle l’imagine ouvrir la porte d’entrée, claironner : « Bonjour, c’est moi ! » Elle se voit courir à sa rencontre, lui sauter au cou. Puis elle l’entend lui lancer froidement : « Je ne t’aime plus. » Est-ce bien ce qu’il a dit ?
Elle refoule les larmes qui lui montent aux yeux, ramasse les feuillets répandus sur le sol, les rassemble, reprend sa lecture. Elle se persuade que le temps fera son œuvre une minute à la fois, une heure, une journée…
L e Le camion à déchets rugit en déployant ses bras mécaniques pour faire basculer le bac roulant dans sa benne.
— Merde, murmure Justine en regardant le mastodonte s’éloigner avec les souvenirs de Philippe qu’elle a osé jeter sans son autorisation.
Sa collection de disques en vinyle des Beatles, son premier gant de baseball, ses trophées de tennis, tous ses précieux objets conservés au fil des ans avec une dévotion démesurée.
Elle se détourne de la fenêtre et va s’asseoir au coin du feu près de Robert. Elle a froid. Depuis le départ de Philippe, elle n’arrive pas à se réchauffer.
— Je n’ai rien vu venir, dit-elle en remontant son châle sur ses épaules.
— Je ne sais pas quoi dire, Ju.
— Tu es content que Phil soit sorti de ma vie, mais tu as de la peine pour moi. Que veux-tu dire de plus ?
— Son air condescendant m’a toujours fait chier.
— J’ai juste le goût de me sauver au bout du monde.
— Tu me manquerais trop.
— Tu ne t’ennuies même pas de ton chum quand il part en voyage.
— Il ne va jamais plus loin que Toronto.
— Et tu en profites pour le tromper.
— Je suis un beau salaud moi aussi, dit Robert en se levant pour aller se verser un scotch.
— L’amour est un piège à connes.
— Irrésistible, malgré tout.
— Depuis quand y crois-tu ?
— J’en ai seulement contre les promesses éternelles. Jamais je ne m’engagerai envers mon chum pour le reste de mes jours, répond-il en retournant se caler dans le canapé.
— Pourquoi je n’arrive pas à me l’arracher du cœur ?
— Je n’ai jamais su ce que tu lui trouvais.
Justine observe les flammes consumer ses photos de mariage.
— J’ai eu le coup de foudre pour Phil dès que je l’ai vu. Accoudé au bar du Clarendon, il écoutait le pianiste jouer du Gershwin en sirotant un scotch.
— T’es allée t’asseoir à côté de lui et tu lui as dit en plongeant tes magnifiques yeux de faïence dans les siens : « Vous avez du feu ? »
— Non, mais je peux vous offrir un verre. Tu vois ? Le coup de foudre est un cliché.
— Pas si mal, quand même, comme début de roman.
— Oublie ça, riposte Justine en contemplant les flammes dévorer les dernières photos de son mariage.
— C’est vrai que la fin de l’histoire est trop prévisible.
— Inutile de me servir ton proverbial sens de la dérision, je n’ai pas le cœur à rire.
— Pardonne-moi de croire que l’humour nous sauve du désespoir.
— Je ne suis pas désespérée.
— Juste en maudit ?
— J’ai jeté ses foutus disques des Beatles. Et tous ses trophées de tennis.
— Wow ! Il va sûrement te tuer.
— Je ne regrette pas une minute d’avoir balancé ses précieuses affaires à la poubelle.
— Au moins, tu as rescapé son scotch. Ce Finlaggan est un péché mortel, dit Robert en vidant son verre d’un trait.
Il se lève pour aller le rem