Je (ne) pourrais (jamais) t encadrer !
134 pages
Français

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Je (ne) pourrais (jamais) t'encadrer ! , livre ebook

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Description

Artiste-peintre, Julien prépare une exposition. Alors qu'il retourne travailler dans son atelier, il découvre qu'on a pénétré dans l'appartement d'à côté. Son appartement.
L'intrus, Artus, se révèle être un ami de son frère à la recherche d'un hébergement pour quelques mois.


Comme ses relations avec sa famille sont déjà tendues, Julien accepte de rendre ce service à son frère. En échange, Artus lui servira d'assistant jusqu'au vernissage.


Mais Artus le distrait, le tente et, entre eux, s'installe un jeu de séduction auquel Julien a du mal à résister malgré ses réticences.



Faut-il céder au désir, pour un temps si court et au risque de se briser le cœur ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 février 2020
Nombre de lectures 9
EAN13 9791038100718
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Magena Suret 
Je (ne) pourrais (jamais) t'encadrer !
 


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Illustration de couverture ©  MxM Créations
    Suivi éditorial  ©  Blandine Pouchoulin
  
  Correction ©   Emmanuelle Lefray

Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit est strictement interdite. Cela constituerait une violation de l'article 425 et suivants du Code pénal. 
ISBN : 9791038100718
Existe en format papier


1
La porte était déverrouillée. Persuadé d’avoir fermé à clef en quittant son atelier la veille, Julien resta un instant perplexe, son trousseau à la main. Ce n’était vraiment pas son genre d’oublier, et encore moins en période de préparation d’exposition. Il était même plutôt maniaque sur ce point, vérifiant parfois à plusieurs reprises qu’il avait bien fermé. Ses toiles représentaient bien trop de travail pour être dérobées suite à un oubli idiot.
Les gonds couinèrent lorsqu’il abaissa la poignée et poussa la porte.
La pièce se dévoila peu à peu et il resta immobile sur le seuil. Rien ne semblait avoir bougé. Son regard survola les lieux, se promenant tour à tour de son matériel à ses travaux. De grands draps tachés de peinture étaient tendus sur les rails de grilles où attendaient les tableaux prêts pour l’exposition. Plusieurs toiles étaient découvertes et posées contre les murs, finissant de sécher, tandis qu’il en avait trois en cours de réalisation.
La rangée de fenêtres au fond de l’atelier laissait filtrer une lumière assez terne, celle d’une matinée orageuse. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il était arrivé si tôt : il voulait profiter de cet éclairage particulier.
Comme tout paraissait en place, il pénétra dans la pièce et referma la porte derrière lui, ne pouvant chasser la certitude de l’avoir bien verrouillée la veille. Peut-être que son frère était passé et l’avait laissée ouverte par inadvertance. Néanmoins, ce n’était pas dans les habitudes de Simon de venir ici en son absence. C’était déjà rarement le cas en sa présence.
Julien ôta sa veste, décidé à se mettre au travail : tergiverser durant des heures ne lui apporterait pas de réponse et il avait bien plus urgent à traiter. L’atelier était tel qu’il l’avait quitté, les toiles bien en place l’attendaient ; c’était tout ce qui comptait.
Les pinceaux les plus sales et les moins fragiles avaient passé la nuit dans la térébenthine, aussi les déposa-t-il dans le lavabo pour les rincer.
L’eau ne coulait que depuis quelques secondes lorsqu’il entendit un cri surpris venant de l’autre côté de la cloison. Lui-même eut un instant d’hésitation avant de fermer le robinet, puis tendit l’oreille.
Maintenant qu’il y prêtait attention, derrière le mur, le clapotis des gouttes de la douche était toujours audible. Quelqu’un avait donc bien pénétré ici en son absence et Julien venait de l’avertir de sa présence à cause d’un ballon d’eau chaude trop vieux pour fournir deux arrivées simultanément.
Le petit appartement attenant à l’atelier était vide depuis plusieurs mois. Ses parents avaient laissé, à lui et à son frère, ce loft en espérant qu’ils l’aménageraient en deux parties habitables. Toutefois, ils n’en avaient jamais rien fait. Simon avait bien occupé les lieux avec deux colocataires lors de ses études, mais avait préféré emménager avec sa copine dans un logement plus classique et proche de l’hôpital quand il avait décroché son premier emploi.
Quant à Julien, il était revenu depuis environ un an dans sa ville natale et n’avait pas eu envie d’habiter ce quartier. La partie loft qu’il avait transformée en atelier lui suffisait et être forcé de quitter les lieux chaque soir lui permettait de mieux structurer ses journées. Durant les années où il n’avait pas eu d’espace dédié au travail, il avait bien vu le résultat : passer des nuits entières à peindre dans son salon ou se relever après deux heures de sommeil n’était pas sain.
Comme le bâtiment n’était qu’à quinze minutes de l’université, Simon avait tenté de le convaincre de louer la partie habitable à un étudiant, mais Julien aimait sa solitude et n’avait pas envie de gérer un locataire. De plus, la seule entrée pour l’appartement passait par l’atelier et il ne tenait pas à voir n’importe qui naviguer au milieu de ses toiles sans surveillance.
L’eau dans la salle de bains mitoyenne s’arrêta et il chercha de quoi s’armer avant de décréter que cela serait inutile. Tout d’abord, parce qu’il ne trouvait rien d’assez rassurant ou maniable. Et puis il tenta de se convaincre qu’il ne risquait rien, ou presque : il n’y avait aucune trace d’effraction et la personne était assez en confiance pour prendre une douche. Néanmoins, il comptait bien profiter de son avantage en la surprenant dès sa sortie de la salle de bains. Il se dirigea vers la porte de l’appartement en toute hâte. À mesure qu’il s’en approchait, il regrettait sa décision, pas certain de vouloir se confronter à l’individu qui avait pénétré chez lui. L’importun devait se douter qu’il aurait droit à sa visite, même s’il ne paraissait pas inquiet d’être découvert ainsi.
Encore une fois, l’idée de trouver Simon derrière la porte lui effleura l’esprit, mais il la refoula de nouveau. L’espoir illusoire de se retrouver nez à nez avec son frère ne changerait rien au fait que celui-ci devait tout juste terminer sa garde de nuit à l’hôpital.
Son côté raisonnable lui intimait d’appeler la police et de les laisser gérer la situation, mais que pourrait-il dire pour les convaincre de se déplacer ? Que quelqu’un était entré chez lui sans forcer la serrure pour squatter sa baignoire ? Cette discussion avait toutes les chances de tourner au ridicule. Tout du moins, c’était son impression parce qu’il ne parvenait à trouver ni raisons ni arguments logiques. Puis il ne tenait pas à se faire une mauvaise publicité si peu de mois avant son vernissage. Il était toujours échaudé des ragots sur sa prétendue instabilité psychologique dont il avait été victime avant son déménagement et il ne voulait pas risquer de raviver ces braises. S’il tentait le diable en agissant seul, eh bien, il n’aurait qu’à courir…
Alors qu’il franchissait enfin le seuil du studio, il vit, sur sa gauche, la vapeur s’échapper de la salle de bains dont la porte était entrebâillée. Avant son interruption, la douche avait dû être brûlante et le choc d’être privé d’eau chaude plutôt brutal. Son visiteur semblait toujours dans la pièce.
Longeant le mur, il s’avança avec prudence, puis aperçut son intrus et se trouva étrangement satisfait qu’il ne s’agisse pas de Simon. La bouffée de désir qu’il éprouva aurait été, pour le moins, malvenue et il se serait lui-même posé des questions sur sa santé mentale.
L’homme lui tournait le dos, mais ce n’était pas la serviette enroulée à sa taille qui empêchait Julien de savourer la cambrure des reins ou de deviner des fesses aussi musclées que le buste offert à sa vue. Cependant, il se demanda si la peau y était tannée de la même façon ou s’il y trouverait des marques de bronzage qui inviteraient à être redessinées de la langue. Les cheveux plaqués par l’humidité ne lui permettaient pas d’en définir la couleur, mais il pariait sur une teinte châtaine, voire blonde. Son souci premier, dorénavant, était qu’il se sentait plutôt enclin à écouter les excuses de son intrus sur sa présence ici qu’à s’en débarrasser. Comme quoi toute raison l’abandonnait devant la promesse d’une chance avec un mec à son goût. S’il n’y avait pas eu cette attirance sous-jacente, Julien aurait sûrement été plus expéditif et il s’en voulait pour cette faiblesse. Face à sa propre hésitation, il revint sur ses pas avant de traverser la pièce pour s’installer dans un des deux fauteuils près du canapé et attendre des explications. Être plus proche de la sortie n’était pas une mauvaise idée non plus.
Un instant, il s’imagina se faufiler dans la salle de bains. Avec un ancien amant, de passage ou sérieux – des noms lui traversèrent l’esprit, mais deux résonnèrent plus fort, indissociables : Caleb et Thomas –, il aurait cédé à ce genre de pulsion. Mais il avait changé. Mûri. Tout du moins, il aimait à le croire, mais il lui arrivait d’en douter. Comme en cet instant où il pouvait presque goûter la satisfaction et le plaisir dans ses souvenirs. Il inspira profondément par le nez et, pour ne pas remettre en question son choix et ruiner ses efforts, il se répéta que ces sensations étaient sublimées par le temps, loin des sentiments amers qui suivaient. Par réflexe, Julien frotta du pouce l’intérieur de son poignet gauche, puis tira sur la manche longue de son T-shirt pour s’assurer que le tissu recouvrait bien l’intégralité de son tatouage.
Tout à ses pensées, il ne s’aperçut que trop tard qu’il n’était plus seul dans la pièce. À quelques pas de lui, appuyé contre le chambranle de la porte de la salle de bains, l’homme le toisait de toute sa hauteur. Soudain, il s’inquiéta et regretta de s’être jeté en pâture à l’inconnu. Ce dernier le regardait avec une curiosité apparente tandis que Julien le dévisageait ouvertement. Le visage, à la mâchoire carrée, était bronzé, comme le reste de son corps, et les yeux bruns brillaient de malice tout juste contenue. Son intrus n’avait pas jugé nécessaire de troquer la serviette qui lui enserrait la taille contre des vêtements. Bizarrement, au lieu de déranger Julien, cette semi-nudité le rassurait : il avait le sentiment d’avoir un avantage. Par pur caprice, son regard glissa le long du torse dénudé et il se gorgea de la vue. Un ricanement lui fit relever la tête. Le sourire ravageur que l’autre lui adressa menaça de le faire fondre sur place :
— Tu aimes ce que tu vois ? se fit-il provoquer.
Malgré le ton sensuel, Julien n’était pas subjugué au point de ne pas détecter la pointe d’ironie. Il tenta de reprendre contenance, haussa les épaules et répondit d’un ton qu’il espérait blasé :

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