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Description

Romance contemporaine - 250 pages


À dix-huit ans, Joanne n'arrive pas à s'ouvrir aux autres, en particulier à ses proches. Le départ de sa mère, suivi de près par celui de sa sœur Delia, a été un véritable coup dur pour elle. Introvertie et distante, elle décide de passer trois semaines en leur compagnie, dans l'espoir de resserrer leurs liens.


Mais si l'été s’annonce déjà chaud dans le sud de la France, le petit ami de Delia, Benjamin, va encore faire grimper la température. Lors d'une nuit d'orage, Joanne surprend le couple en plein ébat. Alors qu'elle devrait s'éclipser, elle se délecte de cette scène sous le regard provocateur du jeune amant. Cette découverte inopinée aurait dû être la première et la dernière. Pourtant, une irrépressible alchimie les attire l'un vers l'autre et les pousse à plonger plus loin en eaux troubles.



Entre fantasmes et perversion, égarez-vous avec Joanne dans un monde de tentation où l'interdit a du bon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 avril 2022
Nombre de lectures 22
EAN13 9782379614293
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je te vois


Audrey Rousselin
  


Audrey Rousselin


Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-429-3
Photos de couverture : LightField Studios
Chapitre 1
Question de survie


Joanne

Je n’ai jamais été proche de ma sœur. En fait, je n’ai jamais été proche de qui que ce soit. Les gens, leurs sentiments, leurs opinions, leurs jugements, ça me terrifie. Je me sens vulnérable. Je ne les comprends pas et ils ne me comprennent pas non plus, comme si nous n’appartenions pas à la même planète. Je préfère rester dans mon coin, à attendre que ça se passe. Je fais profil bas, le nez dans les bouquins ou les écouteurs sur les oreilles. La plupart du temps, je lis, j’écoute de la musique, je mange et je dors. J’ai déjà eu des amis, mais au lycée, les liens se dénouent aussi vite qu’ils se créent. Les seuls qui gravitent autour de moi me tiennent compagnie en cours et au réfectoire. Sauf que le lycée, c’est terminé. J’ai obtenu mon baccalauréat, il y a deux semaines, et maintenant, chacun va tracer sa route. Moi, ça me convient, je ne veux pas m’attarder sur des personnes qui ont déjà supprimé mon numéro de téléphone. Peut-être que j’exagère et que je suis l’unique responsable de ma solitude parce que c’est moi qui effraie les autres, mais à l’heure actuelle, je m’en fiche. J’ai l’impression qu’on m’a mise sur un radeau au beau milieu de l’océan. Je traverse les tempêtes, je flotte, je dérive, il n’y a rien à l’horizon. Pas une bouée à laquelle m’accrocher, pas une terre sur laquelle accoster. Rien. Le néant.
Je me trouve un peu pitoyable. Ma sœur me prend pour une associable, mon père pour une introvertie et ma belle-mère, elle, juste pour une fille discrète. À vrai dire, je n’ai aucune idée de qui je suis. Je vais à la fac en septembre, j’étudie la littérature anglaise. Je lis des romances. J’adore les chips à l’ancienne. Est-ce qu’il faut nécessairement des mots sur les actes ou sur les gens ? Je ne veux pas être étiquetée. Je suis qui je suis.
Pourtant, depuis le divorce de mes parents, tout le monde s’évertue à me changer. On m’a envoyée chez le psy à maintes reprises, on m’a même offert des séances d’hypnose. Ma mère a fait une dépression et mes proches pensent que je prends un chemin similaire. On se demande bien pourquoi quand on sait comment a fini notre famille. Au début, mes parents s’aimaient comme des fous, puis papa a délaissé maman et j’imagine que c’est pour cette raison qu’elle s’est tapé le voisin d’en face et a filé avec lui. Aujourd’hui, elle vit dans sa résidence secondaire en région PACA, à des kilomètres de notre petite ville du Nord-Est. Elle n’a pas hésité un instant à s’éloigner de moi, mais je n’arrive pas à lui en vouloir, parce qu’elle rayonne auprès de Friedrich. Elle a eu raison de partir. Mon père, de son côté, a cessé de passer ses week-ends au travail et a trouvé quelqu’un, une gentille dame d’âge mûr qui répond au nom de Fabienne. Brune, cheveux courts et frisés, des yeux noirs perçants, elle a la fâcheuse manie de jouer à la maman dès lors qu’elle s’ennuie.
Je soupire quand cette dernière entre dans ma chambre sans mon autorisation. Elle vient s’asseoir au bord de mon lit, tout sourire, puis elle jette un coup d’œil à mes deux valises par terre, à demi remplies de vêtements en vrac. Je n’ai pas eu le courage de poursuivre. J’appréhende ce moment depuis l’appel de maman, il y a trois jours. Elle tient absolument à ce que je la rejoigne chez elle pour passer une partie de mes vacances d’été au bord de la piscine. Ma sœur et son copain sont eux aussi invités. Réunion de famille.
— Qu’est-ce qui ne va pas, chérie ? Tu n’as pas envie de te prélasser au soleil ?
— Je peux le faire ici, répliqué-je en fixant mon plafond.
— Regarde-toi, Joanne, tu passes tes journées enfermée, à te morfondre ou à réfléchir à je ne sais quoi. Ces vacances vont te revivifier. Il est grand temps que tu te secoues un peu.
— Hum.
Je ne bouge pas d’un millimètre et ne lui accorde pas un regard. Fabienne se redresse et me scrute un moment avant de tourner les talons et de quitter la chambre. Après son départ, je me sens comme morte, vidée de toute énergie. Je survole mon corps, je ne respire plus, n’existe plus. J’ai peut-être un problème, finalement. Mais lequel ?
De toute évidence, mon plafond n’a pas la réponse. Je ferme les paupières et m’imagine en maillot de bain sur un transat, aux côtés de ma mère et de ma sœur, sirotant un délicieux cocktail sous un soleil de plomb. Il y a longtemps que je les ai vues, toutes les deux. Nous ne nous fréquentons quasiment pas à cause de la distance. Delia, ma sœur, a suivi ma mère un an après sa fuite à l’autre bout du pays. Là-bas, elle s’est construit une vie parfaite, avec un boulot et un  petit ami parfaits. Ça a creusé un écart entre nous. Je crois qu’elle me manque. Le vide dont je parle renvoie probablement à cela.
— Plafond, oh, mon beau plafond, dis-moi ce que je devrais faire.
Silence. Je m’assieds et attrape mon portable sur la table de chevet. Le fond d’écran «  Supernatural  » me rappelle que je suis un peu trop dans la fiction et pas assez dans le monde réel. Il faut que je participe à ces fichues vacances ou je risque de finir comme Madame Bovary. À force de rêvasser, on finit par s’oublier.



Le martèlement des roulettes de mes deux petites valises sur le quai me donne des sueurs froides. Mon père les traîne derrière lui tandis que je lui emboîte le pas, les épaules voûtées et le billet de train entre les doigts. Quand je l’ai décroché du réfrigérateur couvert de magnets, hier soir, j’ai tout de suite compris qu’il n’y aurait pas de retour en arrière. J’ai confirmé ma venue à ma mère quelques heures avant mon départ. Elle ne m’en a pas tenu rigueur, au contraire, elle a sauté de joie au téléphone et a interpellé Delia pour le lui annoncer. Je n’ai pas entendu la réaction de ma sœur, mais je suppose qu’elle est ravie. Il va falloir que j’apprenne à sourire et à feindre un minimum de joie si je veux m’intégrer. Autrement, je ne survivrai pas. Elles me démasqueront et me renverront chez le psy.
Je tente de chasser mes appréhensions en fouillant dans mon sac à main. Trois bouquins, du déodorant, une pochette de maquillage et une bouteille d’eau m’accompagnent partout où je me rends. Je déniche également mon portable, mes écouteurs et une barre de céréales. Je ne sais pas ce que je cherche, j’attends que mon instinct me guide. Or, celui-ci tarde à se manifester. Nous arrivons devant le train, mon train. Il est six heures du matin. Je ne devrais pas atteindre ma destination avant seize heures trente. Maman m’accueillera et me ramènera chez elle, dans « son petit coin de paradis », comme elle l’appelle. Une terre sainte dont je ne fais pas partie, mais qui m’ouvrira toutefois ses portes pour trois longues semaines.
Mon père s’arrête devant une entrée. Toute une file de passagers commence à monter à l’intérieur du wagon. Je récupère mes valises, vérifie une dernière fois mon billet et me dirige en fin de peloton. Cependant, mon père me retient par la main et presse délicatement celle-ci tout en esquissant un sourire empreint de tendresse. Je me fige, mal à l’aise. Le contact, les « au revoir », vraiment pas mon truc.
— Tu vas me manquer, me confie-t-il. Amuse-toi bien.
Je déglutis et récupère ma main, le rouge aux joues. Fabienne me souhaite de bonnes vacances. Je leur dis au revoir, puis m’éclipse enfin dans le wagon. Je me dépêche d’aller m’asseoir. Cet élan d’affection avec mon père m’a complètement retournée. Je n’ai pas l’habitude qu’il fasse dans les sentiments. Là-dessus, on est pareils lui et moi. On n’aime pas montrer ce qu’on ressent, on garde tout pour nous, par crainte de déclencher des réactions chez les autres qui ne correspondraient pas à nos attentes. Ma mère le lui reprochait tout le temps. Elle ne supportait pas qu’il se referme sur lui-même. On dirait que j’ai hérité des pires travers de mes parents : d’un côté la dépression, de l’autre la solitude. Je sens déjà que ma vie va être géniale avec un tel mélange.
Le train démarre, ma famille parvient à me retrouver et à me saluer à travers la fenêtre. J’ai déjà mes écouteurs sur les oreilles et la musique à fond. Je leur accorde un bref coucou, puis le quai et les silhouettes disparaissent. Nous prenons de la vitesse. Le front collé à la vitre, je me perds dans le défilé des paysages et des lieux qui passent sous mes yeux. Le soleil grimpe peu à peu les échelons jusqu’à son zénith. Quand tout s’arrête, il brille de mille feux dans le ciel dégagé de Nice. Une voix nous informe sur la marche à suivre. J’envoie un message à ma mère et récupère mon sandwich à moitié grignoté sur la petite table à disposition. Après quoi, je m’empare de mes valises et cherche du regard un visage familier. Une foule d’inconnus se presse les uns aux autres. Deux hommes se bousculent juste devant moi, l’un est au téléphone, l’autre a les yeux rivés sur une brochure. J’avance et me place en dessous d’une grande horloge qui domine le quai sur lequel j’ai débarqué.
— Joanne ! m’interpelle une voix noyée dans le bruit ambiant.
Je tourne sur moi-même et découvre tout à coup Delia, les bras grands ouverts, prête à m’accueillir. Je recule instinctivement, mais elle se jette sur moi et m’enlace de toutes ses forces. Maman la talonne et ne tarde pas à la rejoindre. Je me retrouve piégée entre les deux femmes et je peine à dissimuler mon malaise, même si je tapote leurs épaules.
— Ça a été le voyage ? me demande Delia, en se détachant de moi pour m’observer. Tu as changé ! Tes cheveux ont poussé, ils sont magnifiques ! Tu me donneras ta recette magique ? On partage tout entre sœurs, pas vrai ?
Elle tortille l’une de mes mèches brunes à l’aide de son index et pouffe comme une gamine. Pourtant, lorsque je l’étudie un peu plus en détail, je constate que j’ai bel et bien affaire à une jeune femme de vingt-

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