L’Amitié pour seul abri - Tome II
332 pages
Français

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L’Amitié pour seul abri - Tome II , livre ebook

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Description

Pendant l’occupation allemande de la Seconde guerre mondiale, Flore, Cabri, Sciano et Claudio, quatre adolescents italiens, vivent en France cachés dans le sous-sol d’une maison bombardée. Avec l’aide d’une famille de fermiers, ils parviennent à organiser leur communauté, à trouver des petits emplois dans les champs, et à survivre tant bien que mal, malgré la rigueur d’un hiver particulièrement froid, et la maladie qui les menace à tout instant. Peu à peu, ils apprennent le métier d’agriculteur, et jettent ainsi les fondements d’une vie nouvelle et meilleure. Ce roman ne relate pas les exploits de héros de guerre, ni la bravoure des résistants, mais le courage ordinaire et admirable de ces jeunes gens qui, malgré des conditions de vie difficile, réussissent à rester soudés dans l’adversité. On découvre leur vie quotidienne, ses tracas mais aussi ses joies – ils y puisent la force qui leur permet d’avancer et de surmonter les obstacles. Mais ce roman est aussi l’histoire de cette famille de fermiers qui prend les jeunes italiens sous son aile, et leur témoigne une bonté simple et gratuite, d’autant plus extraordinaire qu’elle est offerte en période de crise pour les communautés rurales. "Les Secrets de la ferme abandonnée" est la suite de "L’Amitié pour seul abri", premier tome de la saga écrite par Claude Souchon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mai 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748373868
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Amitié pour seul abri - Tome II
Claude Souchon
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
L’Amitié pour seul abri - Tome II
 
 
 
 
Chapitre un
 
 
 
Thérèse est tellement satisfaite de notre aide qu’elle nous a invités à dîner à la ferme tous les midis, même le jour où nous sommes allés nous présenter chez d’autres fermiers pour demander un emploi. Cette semaine-là, la joie est revenue dans la triste demeure. Pendant que Louis, secondé par Sciano et Cabri, chante en clouant les chevrons et en plaçant les tuiles sur le toit, j’apprends à fabriquer des fromages de chèvre et Flore repasse ou coud. La petite fille veut l’imiter et penchée sur un vêtement de poupée que Flore lui a taillé, elle ourle en tirant la langue tant elle s’applique. L’ambiance est familiale. Un soir, alors que nous nous apprêtons à regagner notre caverne, Thérèse nous dit :
— Demain soir, vous n’aurez pas de réveillon à préparer, nous fêterons le nouvel an ensemble si cela vous plaît, bien sûr.
— Déjà ! répond Cabri, je n’ai pas vu passer la semaine… Qu’en pensez-vous ?
Les regards se croisent et Sciano dit à Thérèse :
— D’accord, nous apporterons du fromage de notre réserve.
— Mais c’est cher, le fromage !
— Pas pour nous, il reste toujours beaucoup de choses dans les maisons bombardées ; après-demain c’est férié, si vous voulez on vous emmène voir notre caverne.
Le lendemain, pendant que Louis, Sciano et Cabri finissent de poser les dernières tuiles, Flore, Thérèse et moi préparons le réveillon. Thérèse et Flore pétrissent de la pâte, l’une pour du bon pain, l’autre pour des gâteaux, tandis que j’épluche d’abord des légumes puis des fruits pour une salade. Thérèse cuit aussi une crème à la vanille, puis elle plume une volaille, la vide et l’assaisonne, prête à l’enfourner. Le repas s’annonce copieux. Thérèse et Flore mettent le couvert sur un drap qui sert de nappe et décorent la table avec des branches de sapin et une guirlande. Je regarde, mais Lisa, me voyant inoccupé, m’accapare en me disant :
— Tu es le père, moi la mère et voilà nos enfants, ceux-là sont gentils, mais Robert n’est jamais sage… Je t’ai préparé la soupe au chou que tu préfères, viens manger pendant qu’elle est chaude.
Elle m’oblige à m’asseoir par terre devant un tabouret sur lequel elle a disposé des assiettes de dînette.
— Elle est bonne… oh ! Robert tu as encore renversé ton assiette, Papa, corrige-le !
Elle empoigne un ours qu’elle place sur mes genoux ; je n’ose pas répondre et exécute la fessée demandée quand les hommes entrent après avoir rangé leur matériel. Cabri éclate de rire devant cette scène mais il reçoit un coup de coude dans les côtes et un regard noir de la part de Sciano.
Thérèse questionne Louis qui lui explique la fin des travaux du toit, alors je m’esquive et vais me joindre au groupe des grands, mais Lisa vient me chercher. Sa mère lui dit :
— Laisse-le, il veut être un peu avec ses amis.
Mais elle insiste, me tire par ma manche.
— Élisabeth, ça suffit, range tes jouets, va te laver les mains et enfile ta jolie robe afin d’être prête pour le réveillon.
— Nous allons nous aussi nous faire beaux, à tout à l’heure.
Pendant que Sciano se débarbouille et que Flore se coiffe, je trie mes vêtements pour trouver le plus présentable. Cabri, assis sur un coin du matelas, confectionne une poupée avec un chiffon et me l’offre. Je n’apprécie pas du tout la blague, me saisis de l’objet et le cingle avec, il se met à rire et se renverse sur le lit alors je le rejoins et le frappe à coups de pied et de poing. Sciano intervient et me gifle.
— Claudio, cette violence est exagérée, même si la plaisanterie était de fort mauvais goût.
Ma colère tombe subitement, je retourne à mes vêtements et pleure en silence. Cabri se rend compte de sa bévue et s’approche de moi.
— Claudio, pardonne-moi, je voulais juste te faire rire.
Il pose ses mains sur mes épaules, m’obligeant à relever la tête. Les yeux gris expriment un tel repentir que je fais le même geste, nos nez se touchent et un sourire partagé clôt ce désaccord.
— À vous deux, nous dit Sciano, la salle de bains est libre.
Au passage, il passe sa main dans mes cheveux et me sourit, me laissant comprendre ainsi que pour lui aussi, l’incident n’a plus d’importance. Cabri mouille un chiffon et me dit :
— Mets de l’eau froide sur tes yeux pour enlever la trace de tes larmes.
Il maintient le linge en place quelques instants, pose un baiser sur ma joue rougie et me dit à l’oreille, mais de manière à ce que Sciano l’entende.
— J’ai effacé la sévère gifle, mais ne le dis pas à Sciano.
Je ris de bon cœur malgré mon chagrin récent ; le regard de Sciano croise celui, moqueur et réprobateur, de Cabri ; il se détourne et se mord les lèvres pour dissimuler le fou rire qui le gagne, tandis que Flore pouffe en laçant ses chaussures.
 
La soirée bat son plein, débordante de gaieté et de chansons enfantines reprises en chœur et le repas est succulent. Même Louis a laissé le fardeau de sa tristesse et raconte des histoires drôles. La joie se poursuit jusqu’aux coups de minuit, alors tout le monde s’embrasse et se souhaite une heureuse année. La soirée s’achève après une dernière tranche de gâteau et un verre de cidre pétillant levé à la nouvelle année.
— Vous n’avez pas peur de la nuit ? demande Thérèse.
— Non, pas du tout, mais j’espère que les Allemands festoient et ne patrouillent pas.
— Venez dîner avec nous demain midi, pour nous aider à finir les restes.
— D’accord et bonne nuit.
Nous regagnons notre caverne sans encombre. Le réveil du lendemain est tardif et pénible, même Cabot s’étire mollement.
— Et alors Cabot, les nonos de la dinde étaient durs à digérer et tu as mal dormi !
Les yeux du brave chien ont l’air de sourire et il remue la queue, nous le chahutons jusqu’au moment où Flore déclare que le déjeuner est prêt.
— Qu’allons-nous faire aujourd’hui, Sciano ? demande Cabri.
— Il serait bon de laver nos chemises sales, mais ici ça ne sera pas pratique.
— Pourquoi ne pas demander à Thérèse de nous prêter son matériel, je pense qu’elle ne nous refusera pas ce service.
— C’est une bonne idée, Flore, alors rassemblons notre linge.
La courte matinée se passe en rangement, un peu de ménage et quelques discussions à propos de la situation. C’est surtout Flore qui s’inquiète.
— Sciano, il me semble que nous avons beaucoup travaillé pour Thérèse et peu pour nous ; nous avons relâché notre surveillance et laissé de côté notre déménagement.
— C’est vrai, Flore, ce toit nous a accaparés toute la semaine, mais de là-haut, nous avions une vue dégagée sur l’usine et la zone bombardée et je peux t’assurer que nous n’y avons vu personne, ce qui m’étonne d’ailleurs car je ne crois pas ce monsieur Mercier capable de nous oublier. Cet après-midi, nous aurons tout le temps de nous consacrer à notre départ d’ici. Déjà midi, allons dîner chez Thérèse, ne nous faisons pas attendre.
Elle nous accueille avec un grand sourire.
— Je suis montée dans le grenier ce matin et j’ai vu toute la partie du toit que vous avez refaite, je ne pensais pas qu’une si grande surface était endommagée… Quel travail !
— Il nous a fallu dégager jusqu’à la faîtière pour changer les chevrons que les éclats de bombes avaient en partie coupés.
— Oui, Louis m’a expliqué… Je ne sais comment vous remercier… Passons à table, tout est chaud.
— Vous pouvez nous rendre un service, Thérèse, dit Flore, dans notre caverne nous n’avons rien pour laver notre linge, peut-on utiliser vos baquets et lessiveuses ?
— Mais bien sûr, ne vous gênez pas.
Le repas se termine comme la veille sur la crème et les bons gâteaux. Après le café, Louis se retire pour se reposer.
— Thérèse, voulez-vous voir notre caverne ?
— Moi aussi ? demande Lisa.
— Viens !
— Pourquoi l’appelez-vous ainsi ? demande Thérèse en emplissant d’œufs un petit panier qu’elle nous destine.
— Parce qu’elle est aussi pleine que celle d’Ali Baba, mais les objets y sont moins précieux.
Nous passons d’abord à la buanderie et allons guetter à l’étage ; le secteur est toujours aussi désert. Dans le sous-sol, nous expliquons à Thérèse l’aménagement que nous avons prévu.
— Alors ce sera votre nouvelle caverne !
— Oui, celle de la villa des oiseaux !
En sortant, Thérèse regarde la maison :
— Vous n’avez pas peur de vous loger ici, regardez les murs sont ébranlés et lézardés, elle risque de s’écrouler au prochain bombardement.
— Elle est en bien meilleur état que celle que nous habitons actuellement.
La promenade reprend dans le dédale des murs tombés et des tas de gravats. Thérèse se cramponne au bras de Sciano pour franchir les obstacles ; Lisa suit sans rien dire, étonnée et angoissée en voyant de près de tels dégâts, Flore se sent délaissée et observe Thérèse. Cabri et moi chahutons et gravissons allégrement les éboulis que nous connaissons bien. Cabri, sans en avoir l’air, enregistre les expressions de chacun. En passant dans ce qui reste de la boutique du cordonnier et son escalier branlant, Thérèse, peu rassurée, demande :
— Est-ce encore loin ?
— Nous y sommes.
Sciano ouvre la porte, fait une grande révérence et dit :
— Si vous voulez vous donner la peine d’entrer, gente dame !
Thérèse rit, nous nous moquons de Sciano, mais les lèvres de Flore se pincent avant d’émettre un sourire forcé.
— Elle est petite, votre caverne ! Et où prenez-vous de l’eau ?
Elle dépose le panier d’œufs sur l’étag

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