L Arbre à deux vies
296 pages
Français

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L'Arbre à deux vies , livre ebook

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Description

Émilia a bientôt trente ans. Depuis sa plus tendre enfance, elle se blottit auprès de son arbre... Arbre de vie, bien enraciné, à qui elle confie ses secrets, ses peines et ses joies. Il est témoin de cette amitié qui la lie avec Jade, Juliette et Jules. Inséparables, les quatre amis ont dressé autour d'eux un rempart qu'aucun intrus ni aucune vicissitude de la vie ne peut franchir. Émilia se cloître dans ce microcosme sécurisant et se refuse à voir le temps qui passe. Et pourtant elle-même transgresse ses propres convictions... Bien loin de son pommier savoyard, il est un baobab béninois. Le second pilier de son existence, protecteur discret et profondément ancré dans cette terre d'Afrique, celle de ses ancêtres. Lovée dans son baobab ou dans les bras de son ami Aimé, elle ressent en elle monter cette sève africaine où se mêlent fantômes du passé, croyances et rites animistes, optimisme et nonchalance... Saura-t-elle choisir son propre destin ? À moins que sa voie ne soit déjà tracée. Pertinent et émouvant, cet ouvrage entraîne le lecteur dans une réflexion existentielle, entre pragmatisme et ésotérisme, entre certitudes et questionnements sur sa propre appartenance à cette Terre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332807748
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-80772-4

© Edilivre, 2014
Du même auteur


Du même auteur :
El Shaïr , édition L’Harmattan, collection Amarante, 2010
Une soirée filles , Editions Persée, 2012
Dédicaces


Ce roman est dédié à mes amis, ma Yaude, Nath’, Alex, Pegg, Sylvie alias Martine, Tyte, Lionel, Dédé et JP, merci.
Remerciements à Cécile et Madeleine pour leurs corrections et à JoaNaa, une artiste de talent qui a eu la gentillesse d’illustrer la couverture.
L’Arbre à deux vies
 
 
Le vent, charmeur, s’immisçait dans les branches et chantait une mélodie délicieuse. Sous son emprise l’arbre dansait et ses branches s’épanouissaient dans le ciel bleu tacheté ça et là de bulles de coton d’un blanc pur. La tête calée contre le tronc de son pommier, Emilia souriait.
La chaleur dégagée par son arbre entrait par son cuir chevelu et redescendait le long de sa colonne vertébrale, libérant ainsi des picotements sensoriels agréables. Depuis sa tendre enfance, Émilia trouvait refuge auprès de son pommier, hiver comme été. Cette communion naturelle lui était précieuse et lui procurait une régénérescence de son corps, mais surtout de son esprit. Mille et un secrets se cachaient dans les recoins des branchages. Les bruissements du soir répandaient les confidences aux oiseaux, mais les secrets, toujours, étaient bien gardés. L’arbre était riche de joie, de tristesse et de révolte, mais depuis peu, un vent nouveau soufflait entre les bras désarticulés du pommier. Il était le gage d’un amour naissant qui soulevait le cœur d’Émilia et la rendait encore plus belle. La paume de sa main renfermait un objet précieux, au toucher délicieux et au ressenti enivrant…
 
 
Émilia était une beauté pure née de l’union de deux continents, un métissage de l’amour. Théophile, son père béninois, travaillait au centre culturel de Cotonou lorsqu’il rencontra sa future femme Doriane venue en Afrique avec son fiancé journaliste. Contrainte à la solitude, elle avait trouvé refuge au centre culturel. Peu à peu, elle s’était liée d’amitié avec Théophile. Il lui parlait de l’Afrique et de sa riche histoire. D’anecdotes en anecdotes, ils avaient construit leur propre histoire, belle et passionnée.
Le fiancé éconduit rentra seul, laissant dans son sillage sa perle rare. Doriane quitta son poste d’institutrice, s’installa chez son amant et puisa dans ses menues économies le temps de sa reconversion. Par l’intermédiaire du centre culturel et de son réseau de connaissances, Théophile lui trouva rapidement une place à l’école française béninoise. Malgré son niveau de vie confortable et tout l’amour de son compagnon, Doriane eut bien vite le mal du pays. Elle dépérissait de jour en jour… Toutes les nuits elle se voyait courir dans les champs verdoyants, elle escaladait les parois abruptes du Salève et se retrouvait au coin du feu pour un barbecue sauvage avec ses amis et sa famille. Son petit monde lui manquait terriblement et, grâce à ses parents, elle rentra avec Théophile qui avait négocié un gros contrat au centre culturel africain de Genève.
Émilia arriva rapidement et fut dès ses premières années la mascotte du village, son emblème et son rayon de soleil. Une enfance dorée, mais une éducation dans le respect de l’autre, de ses valeurs et de ses différences. L’Afrique et la France mêlées et réunies lui offraient une ouverture d’esprit et une approche de la vie riche de sens.
De son père, Émilia avait hérité les longues jambes et les muscles dessinés par un artiste soucieux du détail. Sa peau couleur ébène était douce comme de la soie. Autour de son visage ovale, de jolies boucles serrées remontaient et redescendaient comme un yoyo au rythme de ses mouvements. Sa bouche charnue semblait toujours ornée d’un rose à lèvres et cachait de magnifiques dents du bonheur. La touche finale revenait à sa maman : elle avait des yeux vert-bleu de chat et de longs cils. Non consciente du charme qu’elle dégageait, elle souriait en permanence. Enfant, elle incarnait la joie de vivre et avait une curiosité précoce pour les choses de la vie. Elle était appréciée, mais de ce fait suscitait la jalousie et devait faire face à toutes sortes de rumeurs et de mots déplacés. Ses armes étaient la franchise, la sincérité et l’amitié de Juliette, Jade et Jules qui l’aidaient à affronter les tourments de la vie.
Ses trois J, comme elle aimait les surnommer, étaient ses trois piliers nécessaires et complémentaires qui édifiaient sa maison sur pilotis. L’équilibre parfait, sa deuxième famille si chère à l’adolescence. Ses compagnons de route depuis sa tendre enfance, avec qui elle avait traversé les remous de l’âge critique et partagé des questions existentielles. Ce quatuor original défiait les conflits et restait soudé.
Le pommier fut d’ailleurs le témoin tout naturel de leurs engagements réciproques. À l’aube de leur treizième année, ils se retrouvèrent un soir de pleine lune, alors que la fête du village battait son plein, au pied de l’arbre. Jules avait chapardé un napperon à sa grand-mère et des bougies à sa maman. Quant à Juliette, elle avait amené un bistouri appartenant à sa mère infirmière. Jade avait apporté la plume d’écolier de son père avec son encrier, et Émilia une fiole d’alcool de clous. Breuvage fortement alcoolisé, un liquide de contrebande qui venait de la distillerie clandestine de son oncle béninois.
C’est donc au pied du pommier qu’ils disposèrent le napperon et allumèrent les bougies multicolores disposées en arc de cercle autour d’eux. Agenouillée, avec cette symbolique du ventre maternel chaud et protecteur, Juliette incisa l’index de chacun. Solennellement et en chœur, ils proclamèrent leur fraternité scellée jusqu’à ce que la mort les sépare, avec un devoir de soutien, d’aide et d’amour pour toujours. Ils accompagnèrent cette dernière parole avec l’union de leurs index sanguinolents, mêlant ainsi leur sang, source de vie.
De cette soirée, Émilia avait gardé sur le doigt un trait légèrement boursoufflé qui la ramenait quotidiennement à ce serment qu’elle souhaitait respecter à la lettre ; une blessure d’amitié, sa fierté secrète, son alliance sociale.
À deux pas de la maison familiale et de son arbre, Émilia vivait dans un coquet appartement aux mensurations restreintes, mais fort bien agencé. Une mezzanine portait sa chambre. Chambre qui se méritait, car l’escalier vertigineux ne laissait guère de chance aux pieds maladroits où aux soirées arrosées. Une kitchenette américaine partageait la pièce principale avec un salon ouvert sur un jardinet cossu. Émilia avait eu un coup de cœur pour cet espace vert qu’elle chérissait et embellissait. Son jardin, sa bouffée d’oxygène, était méticuleusement arrangé, tandis que son intérieur était plutôt sens dessus-dessous. Des malles officiaient un peu partout, vagues placards rarement fermés ; elles débordaient d’encombrants objets, d’habits négligemment disposés qui tentaient de s’échapper. Reflets proches de sa configuration en quelque sorte : rangée de l’extérieur, mais confuse en son intérieur. Marée de l’humeur, va-et-vient de cycles où elle se sentait un peu étriquée dans son quotidien, gérant, non sans mal, une émotivité parfois exacerbée. Son attrait pour autrui, mais surtout son empathie, l’avaient naturellement orientée à devenir éducatrice spécialisée.
Ses remous avaient vu le jour à la croisée des chemins, ceux où il faut se résoudre à grandir et être indépendant. Elle avait détendu le cordon ombilical avec sa famille en emménageant dans son appartement, mais son cœur avait saigné lorsque les trois J avaient pris leur envol. Leurs rencontres quotidiennes s’étaient transformées en rendez-vous plus espacés. À présent, c’était un week-end sur deux, comme les enfants de parents divorcés.
Le soleil déclinait derrière les montagnes, laissant une couleur rosée dans les bribes de nuages accrochés aux sommets. Émilia, en proie à une soudaine angoisse, leva les yeux et scruta le feuillage. Puis les referma et laissa la nature l’envelopper. Peu à peu, sa respiration se fit régulière et elle ressentit la vie. Mentalement, elle imaginait le parcours de la sève, le sang végétal, source nourricière. Cette communion avec son pommier lui permettait de se recentrer, d’évacuer son stress. Elle pouvait à nouveau se sentir vivante, mais surtout apaisée. Ainsi calmée, Émilia rentra, plus à même de recevoir ses trois J. Elle pouvait affronter la grande nouvelle incroyable que devait leur annoncer Juliette.
Sur la table basse en bois exotique, elle disposa un bol de guacamole, des chips au paprika, des dés de fromage, du pâté en croûte et des accras de morue. Méli-mélo de saveurs variées qu’il était rare de présenter ensemble. Émilia avait aussi ce trait de caractère original. Elle contrecarrait les habitudes, balayait les certitudes et apportait sa touche personnelle qui réjouissait les palais et autres sens. Un soir de janvier, elle avait invité les trois J et un collègue de travail pour une soirée créole. Alors que le givre recouvrait les voitures, la température de son appartement, transformé en plage, montait à trente degrés. La journée durant, elle avait fait tourner les radiateurs à plein régime. Elle avait dispersé du sable dans le salon, rentré son parasol et réparti des chaises longues dans l’espace. Accueillant ses invités en maillot de bain, pieds nus, coiffée d’un large chapeau de paille et de lunettes de soleil, elle les avait une fois de plus régalés. Une soirée au rythme du zouk, arrosée de punch coco et d’une chaleur dégagée par son rayonnement contagieux.
Mais ce soir, son engouement festif était remisé au placard. Elle avait deviné un mélange de j

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