La colombe déchue - tome 1
162 pages
Français

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La colombe déchue - tome 1 , livre ebook

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Description

J’aurais dû prier pour ne jamais naître. Parfois, les choses ne se passent pas comme on le voudrait. Moi, j’ai su que j’avais tiré ma mauvaise carte quand mes parents se sont effondrés sous mes yeux en m’abandonnant. La fin du jeu est marquée au sang sur mon front, un mauvais « game over » lourd à porter. Je suis devenue un animal dépourvu de pattes et je sais que je perdrai à ce jeu qu’est la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9781716078279
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La colombe
déchue
 
 
SARAH BRAECKEVELDT

Copyright © 2021
 
Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
 
Tous droits réservés.
ISBN : 9798709064676
 
 
DÉDICACE
 
 
À mes parents, ma famille et mes amis qui m’ont soutenue jusqu’au bout. Et à ceux qui m’inspireront éternellement.
TABLE DES MATIÈRES
 
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
0 – LES MÉANDRES DU PASSÉ
1 – LE FRACAS DU MALHEUR
2 – LE FRACAS DU MALHEUR (2)
3 – UNE COLOMBE DANS LE CIEL
4 – UNE COLOMBE DANS LE CIEL (2)
5 – DU SANG SUR LES AILES
6 – DU SANG SUR LES AILES (2)
7 – DES LARMES POUR LA RÉUSSITE
8 – DES LARMES POUR LA RÉUSSITE (2)
9 – DU SANG DANS LA FOLIE
10 – DU SANG DANS LA FOLIE (2)
11 – DE NOUVEAUX PAS
12 – DE NOUVEAUX PAS (2)
13 – BAS INSTINCTS
14 – JEUX DE GANG
15 – JEUX DE GANG (2)
ÉPILOGUE – LES AU-REVOIRS DU PASSÉ
BIOGRAPHIE
Pour nous rejoindre sur notre réseau :  
REMERCIEMENTS
 
Merci à toutes les personnes qui m’ont encouragée jusqu’ici et qui ont cru en moi. Merci à ceux qui m’inspirent tous les jours, qui sont à la fois mes amis et ma famille. Et merci à mes lecteurs, aux correcteurs et relecteurs. Je vous souhaite d’apprécier mon livre autant que j’ai pris plaisir à l’écrire.
0 – LES MÉANDRES DU PASSÉ
Pénélope, quinze ans.
Darrington, au pensionnat de Jean-Luc.
 
— Ma mère m’a dit que le sexe était un péché grave, rétorqué-je, qu’il ne fallait pas s’y méprendre parce que c’est comme parler à une vipère. Elle finit toujours par nous avaler tout cru et manger notre cœur.
Ma voisine de chambre, séparée de moi par un mur contre lequel je suis adossée, se met à rire. Avec le temps, j’ai appris à le reconnaître et je ne me suis jamais lassée de cette intonation un peu rauque et éraillée qu’elle use toujours pour plaire aux filles du pensionnat. La preuve : elle a fait de moi l’une de ses proies qu’elle s’accapare sans effort. Son rire suffit. Ce rire enroué dont je suis tombée amoureuse comme une plume dans les airs a fait de moi cette adolescente entichée que je suis, à rougir à chacun de ses compliments sans savoir quoi lui répondre en retour.
— Ta mère doit être vraiment bizarre, joli cœur, parce que faire l’amour à quelqu’un, c’est probablement ce qu’il y a de plus vivant dans ce monde de merde.
Sa voix résonne ; désobligeante et rancunière. Parce que oui, il n’y a que sa voix qui connaît une marque particulière dans mon esprit. Autrement, je ne sais absolument rien d’elle. Je ne connais ni son nom, ni son visage. Je ne l’ai jamais vue et elle me l’a toujours interdit. Nous sommes voisines de chambre mais un mur bien particulier nous sépare l’une de l’autre : en réalité, elle repose dans un bâtiment qui n’est pas le mien. Je suis au pensionnat de Jean-Luc et elle réside dans celui de Jean-Baptiste qui n’accepte que les enfants à problèmes - autrement dit, ceux qui s’expriment avec les poings, à travers la violence et l’agressivité. À côté d’elle, je suis considérée comme un modèle de vertu même si j’ai failli la rejoindre. Le mur est si fin que notre rencontre s’est faite dans des circonstances comiques. Ça faisait deux ans qu’elle était là et je venais d’arriver. Elle a bercé mes nuits de ses aventures folles et parfois de ses nuits sanglantes. Elle n’est pas innocente et ses mains ont été privées de la délicatesse de la vie mais, dans un sens, j’arrive à la comprendre. Parfois, il y a des émotions et des réactions qui ne s’expliquent pas. C’est le cas pour elle. C’est ce qui m’a toujours fascinée chez cette fille ; elle est d’une violence inouïe – dans ses mots, dans ses opinions, dans sa façon d’être ; mais elle ne se bat jamais pour le plaisir. Elle le fait pour une cause, pour un but particulier.
Et je crois que c’est aussi pour ça que je suis totalement folle d’elle.
— Mais nous sommes trop jeunes, dis-je dans un souffle, et en plus, ma mère ne voudrait jamais que je couche avec une fille. Elle veut me préserver.
— C’est pour ça qu’elle t’a emmenée dans un pensionnat pour filles ? La belle affaire !
— Comment c’est de coucher avec une fille ?
En réalité, malgré ce que les autres peuvent penser, je ne suis pas la fille pudique et sage que tout le monde semble voir. Je n’ai rien contre le sexe, bien au contraire – c’est la seule question qui suscite un réel intérêt de ma part du haut de mes quinze ans. Et à force d’entendre les gens autour de moi me dire à quel point c’est bon ou incroyable, moi aussi j’ai cette envie de goûter à cette sensation. On me dit que c’est important, que c’est une expérience à vivre, mais comment puis-je le savoir si je reste éternellement coincée entre les quatre murs de cet internat ? J’ai envie de savoir. La curiosité me laisse un goût amer au fond de la gorge que je ne peux pas assouvir.
— C’est grisant, dit-elle en riant, c’est différent d’avec un garçon, ça, c’est certain.
Sa remarque me fait rire. Son rire se joint au mien et, dans nos deux minuscules chambres, le silence religieux se transforme en un cocon qu’on a tissé à notre manière pour se sentir moins seules, moins effacées. Parce que la réalité des choses, c’est qu’elle ou moi, peu importe qui de nous deux, on a le cœur percé d’un abandon qui nous tue à petit feu. Ma voisine de chambre est plus habituée que moi et elle endure plus facilement cette étape alors que je déteste être enfermée. Rester cloîtrée dans un bâtiment semblable à une prison n’a jamais été un rêve d’avenir et, si je l’avais su, je n’aurais jamais battu ce garçon jusqu’à lui tordre le nez. Seulement, si je n’étais pas là en ce moment, c’est elle que je n’aurais jamais connue. Un mal pour un bien ? J’en doute. Vivre au pensionnat de Jean-Luc, c’est trop difficile. Certaines matières sont inexplicables, mes notes sont ravagées par mon inexpérience de l’école - je n’ai le niveau qu’en écriture ! - personne n’est ami avec personne, aucun groupe ne se forme. Nous mangeons toutes seules chacune dans notre coin, nous étudions loin des autres et personne ne se parle.
À mon arrivée, je n’avais pas bien intégré ce système-là. J’étais moi-même, je chantais quand l’envie me prenait, je me baladais partout comme une aventurière en Amazonie, je m’intégrais à des conversations inexistantes. Mais ça ne plaisait pas à certaines filles du pensionnat et c’est comme ça que je suis devenue le vilain petit canard.
Le canard sur lequel on extériorise notre souffrance et notre détresse ; par la scarification, les coups bien portés, les insultes et les hurlements mêlés aux pleurs. Le monde se noircit dès notre arrivée à Jean-Luc et, sous les yeux cousus des adultes, on se retrouve plongées dans un monde d’amertume parce qu’on le sait toutes. Nous savons pourquoi nous sommes ici.
Parce que nos parents nous ont abandonnées et qu’il n’y a personne d’autre pour s’occuper de nous. Les cicatrices sur mon corps m’ont transformée. Elles ont fait de moi une autre personne.
Une personne que je hais profondément. C’est en repensant à toute cette affliction que mon rire s’amenuise, parce qu’il n’a pas été vrai depuis des lustres. Alors je m’arrête et je baisse les yeux sur mes bras dénudés qui laissent apparaître la trace sanglante d’une nouvelle cicatrice, d’une ligne étriquée et déformée, empourprée et sanguinolente d’une trace érubescente que je n’ai pas nettoyée. Cette cicatrice porte le nom de mon malheur. Mon véritable rire s’est évaporé au fil des années dans un long chant monotone.
Un chant dont j’ai totalement oublié les paroles.
— Ça ne va pas mieux de ton côté ? me lance-t-elle.
Mon soupir à fendre l’âme répond à sa question. Ma voisine est au courant de tout car je lui raconte mes journées dans les moindres détails. Pour elle, qui a l’habitude de pire, finit toujours par s’inquiéter dans un soupir las comme si elle se sentait responsable de ma personne. Mais j’ai appris avec le temps que c’était juste une image de façade. Elle n’est pas comme ça, elle est égoïste et pense avant tout à elle-même. Elle ne s’attache à personne et, si elle couche avec une fille, c’est seulement pour un besoin de satisfaction. En somme, elle ne s’inquiète que pour elle-même. Mais je décide quand même de lui répondre, parce que d’un côté, ça me fait du bien qu’elle s’inquiète pour moi, même si c’est pratiqué dans le mensonge. Je me sens un peu importante, un peu aimée. Et je ne cracherais pas sur un peu de tendresse.
— Non, aujourd’hui, Sandy et Alicia m’ont coupé les cheveux. Je ne les ai jamais eus si courts.
Ma voisine se met à bouger et j’entends le froissement de ses draps puis le grincement de son lit qui se succèdent dans une litanie douloureuse.
Va-t-elle me rejoindre ? L’excitation naît dans ma poitrine comme un marteau piqueur. Si elle me rejoint dans ma chambre, c’est qu’elle est enfin décidée à ce que je la voie. Je vais enfin pouvoir me plonger dans ses pupilles dont je ne connais toujours pas la couleur. Et peut-être qu’elle acceptera aussi que je lui prenne la main, juste pour quelques secondes, pour me sentir moins seule.
— Ouvre ta fenêtre, m’ordonne-t-elle.
Je saute hors de mon lit qui se met à lui aussi grincer sous mon poids. Je rejoins la petite fenêtre – la seule que je peux encore ouvrir sans avoir peur de la briser en morceaux – et décoche le loquet qui retient le verre au mur. La vitre se décolle de sa serrure et je termine de l’ouvrir entièrement. Un courant d’air à la fois froid et tiède s’engage entre mes jambes et traverse la petite pièce jusqu’à se glisser sous ma robe de chambre. Mon corps, happé par le froid glacial de cet hiver, se réchauffe lorsqu’une silhouette élancée, plus grande que je ne l’aurais crue, atterrit souplement en face de moi. C’est alors que je me rappelle qu’il fait totalement noir dehors et qu’aucune de mes lumières ne fonctionne encore. Je baisse les épaules, abattue mais pas totalement déçue.
— Tu avais prévu le coup, n’est-ce-pas ?
Je ne la vois pas sourire mais son rire goguenard

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