LA MÉMOIRE  DES CHARDONS
280 pages
Français

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LA MÉMOIRE DES CHARDONS , livre ebook

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Description

À la limite du burn-out, le publicitaire Bruce Delachesnaie fait un break sur la Côte Landaise avec sa compagne et son neveu Arthur. À peine arrivé, il surprend sur la terrasse de la villa une étrange jeune fille revenant d’un bain de minuit. C’est Ondine, une sauvageonne qui vit en osmose avec l’océan et semble prisonnière d’un passé douloureux. Si elle admire Bruce, créateur et sportif de talent, elle méprise son côté frimeur et cynique et se rapproche d’Arthur, artiste comme elle.



La fatalité va s’abattre sur ces trois-là, empêtrés dans leurs traumatismes et leurs contradictions. Ils devront se déverrouiller le cœur et rendre poreux leurs mondes respectifs pour pouvoir s’entraider...



La mémoire des chardons a été nominé au prix Concours 2019 de "monBestSeller.com "

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414463121
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-46311-4

© Edilivre, 2020
Prologue
LA DÉPÊCHE – vendredi 30 janvier
LE BROUILLARD A ENCORE TUÉ SUR LA N10 Un terrible carambolage dû au brouillard a eu lieu tôt le matin sur la N10, au niveau de Labouheyre. Un semi-remorque s’est couché sur la route après avoir percuté une Clio apparemment à l’arrêt sur le bas-côté. La voiture suivante, une Porsche, en essayant d’éviter les deux véhicules, s’est encastrée dans un pin. Deux autres voitures se sont télescopées ensuite sans dommages corporels.
La conductrice du premier véhicule, une mère de famille de 36 ans vivant à Dax, a succombé à ses blessures malgré la rapidité des secours. Le chauffeur du camion est indemne. Le conducteur du troisième véhicule est un célèbre publicitaire bordelais de 33 ans. Grièvement blessé, il n’a pas perdu connaissance pendant les deux heures qu’il a fallu aux sauveteurs pour le désincarcérer.
On ignore encore les circonstances exactes du drame, car le chauffeur du camion, 45 ans, domicilié dans le Loiret, est en état de choc.
Bruce
Les premiers pins l’accueillirent d’abord en petits groupes timides. Bientôt leurs longs troncs noirs l’accompagnèrent en rangs plus serrés, lui faisant une haie d’honneur. Pour une fois qu’il pouvait lâcher ses chevaux, Bruce ne s’en privait pas, il fonçait à 150 km/h sur la N10 déserte. Il aimait ce moment où le ciel, ne voulant pas céder à la nuit, prenait une lueur bleu métallisé.
Une envie le prit de respirer le parfum des bruyères. Il ralentit pour ouvrir sa vitre. Ce premier jour d’août exacerbait les odeurs de la forêt, lui rappelant son enfance sur la côte d’argent. Il mit la musique de jazz à fond et décida de ne pas fumer la cigarette qu’il avait sortie machinalement du paquet. Seul dans sa Porsche, il se sentait bien.
Désirant la solitude mais sachant qu’il ne la supporterait pas, il avait décidé d’embarquer pour ce mois de vacances Béatrice, qui n’était guère encombrante, et Arthur, qui l’était pour deux. Il se félicitait d’être parti quelques heures avant eux.
Arrivé au bourg, il prit la direction Mimizan-plage puis jeta un coup d’œil au plan que sa marraine avait joint à sa lettre. Alors qu’il déclinait toujours son offre, il s’était décidé d’un coup. Il devait faire le point et se reposer, incognito, pas trop loin de Bordeaux pour pouvoir retourner à l’agence au moindre problème. Elle lui avait répondu par retour de courrier.
Mon filleul et publicitaire préféré,
C’est moi qui te remercie ! Une maison doit servir, sinon, elle perd son âme. Arrange-toi avec Adeline Ouali, qui tient le restaurant La Garbure, au lac. Elle préparera la villa et te donnera les clefs. Je joins ses coordonnées et un plan simplifié du coin.
Tu as fait le bon choix, l’océan va te donner un coup de fouet salutaire. Quant à ton neveu, il repartira, sois-en sûr, avec les idées à l’endroit !
J’ai du mal à croire que ta créativité puisse se tarir. J’ai beau être à des milliers de kilomètres, je lis les magazines branchés de notre vieille Europe. Je sais que tu réussis, Beau Gosse, et ce n’est que justice… tu es doué en tout !
Ma villa a abrité bien des amours, aussi ta compagne est-elle la bienvenue. Mais je n’ai pas l’impression que tu aies trouvé the right one… est-ce que je me trompe ?
Vous pouvez faire du naturisme sur la terrasse. Des chardons bleus couvrent la dune, assurant l’inviolabilité de la villa. Un escalier privé descend jusqu’à la plage. Ne vous attendez pas à un palace : les installations commencent à dater. Et surtout, je ne veux aucun dédommagement d’aucune sorte, quelle idée impertinente !
Prenez du bon temps tous les trois, la jeunesse est effroyablement courte.
Avec toute mon affection
Eliane
P.S. La maison voisine est celle du docteur Lacassagne, un ami dont nous étions très proches, Alessandro et moi.
Sacrée comtesse ! Ils avaient de l’affection l’un pour l’autre mais guère d’occasions de se voir. À plus de soixante ans, elle n’avait toujours pas raccroché les gants. Elle en était à son troisième mari et à son second lifting d’après les ragots du gotha de Miami. Un refus de vieillir plutôt pathétique.
Bruce n’eut aucun mal à trouver la villa, la dernière et la plus avancée sur la dune. Sa marraine n’y venait plus depuis presque vingt ans, mais ne pouvait se résoudre à la vendre. Il se gara sans faire de bruit, mieux valait ne pas se mettre le voisin à dos. Comme prévu, madame Ouali avait laissé la porte ouverte derrière le contrevent rabattu. Il n’eut pas à allumer en entrant, la pleine lune brillant à travers l’immense porte-fenêtre. L’océan grondait en sourdine. Bruce se déshabilla pour aller se tremper les pieds et plus si affinités. Il ouvrit la porte-fenêtre donnant sur la terrasse, hésita un instant, la main sur la poignée, l’air étant plus frais qu’il ne se l’était imaginé. Il entendit soudain un bruit feutré, comme un frou-frou d’aile.
Une toute jeune fille venait de se poser sur la balustrade de pierre. Surgie de la dune en contrebas, elle se découpait, nue, en ombre chinoise, au clair de lune. Elle se plaça avec application dans l’axe de cette poutre improvisée et fit une roue parfaite suivie d’un saut de chat. Puis elle se lança en arrière, prit appui sur ses bras. En équilibre, elle plia ses jambes en arrière jusqu’à ce que ses pieds touchent la pierre puis se releva avec grâce. Très cambrée, elle avait les fesses rondes, la taille fine et les seins bien accrochés. Sa tresse, d’une longueur incroyable, précédait ou suivait ses gestes comme un serpent, faisant gicler des gouttelettes d’eau aussi brillantes que du cristal.
Sous le charme, Bruce relâcha la pression de sa main sur la poignée. À ce bruit, l’apparition poussa un cri de surprise et manqua la réception d’une roue. Elle tomba côté terrasse. Il se précipita
– Tu t’es fait mal ? Montre-moi…
Mais elle s’était déjà relevée et se perchait à nouveau sur la balustrade
– Ça va !
Le ton sec et le geste de la petite gymnaste l’arrêtèrent net au milieu de la terrasse.
Elle inspecta son mollet puis s’accroupit pour le masser.
– Je me suis râpée, c’est tout.
Il lui parla d’une voix douce, comme pour l’apprivoiser
– Ça doit piquer avec le sel, tu veux te rincer ?
– Vous deviez arriver demain. Vous êtes vraiment un ami de la comtesse ?
Elle n’avait pas daigné lui répondre et lui demandait des comptes. La politesse ne l’étouffait pas. Il réalisa soudain qu’il était nu. Si lui la voyait en ombre chinoise, elle devait le voir comme en plein jour. D’ailleurs, elle ne se privait pas de le regarder. Elle n’avait pas froid aux yeux non plus.
– Oui. Mon neveu et ma compagne arrivent demain matin.
En parlant de Béatrice, il espérait la rassurer sur ses intentions, mais si cette gamine avait peur de lui, elle ne le montrait pas et c’était elle qui menait le jeu.
– Vous connaissez la comtesse depuis longtemps ?
– Depuis mon baptême…
– Quel âge avez-vous ?
Cette fois, il éclata de rire
– Dis donc, c’est un interrogatoire en règle…
Pour se donner une contenance, il s’accouda à la balustrade assez loin d’elle qui était toujours accroupie, prête à filer.
– Ce n’est pas par curiosité. J’ai besoin de savoir si vous avez plus de trente-six ans et si vous avez les yeux verts. La lune ne dit jamais les couleurs.
Elle avait appuyé sur le mot besoin . Ce dialogue surréaliste énervait le publicitaire mais pourquoi s’y dérober ?
– Mes yeux sont noirs et je n’ai que trente-trois ans, désolé. Les vieux t’intéressent ?
– Un seul m’intéresse, dit-elle en haussant les épaules. Mais vous êtes trop grand de toute façon, vous ne pourriez pas l’être.
– Être qui ?
Elle s’apprêtait à sauter côté dune. Comment la retenir ? Une odeur d’algues flottait autour d’elle. C’était une amatrice de bain de minuit
– J’allais me baigner, ça te dit ?
– Non, j’en viens, l’océan est d’humeur vicieuse ce soir. Faites gaffe au courant dans la baïne.
– Attends, comment t’appelles-tu ? Moi, c’est Bruce.
– Je suis une ondine et demain, je vous aurai oublié !
Elle bondit dans la nuit en riant. Comme le Petit Prince, elle n’avait pas répondu à ses questions et s’était évaporée.
Les mains posées sur la balustrade encore mouillée, il leva la tête et contempla le ciel. Depuis combien de temps n’avait-il pas regardé les étoiles, lui, le plus célèbre noctambule de Bordeaux comme l’avait surnommé un magazine ? Il ouvrit ses poumons aux odeurs de pins et de marée et emplit ses oreilles du grondement de l’océan qu’il trouva aussi exaltant qu’une symphonie. Il allait se plaire ici.
***
Bruce avait dormi d’une traite jusqu’à sept heures du matin, ce qui ne lui était pas arrivé depuis des lustres. Une bonne âme – sûrement madame Ouali – avait préparé un thermos de café qu’il n’avait pas remarqué en arrivant. Pas de chance, c’était au thé qu’il carburait mais il y avait aussi du pain, mou comme toujours sur la côte atlantique, et une délicieuse confiture maison.
Il resta un bon moment à regarder l’océan qui offrait un incroyable camaïeu de bleus et de verts entre le ciel, presque blanc, et le sable, tout en demi-teintes. La plage, linéaire, s’étendait de chaque côté à perte de vue. Seul un blockhaus hideux à moitié effondré entre la villa et la maison voisine cassait de sa masse grise l’harmonie du paysage. En sautant le portillon donnant sur l’escalier privé, il put constater qu’en effet, des chardons bleu argenté à l’élégante géométrie recouvraient la dune. Leurs feuilles racornies étaient aussi piquantes que des épines. La petite gymnaste n’avait pas pris l’escalier et aucun passage n’était visible à travers les chardons et les oyats. Cela confirmait la théorie d’une ondine

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