La nuit à coeurs ouverts
238 pages
Français

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La nuit à coeurs ouverts , livre ebook

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Description

Un homme, une femme. En eux, de lourds secrets et une difficulté à exister. Leur rencontre a lieu pendant la nuit, une nuit noire sur une petite plage espagnole balayée par les vents. Leurs voix et leurs secrets résonnent dans les ténèbres. Bientôt, ils s’unissent et font le serment de ne jamais se revoir. Mais comment tenir le cap aux heures les plus tumultueuses de la passion ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332685209
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-68518-6

© Edilivre, 2014
Citation

« Le corps humain pourrait bien n’être qu’une apparence. Il s’épaissit sur notre lumière ou sur notre ombre. La réalité, c’est l’âme. A parler absolument notre visage est un masque. »
La présente fable a été imaginée d’après cette citation tirée du roman de Victor Hugo
Les Travailleurs de la mer
Première partie Conjonction
I
Elle descendit les trois marches qui mènent à la plage. Brusquement, ce fut une réalité nouvelle : le passage du pavé de mosaïque à l’écrasement des grains multipliés la parcourut d’électricité. À quoi, elle opposa la cambrure d’un corps qui se défend. D’un mouvement de mains, elle sembla ramener sur ses membres nus la double vêture de vent tiède et de nuit.
Elle devinait la mer, loin, à ses phosphorescences galopant sur les crêtes, à son entêtement de bélier naïf taquinant de l’épaule et du front le rivage des hommes. À cette pulsation, son corps, vertèbre après vertèbre, se dénouait, rejetant tout effort. Oui, c’était le temps pour elle de se « rassembler » – quoique la nuit ne fût guère fignolée : soupirail entrebâillé sur l’ailleurs, la clarté venue du bar disparaîtrait bientôt.
Derrière elle, comme sur les bords ultimes de son domaine, la ténèbre réduisait les stations balnéaires à leurs squelettes granuleux structurés ici en gâteau d’anniversaire, là en constellations. Et celles-ci, à l’image des géométries célestes, n’étaient coupables que d’une effraction douce, sans commune mesure avec le bondissement de la lune, tout à l’heure, vers minuit. Elle avait encore un long sursis pour parfaire ses fiançailles avec le sable, le sel et l’eau. Et très vite, sa volupté s’encra de pressentiments : prescience de quelqu’un – bête ou homme – barbotant dans les flaques, présence de voyeur qui rôde et hésite à se rapprocher. À présent, le rai lumineux désignait une stature de bipède en short et polo.
Puis, tout s’éteignit. Il n’y avait plus que ce halètement qu’il fallait absolument dépister.
– N’ayez pas peur. Je vous en supplie. N’ayez pas peur.
– Pourquoi aurais-je peur, grands dieux ?
– Je ne sais pas… Je voulais simplement vous demander, Madame… pardon, Mademoiselle… Je ne vous vois pas.
– C’est aussi bien ! Laissez-moi tranquille.
– Excusez-moi…
Il s’éloigne. Ouf ! On dirait qu’il revient. Il n’a donc pas compris.
– Je voulais vous demander… Oh ! ne vous fâchez pas.
– Et bien ! Dites…
– Vous n’auriez pas vu un caniche sur la plage ? Je crains…
– Je n’ai rien vu.
– Tant pis ! Merci… Au revoir.
– Je regrette…
Il s’en va. Le timbre est clair, le souffle court, le débit légèrement paniqué. Elle le rappelle.
– Hep ! Monsieur ! Monsieur !
– Oui ?
– Ce chien est à vous ?
– Non. Il appartient à la petite fille du pêcheur espagnol qui me donne pension.
– Un chien… ce n’est pas si grave.
– C’est que… J’aurai tant aimé le retrouver…
– Ah ! …(un temps). Je me souviens avoir vu des enfants jouer avec un caniche blanc.
– C’est cela… Il y a longtemps ?
– Peut-être une demi-heure. Les gamins l’ont emmené avec eux par la rue qui mène au port.
– Merci beaucoup. Au revoir, Madame… Mademoiselle…
– Attendez !
Elle a haussé le ton ; puis, d’une voix plus douce :
– Attendez ! Pourquoi tenez-vous tant à retrouver ce chien ?
– La fillette l’a cherché toute la journée. Ce soir, elle a un peu de fièvre. Elle était si malheureuse… Je vais la retrouver.
– On croirait que c’est moi maintenant qui vous fais peur.
– Moi, peur ? (il a un léger rire). Je n’ai pas peur de vous, du simple fait… que nous ne pouvons pas nous voir.
– Vous avez dit cela sur un ton… sur le ton de quelqu’un qui joue une comédie.
– Hein ? J’ai dit quoi ? Ah ! Pardon. Ma foi ! ça m’a échappé. Il faudra que je me surveille.
– C’est lorsqu’il fait noir que vous songez à vous surveiller ?
– Oui… ou plutôt non… au contraire…
– Que voulez-vous dire ?
– Tiens ! c’est vrai. Avec la complicité de la nuit… planté là, à vos côtés… depuis quelques minutes… j’en oublie de… Je me surprends à bavarder, comme on dit…
– Joli numéro ! Assez réussi, en tout cas. Je me demande même si votre histoire de caniche… Beau prétexte, non ?
– Le caniche blanc ? Mais alors, vous ne l’avez pas vu ?
– Mais si, voyons… suis-je bête ! J’avais oublié…
– Vous êtes sûre au moins ?
– Allons bon ! Vous voilà défait encore une fois. Soyez tranquille pour votre toutou.
– C’est vous qui ne me paraissez pas tranquille.
– J’ai horreur de prendre racine. Faisons quelques pas, voulez-vous ?
– Je sens que quelque chose vous gêne.
– Pas du tout ! Au fait, si… vous. J’adore la solitude, la nuit sur la plage. Je compte les soirées sans lune : le plus propice est le dernier quartier, celui qui, né à minuit, meurt à l’aube.
– Aussi vais-je cesser de vous importuner. Merci encore.
– Avant de partir, dites-moi une chose…
– Oui ?
Elle hésite à formuler sa demande, comme si cela lui coûtait :
– Tout à l’heure… j’étais dans le carré de lumière… Vous avez dû m’apercevoir ?
– Oui et non…
– Mais encore ?
– À vrai dire… vous vous teniez dans la pénombre. J’ai plutôt deviné.
– Souvenez-vous… il faisait assez clair pour que…
– À mon tour, maintenant. C’est important ?
– Non… non… pas très.
– Alors, parlons d’autre chose. Mais je peux bien vous l’avouer : moi aussi, je suis de l’espèce des nocturnes. Je ne secoue mes ailes qu’à l’obscurité. Et pour clore ce chapitre, je vous ai perçue juste assez pour ne pas vous confondre avec un chien ou un chat.
– Merci.
– Ne soyez pas fâchée. Je pensais qu’au moins, vous seriez contente… Et apaisée…
Elle a comme un sursaut.
– Apaisée ? Voilà un mot de trop, par exemple.
– Maladroit. En tout cas, je vous jure d’avoir dit la vérité.
– Bien, bien. Vous n’êtes pas à la barre des témoins. D’ailleurs… (elle fait un effort pour choisir ses mots). D’ailleurs, il y a dans vos inflexions une espèce de chaleur, un rien de sincérité, juste ce qu’il faut, quoi ! C’est drôle : vous avez quelque chose à la fois de l’enfant et de l’homme avancé dans la maturité.
– Vous en savez plus sur moi que moi sur vous.
– Je ne sais rien de votre allure.
– Vous vous méfiez encore ?
– De toute façon, reprend-il après un silence, par les nuits sans lune, à bas les tabous et les préjugés ! Foin des attirances épidermiques… ou des dégoûts – en ce qui concerne les appâts physiques, bien sûr !
– Vous en êtes content ?
– Pour moi ? Oh… je parlais d’une façon générale. Je crois qu’une rencontre entre deux êtres qui jugent – ou qui jaugent – leur anatomie, les fait glisser sur un autre plan.
– Et cela fausse bien des choses.
– C’est aussi votre opinion ?
Elle tressaille :
– Oh moi, non… Mais je trouve curieuse chez un homme cette volonté de jeter un voile sur des attraits charnels.
– La beauté physique n’est guère qu’un emballage.
– Ce n’est pas important l’emballage ?
– Il y a des gens, dans des bureaux, qui passent des heures studieuses à créer des conditionnements, à combiner des lettres et des motifs en couleur, à pénétrer la mentalité de l’acheteur. C’est à qui inventera la composition la plus accrocheuse, s’adressant au plus grand nombre. Cette diversité graphique et plastique va servir à habiller des poudres détersives de qualités, somme toute, très voisines. Après quoi, une équipe de psychologues va procéder au test final : disposer les paquets de lessive sur des rayons et laisser entrer de braves ménagères afin de voir vers quel emballage ira le choix de la majorité.
– Vous ne voyez pas là un signe de raffinement ? La tentation esthétique ouvrant la voie au produit de consommation. La truculence d’un Renoir, les arrangements harmonieux d’un Vasarely enluminant les vins X ou Y, c’est-à-dire les appétits élémentaires purifiés par les mirages de l’art.
– J’y vois surtout une tromperie, un viol de l’inconscient. L’exemple de ces clientes qui s’imaginent avoir choisi en toute liberté, alors que d’autres volontés, dans le secret des laboratoires ont opéré le choix avant elles, c’est bien l’image de nos destins manipulés non ?
Elle a un rire bref :
– Vous êtes bien sévère d’uniformiser ainsi nos vies intérieures en les comparant à des articles de droguerie !
– Alors, vous ne m’avez pas compris : l’être vrai est d’une richesse et d’une diversité que nous ne pouvons apprécier puisque, chez la plupart, il est faussement habillé.
– Je vois : affamé d’absolu. (un temps) Et puis vous oubliez le regard… le regard qui explore et qui donne l’existence. Je ne saurais vivre que sous les yeux et dans les yeux de l’autre… Cette fois, il est franchement impertinent :
– Dites-moi, c’est plutôt réussi ! La nuit vous a rayée du nombre des vivants ? Allons ! Je vous ai choquée ?
Un feulement roule dans sa gorge.
– N… non ! …Non… Je me surprends à vous écouter. Une voix… une voix seule peut aussi bien être éveilleuse, découvreuse… et sujet de découverte. Vous parlez comme un manuel de philosophie.
– Vous avez beau faire, votre ironie ne me cloue pas la bouche. Pourquoi ? En vérité, je vis cela pour la première fois.
– Voilà le début de la chansonnette.
– Si je vous disais… Mais à quoi bon ?
– Du courage !… Le clair de lune, c’est aussi votre rayon ?
– Jusqu’au moment où il viendra tout gâcher, votre méchanceté ne peut rien contre moi. Je suis invulnérable. Sachez qu’aux premières clartés je ne parle plus comme un livre. Mieux : je ne parle plus du tout. (un silence) Je n’ai pas envie de partir. Il faudra vous y faire.
– Pauvre papillon de nuit. Je ne comprends pas ce qui vous retient. Au moins le hibou y voit clair pour détailler sa proie.
– Vous n’avez pas l’impression que tout s’éclaire depuis quelques instants, que… ?
– My

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